dimanche 30 décembre 2012

Beaucoup de bruit pour rien

Ainsi  le conseil constitutionnel a invalidé la fameuse disposition fiscale que François Hollande avait par surprise sorti de son chapeau au cours de la campagne présidentielle. Cette taxation de 75% des revenus au dessus de un million d'euros était devenue emblématique d'un président qui ainsi, pensait-on, montrait sa volonté de faire une politique fiscale résolument de gauche. Et la droite, fidèle à son habitude de crier haro sur n'importe quelle mesure prise par le gouvernement, surtout s'agissant d'une mesure fiscale, d'appeler en renfort tous ses aboyeurs de la presse écrite ou télévisée pour crime de lèse-richesse.
Pour les rasséréner, rappelons d'abord à ces victimes innocentes de la barbarie gouvernementale, ou à leur défenseurs éplorés,  que la mesure n'est prévue que pour deux ans, qu'elle ne concerne que mille cinq cent personnes et qu'elle n'aurait rapporté, si elle n'avait pas été invalidée, qu'à peine 500 millions d'euros, une paille pour un budget d'un montant total de 371 milliards d'euros.

Et donc, pour que l'ensemble de la droite puisse trépigner, crier, pleurer, rager pour quelque chose qui en vaille la peine, le gouvernement pourrait prendre prétexte de cette invalidation pour oeuvrer au rétablissement d'une véritable politique fiscale qui soit à la hauteur des crises que nous traversons depuis maintenant trop longtemps, non pas simplement pour faire payer les riches mais pour leur demander de participer efficacement à l'effort national.

Et pour cela il n'y aurait pas trente six mesures : d'abord simplifier les dispositifs fiscaux pour les rendre plus lisibles, rétablir davantage de tranches pour réhabiliter une véritable progressivité de l'impôt, imposer les entreprises en fonction de l'utilisation de leurs bénéfices, et puis entamer le chantier d'une réforme d'impôts locaux particulièrement injustes.

Ainsi la droite pourrait crier, enfin à raison, contre une fiscalité devenue socialement et économiquement efficace.

JMG


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dimanche 16 décembre 2012

Avis de précipitation sur le bassin lédonien

On ne peut pas faire de la politique comme il y a cinquante ans. Les membres du parti socialiste, qui est encore un grand parti démocratique, qui doit le rester, ne peuvent tolérer qu'un candidat issu de ses rangs s'autoproclame pour une élection municipale. Lons-le-Saunier n'est pas n'importe quelle ville. La gauche dans son ensemble n'a rien à gagner à ce petit jeu. La section du parti socialiste de Lons-le-Saunier, ses militants sont seuls habilités à donner l'investiture au futur candidat socialiste pour la ville de Lons-le-Saunier. Par ailleurs une campagne pour les municipales doit s'inscrire dans un programme clair. On ne peut uniquement se fonder sur des intentions vagues et sur une simple image, si séduisante soit-elle.

JMG

vendredi 7 décembre 2012

Hors le mur

Oui, le local fédéral du parti socialiste place de la Comédie à Lons-le-Saunier a été muré, oui des affiches ou des tracts ont été apposés sur la vitrine, oui des inscriptions à la peinture  (à l'huile paraît-il) ont été tracés sur la façade, oui le parti socialiste a donc été la cible de tels agissements pendant une à trois manifestations organisés par des opposants à l'aéroport de Tavaux euh pardon...de Notre-Dame des Landes en Loire-Atlantique à plus de cinq-cents kilomètres de là, mais de toute évidence à quelques nautiques seulement de l'hôtel Matignon à Paris.
Quel est donc le malaise qui fait qu'un parti politique, de gauche, comme le parti socialiste devienne ainsi la cible de militants qui, il y a quelques mois encore, avant la présidentielle, pouvaient manifester ensemble avec nous ?

Au lieu de se poser sereinement la question , le secrétariat fédéral a décidé de porter plainte contre les auteurs hypothétiques de ces actes.

Il faut savoir, et je l'ai rappelé au conseil fédéral au cours duquel cette question a été évoquée, que le premier fédéral du PS du Doubs a retiré sa plainte pour des faits similaires qui se sont produits à Besançon. Sage réaction dans un contexte difficile aujourd'hui pour la gauche toute entière et pour le PS en particulier.

Car à quoi cela sert-il de porter plainte si on ne fait pas le travail collectif d'un retour sur soi ? Qu'est-donc aujourd'hui devenu le parti socialiste, ou plutôt quelle image donne-t-il aujourd'hui, à tort ou à raison, pour être devenu la victime de ces débordements autrefois uniquement réservé à la droite ? Notons au passage que ces derniers pour être traumatisants pour ceux qui les ont directement vécus, et je pense en particulier à la secrétaire qui était à l'intérieur du local ce jour-là, ne sont pas pour autant irrémédiables. Il convient donc de dédramatiser, et se rappeler que le parti socialiste, a pu dans un passé proche participé à des manifestations où de tels débordements se sont produits.

Il est clair que du côté de Notre-Dame des Landes, l'image du PS s'est flétrie, pire elle s'est muée en un parti repoussoir alors qu'historiquement du moins il se targuait d'être le lieu de la réflexion critique et de la contestation. Le Larzac est bien loin qui à la fin des des années soixante-dix fut un lieu d'élaboration d'une pensée politique, à bien des égards libertaire, qui aida les socialistes, à l'intérieur d'une gauche unie à venir au pouvoir. Aujourd'hui, après dix ans de droite, elle est au pouvoir cette gauche mais c'est pour aux yeux des autres gauches, contrarier les espoirs d'émancipation d'une population qui refuse un développement productiviste dévoreur d'énergies et surtout réservé qu'à un petit nombre.

On ne saurait justifié de tels agissements, de tels débordements, mais ils sont la manifestation que la contestation a changé de camp. Il n'est pas trop tard, le parti socialiste peut envisager une autre orientation, ou simplement la retrouve, celle qui fit dans l'histoire sa véritable identité.

JMG

vendredi 30 novembre 2012

Des raisons du déclin industriel en France

Depuis mars 1983 les salaires ne sont plus indexés sur les prix ou les gains de productivité. C'est une des raisons pour lesquelles la part des salaires dans la valeur ajoutée a baissé de 10 points de 83 à 87.
La protection sociale est financée par les salaires lesquels sont soumis à des cotisations sociales (cotisations patronales comprises).
Ces dernières n'ont cessé de baisser au travers les exonérations nombreuses dont ont bénéficié les entreprises. Cela explique en grande partie le déficit de la sécurité sociale dont on voudrait la mort. Ainsi 40% de la protection sociale seulement est prise en charge aujourd'hui par les entreprises contre 60% dans les années 80.
Le résultat en terme de commerce extérieur ne s'est pas pour autant amélioré puisque le déficit aujourd'hui se monte à 70 milliards.

Les entreprises au total bénéficient de 150 milliards d'exonérations fiscales ou sociales. Et donc non, globalement, on ne peut pas dire qu'elles sont étranglées. Par contre leurs profits eux ont très sensiblement augmenté. Ainsi en dix ans, la part des dividendes dans la valeur ajoutée créée par le travail a été multiplié par deux.

La question reste de savoir pourquoi est apparu le déclin industriel que nous connaissons, et qui fait son oeuvre de destruction sociale.
Il faut dire d'abord, comme le souligne Gabriel Colletis* que les grands goupes ont privilégié leurs investissements hors de nos frontières au détriment de la production effectuée en France.
Ainsi les entreprises du CAC 40 consacrent 20 à 25 % de leur investissements à la France, et 75 à 85 % à l'étranger ce qui se traduit en terme d'emplois : deux millions de salariés en France contre quatre millions à l'étranger. Il faut savoir que les groupes allemands eux investissent deux fois moins à l'étranger.
Pour prendre ( ou ne pas prendre)  en comparaison le modèle allemand, la production d'automobiles chez nos voisins a considérablement augmenté en volume et valeur sur leur territoire.
En France au contraire, la balance commerciale de l'automobile est désormais déficitaire. Ainsi Renault fabrique la majeure partie de ses autos à l'étranger entraînant par la même la disparition de tous ses sous-traitants.

Le tissu industriel en Allemagne est plus solide car les sous-traitants sont davantage respectés, et les donneurs d'ordre sont plus regardants qu'en France sur la qualité des produits, davantage en tout cas que sur les prix. D'où des coût industriels plus forts qu'en France, ce qui n'entraîne d'ailleurs pas une moindre compétitivité !

Enfin, en matière d'impôt, on fiscalise autant et de la même manière les bénéfices réinvestis et ceux qui sont distribués aux actionnaires.

Ajoutons, et c'est même l'essentiel, que la désindustrialisation est due aussi à une moindre activité générale liée à une baisse de la demande partout en Europe : en cause bien sûr les politiques d'austérité pratiquées aujourd'hui à l'échelle du continent.

JMG

* A lire Gabriel Colletis " Urgence Industrielle " Editions le bord de l'eau .

mardi 27 novembre 2012

La Grèce victime de l'Europe libérale et des banquiers

Je reproduis ainsi intégralement un texte de Gérard Filoche au sujet de la Grèce laquelle en Europe fait figure aujourd'hui de terrain d'essai, avant que d'autres pays, pour leur malheur social et économique, soient bientôt concernés eux aussi:

" Ils se sont tout permis pour étrangler le peuple grec !

Après avoir infligé 11 plans d’austérité, une véritable destruction sociale, au peuple grec,  après l’avoir forcé à brader ses entreprises publiques, ruiné sa production, aggravé sa dette odieuse, liquidé ses droits sociaux, à l’éducation, à la santé, salaires et retraites, la troïka UE/BCE/FMI a  joué, mardi 27 novembre 2012, à relâcher la pression.
C’est un peu comme un chat jouant avec la souris qu’il a capturé et qui est à sa merci. C’est un peu comme les barbares des temps lointains, envahissant un pays,  brulant les maisons, violant les femmes,  détruisant les trésors puis rendant des terres aux vaincus pour qu’ils produisent à nouveau de quoi alimenter les occupants.
La politique d’austérité infligée par l’UE depuis 2009 sous prétexte de la « rembourser », a provoqué une telle récession qu’elle a porté la dette grecque de 100 points du PIB à 170 points du PIB !
 Cette dette odieuse provoquée par l’oligarchie grecque
-  qui avait soutenu la dictature des Colonels de 1967 à 1974,
-  qui avait acheté un énorme et vain armement à Thyssen Krupp,
-  qui avait dispensé armateurs et popes de payer des impôts,
-  qui avait ruiné le pays avec les Jeux Olympiques de 2004,
-  qui avait confié à Goldman Sachs le soin de truquer les comptes,
cette dette odieuse, chacun savait qu’elle ne serait et ne devait jamais être payée !
Pourtant les banques européennes et mondiales s’en sont servi à mort, prenant dessus des taux d’intérêts à 7, 8 , 12 et même 17 %.  Et la BCE, le FMI, l’UE Merkel se sont comportés comme des rapaces, exigeant non pas de l’oligarchie mais du peuple qu’il soit saigné pour le compte de ces banques privées usuraires.
 Ceux de la troïka qui ont infligé des mesures cruelles, cette immense souffrance au peuple grec pour le compte des banques privées devraient être arrêtés et jugés devant un tribunal pénal international pour crimes économiques. Quand on sait que la BCE a prêté 1000 milliards aux banques européennes privées en 2012 au taux de 1 %, et qu’elle a laissé ces mêmes banques imposer des taux de 7, 8 ou 12 % à la Grèce, le crime est signé ! Tout cela au nom d’une étrange et rituelle orthodoxie monétaire, d’une stupide « règle d’or » dont les seuls bénéficiaires sont les spéculateurs, les usuriers, les banques privées qui exercent ainsi une dictature contre les états, les républiques et les citoyens.
Ce mardi 27 novembre, la troïka a encore discuté 14 h de la façon dont elle pouvait tirer le maximum de marrons du feu qu’elle alimente en Grèce.
Elle a débloqué 44 milliards d’aide qui n’avaient pas été donnés depuis l’été. Car il faut savoir que toutes les « annonces d’aides à la Grèce » dont les journaux européens sont quotidiennement remplies ne sont que du « pipo ». Ce serait une grave erreur de croire que l’UE « aide » la Grèce. La Grèce ne reçoit rien. Pas un euro. C’est aux banques privées créditrices de la Grèce que ces fameuses « tranches d’aide » sont données ! Et du point de vue « communication », elles sont données plusieurs fois, d’abord dans votre poste de radio, ou votre journal quotidien et bien plus tard, sur les comptes des banques prêteuses à taux usuraire.
Ainsi, les 17 pays de l’euro et le FMI de Christine Lagarde, ont fini cette nuit du 27 novembre par autoriser le déboursement à partir du 13 décembre de trois tranches de crédits suspendues depuis l’été et qui permettent au trésor grec d’éviter la banqueroute. L’enveloppe d’aide en retard atteint 44 milliards, dont 10 milliards que le conseil du FMI devra lui-même débloquer à son tour. Soyez surs qu’on vous en fera encore plusieurs fois l’annonce !
Hors de la vue du peuple, Lagarde et Draghi ont allégé cette dette artificielle infligée à la Grèce et alors que tout le monde le sait depuis le début, elle ne pourra jamais la payer. La dette devra être ramenée à 124 % du PIB en 2020 (au lieu de 100 % en 2009). Elément nouveau : ils promettent de la réduire encore, « à moins de 10 % », en 2022. C’est un scénario de remise de dette en bonne et due forme. Comme l’écrit Le Figaro « Ils ont aussi balisé sur 10 ans le retour du pays vers davantage de stabilité financière. » Ils ont même réduit de 1 point le taux d’intérêt accordé à la Grèce par les créanciers publics. Ils rallongent les échéances de ces prêts de 15 à 30 ans, c’est-à-dire au-delà de 2040. Ils reportent de dix ans le paiement des intérêts au fonds de sauvetage FESF. Dès 2013, la BCE et les banques centrales nationales rétrocéderont  11 milliards de profits ( !) réalisés sur les obligations grecques. L’Euro groupe autorise enfin Athènes à racheter ses propres titres, avec une décote probable de plus de 60 %. Tout cela sachant que la Grèce doit encore théoriquement 240 milliards dont 80 milliards au privé et le reste au public, FESF et a la BCE.
Pourquoi maintenant et pourquoi si tard ?  Parce que la Grèce est exsangue. Il n’y a plus grand chose à en tirer. Le FMI considère que « les grecs sont arrivés au bout des efforts qu’ils sont capable de faire ». Impossible de les piller davantage. Et la peur que le sort  infligé aux Grecs a produit en Europe, a joué tous ses effets, en Italie, en Espagne, au Portugal qui se sacrifient à leur tour cruellement pour des taux de 6 à 7 %… … Le FMI poussait même à un abandon immédiat de créances publiques (pas privées). Les trésors européens et le ministre allemand Wolfgang Schäuble s’y opposaient  férocement puis ont cédé dans la nuit. Pour Jean-Claude Juncker, le Fonds est désormais « complétement revenu à bord ». Mario Drag hi a annoncé « un retour de la confiance envers la Grèce et l’Europe ». Selon Christine Lagarde : « la Grèce est à nouveau sur la voie d’une dette viable ».
«L’accord de cette nuit met fin à une trop longue incertitude, lâche le commissaire à l’euro Olli Rehn avant d’avouer clairement : « la Grèce avait fini par s’imposer comme un test de crédibilité et d’aptitude à prendre des décisions ».
Cette dernière phrase est la plus limpide : il s’agissait d’un vulgaire « test match ». Est ce que la troïka était capable de faire plier ce bouc émissaire, oui ou non ? Est ce que la dictature de la finance l’emportait, oui ou non ? Est ce que l’Europe entière peut être menacée et soumise à ce régime ? Est ce que « les marchés » rapaces toujours insatisfaits, après réflexion, ne vont pas juger que cela est prématuré, coûte « trop cher », tire sur le FESF, et revenir à la charge ? "

Démocratie et Socialisme ( Gérard Filoche)

lundi 26 novembre 2012

Etre jeune n'est pas un argument politique

Une réunion de la section de Lons-le-Saunier un soir de novembre : le jeune secrétaire de section s'est félicité de sa victoire, son mandat de secrétaire étant renouvelé. Le premier fédéral, presque aussi jeune, qui fait également partie de la section de Lons-le-Saunier a vu lui aussi le renouvellement de son propre mandat à la tête de la fédération. Ils ont exprimé tout deux leur satisfaction de voir des jeunes à la tête des instances du parti socialiste local, voulant donner ainsi une espèce de leçon à ceux qui auraient alerté sur la tentation d'un  jeunisme excessif.

Quelques bémols cependant : ils ont été élus sans qu'aucun candidat ne se soit présenté face à eux ce qui n'est jamais bon signe pour la vie démocratique d'un parti comme le nôtre qui a une culture du débat.
La précipitation dans laquelle s'est déroulé le dernier congrès n'a pas permis de discussion politique digne de ce nom préalable au vote des instances dirigeantes du parti.

Décevante donc, conservatrice même, pas très "jeune" en définitive, cette posture qui consiste à systématiquement soutenir les décisions du gouvernement, sans chercher à rester une force de proposition ou à relayer les préoccupations de la population qui sont nombreuses.

Plus sérieux encore, voire plus inquiétant :  le mot "adaptation" a bien été prononcé par ces "jeunes", ainsi que le terme de "réorientation" dont le parti ne pourrait se passer. Certes, il est bon de s'adapter mais qu'est-ce que cela signifie ? Ce terme justifierait-il les 20 milliards en  niches fiscales offerts aux entreprises, mais sans contrôle ni contrepartie, et tout cela au nom de la compétitivité ? Cela signifie-t'-il l'approbation d'une politique de l'offre, ou encore de la réhabilitation d'une fiscalité indirecte au travers l'augmentation de la TVA qu'il n'y a pas si longtemps le parti lui-même dans son ensemble dénonçait ?

Décevant de la part de "jeunes" dont le seul souci, sous prétexte que la gauche est au pouvoir, serait de gérer une crise qui pèse sur les salariés, et le peuple tout entier sans penser un instant remettre en cause le système qui permet cela. La place des jeunes n'est-elle pas plutôt, avant de penser à une hypothétique carrière politique, de défendre pied à pied les avancées sociales promus ou décidés en leur temps par le parti lui-même, ou leurs aînés ? Ou d'en imaginer de nouvelles...

Le parti socialiste n'est pas un parti de godillots, on peut très bien soutenir loyalement un gouvernement qu'on a porté au pouvoir sans pour autant lui donner un blanc-seing.
 
JMG



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lundi 19 novembre 2012

Le puits sans fond

Qui a dit que les entreprises européennes, globalement, étaient en difficulté ? Une immense niche fiscale leur est pourtant offerte aujourd'hui en France alors que rien ne dit que cette manne financière servira à l'investissement, à l'innovation ou à la recherche. Les exonérations sociales ou fiscales dont elles ont jusqu'à présent bénéficié auraient plutôt servi au rachat d'actions ou à la distribution de dividendes ou, comme on le voit ici, à la simple thésaurisation. Les 20 milliards, ou plus, du "pacte de compétitivité" servent-ils vraiment l'intérêt général ?

JMG

vendredi 16 novembre 2012

Dépense publique contre gaspillage privé

C'est devenu à la mode, tout le monde crie haro, et l’on sait à peu près d’où cela vient, sur les dépenses publiques comme si celles-ci étaient la cause de tous nos problèmes. Et pour se défendre de cette prétendue menace, tous les moyens sont bons, jusqu’à tailler en pièces, ou continuer de le faire, des services publics qui sont pourtant le salut de la population, et en particulier de la plus défavorisée. Ainsi continue-t-on aujourd’hui de mettre en œuvre une des pièces maîtresses de la politique des précédents gouvernements, la RGPP, révision générale des politiques publiques, (excepté quand même, et c’est heureux, pour ce qui concerne l’éducation et l’enseignement.)
Il est temps d’arrêter le matraquage idéologique, relayé par la classe politique bien pensante avac l'aide d'une presse aveugle, paresseuse ou complaisante.
Il faut rappeler que les dépenses publiques ont un effet multiplicateur sur l’activité économique, et on serait bien bêtes de s'en priver, ce que font pourtant les tenants de la vulgate libérale.  Plus grave encore : le virus a même atteint le gouvernement et le Président de la République qui ont pris le funeste engagement de réduire de 10 % les fameuses dépenses publiques. Mais quels ministères, quels secteurs en seront victimes ? On ne sait pas encore.
Les investissements pratiqués par les collectivités, que l’on voudrait pourtant juguler en les accusant de gaspillage, entraînent des créations d’emplois dans le privé. Et c’est d’autant plus vrai à notre époque où le secteur privé, fort pourtant de marges qui se sont globalement accrues, rechigne à investir alors qu’il n’hésite pas à verser aux actionnaires des dividendes de plus en plus importants sans effets de valeur ajoutée. Et donc plutôt que vociférer, comme l’ensemble des media à longueur de journée «  mort à la dépense publique », il faudrait bien plutôt, au travers une fiscalité plus juste et plus économique, faire passer enfin ce message en direction des plus riches, qui le sont de plus en plus : «  halte, au nom de l’intérêt public, aux gaspillages privés. »

JMG

lundi 29 octobre 2012

Toulouse : un congrès mi-figue, mi-rose, mi-raisin

Congrès morose d'après le Figaro, ou même le Monde, on arrive à les confondre aujourd'hui, engloutis tous deux, de façon égale, dans ce magma idéologique qui les empêche de traiter l'information de manière tout à fait honnête.

Pas morose ce congrès, car il y a toujours cette effervescence inhérente au nombre, plus de 2000 militants se retrouvaient dans ce parc des expositions de Toulouse au bord d'une Garonne rendue tumultueuse par un vent froid inhabituel qui n'amusait que les cormorans.
Et tout au bord du fleuve, tout un symbole, des tentes, ou des constructions précaires pour abriter des sans-abris, des Roms, ceux-là mêmes qu'Emmanuel Valls, à moins d'être devenu aveugle, a dû voir en se rendant sur les lieux. Habitats précaires comme autant de rappels d'une crise morale et économique que personne ne veut ou ne peut maîtriser parce que ses solutions seraient trop lointaines.

Ce n'était pas un congrès morose, c'était un congrès qui s'interroge, mais pas trop fort pour ne pas laisser apparaître des solutions qui ne seraient pas dans l'air du temps, de cet air précisément qui court dans les couloirs du Monde ou du Figaro et fait éternuer toutes les rédactions, écrites ou audio-visuelle de France et de Navarre. Ainsi va l'opinion privée qui se fait passer pour publique, mais assez efficace pour empêcher un gouvernement d'être tout à fait de gauche.

D'une manière générale, les orateurs qui se sont succédés à la tribune avait un discours offensif, y compris même les ministres présents, mais c'est comme s'il y avait eu la musique sans forcément les paroles, l'air seulement...
L'essentiel du congrès, ce qu'on en a retenu, c'était ce soutien plusieurs fois scandé à un premier ministre cible de toutes les attaques, soutien dont il fut visiblement ému.

Emmanuel Morel, Gérard Filoche ont été plus concrets et ont su poser les vrais enjeux, notamment sur la question sociale, tout comme Julien Dray qui fit un discours clair et tonitruant sur, (ou contre), l'Europe telle qu'en tout cas elle apparaît aujourd'hui.
L'Europe qui sert, au travers les exigences de l'euro fort, l'intérêt des rentiers, l'Europe telle que certains la veulent ou l'acceptent, qu'ils soient complices ou inconscients.

Au total un congrès qui se cherchait mais qui ne s'est pas trouvé, avec très peu d'appel à l'union de toute la gauche sans laquelle aucune politique favorable à l'ensemble du monde du travail ne sera possible.
De cela le congrès, dans son ensemble, ne se montra pas convaincu. Dommage.


Jean-Marc Gardère

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mardi 23 octobre 2012

PS Jura : un congrès, quel congrès ?


Le congrès fédéral du pari socialiste du Jura, vendredi 19 octobre, a laissé à beaucoup le goût amer du "ni fait ni à faire". Peu de monde d'abord, on pouvait s'attendre à une plus grande mobilisation des militants à l'heure où un gouvernement de gauche, socialiste, est au pouvoir.
Le congrès a été à l'image de ce qui se passe aujourd'hui dans le pays au niveau politique : personne ne connaît plus la règle du jeu, ni d'ailleurs les enjeux, ou feint de ne pas les connaître, rien de politique dans ce congrès à part l'antienne maintes fois répétée " le soutien au gouvernement Hollande".

Certes, mais cela suffit-il ?

Le parti socialiste doit rester un parti politique, qui pour soutenir en effet comme il se doit un gouvernement qu'il a porté au pouvoir, ne doit pas pour autant abandonner son travail de réflexion critique et de proposition.
Et il y a de quoi faire !
Dix ans au pouvoir d'une droite décomplexée a désorganisé l'Etat social et l'administration même du pays. L'heure n'est pas seulement à la gestion des décombres que les équipes Chirac, Raffarin, VIllepin, Sarkozy nous ont laissées en héritage, l'heure est aussi, surtout, à la reconstruction. Et cela dans la perspective d'une autre Europe qui ne soit pas celle des "banksters". C'est pourquoi nous nous attachons à une révision fondamentale des traités européens actuellement en vigueur.

Il faut revenir sur la baisse continuelle du pouvoir d'achat depuis au moins dix ans, et pour cela continuer de défendre mordicus, sans complexe, et en restant résolument offensif, les trente-cinq heures que les restes de la Droite parlent encore de supprimer, défendre la sécurité sociale en revenant sur des franchises qui ont sans cesse pris de l'ampleur à tel point qu'aujourd 'hui cinquante pour cent seulement des dépenses de santé sont couvertes par l'assurance maladie.

Le chantier est immense et c'est pourquoi nous soutenons une motion " maintenant la gauche, le social au coeur, l'écologie en avant" qui a l'ambition de faire revenir à ses fondamentaux un parti socialiste qui sinon pourrait perdre son âme et ses motivations.

Nous avons choisi, dans l'impréparation inhérente au contexte politique qui ne voulait à l'origine, qu'une unique pensée, qu'une seule et unique motion, de ne présenter aucun candidat au poste de premier fédéral. C'est peut-être, rétrospectivement,  une erreur car c'eût été sans doute une occasion supplémentaire, même si le rapport de force aujourd'hui est encore en notre défaveur, de poursuivre un débat essentiel au niveau départemental.

Le 11 octobre dernier la motion a fait plus de 21% des voix dans l'ensemble de la fédération du Jura, résultat qui nous permet d'avoir cinq sièges au conseil fédéral.

Nous en ferons bon usage.

JMarc Gardère

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lundi 8 octobre 2012

Au nom de la compétitivité ?

Au nom de la compétitivité de la France dans l’économie mondiale, on s’apprêterait donc à baisser le coût de travail de 8 à 10 milliards par an. Sachant qu’en France il est approximativement de 1100 milliards d’euros, l’économie supposée serait donc de quelque 50 milliards d’euros soit 4 à 5% de baisse en cinq ans. C’est beaucoup.
Cette mesure ne représenterait pourtant que très peu par rapport aux écarts des salaires qui existent entre la France et d’autre pays. Un Français gagne dix fois plus qu’un Chinois, 5 fois plus qu’un Polonais ou un Brésilien. L’écart est énorme et le restera longtemps encore. Cette mesure économiquement parlant n’est donc qu’un faux semblant, elle n’accroîtra pas, en tout cas de façon significative, la fameuse compétitivité de l’économie française chère au patronat français, surtout que nos principaux concurrents, qui restent cantonnés dans la zone euro, font de même, dans cette même logique d’austérité.
Par contre la mesure  risque de conduire à un appauvrissement de la population. Car réduire le coût du travail, même en cas de transfert partiel ou total sur la contribution sociale généralisée,  c’est réduire les salaires, qu’ils soient directs ou différés comme les prestations sociale, l’assurance maladie, les retraites.
Il faudrait au contraire combattre l’euro cher qui entame notre compétitivité, et dans le même temps augmenter les salaires, dont les cotisations sociales qui en font partie, pour éviter cette spirale du moins-disant social généralisé dont est victime l’ensemble des Européens.

JMG

dimanche 16 septembre 2012

Défendre le statut de la fonction publique, c’est défendre la République

Il est toujours de bon ton de critiquer le statut de la fonction publique, héritier du statut général des fonctionnaires d’octobre 1946.
 On dénonce le carcan qu’il représenterait pour l’Etat employeur, qu’il soit central ou pas. 

Ce statut, trop protecteur pour certains, rendraient les fonctionnaires inefficaces, voire paresseux, la vulgate libérale, en l’occurrence, ne reculant devant aucun poncif. Car elles vont ces critiques naturellement de pair avec une idéologie, dominante aujourd’hui, qui voue aux gémonies la notion d’Etat régulateur ou interventionniste. L’Etat non seulement confisquerait les libertés économiques, mais aussi offriraient la protection à des parasites nombreux et grassement payés par « nos impôts ».

La gauche, maintenant, fera bien pourtant de tout faire pour réhabiliter les valeurs républicaines qui ont présidé à l’élaboration de ces statuts, et cela dans ses trois versants, Etat, collectivités, hôpitaux. Ils ont notamment  été instaurés par les excellentes lois d’Anicet le Pors votés de 1983 à 1986. Celles-ci sont toujours heureusement en vigueur pour l’essentiel et montrent ainsi encore, malgré tout, leur solidité juridique et leur consistance politique. Elles ont subi pourtant, de part les gouvernements successifs, surtout venant de la droite, des modifications visant à les dénaturer et les détruire.

Ainsi le travail de restauration est immense, mais il est nécessaire. Travail idéologique avant tout pour la défense de l’égalité républicaine devant les services publics. Ne soyons pas naïfs, derrière les attaques contre le statut, se cache encore, vivace, la volonté de privatiser des pans entiers de services publics.

Il est aussi essentiel de défendre l’indépendance de la fonction publique, laquelle doit rester « serviable et non servile » devant le pouvoir politique. Le fonctionnaire ne doit pas être soumis aux pressions partisanes  et le statut doit lui en donner la garantie en privilégiant le principe de la carrière opposé à celui de l’emploi que défend les libéraux.

En France, ces dernières années, cela a pris la forme de la généralisation des contrats, précaires bien entendu, avec pour corollaire l’abandon pur et simple du concours. Le « spoil system » n’est pas républicain, il va à l’encontre de la continuité de l’action publique, il favorise la courte-vue et l’opportunisme  aux dépens le plus souvent de l’intérêt général.

Il est plus que jamais nécessaire de réaffirmer la responsabilité reconnue et nécessaire du fonctionnaire sur le plan de ses fonctions ou de ses tâches, mais aussi s’agissant de son rôle de citoyen.
La France est une grande nation démocratique et le monde entier reconnaît les mérites de sa fonction publique. C’est sans doute parce qu’elle s’inspire encore des valeurs contenues dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.


La gauche elle-même, revenue au pouvoir, doit en reprendre conscience.


JMG

samedi 8 septembre 2012

Spéculation : la pieuvre se refait une santé

Voilà que la Banque Centrale Européenne est enfin disposée à racheter une partie des dettes des pays en difficultés financières, au grand dam de l'Allemagne, on ne s'en étonnera pas, mais aussi paradoxalement à l'encontre des dispositions prévues par les traités européens.

Ceci constitue pourtant une excellente nouvelle pour les places financières qui ont dès le lendemain saluer l' annonce du Président de la BCE.

Ainsi l'Europe libéraliste, celle dont le peuple français en 2005 par référendum avait refusé le principe, s'adapte à toutes les situations telle une pieuvre aux tentacules souples, agiles, mais fermes.

Aux conditions de cette aide figure l'obligation qui sera faite aux maillons dits faibles de l'Europe, dont la Grèce bien sûr, l'Espagne, l'Italie, la France peut-être, d'adopter des plans d'austérité pour soigner leur crédibilité financière.

Ainsi la zone euro pourrait être sauvée, mais c'est au mépris du droit international européen, au mépris surtout des peuples dont au confisquera ce qui leur reste encore d'acquis sociaux.

Il ne faut passe leurrer, ce sauvetage que la presse nous présente comme historique n'est qu'un moyen pour la spéculation internationale de continuer son oeuvre fût-ce sur le dos du monde du travail, aux dépens de ceux qui produisent les véritables richesses.

JMG



http://www.liberation.fr/economie/2012/09/06/la-bce-lance-l-operation-rachat_844436