samedi 14 novembre 2020

Eau, énergie : défense de nos biens communs

 La privatisation du gaz et de l'électricité en France, débutée en 2008 par un Sarkozy en plein délire néo-libéral, avec la complicité active de gens qui y avait intérêts financier et politique, continue d'avoir des effets catastrophiques dans notre pays.

En 2008 GDF et Suez fusionnaient, la maison mère GDF devenant Engie. Une filiale Suez Environnement (rebaptisée Suez en 2015) poursuivait ses activités dans les secteurs de l'eau et des déchets.

Il fut un temps, pas si lointain, où l'on vantait la gestion de l'énergie, gaz, électricité, telle qu'elle s'opérait en France, en la comparant à ce qui se passait par exemple aux Etats-Unis où une gestion capitalistique faisait passer l'intérêt général bien après les intérêts particuliers. 

C'est la commission européenne qui imposa dès 2004 l'ouverture à la concurrence avec cette illusion ou ce mensonge qu'elle réduirait le prix à la consommation de ces énergies. On s'aperçut vite du contraire. En une dizaine d'année, le prix du gaz augmentait de plus de 60% et celui de l'électricité de plus de 20%.

L'actuelle tentative de fusion entre Veolia (ancienne Compagnie Générale des eaux, 180 000 salariés) et Suez ( 90 000 salariés) s'inscrit dans la remise en cause des services publics de l'énergie tels qu'ils avaient été voulus par le Conseil National de la Résistance. 

Poussée par un appétit sans bornes, et contre toute logique industrielle, Veolia entend avaler Suez, d'abord en rachetant les parts détenues par Engie, puis en lançant une offre publique d'achat inamicale sur l'ensemble restant des actions Suez. 

Rappelons qu'Engie, détenu à 23,6% par l'Etat, détient lui-même 32% de Suez. C'est dire que le gouvernement Macron en l'occurrence n'est pas dans cette affaire tout à fait innocent. Il choisit de ne rien faire, encourageant la casse de nos industries et de nos services, en les laissant à court terme à la merci de fonds d'investissement privés.

Il va sans dire que ces jeux capitalistiques ne manqueront pas d'être désastreux sur le plan social, accroissant la précarité des salariés de ces entreprises comme celle de leurs "clients".

Tout cela paraît compliqué ? Ca l'est ! Loin d'un pôle public de l'énergie, loin de l'époque où GDF s'occupait du gaz et EDF de l'électricité, et quand l'eau, l'assainissement, les déchets pourraient directement être gérés par les collectivités locales et non pas par des intermédiaires qui coûtent si cher à l'ensemble de la collectivité. Oui, compliqué et finalement opaque en l'absence de tout contrôle des usagers de ces services pourtant essentiels. Cette opacité est voulue, elle autorise et permet l'absence de la maîtrise publique.

L'enjeu est capital, il faut tout faire pour que la population s'y retrouve au travers de processus de gestion plus démocratiques et finalement moins coûteux. 

Cette fusion annoncée de Veolia et Suez, si elle parvenait à son terme, concernerait 50% du marché de l'eau potable et 44% de l'assainissement collectif. 

Les opérateurs publics quant à eux, c'est-à-dire les communes et leurs établissements publics, gèrent encore aujourd'hui, par le biais de régies publiques, 35% de l'eau et 46 % de l'assainissement. 

Il faut aller dans ce sens, les outils juridiques existent, pour ne pas laisser le privé, et en définitive des milieux financiers nocifs, s'occuper de ces bien communs que sont l'eau, l'assainissement et la gestion des déchets, particulièrement dans un tournant de l'histoire humaine si cruciale eu égard aux questions environnementales. 

La balle est donc aussi, surtout, dans le camp des élus locaux, en tout cas dans le camp de ceux qui jusqu'ici abandonnent leur responsabilité au profit d'entreprises qui font la part belle à des actionnaires avides de gains toujours plus grands. 

Il ne manque que la volonté politique, et le courage, qui puissent conduire le plus rapidement possible à des actes de remunicipalisation de ces services.

JMG




dimanche 1 novembre 2020

Guerres

Cela pourrait même se réduire à une question de temporalité : nos civilisations seront mortes avant qu'elles n'entrent en guerre.

Hutington aura fait fausse route, il n'existe pas de choc de civilisations, ou bien nous en sommes encore loin, très loin, il s'agit là d'un leurre, d'une chimère utile à certains, une manière pour les puissants de ce monde de sauvegarder à tout prix leur hégémonie sur le reste de l'humanité. 

Les guerres de civilisation, s'il en est, ne sont les guerres que de quelques-uns, de ceux qui détiennent un pouvoir politique, économique, militaire. Ce ne sont pas les guerres de tous, même si tous nous pourrions être impliqués dans une réalité malheureuse portant ce nom. Ce ne sont pas, en tout cas, des guerres voulues par les "hommes inutiles"(Pierre-Noël Giraud), c'est-à-dire ces hommes et femmes que le crédo et la pratique néo-libérales ont, parce que des oligarques y trouvent intérêt, rendu "inutiles" et superfétatoires, par le chômage, l'exclusion politique ou sociale, et plus grave encore dans l'exclusion et la mort culturelles.

Les prétendues guerres ou chocs de civilisation ne sont jamais que des guerres civiles, le plus souvent larvées, auxquelles on entend donner une statut plus grave, plus étendu, faussement essentiel et inéluctable. 

Ainsi les attentats islamistes que la France connaît aujourd'hui, à Paris, Conflans-Saint Honorine, Nice  doivent nous conduire, malgré l'horreur qu'ils inspirent, à garder notre sang-froid, et à ne pas d'emblée les considérer comme les produits directs d'un choc hypothétique entre le monde occidental au sens large et un monde islamique moyen-oriental qui nous serait a priori hostile. Ainsi ces événements douloureux interpellent-t-ils notre capacité de résistance, mais ils doivent aussi nous faire redoubler de sagesse afin de ne pas nous laisser nous-mêmes gagner par une barbarie contre laquelle précisément nous prétendons combattre.

Ces attentats immondes ne font qu'entretenir une chimère utile aux pouvoirs qui, en l'occurrence, s'exerce d'une rive à l'autre de la Méditerranée, d'un continent à un autre continent, mais sans qu'il se produise nécessairement un choc entre deux entités massives aux contours incertains.

Il n'est donc pas de guerre intercontinentales, il n'est que des civilisations ou des peuples que dominent en leur sein des forces oppressives qui les tiennent en joue. Cette prétendue guerre de civilisation en cache d'autres plus internes, on dirait plus intimes, à l'intérieur même des pays qui les composent, et qui en conséquence se donne les moyens guerriers et oppressifs pour contenir au sein même de leur population les contre-pouvoirs qui pourraient les mettre en échec. 

Les polices, les armées de tout Etat, comme le soupçonnait Léon Tolstoï, sous le prétexte (justifié en apparence) de protéger leur peuple sont trop souvent utilisées pour permettre la conservation des pouvoirs en place.  Ces prétendues guerres de civilisation, tout aussi "religieuses", ont donc pour fonction cachée de museler des peuples et de les conduire malgré eux à la guerre.

Derrière les guerres de civilisation, hypothétiques, chimériques, se cachent, plus cruelles encore, les  guerres civiles présentes ou à venir.

JMG