samedi 28 juin 2014

Faillite de la MJC ou faillite d'une municipalité ?

La culture est bien malmenée ces temps-ci, ou plutôt ceux qui la font vivre ce qui rend la question encore plus pathétique, car la culture n’est pas une abstraction, elle concerne des hommes et des femmes qui lui donnent son épaisseur, son essence, sa respiration, et sa sueur aussi. C’est vrai des intermittents du spectacle, pourquoi lutteraient-ils si ce n‘était vital pour eux mais aussi pour le futur de ce que l’on nomme aujourd’hui « l’industrie culturelle » étrange alliance de mots qui montre que tout doit être pesé à l’aune de la rentabilité et du retour d’investissement ? Cette industrie n’aurait-t-elle pas trouvé ses raisons d’être, y compris en termes financiers ? J’avais cru comprendre que la culture en France rapportait plus d’argent au final qu’elle n’en pouvait coûter. Donc comme socialiste, ou soit-disant socialiste selon la terminologie du député Leroux, je suis contre la façon dont Valls traite les intermittents du spectacle n'en déplaise à certains de mes camarades socialistes qui n'aimeraient pas ce blog parce qu'il serait antigouvernematal. Bon ça c'est fait.

Côté UMP, le maire de la ville de Lons-le-Saunier, Jacques Pélissard, aidé par son "jeune" maire-adjoint de la culture (un ancien du parti socialiste, voir les épisodes précédents ) a décidé de ne plus verser la subvention de 135 000 euros, soit la moitié de la dotation annuelle, qui permettrait à la MJC de continuer à vivre et à servir. Il s’agit là d’activités culturelles au sens large avec une dimension d’éducation populaire ouverte à une population diverse, cinquante activités environ pour plus de mille -cent adhérents qui y trouvaient leur compte d’enrichissement personnel. Pas le maire de Lons-le-Saunier apparemment qui n’y retrouve pas ses billes. Mauvaise gestion dit-il, pas de projet renchérit son adjoint qui sait lui aussi sortir son pistolet (celui de la rentabilité) lorsqu’il entend le mot culture. Et donc pas de "projet", au sens pélissardien du terme, pas de chocolat.

Bien sûr il faut gérer, s’assurer que les fonds publics sont pour le mieux utilisés, et puis trop de dépenses publiques, selon la doxa libéraliste, nuiraient. C’est fou d’ailleurs ce que notre société, d'une manière générale, peut surveiller les fonds publics alors que les puits sans fond pourraient être à chercher dans l’avidité d’un actionnariat privé qui lui n’a de projet que le sien : celui de l’enrichissement tout court.

Revenons à la MJC, outre les activités perdues, bien aussi grave, et assurément dramatique pour ceux qui sont directement concernées, la situation de la dizaine de salariés permanents qui voient leur emploi menacé. Là aussi on dira qu’on a l’habitude après tout, les chiffres du chômage explose, pourquoi pas dans une maison des jeunes et de la culture ? Personne ne doit être exempté de payer son dû à l’austérité.

Le déficit structurel serait de 145 000 euros, sur un budget de la ville de 32 150 000 euros environ, à peine 0,45% ! Comme si la culture devait à tout prix équilibrer ses comptes immédiats et apparents. Demande-t-on à l’éducation nationale de rapporter des bénéfices immédiats ? A-t-on mesuré la perte que la liquidation annoncée de la MJC entraînerait en terme de bonheur public, a-t-on évalué ce que ces activités populaires apportent en bien-être, ou en évitement de maladie ? Le bonheur public n’est-il pas inestimable, à un coût qui plus est aussi bas ?

Qu'il faille faire des efforts de gestion, d'optimisation, bien sûr, et j'ai cru comprendre que la MJC en faisait, qu’une municipalité soit comptable, responsable et donc attentive aux deniers publics qu’elle verse c’est tout aussi naturel.

L’inacceptable c'est le droit de tuer une activité, de façon si violente, si inattendue, (et les emplois qui vont avec), sous prétexte que celle-ci serait, et si peu, comptablement déficitaire !

Jean-Marc Gardère

jeudi 19 juin 2014

CFDT ou le coucou du syndicalisme


Il y a bien longtemps que la CFDT, au sens confédéral du terme, n’est plus un syndicat. Je ne vise pas ici les équipes syndicales qui défendent les salariés au quotidien, la nécessité sur le terrain faisant loi, l’idéologie dans ces cas étant à mettre au second plan voire même oubliée dans l’action. Mais je précise que plusieurs structures cédétistes se sont par exemple prononcées, contrairement à leur confédération, au pacte de responsabilité concoctée par le gouvernement Hollande.

Je dis que la confédération CFDT a abandonné l’idée même de combat syndical pour privilégier la négociation au risque de n’être plus crédible aux yeux de ceux qu’elle est censée défendre. Aux yeux du monde du travail la CFDT en effet peut passer pour un syndicat « jaune », c’est une accusation grave mais qui glisse sur le plumage de ses dirigeants lesquels depuis longtemps confondent démocratie sociale et collaboration, parfois constructive d’ailleurs ( mais ça dépend pour qui), avec le pouvoir en place.

Aujourd’hui c’est le gouvernement « socialiste » Hollande-Valls qui en profite, mais hier ce pouvait être celui de Raffarin, Fillon ou d’autres. Et toujours les salariés qui trinquent.

Ainsi de multiples « réformes » ont pu être jugées acceptables parce qu’une confédération dite  "réformiste" avait donné son accord, ce fut notamment le cas de la réforme des retraites en 2003 ou plus proche de nous de l’accord national interprofessionnel en janvier 2014 qui donna naissance à la loi dite de flexi-sécurité de juin 2013 qui n'est forte qu' à déstabiliser notre droit du travail.

La CFDT parle beaucoup de démocratie sociale, mais nous à habitué a signer des accords qui engagent les salariés au mépris du respect qu’elle devrait pourtant au fait majoritaire sur le terrain et dans les luttes syndicales. Elle passe pur le chevalier blanc, responsable, à la différence de l’extrémisme ou du jusqu’au-boutisme supposés de la CGT ou de la FSU. En réalité la CFDT serait encore moins que le peu qu’elle est aujourd’hui sans la détermination et le courage de ceux qui se battent. La CFDT est à cet égard une espèce de coucou qui recueille les fruits du véritable combat syndical et peut dans le même temps appeler à l’arrêt de grèves qui sont tout à fait légitimes, comme celle des cheminots dont l'intérêt se confond avec celui de la société toute entière.

Les conditions du dialogue sont ainsi faites en France ou un syndicat minoritaire, en tout cas dans les luttes, peut servir à asseoir, au nom d’une soi-disant démocratie sociale, des politiques de régression sociale avérée. On prend souvent l’exemple de l’Allemagne. Eh bien en Allemagne, sans vouloir imiter leur système à tout prix, cela ne se passe pas ainsi.

Peut-être un jour un gouvernement de gauche aura-t-il le courage de remédier à cette bizarrerie des rapports sociaux en France.

JMarc Gardère

samedi 14 juin 2014

Parti socialiste : ne pas laisser la clé aux conservateurs

Le parti socialiste n’est plus ce qu’il était et il faut le retrouver. Non en vertu d’un sentiment d’appartenance dont on serait nostalgique mais parce qu’il est encore nécessaire à la gauche toute entière. On est aujourd’hui dans une impasse dans laquelle ceux que j’appellerais les conservateurs-libéralistes, à l’intérieur même du parti, l’ont placé.

Qui sont ces conservateurs ? Ils tiennent aujourd’hui les commandes du parti, ce sont ceux qui se définissent pourtant comme les modernistes, à coup par exemple d'illusoire réforme territoriale, ou pire de réforme ferroviaire, qui à tout bout du champ nous parlent du 21éme siècle sans nous en dire aucun contenu, aucun projet quelconque. Où nous mènent-ils ? Ce sont aussi ceux qui à tout prix veulent conserver leur place, avant d’en conquérir d’autres, alors qu'il nous faudrait songer à gagner la bataille des idées pour le progrès social.

Ce qui nous importe, à nous militants socialistes, c’est de retrouver les chemins du progrès et de la transformation sociale, dans la justice. Tout est à construire ou à reconstruire. Les élections municipales, puis européennes, nous ont montré s'il en était encore besoin, que le PS comme le gouvernement faisaient fausse route. Qui parmi ces conservateurs-libéralistes l’a entendu ? Mais les élections perdues ne sont rien par rapport à l’enjeu que représente aujourd’hui le combat que nous devons mener pour la défense de l’état social.

Celui-ci aujourd’hui est mis en danger par ceux-là mêmes auxquels nous avons fait confiance. Le gouvernement actuel de Manuel Valls va dans le mur, non seulement il met en péril l’ensemble du parti socialiste et de la gauche tout entière, mais surtout il est en passe de briser l’espoir d’une société plus égale, plus juste, moins violente. La politique dite de l’offre qu’il a choisi de conduire, fondé sur le monétarisme qui tourne le dos aux droits sociaux, sans voir que ceux-ci sont la condition même du développement économique, est une politique suicidaire qui fait entrer notre pays dans la déflation économique et la désespérance sociale.

Pour quelques points positifs, insuffisants, combien de décisions réglementaires ou législatives ont pu depuis l’élection de mai 2012 nous plonger dans un tel marasme avec des reculs que la droite elle-même n’aurait pas osé faire. Il faut d’ores et déjà en faire l’inventaire. Qu’en sera-t-il quand la droite revancharde sera revenue au pouvoir ? Ne sera-t-il pas trop tard, la droite ne prendra-t-elle pas prétexte de ce que ce gouvernement aura fait ou pas fait pour appuyer plus encore sur le bouton de la régression ?

C’est pourquoi il faut aujourd’hui nous ressaisir et appeler à un véritable débat à l’intérieur de notre parti et si besoin changer les directions locales et nationales. Car ce n'est pas à nous de partir pour leur laisser la clé.
Il est nécessaire de débattre à nouveau pour retrouver nos valeurs historiques en vue d’une autre action que celle qui nous est offerte. Il est hors de question de suivre aveuglément un gouvernement ou une direction nationale qui ont abandonné les exigences idéologiques et politiques débattues et votés en Congrès, il est hors de question de mettre sous le boisseau des promesses présidentielles pourtant très modérées.

Il faut tenir un congrès le plus rapidement possible, comme l'ont déjà demandé des membres du courant "maintenant la gauche", c’est notre seule chance pour tenter au moins de nous réapproprier notre parti.

Sur le plan fédéral j’appelle le premier secrétaire à réunir à une date fixée par le bureau fédéral une réunion de l’ensemble des militants du département du Jura pour faire le bilan de ce qui s’est passé depuis deux ans et ouvrir le chemin pour des réformes authentiques fidéles aux idéaux que nous avons toujours jusqu'ici défendus.

Il y a urgence.

Jean-Marc Gardère
membre du bureau fédéral PS Jura
mandataire "maintenant la gauche"

samedi 7 juin 2014

Pourquoi faire simple quand on peut faire encore plus compliqué qu'avant ?

Le projet de loi sur la réforme territoriale a été portée cette semaine à la connaissance de la presse. On en retiendra que le redécoupage des régions, pourtant d'importance, n'est pas le sujet principal même s'il aura alimenté allègrement les conversations de café du commerce et les bavardages du monde médiatique.
Car on a voulu  amuser le bon peuple avec ces histoires : pour ma part je ne veux retenir que la Corse restera bien une île, et la Bretagne une péninsule, quoique, pour la Bretagne à force de"réformes" je n'en suis plus tout à fait sûr...

On entre dans le vif du sujet : le projet de loi en son article 9 dispose notamment que les routes deviendront compétence des régions, régions telles qu'elles auront donc été redessinées, à la hâte paraît-il, sur une table élyséenne. Idem pour les transports ( article 8) voire même, et ce n'est pas un détail, les collèges (article 12). Pour ce qui concerne la voirie (les routes) l'article 9 précise encore que le conseil régional pourra déléguer leur gestion aux communautés d'agglomération, communautés urbaines ou métropoles...Sauf pour la métropole de Lyon...et la métropole de Paris...

Franchement on se demande à quoi ça sert que Raffarin il s'est décarcassé en deux-mille-quatre pour simplifier le mille-feuille tout en le rendant encore plus compliqué. Son record pourrait être battu car cette nouvelle loi ne va pas arranger les choses en matière de clarté pour tous les citoyens que nous sommes.
Par ailleurs on peut prévoir, alors qu'on espère des "économies", une accroissement des dépenses nécessaires pour la mise en place, sur le terrain, de ces dispositions. Cela ne pourra se faire sans heurt, ni perte d'énergie : sans entrer ici dans la technique, ni l'intendance, on peut s'attendre à des déménagements, des transferts de personnel ou leur mise à disposition d'une collectivité à telle autre... Etrange réforme qui ne simplifie pas grand-chose, pour laquelle on va passer beaucoup de temps alors que d'autres apparaissait bien plus urgentes et utiles. Mais la modernité n'attend pas, passez pour modernes et vous serez pardonnés.

Il est une chose enfin qui me tarabuste : l'article 26 crée les « maisons de services au public » en remplacement des (actuelles) « maisons de services publics ». Contrairement aux apparences, c'est loin d'être un détail. "Destinées à améliorer l’accès des populations aux services, elles peuvent, je cite l'exposé des motifs, relever de l’Etat, d’EPCI à fiscalité propre ou d’organismes de droit privé chargés d’une mission de service public. Elles rassemblent, dans les conditions prévues par une convention cadre, des services publics et privés."
Le langage a son importance : "services au public" et "services publics" ce n'est pas du tout la même chose. Cela signe la véritable signification de cette loi, celle d'une privatisation rampante, avec le risque à terme de la rupture de l'égalité d'accès aux services publics. Elle reflète la tendance résolument libérale de ce gouvernement.

A suivre donc, et avec attention, pour ne pas laisser porter cette blessure à la République, fût-elle décentralisée.

JMG