dimanche 17 juin 2018

TGV à Lons-le-Saunier : petit accès de schizophrénie

On apprenait cette semaine que l'unique TGV qui dessert quotidiennement  Lons-le-Saunier (Jura) dans l'après-midi, en  provenance de Strasbourg direction la côte d'Azur, était fortement menacé. Autrement dit, ce TGV aura à court ou moyen terme probablement disparu. Il est en quelque sorte le successeur d'une fameuse ligne qui reliait Strasbourg à Marseille en passant donc par Lons-le-Sauner, patrie de Rouget de Lisle, allons z'enfants!
Pour nous réconforter la députée de la circonscription de Lons-le-Saunier (ancienne du PS mais aujourd'hui "en Marche" dans la même direction que le vent) a avancé que la disparition  de cette ligne était liée aux travaux d'agrandissement et de rénovation de la gare de la Part Dieu...à Lyon. Ben voyons ! Cet alibi ne tient pas une seconde mais on veut bien y croire lorsqu'on est "en marche" à pied, les doigts dans le nez, et  le nez dans le guidon.

Une pétition a été lancée  pour sauver ce train et parmi les signataires, outre des gens sincères, on trouve un candidat présumé aux prochaines élections municipales de Lons-le-Saunier, l'ancien Président de "gauche" PS du conseil général mais tout aussi présumé d'en Marche, et quelques autres qui ont pu également se prononcer  contre le statut des cheminots comme si celui-ci était pour quelque chose dans la raréfaction des dessertes décidée par la SNCF ou l’État français.

Ceci est bien plus que paradoxal, c'est contradictoire, c'est même à la limite de la schizophrénie. Il m'arrive de signer des pétitions, notre époque en abonde, je pourrai très bien signer celle-là. Mais je n'aurais pas ni la naïveté, ni le cynisme de croire qu'une pétition, au regard du combat que mène courageusement les cheminots, va changer fondamentalement la politique du gouvernement dans le domaine ferré.
Parmi les signataires on trouve donc de nombreux responsables qui soutiennent sans compter le gouvernement dans des contre-réformes qui ne feront qu'affaiblir encore davantage la SNCF, cela au nom d'une concurrence qui empêchera toute stratégie de la part de l’État en matière de transport ferroviaire.

L’État est la seule collectivité capable de déterminer et de réaliser une politique d’aménagement du territoire dont le système ferroviaire est une des clefs. Or cet l’État a depuis fort longtemps abandonné ses responsabilités d'aménagement pour combattre les inégalités territoriales. Il prévoit au contraire de laisser au secteur privé le soin de dessiner le réseau SNCF, au gré des caprices du marché ou de dépenses publiques à contenir inutilement.

Signer cette pétition sans avoir lever le petit doigt pour aider les cheminots dans leur lutte, voire en les méprisant, et les avoir enfoncés en les considérant comme des privilégiés,  relève de la part de ces responsables politiques de l'hypocrisie ou du cynisme. Par leur contradiction, ils méprisent aussi le territoire qu'ils prétendent défendre.

L’État a beaucoup investi dans le TGV, d'ailleurs au détriment des territoires ruraux. On a tenté de nous faire croire que le déficit qui en résultait était de la seule responsabilité de la SNCF et qu'il fallait donc la punir en lui faisant supporter toute la dette. Or la SNCF ne pourra rendre un véritable service public que si on lui donne les moyens de fonctionner. Cela les cheminots le savent bien et c'est pourquoi ils se battent.

La réforme ferroviaire que vient de faire voter Macron avec l'ensemble de ses soutiens, qu'il soit de droite ou transfuges de "gauche", va vite se révéler catastrophique. Le gouvernement utilise cette réforme à des fins politiques pour casser  les organisations syndicales, mais aussi surtout pour marchandiser ce qui restera des services publics sans que l'usager du train en profite. Bien au contraire il paiera plus cher un service privatisé qui ne manquera pas, faute de moyens humains et matériels, de se détériorer.

Quand bien même il sera trop tard, il sera toujours temps pour les responsables de cette politique, faute de mieux, et pour cacher la misère, de signer des pétitions.

JMG

vendredi 15 juin 2018

Mort aux pauvres

Emmanuel Macron dit combattre la  pauvreté,  mais il combat les pauvres eux-mêmes.
Il le fait de façon délibérée, réfléchie, sans état d'âme, fidèle à ce qu'il est. En bon communiquant il feint un discours non-officiel dans la pénombre de la préparation d'une réunion officielle, et cela devant des caméras et micros négligemment mais sciemment allumées.
Ainsi a-t-il déclaré le 12 juin dernier, de l'Elysée même, son antre, sa tanière, bien à l'abri de la situation catastrophique qu'il contribue lui-même à créer : "on met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les gens ne s’en sortent pas » révélant ainsi, à qui veut bien l'entendre, et cela aura été fait pour être entendu, que retirer ce "pognon" ne changerait rien à la situation des plus démunis.
De cette façon travaille-t-il l'opinion à la baisse drastique des aides sociales et d'une manière générale à la baisse du niveau de protection sociale dans notre pays. Il prépare les esprits à la déchirure de notre contrat social, en appliquant avec entêtement les réformes néo-libérales imposée par une Union Européenne essentiellement monétariste.

Or, les minimaux sociaux ont permis à la France de faire front avec une certaine efficacité aux crises financières et économiques qui se succèdent depuis des années et qui continuent de frapper la population dans un contexte de mondialisation déréglementée. La protection sociale sert en effet d'amortisseur à des crises dont le monde du travail n'est nullement responsable.

Il est d'ailleurs étonnant que l'on se penche sur ces supposés excès des aides sociales alors qu'en même temps on ne rechigne pas à "aider" ou assister des entreprises parmi les les plus puissantes du CAC 40.


L'argent du CICE notamment, sans compter d'autres formes d'exonération fiscale ou sociale, coûte à la collectivité au moins vingt milliards d'euros par année.

Il est établi que cet argent n'aura pas servi à l'investissement dans les entreprises, ni même à l'emploi. Où sont les un million d'emplois annoncées ou espérées par le Medef ?
Par contre, ces aides auront probablement abondé les dividendes des actionnaires lesquels en 2017 auront touché 57 milliards de plus en six mois. Dans le même temps les minima sociaux représentent 26 milliards d'euros par an.

Deux poids deux mesures, pour "un pognon dingue" en effet !

JMG