samedi 3 décembre 2016

Le Roi est mort, vive le Roi !

Il a renoncé, et alors ? N'était-ce pas le plus sage dans sa situation de président "normal", qui a loupé à peu près tout de son mandat, ce mandat que ceux qui avaient voté pour lui en 2012, pétris d'espérance ou de candeur, étaient en droit d'attendre en mieux ?

Qu'on se le dise, Hollande a renoncé à se représenter parce qu'il n'avait aucune chance, il n'est pas question de courage ici, il se serait pris une déculottée qu'il aurait eu du mal à assumer sur le plan politique, comme sur le plan affectif : il est certain, ceci étant, que la décision a dû être difficile, d'où l'émotion qui l'étreignait et que l'on prendrait pour de la vertu.

Au-delà des larmes de crocodile, il faut voir le bilan de ce président qui, disait-il, et on l'a cru, allait conduire  une politique de gauche, en défendant le monde du travail, en terrassant la finance, en renégociant le traité budgétaire européen, en tenant bon devant l'ordo-libéralisme de Merkel.
Mais rien de tout cela ne s'est produit, tout s'est dégonflé...Trop nombreux au PS ont été ceux qui n'ont pas moufté, qui, lâchement, ou par ignorance, lui ont donné leur blanc-seing, et donc renoncé à faire leur devoir, leur devoir de militant, celui de faire de la politique.
 A la place ces mêmes se sont livrés à de l'idolâtrie, aveuglés par une  naïveté coupable, par un légitimisme béat. On les voit encore ces pleureuses au lendemain de la "démission" de leur mentor, accusant les autres, des frondeurs, des syndicalistes, que sais-je encore, de l'avoir fait toucher terre, alors qu'ils en sont les principaux responsables pour n'avoir permis aucun débat.

On pouvait espérer que  Hollande sur la question sociale respecte sa parole, qu'il convoque une grande conférence sociale où l'on aurait parlé salaires, temps de travail, licenciements boursiers...
C'est tout le contraire qu'il a fait, avec la loi de son ministre Macron, son protégé et bientôt traître, et surtout la loi travail qui a jeté des millions de salariés dans la rue, pour un des conflits sociaux les plus long de ces trente dernières années. Avec en prime, même s'il n'en est pas directement responsable, une criminalisation de l'action syndicale, aidé en cela par un premier ministre n'hésitant pas à alimenter l'amalgame entre casseurs et syndicalistes, la CGT plus particulièrement en point de mire. Trop c'est trop !
Sur un plan politique, on voit aujourd'hui le résultat : le retour d'une droite conservatrice qui s'est sentie des ailes, le réveil d'une droite fillonesque, aussi archaïque que revancharde, égoïste bien que catholique, prête à revenir sur tous les acquis sociaux issus du conseil national de la résistance.
Valls est donc en passe de prendre le relais d'une candidature qu'il a lui-même , d'une manière assez honteuse, déjouée ou, pour le moins, découragée.
Certains sont prêts à soutenir Valls comme si il était le nouveau monarque. Comment peut-on croire qu'il mènera une autre politique ? A moins qu'elle ne fût pire, ce ne serait pas étonnant. Le roi est mort, mais un même revient.
Nous sommes en pleine monarchie républicaine et tout l'enjeu aujourd'hui est d'en sortir sans trop de casse ! La VIéme et vite, comme le préconisent Filoche, Montebourg, Mélenchon, et d'autres !

Et pour cela qu'ils s'entendent donc, qu'ils s'unissent à la fin. La gauche, contrairement à ce que prétend Valls, ne peut pas mourir.

JMG

mercredi 30 novembre 2016

Parti...socialiste ?

Le parti socialiste n'est plus, il n'est plus, et depuis longtemps déjà, bien avant 2012, le parti auquel j'avais adhéré en 2002-2003. A l'époque il portait encore un projet  à peu près clair, même si déjà on pouvait, on devait même, relever les insuffisances et déjà les trahisons fomentées en interne par manque de fond politique. Mais alors y avait-il urgence, il fallait relever le défi dû au traumatisme d'avril 2002, traumatisme qui concernait la gauche dans son ensemble, et pas seulement le PS.

Ensuite tout s'est gâté, peu à peu, d'année en année, au PS se sont révélés des gens qui n'avaient plus rien à voir avec la défense du monde du travail, qui avaient abandonné toute référence à la question sociale. Et qui, c'est là le plus grave, avaient utilisé le parti à des fins d'ambition personnelles en jouant avec les procédures du parti pour les contourner ou carrément les nier. 

A Lons-le-Saunier, dans cette fédération du Jura que je connais bien puisque je siège à son conseil fédéral, on a vu ce que cela a donné, un feu de paille, trois petits tours, au conseil général de 2011 à 2014, et puis s'en vont. Des gens sans conviction prêts, pour sauver leur existence politique, à rejoindre aujourd'hui Macron ou à flirter avec les idées droitistes, sans vergogne. Ils ne voient pas ces bougres qu'ils se tuent eux-mêmes emportant avec eux l'idée de socialisme, en faisant au passage un label repoussoir, tout en préparant la route à la droite extrême qui revient, on le voit, de plus belle.

C'est que tout cela s'accompagnait d'un amaigrissement idéologique, de la fin de tout esprit critique qui ont fait qu'au niveau national cette fois, les Hollande, Valls, Macron ont pu faire ce qu'il leur chantait de faire, c'est à dire des politiques empruntées à droite de l'échiquier politique, le dépassant même, comme la loi travail dont on n'a pas fini de souffrir des conséquences pratiques et idéologiques.

Le parti socialiste n'est pas tout à fait un astre mort comme certains le prétendent mais c'est une maison hantée. Hantée par les promesses non tenues bien sûr, par les espoirs entretenus mais jamais honorés, par les mensonges et les tromperies d'un gouvernement et d'une direction nationale qui se sont moqués de ses militants.

Quels sont aujourd'hui les valeurs du PS, ne sont-elles pas abîmées par l'histoire des trahisons récentes ? Sont-ce encore des valeurs de gauche ? Hollande, Valls, Macron sont-ils de gauche,  ont-ils servi véritablement les intérêts du monde du travail, ont-ils agi pour les intérêts du peuple, autrement dit  pour  l'intérêt général ? N'ont-ils pas au contraire distiller les conditions d'un retour fracassant d'une droite dure, dure avec les faibles, dure avec la jeunesse ?

Comment peut-on ensuite tenter de mobiliser le peuple de gauche, composé par nature, de par son histoire, d'ouvriers, d'employés, de bas salaires, de chômeurs, des laissés-pour-compte. Le PS n'est pas un parti conservateur, il était même le parti de l'émancipation mais ce sont des conservateurs, hors les questions sociétales, qui l'ont pris d'assaut, de mèche avec les banques et les grands groupes industriels et financiers.

C'est pourquoi je le quitte après beaucoup d'hésitation, après m'être battu en toute modestie, à mon humble niveau, mais fermement, pour qu'il en soit autrement.

Le dernier conseil fédéral auquel j'ai participé a été violent. J'ai été attaqué parce que j'ai osé critiqué le gouvernement en dénonçant ce qu'il a fait avec la loi travail, le pacte de responsabilité qui porte si mal son nom, et le CICE qui va de pair. C'est à cette occasion que je me suis aperçu que ces "camarades" ne mesurent pas les conséquences, en période de crise prononcée, de cette politique de l'offre  pour laquelle il n'y a pas eu de débat. Savent-ils même ce que contient la loi travail ? Leur principal intérêt est politicien, ils sont devenues une espèce de secte, leur principal souci étant de défendre LEUR gouvernement, celui dont il pense qu'il est encore de leur côté.

Nous n'avions plus en face de nous des gens capables de débattre. A l'impossible nul n'est tenu, c'est pourquoi je m'en vais.

JMG
















jeudi 24 novembre 2016

Tenir la route

Les automobilistes s'en rendent compte jour après jour, le réseau routier est malade, de plus en plus malade. La CGT le rappelait dernièrement, près de 50% des accidents seraient liés à des questions d'infrastructures routières.
Ceux qui roulent la nuit, sur les routes nationales comme départementales, ne peuvent que souffrir, entre autres désagréments provoqués par faute d'entretien,  de l'effacement de la signalisation horizontale. Ainsi on ne distingue plus, ou très difficilement, les bandes blanches au milieu ou sur les bas-côtés des routes. Tout cela pose de véritables problèmes de sécurité qui peuvent, en cas d'accident, justifier de saisir les tribunaux. A qui la responsabilité, à qui la faute ?

De la même manière qu'on délaisse depuis des années l'entretien des infrastructures ferroviaires, l'entretien des routes prend de plein fouet les politiques stupides et criminelles d'austérité. La tendance lourde est à la non-intervention publique, à la diminution drastique des dépenses d'entretien courant et de gros entretien, et à l'abandon pur et simple d'investissements publics nouveaux.

On sert prioritairement les autoroutes, favorisant les grands axes,  avec au passage des augmentations de tarif dont profitent davantage les rentes boursières que les investissements utiles.
Ainsi le patrimoine routier, dans son ensemble, fait partie des victimes de ces politiques de réduction des dépenses publiques qui ont encore la faveur de la plupart des gouvernements en Europe. 
En France la tendance va s'affirmer avec des candidats de la droite, ou de la gauche gouvernementale actuelle, Macron compris. Tous sont d'accord au fond pour aboutir à la privatisation la plus large possible du domaine routier. Si l'on n'y prend garde, si on laisse faire, les routes à l'instar des autoroutes deviendront payantes ! Il y a là de l'argent à se faire, les milieux financiers à cet égard sont moins aveugles que les citoyens ou les usagers des routes !
Depuis 2011, les crédits de l'Etat et des collectivités à l'entretien courant du réseau routier est à la baisse. (baisse de 27 % de 2010 à 2011, et qui se confirme d'année en année). Ceci n'est pas dû au hasard et encore moins à un souci d'une saine gestion des deniers publics.
Cela est de nature à préparer bien plutôt les esprits à cette privatisation du domaine routier, les pouvoirs publics passant alors pour de piètres gestionnaires qu'il faudra à tout prix remplacer par des entreprises privées du BTP.
Les usagers ne pourront rien y faire une fois le fait accompli : les privatisations qui s'annoncent profiteront in fine à des actionnaires que l'intérêt public, par nature, indiffère.

Debout citoyens avant qu'on ne vous confisque vos routes au prix fort ! Encore un domaine où il est nécessaire de se battre pour ne pas laisser au privé une gestion qui dès lors deviendrait plus coûteuse  pour l'usager, ou pour le citoyen qui de surcroît ne pourra plus exercer son contrôle démocratique.
JMG

samedi 5 novembre 2016

Contre la mélancolie

Contre la mélancolie, on a trouvé un truc extra-bon, ce sont les primaires de la droite et du centre.
Bien sûr on peut en pleurer, se dire que c'est foutu de chez foutu, qu'entre Sarko, Juppé, Poisson, Copé, NKM, Fillon, Lemaire, dans ce délire néo-libéral où des clowns se font la courte-échelle, le champ politique nous est fermé désormais,  annonciateur d'une catastrophe politique dont nous aurons, tous et toutes à gauche, si même elle existe encore puisque Valls lui-même en distille la fin prochaine, du mal à nous remettre.

Alors, contre mauvaise fortune on peut décider d'en rire, de faire de ces primaires un divertissement, au diable la tragédie, et les chants de désespoir.
Je ne dirai même pas que nous avons affaire à la droite la plus bête du monde, prête à tuer notre modèle social dans la lignée de ce qu'auront initié ou encouragé Hollande, Valls, Macron et quelques autres pourtant de notre camp, je ne parlerai pas de la fin annoncée de la fonction publique et des services qu'elle fait fonctionner dans un effort d'égalité, ni de la privatisation programmée de l'hôpital et de la sécurité sociale, des promesses de hausse de TVA, de la baisse des impôts sur les sociétés, des surenchères imbéciles comme l'âge de la retraite qui ne devrait sonner que de plus en plus tard, ni de la fin des 35 heures laquelle, si l'un de ces imbéciles étaient élus, serait de nature à accroître encore plus le chômage, je ne parlerai de rien de cela.

Mais à la place, je tiens à faire part de mon admiration pour les bons coups que font Bayrou et Juppé à Sarko et donc aux autres aussi par la même occasion.
Bayrou a dit, pas très fort mais il l'a dit,  que si Juppé était battu à la primaire de la droite, il se présenterait fissa et malgré ça à la présidentielle. Lui Bayrou, lui le Béarnais, il se présenterait contre Sarko.
Et ce dernier de fulminer d'un coup aussi pendable, comme on le comprend, lui qui a trouvé là bien plus malin que lui.
On reconnait là le Béarnais, le Henry quarto of competition , qui sait jouer gagnant-gagnant, qui va donc, avec Juppé, quoi qu'il arrive, emporter la mise...Bayrou est un génie, et Juppé aussi pour l'avoir  choisi pour ami dans ce tournant politique décisif. En fait ces primaires n'en n'auront plus que le nom puisque Sarkozy, même s'il en sortait vainqueur, trouverait face à lui un François Bayrou tout frais pour continuer le combat.

Oui, on peut s'amuser des heurs et malheurs de la droite pour faire oublier les coupables tergiversations de la gauche qui ne parvient pas, pour l'instant en tout cas, à trouver l'unité indispensable pour éviter la catastrophe.
Quand on n'a plus le cœur de rire de soi-même il est fortement conseillé, pour la détente, de se moquer du camp adverse, et des dindons de la farce qu'il nous livre en pâture.

JMG

samedi 29 octobre 2016

Béziers, j'ai pris l'oseille et je me suis tiré

Il y a bien longtemps que je ne m'étais pas rendu à Béziers, ville que je connais à peine dans laquelle pourtant mon grand-père maternel avait tenu, il y a longtemps, une petite librairie. Je ne sais même pas où elle se trouvait exactement, je n'ai pas pris le temps de retrouver la trace qu'elle aurait pu laisser.
En arrivant de l'autoroute, la cathédrale Saint-Nazaire vous domine et vous lance un défi, celui de la rejoindre tout en haut. Nous sommes passés, en montant, par un quartier où les immeubles m'ont paru inhabités, comme désœuvrés, en mal de ravalement ou de restauration.
Le miraculeux, le valeureux, l'efficace maire d'extrême-droite, Robert Ménard, n'est peut-être pas encore passé par là.

On se surprendrait à penser que c'est en raison de son élection que ces immeubles font autant la gueule. Puis on se dit -de façon plus objective- que c'est le contraire, c'est parce que tout cela est moche, abandonné, qu'une petite majorité de la population biterroise en âge et en désir encore d'aller voter, a pu le choisir comme maire, croyant ainsi crier mieux sa révolte, ou bien exprimer une haine ordinaire, haine contre soi-même ou contre un hypothétique étranger d'où viendraient les ennuis d'une ville en perdition.

Une ville abîmée, comme beaucoup en France, où le centre-ville est déserté par les commerces, où les rues sont désertes, tristes, désespérément vides, ennuyeuses, et dans laquelle les sans domicile fixe, par désespoir, ont élu domicile, faute de mieux et de moyens, ville où on ne passerait son temps qu'à survivre.
Bonjour l'ambiance, parce que le temps aussi était au gris ou à la tempête, en ce jour d'octobre où Météo France avait eu la fâcheuse idée d'en rajouter en décrétant une alerte orange en prévision de ce qui, finalement,  ne se traduisit que par quelques coups, bien sentis c'est vrai, de tramontane.

Il n'y a pas qu'à Béziers que la grande distribution, puis le chômage généralisé qui touche l'espoir et l'avenir des forces vives d'une nation, a pu faire des ravages. L'extrême-droite, on le sait, prospère sur la misère qu'on entretient depuis des années à coup de "réformes" qui font la part belle à la déréglementation, et d'une manière générale, à l'abandon des politiques publiques. Pas qu'à Béziers donc ! En matière de relégation urbaine la crise n'a pas fini de faire des émules.

Le lendemain, un dimanche, à côté des halles, j'ai voulu prendre de l'argent liquide, il y avait devant le distributeur, une vielle dame qui pouvait à loisir se sentir en sécurité. Et pour cause, un groupe de quatre policiers municipaux qui m'ont paru armés jusqu'aux dents, de vrais Robocops, plus genre forces spéciales que police de proximité, encerclaient deux jeunes qui visiblement avaient peine à s'expliquer pour on ne sait quelle faute. Il n'avaient rien de criminels, ils s'exprimaient bien, bien habillés, ce n'étaient pas des miséreux à qui l'on aurait pu reprocher de traîner dans les rues.
L'un des deux disait : "je suis très déçu de ce qui m'arrive, je suis Français, je suis désolé de voir ça, c'est exagéré". Le gars était Français, à Béziers, et il a cru bon de le préciser. Étonnant non ?

Je me suis retourné pour tenter de mieux comprendre, et là je suis tombé sur le regard de celui qui vraisemblablement était le chef du groupe des policiers municipaux, regard insistant, comme si moi aussi je devais être en faute, il m'a fixé pour m'obliger à détourner les yeux au bout de longues secondes. Comme collègue de la fonction publique territoriale, me suis-je dit, il y a mieux, le gars m'avait à l'œil, littéralement.

J'ai donc pris l'oseille, et je me suis tiré, sans demander mon reste, pas rassuré. Je n'ai pas eu la témérité de questionner de quoi ces jeunes pouvaient être coupables. Je ne pense pas qu'ils venaient de dévaliser la bijouterie d'en face, de vandaliser l'Eglise de la Madeleine juste à côté ou d'attaquer la vielle dame qui était à l'instant devant moi au distributeur automatique. Etre jeune à Béziers, apparemment ça craint, c'est le sentiment que cela m'a laissé.
Quand même, ça donne pas envie d'y retourner, même pour y retrouver les traces d'une librairie perdue.

JMG




dimanche 9 octobre 2016

La droite n'est jamais partie, elle revient quand même

La catastrophe idéologique du parti socialiste, que ses responsables à Solférino ont bien voulue, se sera donc traduite par des lois anti-sociales ou contre-productives comme la loi travail par exemple, ou le "pacte responsabilité" qui coûte cher au budget de l'Etat sans résultat positif sur l'emploi. Cela conduira-t-il au délabrement général de la gauche ?

La responsabilité de ces dirigeants en tout cas est immense, historique. Il y a encore un espoir peut-être que la gauche se redresse avant la date cruciale des présidentielles. Mais pour l'heure on voit se dessiner plutôt un renforcement du camp des droitistes purs et durs dont certains se voient déjà à l'Elysée, Juppé, Sarkozy, Le Maire, Fillon...auxquels, outre Le Pen bien sûr, on pourrait ajouter Macron comme étant, si on a bien compris, ni de droite, ni de gauche, et donc plutôt au centre-droit.
 On peut espérer seulement qu'ils fassent comme Hollande, qu'ils ne respectent pas leur promesses et qu'au contraire, comme lui, élection faite, s'attaquent à des réformes qui aillent contre leur propre camp.

Je n'en crois rien bien sûr, ces candidats entendent conduire une politique qui aggravera la situation de millions de Français, ceux là même que les débats sur les primaires, par lassitude, par dégoût, indiffèrent au plus haut point.
C'est que pour une bonne partie de la population l'urgence n'est pas ou n'est plus là. Une bonne partie s'abstiendra et, ce faisant, fera le jeu des plus conservateurs.

Car dans l'électorat de droite, il est à parier que l'abstention ne saura pas aussi forte, la droite sera davantage pressée d'en découdre et de se débarrasser de Hollande de la même façon qu'en 2012 le peuple de gauche, mobilisé, avait décidé de se débarrasser avant tout de Sarkozy.

Dès lors, pour mieux se démarquer de la "gauche", il n'est pas étonnant que les prétendants de la droite ou du centre fassent de la surenchère et se risquent à l'absurde.
Ainsi Juppé entend bien continuer l'oeuvre néo-libérale, si besoin en l'aggravant, de Sarko ou de Hollande en réduisant encore les "charges" des entreprises ce qui ne fera en définitive que réduire encore davantage la part des salaires dans le PIB, au profit d'une spéculation financière qui tue l'économie réelle.
Ainsi encore, Juppé, qui passe pourtant pour un modéré, veut-il reculer la retraite à 65 ans comme si cette vieille recette, rance, allait miraculeusement relancer la croissance et réduire le chômage, celui des jeunes en particulier ! On marche sur la tête !

On passe sur la suppression de l'ISF, ou la hausse d'un point de la TVA de nature à appauvrir les plus pauvres, ou le plafonnement des aides sociales...On retiendra surtout, tout un symbole, la sacro-sainte suppression des 35 heures : Jospin enfin assassiné lui aussi, qui n'était pourtant pas un révolutionnaire !

Et tout ça dans quel but, pour quel horizon indépassable ? Réduire les dépenses publiques jusqu'à 100 milliards d'économies en cinq ans ! A côté, Hollande avec ses 40 milliards dépensés sans contre-partie au titre du CICE, passera pour un gauchiste ou un modéré, ce que ses thuriféraires ne manqueront d'ailleurs pas de souligner. Ils comptent bien là-dessus, ces naïfs, pour faire passer leur candidat, dans le style " vous n'avez pas le choix, avec la droite ce sera pire" ce en quoi ils n'ont pas tort, le pire étant toujours possible en effet.

Juppé entend dans son programme nous libérer du code du travail, d'assouplir notamment le travail du dimanche ou en soirée. C'est la direction nationale de la CFDT qui va être contente, la loi El Khomry aura fait ses petits.

Je ne parle pas du programme de Fillon qui va plus loin encore dans l'hystérie néo-libérale, ou celui de Le Maire qui veut supprimer le statut de la fonction publique territoriale comme si, pour combattre le chômage, il suffisait d'élargir la précarité et de supprimer des acteurs essentiels des services publics.

L'heure est grave. La gauche ne gagnera cette présidentielle qu'unie, elle n'en prend pas pour l'instant le chemin. La première étape serait que Hollande, compte tenu de son bilan, ne se représente pas, et le dise enfin.
Même ça ce n'est pas gagné.

JMG


vendredi 30 septembre 2016

"Gôche", c'est le fond qui manque le plus

Je retiens deux ou trois petites choses qui auront pour moi, peu ou prou, marqué cette rentrée de la gauche politique dans le Jura.
La première :  la Fête de la rose organisée par la fédération du parti socialiste du Jura à Saint-Didier. Fête que je ne regrette pas d'avoir séchée : j'avais piscine. Son mentor, l'ancien conseiller général de Lons-Nord MHD y a même déclaré (in le Progrès en date du 3 septembre) "il faut arrêter avec les professionnels de la politique" euh...vraiment ? Il n'y a que les imbéciles qui ne change pas d'avis : dont acte, on espère.
L'année dernière il y avait Georges Filoche, cela en valait mieux la peine à mes yeux, d'autant, bien avant que nous tombe dessus la loi travail, son discours avait été à raison centré sur la défense du code du travail. La loi Macron en effet, en septembre de l'année dernière, était déjà passée par là, préfiguratrice d'une loi El Khomry qui aura complété l'infamie contre l'ensemble des salariés de ce pays.

C'est Karine Berger qui était invitée de cette deuxième édition de la Fête de la Rose. Députée, porte-parole d'un courant qui a dû faire 10% au congrès de Poitiers en 2015. Je le dis en passant : on sait ce que sont devenus les congrès du parti socialiste, on a la preuve aujourd'hui non pas tout à fait de leur inutilité, mais du mépris qui l'inspire à ceux-là mêmes qui les convoquent. Les dirigeants du PS, et donc le gouvernement, ces dernières années, ont eu le don de prendre les militants et les congressistes pour des imbéciles ou carrément pour des...j'ose même pas le dire. Mais ce qu'ils sont peut-être au fond en majorité, par excès de légitimisme et de suivisme. En tout cas, on ne peut se remettre très difficilement de pareille tromperie. Les dirigeants du PS ont là dépassé les bornes. Et les droites, extrêmes ou pas, de se réjouir sous cape et bientôt dans les urnes.

Exemple d'incohérence, toujours à propos de la loi travail : au Congrès de Poitiers la motion majoritaire, celle de Cambadélis, Valls...énonçait : " il faut rétablir la hiérarchie des normes : la loi est plus forte que l'accord collectif, et lui-même s'impose au contrat de travail". Exactement le contraire de la loi El Khomry ! A partir de là on peut considérer que le PS n'est pas un parti démocratique puisqu'il s'assoit allègrement sur ses propres convictions ou ses délibérations.
Ce ne serait pas dramatique si cela n'eût concerné que ce pauvre parti, il concerne toute la gauche et l'ensemble du monde du travail.

L'autre événement, petit événement diront certains, est le retour sur la scène politique jurassienne de "gôche", de l'ancien président du conseil départemental du Jura. On l'a vu début septembre, à cette même fête de la rose. Et alors que Karine Berger y déclarait sa flamme à un Arnaud Montebourg renaissant, Christophe Perny lui avait déjà commencé de distiller, via les réseaux sociaux, son admiration pour un certain Macron, démissionnaire du gouvernement pour cause, pourrait-on supposer, de gourmandise présidentielle.
Cette subite macronisation peut étonner, mais s'explique sans doute aussi par des sondages qui, pour l'instant en tout cas dans la perspective d'une primaire encore hypothétique, semble souffler en faveur de l'ancien ministre de l'économie.

Enfin, toujours dans la veine "les anciens ou les ex", je ne résiste pas à revenir sur l'attitude de l'ancien premier secrétaire du PS jurassien, qui, de façon non complexée, a rejoint le préhistorique "club perspectives et réalités" crée dans les années soixante-dix par Valéry Giscard d'Estaing et sa "société libérale avancée".

Voilà une bouillie idéologique qui ne nous rajeunit pas ! Quand on vous disait que tout serait à reconstruire.


JMG

jeudi 15 septembre 2016

Pour l'abrogation de la loi Travail, ne rien lâcher

En cette journée du 15 septembre, je remets ici un article publié dans le journal du syndicat CGT du Conseil Général du Jura publié en juin dernier. La lutte continue pour mettre en échec et abroger une loi qui, si elle était appliquée, remettrait en cause des garanties collectives conquises de haute lutte au niveau national, et donnerait des idées à d'autres, issus des droites extrêmes, pour une extension malheureuse de la précarité, notamment dans les fonctions publiques dont la territoriale.
Rassemblements le 15 septembre dans le Jura, Lons-le-Saunier à 15 heures place de la Liberté, Dole à 10h30 place de la sous-préfecture, Saint-Claude à 10h 30 place de la sous-préfecture 

La loi travail, dite encore loi El Khomry, remet en cause toute la philosophie du Code du Travail, d’une façon violente et inattendue de la part d’un gouvernement qui n’avait pas mandat pour le faire. On nous répond parfois que cela ne concerne pas la fonction publique. Détrompons-nous. Outre la solidarité indispensable avec les travailleurs du privé, soyons persuadés qu’elle concernera l’ensemble du monde travail, public comme privé.
 Ainsi dès l’article 1, le projet de loi subordonne le droit des salariés au bon fonctionnement des entreprises. L’article 2 est encore plus explicite puisqu’il inverse la hiérarchie des normes, plaçant l’accord d’entreprise devant la primauté de la loi. Cela signifie qu’il pourrait y avoir autant de codes de travail qu’il y a d’entreprises, les mettant de fait dans un contexte de dumping social, le « gagnant » étant celle qui pratiquera des salaires ou des conditions de travail les moins contraignants possibles.
Les autres articles sont tout autant contraires aux intérêts des travailleurs, en légalisant les licenciements boursiers, en généralisant le chantage à l’emploi avec l’extension des accords de compétitivité y compris pour les entreprises sans difficultés économiques (art 30) ; nous ne pouvons non plus accepter l’article 44 qui remet en cause la médecine du travail, l’article 52 qui traite du remboursement des indus par les privés d’emploi, et d’autres sur lesquels on ne revient pas ici mais qui alourdissent encore plus ce code du travail qu’on voulait soi-disant simplifier !
Ces quelques articles justifient en eux-mêmes notre demande de retrait et une suspension du processus parlementaire. Le gouvernement est responsable de la situation de blocage que notre pays connait aujourd’hui. Il ne tient qu’à lui d’ouvrir des négociations. Il a voulu jouer en force contre les principales organisations syndicales, en s’appuyant sur une direction nationale de la CFDT qui nous avait fait le même coup lors de la réforme des retraites en 2003 et 2010.
 Cette loi est essentielle car elle pourrait remettre en cause, si par malheur elle passait, des années de conquêtes sociales sans créer aucun emploi, bien au contraire ! C’est pourquoi nous nous battons pour son retrait pur et simple.

dimanche 28 août 2016

Présidentielles, n'en jetez plus

Beaucoup de monde à gauche (mais aussi à droite bien sûr, une droite qui atteint le fond de la démagogie, mais ici n'est pas le sujet) beaucoup de monde devant le portillon étroit de la présidentielle généreusement offert pourtant, et c'est là le paradoxe, par la cinquième république, institutions dépassées s'il en est qui font se reposer sur un seul individu le devenir politique et social d'un pays. On l'a vu tout récemment à propos de la loi travail travail avec un 49-3 qui a fini de souligner, grâce à une gauche de gouvernement en lamentable perdition, le caractère autocratique de cette constitution.

Il conviendrait d'abord de définir ce qu'est la gauche, grossièrement, ou plutôt ce qu'elle n'est pas, j'ai nommé des gens comme Hollande, Valls, excusez du peu...Il s'agit d'épousseter légèrement pour continuer l'analyse.
Ainsi nous avons depuis cette année une façon assez commode, et assez objective de distinguer ce qui n'est pas de gauche : tous ceux qui ont commandé ou soutenu la Loi Travail sans en avoir dénoncé les moindres dangers prévisibles. C'est un excellent tamis, un peu grossier certes dénonceront certains, mais faut bien commencer par faire un début de commencement de tri.

Mais revenons à nos moutons : Jean-Luc Mélenchon, Gérard Filoche, Marie-Noëlle Liennemann, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Cécile Duflot, sept cent millions de Chinois et moi, et moi et moi...J'ai dû en oublier, ce billet n'a pas la prétention d'être encyclopédique.
Il est dans la nature de la cinquième de cultiver les égos, c'est normal, nous sommes dans un régime ultra présidentiel, gagnera celui ou celle qui le plus fermement,  avec le plus de détermination, illusoire ou pas, croit en son étoile.
Montebourg, Hamon, Duflot, permettez moi de les mettre un peu à part de ce sous-ensemble, ils ont en effet participé à ce gouvernement Hollande et donc ont souscrit peu ou prou à des mesures que ce dernier a pu prendre. En cela ils ont de mon point de vue un peu perdu de leur virginité. Après Hollande il faudra en priorité des hommes neufs. 

Filoche en est un, de par son expérience, de part sa connaissance du monde du travail, il n'est pas hors-sol, ou déjà vieux, comme Valls, Macron, et propose de véritables solutions, bien que celles-ci bien sûr puissent paraître révolutionnaires et iconoclastes aux yeux des acteurs néo-libéraux qui de Hollande à Sarkozy, pensent et surtout proposent la même chose autour des thèmes éculés de la compétitivité, de la contraction des dépenses publiques, du dépérissement de l'Etat social et de l'Etat tout court.

Gérard Filoche surtout propose une stratégie. Il est peut-être le seul à avoir compris, alors que cela apparaît comme l'évidence même dans le cadre actuel des institutions, qu'une candidature unique de la gauche sera la seule façon de ne pas laisser aux droites extrêmes le soin de conduire les destinées du pays en 2017. Pour ce faire il s'agit de passer par une primaire de toute la gauche, qui ne soit pas celle dénommée, par un comique peut-être involontaire, la "belle alliance populaire" concoctée par les dirigeants actuels du parti socialiste.

Le principe des primaires n'est pas à l'origine une excellente idée, elle m'apparaissait à l'époque comme le symptôme d'une maladie de parti sans projet, s'en remettant à un seul homme dans le cadre institutionnel que l'on connait, le début de la fin en quelque sorte, dans la purée d'une dilution idéologique et programmatique dont on voit malheureusement les effets aujourd'hui.

Il faut cependant faire avec ça : et donc prendre les avantages d'une primaire auxquels participeraient tous les éléments de la gauche progressiste, sociale, écologiste, tous ceux qu'on a pu citer, mais y compris bien sûr JLuc Mélenchon sans lequel aujourd'hui rien n'est possible à gauche.
Sans doute ce dernier ferait-il un excellent score dans un premier tour d'élections présidentielle, peut-être irait-il à un second tour, mais après ? Serait-il en capacité, alors que d'autres seront sur les rangs, nombreux, de l'emporter pour un second ? Rien n'est moins sûr, c'est même couru d'avance. 
Et donc, dans l'urgence c'est vrai, il s'agit de construire une primaire, en décembre, qui mette en compétition loyale, à partir de programmes politiques clairs, tous les candidats défendant le progrès social comme seule condition au fond d'un développement économique harmonieux et durable.

Il faut un seul candidat pour une gauche rassemblée, il n'est pas trop tard, il faut absolument y travailler avec toutes les forces communistes, écologistes, socialistes de progrès.Cette primaire* de toute la gauche, progressiste, que Gérard Filoche défend, n'est un piège pour quiconque.
Elle peut au contraire constituer un grand espoir pour tous.

JMG

* une primaire de toute la gauche des 4 et 11 décembre est encore possible, mais le temps presse

jeudi 21 juillet 2016

Les vautours

Le malheurs des uns fait le bonheur des autres, du moins le croient-ils. Il est déroutant, dégoûtant même de voir à quel point les hommes politiques, ici de "droite", hurle avec les loups, dénonce ce qui n'aurait pas été fait pour éviter  le massacre de Nice le 14 juillet. Ainsi Juppé, ainsi Wauquier, ainsi Sarkozy, ainsi Le Pen, toute la fine fleur de l'opposition se rue sur l'occasion qui lui est donnée de contester et de blâmer les insuffisances d'un gouvernement qui entend lutter contre ce qu'on nomme communément le terrorisme.

Rappelons, au passage, que le dernier attentat s'est produit à Nice, ville dans laquelle Estrosi, le Maire, se targuait d'avoir mis en place un système de vidéo-surveillance super moderne, super efficace, sensé faire échec à toute sorte d'insécurité. Cela montre, s'il en était besoin, que ces caméras ne sont pas d'une grande utilité si il n'y a pas derrière un peu d'humanité, et suffisamment avisée pour tenter de traduire et d'interpréter des images le plus souvent insignifiantes.
Le plus étonnant c'est que ces personnes, qui sautent sur leurs petites gambettes et  nous crient sécurité, sécurité, savent pertinemment ce qu'ils font. Ils savent que leur discours, avec l'aide des media, fera effet sur une population que l'on presse d'être terrorisée, même si dans le fond elle ne l'est pas.
On peut saluer le courage des Français, ils peuvent craindre les attentats sans pour autant se priver de sortir de chez eux.

C'est que le souci de l'hyper-sécuritaire relève d'une idéologie de nature à déterrer les immondices du racisme et de la xénophobie. C'est un feu qu'on allume et qui ensuite s'auto-alimente au gré des événements dont certains ne relèvent même pas du "terrorisme." Les mauvais politiques en profitent donc pour jouer ce jeu malsain de la récupération démagogique.
La droite n'est pas la seule, pour le malheur de ce pays, à manger de ce pain là. Hollande et Valls en jouent aussi, et n'ont pas hésité, autant par inconscience que par opportunisme, et dans la précipitation, à prolonger un état d'urgence dont a vu jusqu'ici le peu d'efficacité pour la sécurité, et perçu déjà le péril qu'il représente pour la liberté.

Tout cela sur fond d'un aveuglement qui empêche de voir les racines du mal lesquelles se trouvent pour une bonne part dans la conduite par la France d'une politique étrangère catastrophique, particulièrement au Moyen-Orient où notre pays pourtant, à une époque encore récente, avait l'estime de la plupart des pays arabes, nous épargnant ainsi la haine de fanatiques.

JMG

samedi 16 juillet 2016

La paix c'est maintenant

Il est temps de s'interroger sur la politique étrangère de la France, notamment depuis les mandats de Sarkozy et Hollande lesquels, de ce point de vue, sont à peu près les mêmes, et produisent donc les mêmes effets. Les deux sont "Américains", l'un un peu plus que l'autre dans la mesure où il avait annoncé la couleur. C'est moins vrai pour Hollande dont beaucoup, et j'en suis, ont été surpris par le degré d'atlantisme dont il s'avère porteur.
Hollande en Europe, s'agissant d'économie et de finances, suit l'Allemagne aveuglément, et il suit tout aussi aveuglément les Etats-Unis au niveau de la politique menée au Proche et au Moyen-Orient.

Hollande n'est peut-être pas un chef de guerre, mais il la fait volontiers pour les autres, et notamment pour les Etats-Unis. Ces derniers, après avoir répandu et créé le chaos en 2003 en Irak, se retirent peu ou prou des théâtres d'opération, dans l'espoir que l'Europe prenne le relais, ce que celle-ci fait très partiellement en passant le bébé à la France. 

Question efficacité militaire, c'est rien ou presque, la France n'est pas une super-puissance, mais sur le plan idéologique le fardeau est inestimable et d'une lourdeur inhumaine.

Il s'agit bien d'un fardeau dont notre pays a hérité. Mais c'est parce que nos gouvernants, sans débat démocratique digne de ce nom, l'ont bien voulu. Nous en avons les résultats tragiques à Paris au Bataclan, puis tout récemment à Nice. Nous en reverrons d'autres tout aussi dramatiques. Dans ce domaine on peut croire Valls qui nous dit à l'envi que la France est en guerre (ce qui heureusement est encore faux) et que les Français doivent s’attendre à d'autres crimes de masse, et donc "s'habituer au terrorisme". Il le dit avec une telle conviction qu'on se demande même, question politique intérieure, si cela ne l'arrange pas un peu.

L'attentat de Nice a été perpétré par un raté, nous le savons maintenant, un simple mais dangereux délinquant, rendu amer, à la folie et à la mort, par une vie de misère matérielle, intellectuelle, et spirituelle, ce qui est un comble pour quelqu'un qui entendait mener sa guerre sainte. Cette situation individuelle, faite de rancœur et d'humeur dépressive, s'est amalgamée avec une idéologie mortifère et guerrière. Daesh ne s'y est pas trompé qui revendique, on devrait dire récupère, finalement cet acte aujourd'hui, deux jours après ce crime qui aura fait près de quatre-vingt-dix victimes innocentes.

En ces jours de deuil le gouvernement français serait bien inspiré de ne pas en rajouter dans le discours belliqueux. Pour combattre le "terrorisme", mieux vaut s'attacher à donner les moyens aux services de renseignement pour qu'ils fassent discrètement leur travail, (ce qui serait autrement plus productif qu'un état d'urgence qui n'aura pas empêché la tuerie de Nice.)

Sur le plan géo-politique il est temps que notre pays promeuve la paix, c'est encore possible. Il s'agit donc de tempérer ces discours guerriers qui ne font qu'attiser le feu dans les esprits malades. il s'agit surtout de renouer avec un vrai travail diplomatique qui évite la guerre

La France, pour ce faire, retrouvera-t-elle son indépendance et sa neutralité pour gagner finalement en influence au Moyen-Orient, sans devenir le cible privilégié des terroristes de tout poil ?
Le passif est devenu lourd après des années d'une politique étrangère calamiteuse que l'on doit à Hollande autant qu'à Sarkozy.
Il faudra de l'énergie, du temps, de la volonté, du courage surtout, pour sortir du guêpier dans lequel, sans notre accord, on nous aura plongés.

JMG





lundi 4 juillet 2016

De l'art des lois inutiles

On aura été bien servis ces temps-ci de lois inutiles, et tout aussi nuisibles. Réforme territoriale, lois Macron, loi El Khomry, autant de textes qui n'auront fait l'objet d'aucun travail démocratique, et qui auront agi contre cet idéal même, à coups de 49-3 ou de votes bloqués, moyens bien commodes de la Constitution qui permettent à de grands (?) politiciens mais de piètres (!) politiques d'aller chasser dans les terrains vagues et scabreux de l'autocratie.

D'autant que ces textes, qui n'ont donc de législatifs que le nom, l'Assemblée Nationale étant rangée au rang des accessoires malheureux du débat national, n'étaient en rien inscrits dans les soixante propositions, rétrospectivement risibles, du candidat Hollande. Cela a déjà été dit, maintes fois, et ici même, mais il convient de répéter les choses contre lesquelles, pour diverses raisons, on ne peut rien...apparemment. Il nous reste une petite liberté d'expression, profitons-en, défendons la coûte que coûte, tant qu'on peut et qu'il n'est pas trop tard. Au moins on ne pourra pas nous reprocher d'avoir fermé notre gueule.

Lois inutiles que les Français auront bientôt oubliées, ou digérées, mais qui n'en seront pas moins nocives dans leur vie quotidienne. Cette nocivité, ni vue ni connue, rendue invisible par l'instantanéité et la superficialité médiatiques, aura bien vite été mise au crédit de ce qu'on nomme "la crise".
La loi Notr(e) est la dernière, mais pas l'ultime, d'une longue série commencée il y a plus de quarante ans et qui veut nous faire croire que les réformes territoriales, dites aussi lois de décentralisation, étaient d'une nécessité vitale pour alléger l'hypothétique et repoussant mille-feuilles territorial, comme si ce dernier eût été la cause de tous nos ennuis.
La loi Notr(e) en réalité en aura rajouté une couche dans l'illisibilité citoyenne. Celle-ci est renforcée par le changement permanent et continue des règles, ce qui ne fait que déstabiliser le système.  Ce seront les métropoles, au détriment des territoires ruraux, qui en auront été les grands gagnants, dans le but de satisfaire une Europe des régions qui éloigne les citoyens des lieux de décision. C'est la mort annoncée de la "commune" qui constitue, encore mais jusqu'à quand, la base démocratique dans le découpage administratif français

Les lois Macron quant à elles peuvent être perçues comme la préfiguration de la Loi travail qui poursuit le dérèglement comme le déséquilibre des rapports de subordination du salarié à son employeur. Cette loi inutile et pernicieuse, et cela serait encore plus particulièrement rageant, serait même née de la surrenchère entre Macron et Valls ce dernier ayant la volonté de faire encore "mieux", et plus "moderne" que son collègue Macron. Quel gâchis !

Mais au fond que sont ces lois inutiles, sinon les avatars d'un pouvoir qui a été délégué, par nos grands (?)  hommes d'Etat, à l'Union européenne devenue l'unique horizon politique.
Quelle est la nature profonde de ces textes nationaux sinon l'accompagnement des politiques européennes allié à la démission condamnables  de ceux que nous avons élus ?
Quelle est la destination de ces textes sinon celle de cacher la misère démocratique dans laquelle nous baignons aujourd'hui ?

JMG

vendredi 24 juin 2016

Violences

Le siège de la CFDT à Paris, dans le quartier de Belleville, a été vandalisé dans la nuit du 23 au 24 juin, les vitres de la façade ont été brisées. Ces actes sont condamnables, il ne servent pas la cause. Je connais bien cet immeuble pour l'avoir fréquenté lorsque j'étais moi-même à la CFDT jusqu'en 1995, année où la CFDT, celle de Notat à l'époque, avait décidé de soutenir la réforme de la Sécurité Sociale et celle des régimes spéciaux des cheminots dans le cadre de mesures projetées par le gouvernement d'Alain Juppé.
La réaction populaire avait été à la mesure de ces coups de canifs, ou de poignard, contre l'Etat Social, réaction massive et populaire à laquelle avec d'autres camarades je m'étais joint. Il faut rappeler cette histoire, celle d'une CFDT qui dès 1995, et même bien avant, et il faudrait en faire l'histoire, agissait contre la démocratie sociale, mais déjà en son nom, ce qui relevait à la fois du paradoxe, de la contradiction et soyons clair, de la trahison.

Les actes contre la vitrine de la CFDT, boulevard de la Villette, sont inacceptables. Un dirigeant de la CFDT déclarait à la radio ce matin qu'il hallucinait que l'on puisse s'attaquer ainsi à la démocratie. Il a raison, et les atteintes aux biens, même s'ils sont ici limités, une vitrine cassée, sont suffisamment graves sur le principe. La CGT sans ambiguïté a condamné cet acte. Les membres d'une organisation syndicale ne sauraient être inquiétés en effet pour les idées qu'ils défendent, qu'on soit d'accord ou pas.

Mais parlons clair, les idées elles-mêmes peuvent produire de la violence, les idées tout comme certaines pratiques ou attitudes anti-démocratiques. Ainsi l'attitude de la direction nationale de la CFDT elle-même est violente en cela qu'elle défie la démocratie sociale. Avec d'autres syndicats dits "réformistes" elle soutient une loi travail refusée par la majorité des Français, rejetée par la plus grande partie des organisations syndicales. Les responsables de la CFDT soutiennent une loi qui n'a fait l'objet d'aucune réelle négociation comme c'est pourtant prévu par la loi d'octobre 2012 : celle-ci prévoit la consultation préalable des partenaires sur tout projet de réforme gouvernementale "qui porte sur les relations individuelles et collectives du travail, l'emploi et la formation professionnelle et qui relève du champ de la négociation nationale et interprofessionnelle".
La violence se niche aussi dans le non respect des lois existantes et dans cette absence de dialogue rendu pourtant obligatoire.

Le gouvernement se rend fort de ce soutien cédétiste. Il l'utilise sans vergogne pour faire passer une loi qui, assez rapidement, pourrait changer la vie quotidienne de millions de salariés en les fragilisant, par l'abandon de garanties collectives nationales que contient encore le Code du travail.

Cette violence sociale est bien réelle. Le gouvernement doit retirer son projet. Peut-être qu'il ira jusqu'au bout, contre toute exigence démocratique. Il prend alors le risque de violences futures ou potentielles dont il se sera rendu seul et unique responsable.
Si Valls a cru bon, stupidement, de dire que la CGT ne faisait pas la loi, il a omis de dire que la CFDT non plus.

JMG

mardi 21 juin 2016

Déshonneur en journalisme

Je suis tombé dimanche sur l'émission de BFM "grand rendez-vous politique", pas tombé de bien haut mais quand même, l'heure était, en cet après-midi de juin, humide et sombre, temps de cochon qui allait bien avec cette émission.
Il y avait là, comme pour souligner la grisaille, l'ineffable JPierre Elkabach, d'Europe 1 je crois, une journaliste du Monde aussi (ce que ce "Monde" est devenu !), Fressoz dont je ne me souviens plus le prénom, et  puis aussi un certain Darmon, à ne pas confondre avec l'acteur Gérard Darmon, quoique...on pourrait bien le confondre sous l'angle singulier de la comédie.
Des journalistes se prenant pour des divas, qui se mirent et s'admirent à l'envi devant les miroirs que leur offre les télévisions qu'ils animent.
Tous ces braves gens étaient censés interroger le secrétaire général de la CGT.

J'ai dit "censés", seulement, car en vérité ils ne l'ont pas interrogé du tout. Ces trois journalistes se sont livrés à un véritable interrogatoire : accusé  Martinez Philippe levez-vous ! Elkabach dans le genre a été le meilleur, on voit que cet homme là a du métier. Il posait questions sur questions, comme on lance des briques, sans laisser répondre son interlocuteur. Ce n'était même pas des questions mais bien plutôt des affirmations, des accusations dirigées contre un homme et une organisation syndicale, dans l'exacte tonalité donnée par le pouvoir actuel qui a décidé d'isoler, de criminaliser la principale organisation syndicale du pays.

Pour le coup ce n'était pas des chiens de garde qui étaient à l'oeuvre mais bien une meute enragée dans une chasse à courre. A mort la CGT qui ose appeler à des manifestations alors que nous sommes en péril terroriste permanent, sus à la CGT qui maintenait ses grèves alors que certains de nos concitoyens pâtissaient des inondations, à mort la CGT qui ose encore revendiquer et faire de la résistance alors que nous sommes en crise économique, à mort la CGT qui couvrirait les casseurs, qui même seraient responsables des attaques contre l'hôpital Necker, contre des enfants malades...imaginez les barbares !
Tout ceci à la limite de la diffamation, nos trois journalistes continuent sur leur lancée sans prendre soin, ce qui est pourtant le cœur de leur métier, de vérifier leurs informations, ou d'essayer de comprendre la situation et de la restituer honnêtement à leurs auditeurs, en tirant partie de la présence d'un interlocuteur qui pour une fois pouvait donner une autre vision de la réalité sociale..Mais que valent les réponses d'un syndicaliste aux oreilles de journalistes aveuglés par leurs certitudes et en parfaite méconnaissance du monde du travail ?

Il était difficile dans ces conditions pour Philippe Martinez d'en placer une, et pourtant il s'est bien défendu, il est resté calme, la tempérance était de son côté, à l'opposé de l'image que les media voudrait donner de la CGT et de son secrétaire général.

Cela en dit long sur l'état démocratique de la France aujourd'hui. Pas étonnant que la CGT soit décriée, et avec elle le mouvement social qui souffre d'une criminalisation à peine croyable, alors même qu'est en jeu la survie du code du travail. Les journalistes ici n'en étaient pas vraiment, vecteurs qu'ils étaient de la pensée dominante au sein de groupes de presse concentrés et dont nous avons eu, à l'occasion de cette émission, une fois de plus, l’écœurante représentation.

JMG

samedi 18 juin 2016

Fin de manif un 14 juin à Paris

Je relaye ici le témoignage de Pierre qui était venu de Normandie pour manifester mardi 14 Juin à Paris, jusqu'aux Invalides où ont eu lieu de violents affrontements avec la police. Ne perdons jamais de vue que les premiers responsables de ces situations de violence sont ceux des politiques qui essayent d'imposer par la force une loi travail, anti-sociale, anti-économique, dont la grande majorité des français ne veulent pas, tout comme la majorité des organisations syndicales.

Malheureusement bien nommées, les Invalides

Comme beaucoup d'autres, j'étais à Paris mardi.
Comme plusieurs centaines d'autres, avec le camarade qui m'accompagnait, j'ai dépassé le service d'ordre intersyndical qui n'avait plus beaucoup d'apparatchiks à protéger au moment où nous l'avons doublé.
Et quelques secondes après, j'étais abasourdi à Duroc, deux des nôtres étendu-e-s au sol, entouré-e-s d'abord de pompiers, puis de manifestants. inanimé-e-s sous des couvertures de survie.

Nous avons avancé, le bus pour la Normandie nous attendait pour 18h00 aux Invalides, fin du parcours déclaré.
et ce fut un déluge de gaz, de camion à eau (je ne le connaissais que dans les sketchs de Felag...).
J'ai hésité à écrire à mon père, pour lui signaler la "douche" que prenaient gratuitement des camarades de sa *confédération.
Mais j'étais trop occupé à scruter les dispersantes qui s'épanouissaient, tantôt en cloche, tantôt tendues, bien mieux qu'un 14 juillet.

Je ne parlerai seulement de ce que j'ai vu (le reste vous y avez accès), l'interpellation, sous mes yeux, par une flic-e de la BAC d'un manifestant, bientôt écrasé par plusieurs de ses collègues tandis qu'elle déclenchait sa gazeuse alentours. J'avais goûté les lacrymos, là c'était corsé.
Me retrouver à étouffer par terre alors que je téléphonais au secrétaire départemental de mon syndicat pour savoir où retrouver le bus, j'ai pas aimé.
Comme dis l'autre, l'omelette, les œufs... c'était rien, avançant vers la Seine pour tenter de sortir de cette immense nasse j'ai vu les flics rivaliser dans l'illégalité. 
Déboulant tel Usain Bolt, un copain était chargé par trois motos, deux montées par des voltigeurs (pourtant interdits, pour des légalistes, on reviendra), et l'autre avec un casqué qui l'a renversé avec sa roue avant, à trois mètres de moi. Le copain s'est relevé, bientôt poussé au sol par le bouclier d'un CRS détaché d'un cordon, extrait par des copains-ines. Sur ce set là, notre camp a gagné et le sprinteur s'en est tiré, rendant ainsi un bel hommage posthume à Malik Oussekine.

Les flics étaient déchaîné-e-s, à tel point que j'ai vu une quadra s'en prendre au dit motard, qui derechef lui foutait sa gazeuse sur le museau.
Dans cette nasse, black blocs, syndicalistes, militant-e-s partisans ne faisaient plus qu'un dans la solidarité et l'autodéfense populaire, tel cette fanfare qui n'a pas arrêté de jouer "el pueblo unido, jamas sera vencido" sous les gaz. J'ai même pensé "camarades" en voyant des militant-e-s de Force Ouvrière s'approprier le répertoire d'action de ce que l'on appelle, loin de toute rigueur, des casseurs.
Révolté et inquiet, au retour, j'ai cherché des nouvelles des blessé-e-s, notamment ceux vu-e-s à terre. 
A défaut de nouvelles, j'ai vu la cause de leur état. vous la verrez ci-dessous :

vous saluer, Hélder Câmara, le fera bien mieux que moi ce soir :

"Il y a trois sortes de violence.

La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. 

La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.

La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. 

Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue."

Pierre

* la CGT

lundi 13 juin 2016

Pourquoi ils s'en prennent à la CGT

Il se confirme que le pouvoir veut la peau des syndicats, mais pas n'importe lesquels bien sûr, la CFDT est épargnée, et pour cause , mais ni la FSU, ni Sud, ni FO dans certains cas, ni moins encore la CGT, devenue l'ennemie jurée du gouvernement, n'échappent aux attaques gouvernementales. 

Tout syndicaliste sait qu'une organisation syndicale, et plus précisément son appareil, ne peut déclencher une grève sur un simple claquement des doigts ; qu'elle puisse susciter un mouvement certes mais seulement par la sensibilisation ou l'information faite en direction des salariés, ceux-ci restant libres de faire grève ou pas. C'est pourquoi le syndicalisme est un lieu essentiel de la démocratie, c'est pourquoi il est criminel de le criminaliser comme le fait aujourd'hui l'exécutif.

Les medias principaux entendent donner l'image d'une CGT uniquement protestataire et jusqu’au-boutiste qui aurait le pouvoir, dans sa grande capacité de nuisance, de mettre le pays à feu et à sang dans un grève générale imposée à des usagers ou à des citoyens devenus otages d'un syndicalisme réputé irresponsable.
 Cette perception est par ailleurs encouragée par la direction nationale de la CFDT qui essaiera coûte que coûte de récolter les effets d'une lutte dont elle aura par ailleurs critiqué les principaux acteurs. Déjà Berger, son secrétaire général, déclarait dimanche que la CFDT soutenait un projet de loi qui désormais, grâce à la lutte qu'elle avait menée (sic), était devenu tout à fait acceptable. On sait bien sûr qu'il n'en est rien et qu'au contraire le texte, s'agissant notamment de l'article sur l'ubérisation, n'a rien perdu de son caractère nocif pour le monde du travail.

Valls, depuis le début de cette loi travail et des mouvements qu'elle a entraînés, veut en découdre et va plus loin, sous certains aspects, que n'aurait fait la droite dans la répression du mouvement social. Valls n'est pas un social-démocrate, on le savait, avant tout parce qu'il n'est pas un véritable démocrate. C'est l'homme des rapports de force, celui qui a viré Montebourg ou Hamon (même si l'on concède que ce n'était pas le plus grave), lui surtout qui s'avère être un anti-syndicaliste primaire qui n'entend rien au monde du travail, infidèle aux idées pour lesquelles il fut porter au pouvoir  grâce aux militants et électeurs de gauche.
Raffarin en 2003, lors du premier grand conflit sur les retraites avait dit fièrement, et quelques autres après lui, "ce n'est pas la rue qui gouverne", Valls de son côté dénigre précisément la CGT en utilisant un langage guerrier, donnant le ton ou le signal  d'un langage outrancier repris par des "responsables" du patronat ou des media qui vont jusqu'à comparer la CGT à Daesh.
Valls est en retard d'une guerre parce qu'il le veut bien. Cette individualisation, ou plutôt cette discrimination de la CGT, vise à l'isoler pour la réduire si possible à sa plus simple expression, il retrouve là certains accents de la guerre froide toujours présente dans l'inconscient collectif d'une partie de la société française sensible aux thèses de la droite extrême.

Il est malheureux de constater que cette attitude est suivi encore par quelques militants ou sympathisants socialistes. Par charité je mettrai cela sur le compte d'un manque de formation ou d'expérience politique, ou de simple sottise, ce parti étant devenu depuis longtemps un simple lieu où se jouent les ambitions personnelles, sans fond, sans conviction, sans véritable pensée politique.
Lors du dernier congrès du parti socialiste à Poitiers la motion majoritaire dont faisait partie Valls, Cambadélis...se prononçait clairement contre l'inversion de la hiérarchie des normes. Comment peut-on à ce point trahir ses propres engagements et surtout la confiance de ses propres militants !?

La CGT, comme la FSU ou Solidaires, sont les derniers remparts contre la libéralisation du droit du travail et la mutation définitive de notre République en terrain de jeux de la finance mondialisée ou des grands groupes industriels.
C'est ainsi qu'il faut comprendre les attaques de Valls, mais aussi de Hollande, contre le mouvement social. De nombreux militants de la CGT sont aujourd'hui devant les tribunaux, ces comparutions étant sciemment confondues avec celles dont les véritables casseurs sont l'objet.
On notera aussi au passage la différence de traitement avec les manifestants de la FNSEA (qui ont pu se livrer à des exactions ou des destruction de biens publics) et qui furent davantage écoutés sans être pointés du doigt comme peuvent l'être aujourd'hui les militants des organisations qui sont en première ligne pour défendre l'Etat social.

J'insiste sur le fait que cette remise en cause violente d'un syndicalisme d'action et de résistance, auquel se livre de façon légitime la CGT, ne vient pas seulement de l'exécutif gouvernemental. Celui-ci reçoit le soutien paradoxal et contre-nature de la CFDT qui reste dans son rôle désormais habituel depuis plus d'une vingtaine d'années : critiquer les gouvernements en place mais seulement dans la forme pour mieux les soutenir sur le fond dans des contre-réformes néolibérales.

JMG

samedi 21 mai 2016

Epreuve de force pour un choix de société

La loi travail, tout au moins son projet, est révélatrice de la société que l'on veut...ou pas. C'est pourquoi elle est importante, c'est pourquoi elle fait parler, c'est pourquoi surtout elle rassemble contre elle et suscite les combats qui se déroulent sous nos yeux.
On ne revient pas sur le fait qu'elle est imposée par un gouvernement qui prétend appartenir à la gauche, on sait bien qu'il n'en est rien, que la traîtrise est amère et qu'elle redouble la haine et la détermination à ne pas laisser passer l'impensable.

D'abord la loi travail est une loi qui se révèle anti-démocratique par les chemins qu'elle prend pour se faire adopter, par le biais notamment d'un article (le 49-3) d'une constitution qui elle-même est déficitaire sur ce plan, comme "un coup d'état permanent" en effet.
L'article 49-3, une fois de plus avec le gouvernement Hollande-Valls, se révèle nécessaire à un exécutif qui a perdu la confiance de sa majorité. Cela permet à notre premier ministre, qui lui même s'est fait nommer alors qu'au sein de son camp  au cours de primaires il ne faisait que 5% des voix,  d'imposer une réforme de régression sociale contre l'avis de la plupart des organisations syndicales aujourd'hui, et si on en croit les sondages, de la population dans son ensemble.

Le gouvernement, comme les confédérations syndicales qui habituellement soutiennent le pouvoir telle la CFDT, nous parlent de démocratie sociale. Force est de constater qu'ici celle-ci n'existe plus, qu'elle est devenue un vain mot, une simple incantation qui permet de cacher une violence sociale de plus en plus détestable. A cela s'ajoutent aujourd'hui des violences, celle des "casseurs" bien sûr, mais aussi des violences policières qui ne sont pas forcément le fruit de l'imagination de ceux qui, dans la rue, pacifiquement, défendent leur vision de la société, plus égale, plus solidaire, plus fraternelle.
En face le gouvernement joue avec le feu, et le fait même savoir pour décourager les bonnes volontés. Tourt cela dans "un état d'urgence" qui se prolonge et dont on se demande s'il sert à combattre le terrorisme.

Ensuite, qu'on le veuille ou non, cette contre-réforme est menée dans le cadre d'une Union Européenne qui a été imposée au peuple français en 2005.
On avait raison de s'en inquiéter : l'UE aujourd'hui pratique un dumping social qui fait se dresser les économies les unes contre les autres dans un tourbillon de remises en cause des acquis sociaux.
Les dévaluations internes se sont substituées à des dévaluations externes dans une Europe dominée par le Mark, à la merci de la spéculation financière et dans un contexte de défense de la rente à tout prix.

Enfin, cette loi est une étape supplémentaire vers une espèce d'anglo-saxonisation de la société française, favorisant les rapports de force sans la modération des corps intermédiaires. Le pouvoir actuel persiste donc un travail de sape contre les syndicats qui ne sont pas dans sa norme néo ou "socio-libérale", avec le soutien paradoxal d'organisations dites "réformistes" qui ne font qu'accompagner, voire encourager, le virage qu'on veut imposer au monde du travail.
On en voit l'illustration dans les attaques dont FO, la FSU et plus encore la CGT, sont l'objet aujourd'hui. Sous prétexte de défendre la police on condamne un syndicat CGT pour une affiche qui ne fait que traduire, avec véhémence certes, une violence policière dont des manifestants pacifiques ont à souffrir dans leur chair.
Cela n'a pas pris encore l'ampleur répressive que les Etats-Unis ont connu sous la présidence Reagan ou celle de Thatcher en Grande Bretagne dans les années quatre-vingt, mais ce rempart syndical, lycéen, universitaire ou ouvrier, est attaqué de toutes parts, avec la complicité des media détenus par le pouvoir économique.
Par ailleurs, les dernières déclarations de Valls appelant les syndicats à organiser moins de manifestations instillent l'idée dans l'opinion qu'ils seraient les véritables responsables des violences.

Au travers de ce conflit, on constate que le fait syndical en France est remis en cause par le pouvoir, de  gauche ou de droite gouvernementales.
Il sera mis d'autant plus en difficulté si le mouvement social aujourd'hui ne parvient pas à ce que le gouvernement retire son projet. Ce serait là un échec qui s'ajouterait à ceux de 1993 et surtout 2003 et 2010 lesquelles portent encore aujourd'hui leurs fruits amers dans le monde syndical.
Le tournant vers une société inégalitaire, contraire à celle encore prônée par la république pourrait alors bel et bien se concrétiser. C'est ainsi qu'il faut lire la déclaration de Valls "la gauche peut mourir". C'est ce qu'il veut au fond.

Il faut que le gouvernement retire son projet. Car la menace est concrète, elle touchera nos vies plus vite qu'on ne le croit, c'est déjà commencé. S'opposer à cette loi n'est pas seulement s'opposer à un gouvernement hors-sol, c'est refuser une société qui aurait perdu l'essentiel de son idéal social, démocratique et républicain.

JMG

samedi 14 mai 2016

Qui fait la courte échelle à Juppé ?

Ce sera pire avec la droite, et Valls, Hollande, le gouvernement dans son ensemble, le savent. L'on dirait même qu'ils comptent là-dessus, se servent de la droite comme d'un épouvantail, comme d'une planche de salut : que les autres, en face, déclarent haut et fort qu'ils feront pire que lui. Le piège pour ainsi dire est en passe de fonctionner, sa première étape en tout cas : les candidats "républicains" ou centristes font la course à l’échalote, c'est à celui ou celle d'entre eux de proposer le mieux-disant "libéral", celui ou celle qui aura le plus de "courage" pour réduire les dépenses publiques, et donc tailler dans les services publics, en y détruisant des emplois, comme si cela pouvait constituer la condition unique d'un retour à la prospérité.

C'est dans l'air aujourd'hui, (il y a même une émission à la télévision, qui porte ce nom et qui en instille l'idée, comme l'ensemble des media, peu à peu, ou grossièrement, de jour en jour): les emplois publics empêcheraient la richesse, leur diminution en nombre serait donc le moyen infaillible d'un retour à la "croissance". Cela est dit ou écrit à longueur de journaux, comme autant d'incantations religieuses, sans le moindre début de démonstration sérieuse, ni encore moins de preuves.
Ainsi oublie-t-on de faire l'hypothèse tout à fait plausible qu'au contraire ces emplois, tout en soutenant l'activité, sont de nature à servir la population à un coût social et économique moindre que celui proposé par l'entreprise privée, et pour cause, puisque celle-ci devient de plus en plus le jouet de la financiarisation extrême de notre économie.

Quelles mouches donc les piquent, tous ces libéraux qui poussent le néo-libéralisme jusqu'au bout de la caricature : ainsi Juppé, soit-disant pour atteindre le plein emploi, mais au risque de déstabiliser tous les transferts sociaux, propose ni plus ni moins de baisser les prélèvement obligatoires de 28 milliards d'euros et de réduire les cotisations familles de 10 milliards. Il faut y ajouter son projet de porter l'âge de la retraite à 65 ans et celui de supprimer les 35 heures (il y avait longtemps !). Je ne cite pas les autres, Le Maire, Sarkozy et compagnie, qui font pire dans cette surenchère propre à aggraver les inégalités, comme si celles-ci n'étaient pas déjà assez fortes en France comme dans l'ensemble de l'union européenne.

Nul doute que cette folie néo-libérale, qui plus est à l'approche d'une élection capitale, est encouragée par la politique gouvernementale qui conduit à la démesure et la surenchère dans un conservatisme habituellement attaché à la droite. La loi El Khomry en est le dernier et éclatant exemple. Elle ne créera aucun emploi, et si jamais c'était le cas elle serait plutôt de nature à en susciter des plus précaires. En tout cas elle va dans le sens d'encore plus de précarité et d'instabilité dans le monde du travail. Elle finit d'insinuer dans les esprits que l'emploi à vie c'est fini et que c'est le sacro-saint "marché" en définitive qui désormais devrait être le maître de nos vies.

C'est pourquoi, compte tenu du désastre politique, du rejet qu'il n'a pas fini de susciter, de son inefficacité économique probable, et de sa nuisance sociale assurée, il conviendrait que le gouvernement, dans sa grande sagesse enfin retrouvée, retire son projet, au besoin en convoquant dans le même temps, une grande conférence sociale, digne de ce nom, celle-là même que l'on pouvait attendre après les promesses du candidat Hollande.

Il est bien tard déjà mais le retrait du texte est devenu une nécessité urgente et absolu, si l'on veut sauver ce qui peut l'être encore.

JMG

dimanche 24 avril 2016

Valls ou Macron, pile ou pile

Macron et Valls sont les deux faces d'une même réalité politique, deux ambitieux, dont l'un Macron se découvre à peine, dans le style "pourquoi pas moi ?". Macron fait propre sur lui, jeune, enthousiaste, énarque, ancien de la banque Rothschild, bien peigné, nouveau, souriant, gendre idéal, et même philosophe paraît-il (mais c'est un bon point, le seul peut-être, on aimerait même qu'il le soit davantage), tout ce qu'il faut, avec l'active complicité des media, pour plaire en une classe moyenne supérieure qui aura été l'une des plus oubliées de la présidence Hollande.

Valls est plus vieux en politique, vieux un mot pourtant qu'il ne doit pas aimer, lui qui veut faire du neuf en renversant la table, le Sarkozy de "gauche", qui comme son mentor est passé par le ministère de l'Intérieur pour gagner cette image d'homme à poigne et qui donc lui a permis de faire son Clémenceau.

On peut s'amuser un instant de ces différences de style, on peut gloser à l'infini, et les magazines ne s'en privent pas, sur les attitudes de ces deux "génies" de la politique dont la presse se repaît des déclarations.
"La gauche ne me satisfait pas " dit Macron, sans rire, et tous les journaux de reprendre cette phrase, qui rentrera dans l'histoire, mais le temps d'un jour ou deux, le temps compté d'un week-end d'avril plus ou moins froid, humide et ennuyeux.

Cette déclaration fait penser à "la gauche peut mourir" de Valls, déclaration auto-réalisatrice s'il en est, qui pourrait passer à la prospérité, comme un mot de Cambronne lancé à ceux qu'il oserait encore appeler ses camarades.

Où sont les idées progressistes dans les propos de ces deux doués de la politique spectacle, qui veulent-ils défendre en priorité, ont-ils véritablement une vision politique, ou la politique pour eux n'est-elle le nom que de leur ambition ?
Il semble en tout cas, que c'est la guerre entre eux, comme si le reste, c'est-à-dire l'essentiel,  la situation économique et sociale dans le pays, plus que jamais divisé, plus que jamais soumis aux inégalités, n'avait pas d'importance.

Place au théâtre, place aux jeux du cirque, et à ce jeu pour une fois je me permettrai de faire des pronostics, voire même donner des conseils à ceux que l'ambition taraude, quitte à apporter un plus de confusion encore à une situation décidément désespérante.

Simplement pour l'amusement, je miserais sur Macron. Sous ses airs d'enfant de cœur, il est beaucoup plus malin que Valls.
Mais tous deux, sous leur faux-airs de premier de la classe, donnent une vision peu amène de la politique, et trahissent à l'envi les valeurs de la gauche. Et puis quel aura été leur bilan en leur qualité de ministre de l'économie ou de premier ministre ?
N'est-ce pas là une question plus importante que celle de ce concours de beauté qu'ils donnent en pâture au public ?

Gageons que le mouvement social les fasse revenir à l'essentiel.

JMG






samedi 23 avril 2016

El Khomry a-t-elle bien compris le texte qui porte son nom ?

On entend souvent reprocher aux étudiants ou aux militants qui se battent contre le projet de loi El Khomry ne pas l'avoir lu. Ceci est un faux procès, une astuce, une grosse ficelle pour faire croire au bon peuple que ces gens-là seraient le jouet d'une manipulation, qu'ils ne sauraient pas penser par eux-mêmes, qu'ils feraient de la politique avec quelques buts aussi fous que flous, irresponsables : renverser le gouvernement, foutre le bazar, faire la révolution.

Je fais l'hypothèse inverse : ce sont ceux qui sont à l'initiative de ce projet de loi, j'ai nommé les membres du gouvernement, qui ne savent pas vraiment ce que contient cette loi, loi dictée par un patronat français, ou ceux qui le représentent, qui ont perdu tout sens de l'intérêt général ou toute sorte de responsabilité sociale.
Le gouvernement en la matière ne leur sert que de porte-plume. Et donc il faut lui rappeler au gouvernement, ce que c'est que ce projet de loi, en quelques mots, nonobstant l'idéologie néo-libérale dont ils sont imprégnés et qui les rend aveugles et sourds à la réalité sociale et politique d'aujourd'hui.

Cette loi fait des accords d'entreprise le fondement même des relations de travail. S'agissant des heures supplémentaires notamment, c'est au niveau de l'entreprise que le taux de majoration de ces heures seraient déterminé, et non plus au niveau de l'accord de branche. Ainsi ce taux pourrait tomber à 10% au lieu de 25% ou 50% comme c'est prévu aujourd'hui.
La durée du travail hebdomadaire qui resterait au maximun à 48 heures sur une même semaine mais qui, en cas de circonstances exceptionnelles, pourraient aller jusqu'à soixante heures. On a hâte de savoir ce que seront ces circonstances exceptionnelles. Sur plusieurs semaines, un accord d'entreprise peut prévoir jusqu'à 46 heures de travail sur 12 semaines.

D'autres mesures constituent des reculs comme celles concernant l'astreinte par exemple, mais les plus sensibles, les plus emblématiques, sont celles qui remettent en cause le contrat de travail. Celui-ci désormais pourrait être modifié sans l'accord du salarié. Ainsi désormais : "lorsqu'un accord d'entreprise est conclu en vue de la préservation ou du développement de l'emploi, ses stipulations se substituent de plein droit aux clauses contraires et incompatibles du contrat de travail, y compris en matière de rémunération et de durée de travail." Ainsi l'accord collectif, au sein même de l'entreprise où les rapports de force sont le plus souvent à l'avantage de l'employeur, dans un contexte de financiarisation de l'économie,  commanderait la révision unilatérale du contrat de travail.

Les garanties individuelles de chaque salarié se trouvent gravement remises en causes par ce projet de loi qui donc fait la part belle à la flexibilité au détriment de la sécurité. La flex-sécurité ici est un leurre, un simple slogan, qui ne sert qu'à faire avaler la pilule d'une précarité devenue la norme sociale.
Cette loi, si elle passait, ne serait nullement favorable à l'emploi, mais par contre fragiliserait les emplois existants ainsi que l'ensemble de l'économie par l'abandon facilité des savoir-faire.
A lire une analyse de la loi dans le blog de Gérard Filoche.

On ne comprend pas comment un gouvernement, dit de gauche, a pu sortir un tel texte. On peut le voir alors comme un aveu d'impuissance, faire quelque chose plutôt que rien, mais ce faisant, faire pire que le camp conservateur classique, sans en mesurer les conséquences.
"Le Hollande bashing" qui en résulte ne vient pas de la gauche mais d'abord de la droite qui, malgré qu'il s'agisse d'une politique qu'elle ne renierait pas, enfonce sous l'eau, avec délectation, la tête d'un gouvernement qui se noie de ses propres reniements.
Et que ses soutiens habituels, y compris la bonne part de son propre parti, par dépit, sinon par dégoût, ont fini par laisser tomber.

JMG





jeudi 14 avril 2016

Macron, "en marche" à reculons

Macron un de ces jeunes devenu, en quatre temps trois mouvements, déjà si vieux. Ni de droite, ni de gauche, un néo-conservateur tout bonnement, qui peut en effet séduire les carriéristes, comme la confiture attire les guêpes, tous ceux qui désespèrent de se retrouver très bientôt sans poste, sans cabinet, sans avenir, orphelin d'une gauche dont ils se seront servis seulement pour leur parcours politicien.

La Véme République est friande de ce genre de situation, celle où un seul homme (ou femme, y'a pas de raisons que la parité n'aille pas jusqu'à l'incompétence), ici sous prétexte qu'il a été ministre, ou assez compétent aux yeux des libéraux pour avoir travaillé à la banque Rothschild (tu parles !), se retrouve à la tête d'un mouvement, "en marche", où s'agglutinent les ambitieux, parmi ceux qui mélangent allègrement la gauche ou la droite, ou le centre, profitant opportunément de la confusion idéologique entretenue par ceux qui y ont intérêt et qui en général travaille plutôt contre l'intérêt du plus grand nombre.

Nous en avons un autre exemple, par la constitution d'un groupe aussi imprécis, vague et trompeur, mais avec un but affiché, celui d'organiser les primaires pour la présidentielle, et qui s'est auto-intitulé "primaire des Français", avec à sa tête un écrivain, Alexandre Jardin, qui se prend  pour un zèbre, en compagnie d'une ancienne ministre Corrine Lepage, extrémiste du centre. Là aussi on entend mélanger droite et gauche, ou favoriser la société civile (laquelle au fait ?), ce qui revient au même, comme si la politique avait encore besoin de tant d'imprécision. Pour le coup, quand c'est flou, y'a un loup. "La réalité est notre doctrine" a dit même Cavada qui fait partie du lot. Oui, et qui la décrète la réalité, qui l'a dit ou la devine ? N'y a-t-il pas autant de réalités qu'il y a de mouvements, ou de partis politiques, ou de citoyens, ou d'êtres humains ?
Lepage, Cavada, Jardin le zèbre, Macron bien sûr, sont les noms d'une seule et même réalité : l'arnaque politicienne doublée de la ringardise.

"Nuit debout" est plus authentique, plus clair, ils ont un but, outre celui de la démocratie qui pourrait s'auto-suffire tant celle-ci nous est précieuse, ils revendiquent le retrait de la loi Travail. Ils ont compris que cette loi signifiait l'accroissement de la précarité, cet excès de précarité qui existe désormais en Espagne, en Italie, après que, dans ces pays, les réformes que le pouvoir en France veut imposer, eurent produit tous leurs effets. C'est clair, c'est sans bavure (sauf venant de la police), on ne sait pas encore ce qu'ils veulent, le débat le leur dira, mais ils savent ce qu'ils ne veulent pas.
En débattant, on apprend que la réalité est multiple, qu'il faut être prudent avec elle, qu'elle n'est pas unique, ni mensongère, ni dépassé comme celle de Jean-Marie Cavada, qu'il y a plusieurs langues pour la nommer.

Ce faisant, "Nuit debout" réinvente, ou souligne la nécessité de la pensée critique, qui manque tant à la pensée politique aujourd'hui.

"Nuit debout" en même temps qu'une possible force de proposition, est un mouvement de résistance, ils sont là, debout précisément, parce que les pouvoirs actuels, économique, politique, ont pris toute la place et qu'il n'y avait rien, notamment par rapport à la loi travail, absolument rien à négocier de la part de tous les oligarques, masqués ou non, ou de la part d'un gouvernement devenu sourd et politiquement inconscient.
C'est vrai, nul ne sait ce que cela va devenir, pour l'heure ça continue, et c'est là l'essentiel...

C'est contre la marche à reculons que les manifestants de la place de la République, et un peu partout en France, sur les places, se sont levés, qu'ils se sont indignés et qu'ils nous invitent à rester éveillés.

JMG

dimanche 3 avril 2016

La CFDT, courroie de transmission des pouvoirs en place

La CFDT accompagne, soutient de fait la régression sociale, avec des arguments le plus souvent inspirés de la doctrine libérale, arguments faibles mais qui font mouche parce qu'ils prennent, naturellement venant d'une organisation syndicale, la couverture ou l'alibi de l'émancipation sociale ; arguments aventuristes et dangereux pour le monde du travail et qui sont présentés, par les principaux media, mais aussi par le gouvernement en place, comme responsables et modernes.

En réalité le réformisme de la CFDT n'est qu'un déformisme de la réalité sociale. Son principal argument se fonde sur le fait que la négociation locale, par entreprise, serait la clé de la réussite et de l'aboutissement du dialogue social, comme si en ces temps de pression sur les salaires, en ces temps d'austérité, le rapport de force était partout suffisant pour imposer des progrès ou, parce que l'heure est à la résistance, pour simplement défendre des acquis.

Il semble que la CFDT, sa direction nationale au moins, évolue dans un pays où le patronat, a priori, serait bon et soucieux de l'intérêt des salariés. Nous serions en quelque sorte dans le pays des bisounours, le seul fait de "négocier", comme ils disent, serait suffisant pour faire faire reculer le chômage ou pour prévenir des licenciements qui, le plus souvent, s'avèrent anti-économiques en plus d'être "anti-social". 
Il ne peut être pour autant question de faire le procès des chefs d'entreprise qui, dans la grande  majorité des cas ont les yeux rivés sur un carnet de commandes souvent désespérément vide, et pour lesquels, contrairement aux patrons voyous,  licencier ne fait pas plaisir. 

La solution ne doit donc pas être recherchée dans une vision microscopique de la réalité sociale. Ou pas seulement. Cette réalité doit être considérée en effet dans toute sa dimension macro-économique. Et, en l'occurrence, la défense du Code du Travail participe, dans la mesure notamment où il place les salariés et les entreprises dans un cadre équitable, à contenir un dumping social qui s'aggrave de jour en jour. Il s'agit de défendre et de promouvoir un développement économique harmonieux tout en préservant, sur l'ensemble du territoire, les droits essentiels des salariés. 

Ainsi la CFDT n'est pas plus "moderne",  plus "réfléchie", ou encore plus "responsable" qu'une CGT qui, elle, serait jusqu'au-boutiste, fanatique, extrémiste. La CGT se soucie au contraire de la réalité économique, il est injuste de la présenter comme une adversaire du dialogue social. 
Mais, contrairement à la CFDT qui semble avoir abandonné le terrain de l'action et de la pensée critiques, elle en sait le prix. 


JMG






dimanche 20 mars 2016

Georges

Georges Henry était mon beau-père, le père d'Isabelle. Il est aussi le père de Françoise Henry, écrivaine. Il vivait depuis une quinzaine d'années à Lons-le-Saunier, ville pour laquelle lui et son épouse avaient quitté Paris. Son épouse est disparue en février 2012 et il en resta très affectée, ils se vouaient  un grand amour. Depuis on pouvait reconnaître, dans les rues de Lons-le-Saunier, sa silhouette humble et solitaire. Lorsqu'il nous le rencontrions, son visage resplendissait, tout à la joie de nous revoir.

Il est décédé vendredi en fin d'après-midi, le 18 mars dernier, sur la route de Chalon-sur-Saône à Louhans et venait de Digoin où il avait rendu visite à sa sœur. D'après les photos de l'accident le temps était au beau, préfigurant un printemps aussi proche qu'attendu. Ce printemps il ne l'aura donc pas connu. Peut-être s'est-il assoupi l'espace d'une seconde, ou moins, une absence, qui lui ont suffi à prendre de plein fouet l'autocar qui venait en face. 

Il était ancien élève de l'école centrale de Paris. Georges Henry était un expert en géophysique reconnu de sa profession. 
Il avait été désigné avec deux autres ingénieurs, à démonter, sous le sceau du secret-défense, la supercherie des "avions renifleurs" qui fut un des grands scandales de la présidence Giscard d'Estaing, à la fin des années soixante-dix. Le "Canard Enchaîné" en avait fait ses choux gras, un feuilleton dont la France et le monde s'amusèrent. Il nous avait raconté, l'air espiègle, qu'un jour il avait oublié dans le métro sa serviette qui contenait des documents classés secrets sur cette affaire. Angoissé, et en désespoir de cause, il s'était rendu aux objets trouvés rue des Morillons à Paris : elle y était.

La supercherie était grossière mais le gouvernement de l'époque, comme la direction de la société qui s'appelait encore Elf-Aquitaine (avant de devenir Total que nous connaissons aujourd'hui), avaient cru trouver là, du haut de leur superbe, la pierre philosophale de la recherche pétrolière, en faisant fi de la prudence scientifique qui était précisément l'une des qualités exigeante de Georges Henry.

Il en riait encore avec nous mais en avait gardé une amertume certaine : il avait découvert à cette occasion, lui qui avait une confiance quasi-naïve en l'homme, comment le pouvoir pouvait se pervertir au point de croire n'importe quelle fadaise du moment que cela le confortait. 
Ainsi les responsables de l'époque s'étaient-ils laisser berner par un magicien nommé Bonassoli, lequel s'était fait roi du pétrole, maître en imposture, et qui fit dépenser à l'époque des millions de francs à l'Etat français et à la société Elf-Aquitaine. 
Le pouvoir de l'époque avait été aveuglé par cette idée miraculeuse que l'on pourrait découvrir du pétrole par simple survol des territoires, et par la même occasion, surpasser, pour s'en passer définitivement peut-être, toutes les équipes scientifiques de recherche et d'exploration.
Sans compter toutes les implications que cette"invention", aux yeux des responsables politiques de l'époque, pouvait entraîner sur le plan militaire.

Il quitte ce monde après avoir vécu une vie riche, ayant visité de nombreux pays de par sa profession. Il était étonnamment modeste, il avait ce don du bonheur dont peu de gens peuvent se flatter, il se contentait de petites choses, faisait sa joie de tout ce qui lui paraissait beau. J'ajoute qu'il tenait un blog qu'il alimentait très régulièrement, notamment beaucoup de billets à caractère scientifique, spirituel souvent aussi, et politique ce qui nous valait quelques discussions animées.

C'est un homme rare qui nous quitte, modeste et généreux, nous ne pourrons ni ne voudrons l'oublier.

JMG