Cette histoire de homard est décidément amusante, elle est aussi édifiante, quasi-morale.
Elle tombe sur un de Rugy exemplaire, tête de turc ou de gondole d’un régime de
monarchie républicaine dans lequel nous baignons sans même plus nous en
apercevoir, et depuis longtemps, depuis que le Président de la République est élu
au suffrage universel avec les pouvoirs exorbitants que l’on sait. Exemplaire, oui, ce de Rugy en
tant qu’il est un produit de cette noblesse républicaine qui pense, du haut de
sa superbe, faire en France la pluie et le beau temps.
Que M. de Rugy s’aperçoive mais
un peu tard que le homard n’est pas sa tasse de thé, et qu’il y soit même
intolérant, ajoutent au drame de ce feuilleton estival qui aura eu le don de faire
oublier (un peu) toute la nuisance de la politique gouvernementale.
Mais ne gâchons pas pour autant notre
(bon) plaisir.
Voilà quelqu’un pour qui manger
du homard tient lieu de corvée et qui pourtant se fait prendre la main dans le
pot de confiture. On comprend que l’on puisse en retirer de l’amertume. Surtout
si l’histoire pour de Rugy venait à mal se terminer, par sa démission par
exemple, mais pas davantage espérons-le pour lui, car de là à en faire tout un
fromage… Le plus rageant pour lui c’est qu’il se fasse pincer pour une affaire de homard dont il est peut-être innocent. Il se fait
prendre en effet là où on ne l’attendait pas. C’est d’une belle facture dramatique.
Il faut se demander pourquoi le
« peuple », avec l’aide active de Mediapart puis de la presse qui en
fait ses choux gras, se réjouit de cette affaire, même si au bout du compte,
après une enquête administrative, astrologique, et juridique on s’aperçoive que
c’en n’est pas vraiment une.
Comme celui qui l’a fait prince, F.
de Rugy est arrivé là par effraction, il a trahi, il est un traître comme on en
trouve dans les contes pour enfants. Voilà c’est ce que les gens aiment, que la
fatalité s’acharne enfin contre celui qui a retourné sa veste, le peuple se
réconfortant par cette résurgence inopinée d’une morale politique que l’on
croyait perdue.
De Rugy à la veille des présidentielles s’était présenté à la
primaire socialiste et, en cas d’échec, s’était engagé à soutenir la candidature
du vainqueur, en l’occurrence Benoit Hamon (a-t-on des nouvelles au
fait ?). Sentant le vent tourner il avait alors rallié Emmanuel Macron. Il fallait bien ce
tour de force pour faire de M. de Rugy un grand, un énorme président de
l’Assemblée Nationale, puis un non moins extraordinaire ministre d’Etat chargé
de la transition écologique.
Il n’est pas le seul à profiter
des ors de la République et pas l’unique à en avoir abusé, il paye pour
beaucoup d’autres, et même pour le premier d’entre eux qui n’est pas encore
atteignable, pour un crime qui juridiquement n’en est peut-être pas un.
Mais sur un plan moral c’est une
autre affaire.
C’est ce que l’opinion publique,
qui a dépassé pour une fois sa mémoire de poisson, n’a apparemment pas supporté.
Le peuple, avec cette histoire, aura eu sa (petite) part de homard.
JMG