samedi 31 août 2019

L'Europe : décidément non démocratique

Sans invention industrielle éco-compatible, dans une impasse démocratique dans laquelle elle s'est elle-même glissée, sans projet autre que monétariste, étrangère à elle-même, ne sachant qui elle est, et faisant fi volontairement ou pas des volontés citoyennes dans les nations qui la composent, l'Union européenne se meurt, et avec elle un idéal politique qu'on avait voulu indépassable. 

On peut voir là les raisons profondes de la volonté britannique de sortir de cette Union de la concurrence déloyale dite "libre et non faussée". 
Portée par un conservateur cette volonté d'en sortir n'est pourtant ni de droite ni de gauche, elle est une décision tranchée et définitive qu'on ne saurait modifier.

Ainsi Boris Johnson le nouveau premier ministre britannique, dans la mère-patrie du parlementarisme, suspend-t-il le Parlement de sa gracieuse Majesté. Jusqu'en octobre il n'en tiendra pas compte. (certains s'en offusquent, en France ça nous rappelle rien ?)
La Reine n'y peut rien et laisse faire, fidèle à une tradition dont elle est dépositaire de ne pas se mêler de politique.

Boris Johnson a choisi le l'épreuve de force avec l'UE. 
Il peut changer d'avis, paraît-il, mais pour l'heure tout désigne qu'il ira jusqu'au bout.
Il sait qu'il n'aura jamais de majorité au Parlement suffisamment solide pour le laisser sortir sans accord. Mais il est en position de force lorsqu'il rappelle le résultat du référendum de 2016, lequel est sans appel, près de 52% des voix pour la sortie de l'Europe ( Brexit.)

Rappelons que les exécutifs français, eux, à la suite de 2005, n'avaient pas eu cette délicatesse de se conformer aux résultats du référendum.
On pourrait même, question démocratie, en rajouter une couche : et notre Parlement à nous en France? A-t-il été, sous ce gouvernement ou sous d'autres, davantage été respecté ? La France, dans ce moment macronien en particulier, ne fait-elle pas aussi, à sa manière, et dans des proportions bien plus décisives,  l'impasse sur son Assemblée Nationale en la considérant comme une chambre ridicule d’enregistrement?

Mais revenons au fond de l'affaire. Quelle que soient les attitudes politiciennes de Boris Johnson, il restera peut-être celui qui n'aura pas trahi une volonté populaire clairement exprimée par les Britanniques. Il pourra se targuer de respecter la volonté du peuple.

Si la Grande-Bretagne, après trois ans, est toujours dans l'UE c'est que les conditions de sa sortie se sont révélés drastiques. On ne quitte pas l'Europe impunément, on peut en sortir certes mais dans une allée de schlagues et de bâtons, voilà la message que veut encore faire passer Bruxelles incapable de conduire de véritables et justes négociations. 

Car les négociations auraient pu se passer autrement, dans le respect mutuel. Mais il importait d'être exemplaire dans la sanction pour décourager d'autres envies de quitter le navire.

Il n'est pas certain cependant que les Britanniques en sortent vaincus. D'ailleurs qui aura gagner à ce conflit ?
Pas la France en tout cas qui souffrirait au moins autant que la Grande-Bretagne. La France est depuis des années en excédent commercial avec la Grande-Bretagne. Que se passera-t-il en cas de sortie sans accord ?

Au final les Britanniques sont en passe d'accomplir ce que, dans le sang et les larmes, l'Union Européenne a refusé aux Grecs.

JMG