jeudi 31 août 2017

Le coût de Pénicaud

Le cas Pénicaud, ministre du travail, aura singulièrement réussi pendant cet été parlementaire à attirer notre attention, et à trancher parmi une floraison de faits tout aussi graves ou incongrues venant d'un gouvernement que beaucoup d'électeurs gaffeurs regrettent, mais un peu tard, d'avoir porté au pouvoir.
Oui, Muriel Pénicaud aura fait un bon coup boursier. Et pourtant Castaner, porte-parole du gouvernement a pu déclarer que sa collègue ministre du travail, en empochant 1,13 millions d'euros de stocks options, n'avait pas fait une bonne affaire.
C'est ainsi, dans la macronie ambiante, qu'on peut sans coup férir se foutre de la gueule du monde. Plus c'est gros plus ça passe, c'est bien connu et, "dans les milieux autorisés" comme aurait dit Coluche, on ne s'en prive pas, la preuve.

Résumons : Muriel Pénicaud, avant d'entrer dans le gouvernement Macron, a participé activement en tant que DRH de chez Danone, à l'élaboration du "plan social" de cette multinationale qui se traduit alors par la suppression en 2013 de neuf-cents emplois en Europe dont près de deux-cent-cinquante en France.
L'annonce de ces licenciements a eu pour effet de faire augmenter le prix unitaire de l'action Danone, ce que les dirigeants de Danone ont pu mettre à profit (c'est le cas de le dire) en les revendant au meilleur prix possible. L'ensemble des administrateurs de Danone, dont notre ministre du travail, aura reçu une somme totale de 4,8 millions d'euros.
Ils n'auront pas travaillé plus pour autant, et bien au contraire auront fait perdre leur travail à d'autres. Plus vous licenciez plus vous gagnez, voilà le but, voilà la morale, et le plus beau c'est que peu de gens ou de journaux s'en émeuvent.
Ainsi ces bons gestionnaires de leur propre fortune ont pu l'augmenter sans aucun risque puisque ces stocks options leur avait été gracieusement offerts par Danone. Le yaourt et l'argent du yaourt !
Ainsi va le capitalisme et ceux qui peuvent en profiter aux dépens des salariés qui eux travaillent et ne sont pas seulement là pour percevoir le jackpot !

Le problème, et il est de taille, c'est que Pénicaud est ministre, ministre du travail, dans un gouvernent qui s'attache aujourd'hui à mener une politique anti-sociale dans la continuité du Sarko-hollandisme.
Pénicaud c'est celle qui prétend que les emplois aidés coûtent trop cher et qu'il faut donc les supprimer, ce qu'elle s'emploie à faire avec le même dynamisme que celui à faire fructifier sa fortune. Elle le fait en toute impunité, en toute inconscience morale, en toute irresponsabilité sociale. Ministre du travail quand même ! Où est donc l'intérêt général dans ses conditions, ou sont les principes républicains ?

 Le montant total des dividendes versés en France est passé de 37 milliards en 2012 à 56 milliards en 2016. Alors que le prétendu coût du travail ne cesse de baisser en pourcentage du PIB, celui du capital ne cesse d'augmenter. Des cas Pénicaud il y en a trop en France.
Pour les faire oublier, pour les rendre invisibles, on assène que code du travail serait trop volumineux et qu'il serait de par sa complexité le facteur principal du chômage de masse, et qu'il faut donc le faire disparaître.

C'est bien le coût du capital qui ne cesse en France d'augmenter par le biais des dividendes et des intérêts versées aux détenteurs des grandes fortunes. C'est ce coup exorbitant du capital qui tue le travail. Ces sommes ne sont nullement réinvesties et sont la plupart du temps recyclés dans une bulle financière improductive et parasite qui risque à tout moment d'exploser.

Dans le même temps les salaires, qui eux n'augmentent pas, sont accusés de freiner la compétitivité des entreprises françaises.

La colère a donc ses raisons, elle ne devrait pas manquer de s'exprimer. Si toutefois on veut collectivement que cesse enfin le scandale.

JMG