samedi 24 juin 2017

Des mots et des mensonges

"Mal nommer un objet c'est ajouter au malheur de ce monde" ce mot d'Albert Camus peut s'appliquer à cette entourloupe gouvernementale revendiqué et appuyé depuis fort longtemps par le Mouvement des entreprises de France (Medef).
Plus c'est gros plus ça passe, et plus le mensonge, incarné ici par la confusion des termes, s'installe pour créer du malheur supplémentaire dont le peuple français comme le monde du travail n'avaient vraiment pas besoin.

Ce n'est pas de l'humour mais c'est vrai qu'on pourrait en rire tant c'est gros et grossier.
Déjà les salariés du bâtiment connaissait les CDI de chantier. Aujourd'hui E.Macron avec un nouveau droit du travail qui voudrait laver encore plus blanc que blanc, sous prétexte que cela combattrait le chômage, entend imposer à l'ensemble de salariés la possibilité d'un contrat dit de projet, "à durée indéterminé". En réalité, c'est tout le contraire d'un CDI tel qu'on a coutume encore de l'envisager. Mais cela devrait faire mouche, on dira que le président Macron est déterminé à se battre contre la précarité de l'emploi.

On veut donc nous appâter par un mensonge, en jouant sur le vocabulaire, et on y réussit en partie, les honnêtes citoyens n'y verront que du feu comme la plupart des gens pour qui le droit social restera toujours du chinois, peu enclins à vouloir y comprendre quelque chose,  découragés en cela par quelque Bayrou démagogue qui jetait comme un pavé le Code du Travail en prétextant qu'il était trop gros, trop lourd !
Mais le quidam en entendant le vocable CDI comprendra à tort que le pouvoir veut promouvoir la stabilité et la permanence dans l'emploi plutôt que d'encourager une précarité dont on affuble précisément le Contrat à Durée Déterminé, CDD.
Ainsi avec cette nouvelle disposition, par une habile et pernicieuse inversion des termes, le nouveau CDI, le "mal-nommé" comme aurait dit Camus, sera encore plus précaire que le CDD !

En effet, le terme "indéterminé" est justifié ainsi non pas du point de vue du salarié mais de celui de l'entreprise. C'est le projet qui est indéterminé et c'est le projet qui donne la durée à ce nouveau contrat. On attend à cet égard des précisions du gouvernement mais quel sera précisément les contours du "projet", comment ce dernier sera-t'il défini, ne sera-t-il pas au contraire sujet à toutes les imprécisions, toutes les indéterminations ? 
Le salarié va donc se trouver encore plus démuni, dépossédé de droits que lui donnaient les véritables contrats à durée indéterminée. Il s'agira bien d'un contrat à durée déterminé par la durée du projet lui-même avec au passage la suppression de la prime de précarité. Il n'y a pas pour le Medef de petites économies.

Avec la multiplication de ces soi-disant CDI, il n'y aurait plus, ni vu ni connu, de licenciement économique. Le "projet" achevé le salarié pourra être remercié sans ambages. Ne se rapproche-t-on pas ainsi tout bonnement de l'emploi à la tâche, comme au dix-neuvième siècle, avant tout droit du travail codifié et respecté ?

Macron, et pas seulement lui en matière de droit social ou de vocabulaire, n'ont pas fini de nous faire marcher.

JMG

vendredi 16 juin 2017

La position du démissionnaire

Ça y est ils m'ont démissionné, ils y ont mis le temps mais c'est fait. Je viens de recevoir un brillant mail du premier secrétaire de la fédération PS du Jura, Marc Henry Duvernet, dit Marco, (qu'on ne pourrait confondre avec le sous-commandant Marcos), mail qui finit par un cordial mais banal "cordialement".
Jusqu'à présent les lettres, missives, messages du parti socialiste qui m'était gentiment destinés se terminaient toujours par "salutations socialistes" ce qui entre nous ne manquait pas de sel pour une formation politique dont beaucoup de responsables manquèrent, c'est le moins qu'on puisse dire, à leurs devoirs de défense de la république sociale.
De même, jusqu'à aujourd'hui, les messages débutaient par un tonitruant "camarade", à vous donner l'envie, même en plein été, de faire le matin au pied levé une ou deux Révolution d'Octobre. Nous nous serons contentés de quelques évolutions bien timides sans compter les plus amères à mon goût, loi travail, CICE, etc...

Le mail débute par un poli "Madame, Monsieur". La classe ! Franchement je ne m'attendais pas à une telle promotion, j'y perds peut-être en énergie mais y gagne en considération.

A moins d'une discrimination flagrante, certains indices me donnent à penser que je n'aurai pas été le seul à être démissionné, car en plus du "Monsieur" (que j'ai bien pris pour moi) il y aurait aussi une "Madame", au moins une. Je pensais que c'était déjà fait, peut-être s'agit-il de la candidate investie par la République en marche (République en marche qui d'ailleurs, l'avez-vous vu, commence de boiter).

Combien sont-ils ou t-elles dans la charrette des démissionnaires ? El Khomry par exemple en fera-t-elle partie ? Une frayeur tout à coup : j'aimerais pouvoir choisir la mienne de charrette, je n'aimerais pas être embarqué dans une où se trouveraient des admirateurs de Macron, de Valls ou de Hollande. Il n'est pas question pour moi, même en ces temps politiquement bouleversés, de confondre les torchons et les serviettes.

Ceci étant je trouve normal l'honneur qui m'est ainsi donné, même si "démissionnaire" (terme employé dans le courrier) dans les faits je l'étais depuis longtemps ; en raison déjà de mes prises de position qui m'ont bien valu quelques engueulades, au conseil fédéral ou dans d'autres instance du parti.

C'est donc la règle et je ne la remets pas en cause, j'ai trop demandé par le passé que les règles soient respectées pour aujourd'hui m'en plaindre et quémander le contraire. C'est d'ailleurs ce qui me chagrine le plus : me faire rappeler à l'ordre par des gens qui, sans vergogne parfois, pouvaient allégrement les contourner.
J'aurais dû peut-être prendre les devants, démissionner moi-même avant de devenir un démissionnaire "à l'insu de son plein gré". J'estime cependant que ce n'était pas à moi de partir le premier.

J'avais prévenu, ici même, ou ailleurs à plusieurs reprises. Mon seul tort, ceci dit sans me vanter, a été d'avoir raison trop tôt. Et mon regret de n'avoir pu, avec d'autres camarades, changer les choses avant que n'arrive à gauche la catastrophe que nous connaissons aujourd'hui.

Et donc la voilà ma faute : j'ai soutenu le candidat de la France Insoumise (ici) au lieu de soutenir Marco qui avait l'investiture officielle du PS aux législatives.

C'est ce choix mûrement réfléchi, à mes yeux politiquement cohérent, qui me vaut cette appellation d'origine contrôlée.
 "Démissionnaire", c'est-t-y pas beau ça ?

JMG

samedi 3 juin 2017

Législatives à Lons-le-Saunier, à gauche toute

Je le redis, je voterai et j'appelle à voter Gabriel Amard le candidat de FI dans la première circonscription du Jura, celle de Lons-le-Saunier, dans la ligne logique de mon vote au premier tour des présidentielles. J'avais considéré alors, faute et en dépit d'une unité dont la responsabilité est largement partagée, que JLuc Mélenchon était le mieux placé pour battre la droite ; battre y compris cette droite macronnienne d'autant plus dangereuse qu'elle marche et avance masquée. Elle prend les allures d'une force nouvelle soi-disant moderne et réformiste, mais en réalité ô combien rétrograde, ennemie de ceux qui en définitive créent les véritables richesses. La nomination d'un premier ministre issu de la droite partisane a fini de lever l'ambiguïté, cette nomination comme les premières mesures annoncées par ce gouvernement auront fini d'effacer tout doute à cet égard. Si l'on en croit le programme cette politique s'annonce désastreuse pour notre contrat social, sans aucune efficacité macro-économique, dans l'exacte lignée de celles conduites jusqu'alors depuis au moins trente ans.

On aurait pu se réjouir de l'unité retrouvée de la gauche dans cette circonscription autour du parti communiste, des verts et du parti socialiste ou de ce qu'il en reste.
Et il en reste trop peu.
Trop peu par le nombre des militants, mais trop peu surtout sur la question démocratique. Les instances fédérales du PS ne fonctionnent plus comme elle le devrait, faute de combattants, faute d'une pratique politique sérieuse, et tout cela accompagné d'un appauvrissement idéologique et programmatique qui d'ailleurs a favorisé localement le transfert opportuniste ou naturel d'une bonne partie des "cadres" du PS jurassien vers "en marche".

Malgré le dynamisme qu'il faut reconnaître à Marc-Henry Duvernet, ce qui reste du PS dans le Jura est donc devenue portion congrue, on ne sait plus qui est qui, qui défend quoi, sur quel programme on doit se prononcer ou pas. Des années de carence idéologique, de coup de butoir de hollandisme ou de vallsisme, ou de macronisme, ont tout cassé de la sincérité de ceux qui pouvaient l'être encore.

Et donc je n'ai pas confiance, malgré l'amitié que je peux garder pour lui, en la candidature d'un MHD qui n'est devenu un "frondeur" que bien tard,  trop tard en tout cas pour être suffisamment crédible. Il est des pratiques politiques que j'ai dénoncées, parmi celles qui visent à utiliser son parti pour  favoriser une carriérisme politique d'ailleurs bien illusoire. La moralisation de la vie politique, dont on parle tant, passe aussi dans le respect de la cohérence de ses propres idées.
Oui, je crains que mon ami Duvernet, s'il devenait député, devant un projet de loi comme la loi travail par exemple, rejoigne le camp des "réformateurs" pour quelque strapontin.

Et donc je vote pour le candidat le plus sûr à cet égard et le mieux placé à mes yeux pour défendre la cause du monde du travail contre les politiques austéritaires dictées par une Union Européenne qui continue aujourd’hui de nous perdre, et qui n'est pas l'Europe sociale et solidaire que nous voulons. J'entends surtout ne pas donner une majorité parlementaire à un gouvernement qui déclare sans ambiguïté la guerre à une république sociale seule capable de faire la richesse de notre pays, de ses habitants, et des citoyens que nous sommes.

JMG