mardi 28 février 2017

Trop tard ?

Nous sommes cernés, nous qui avons la prétention, l'espoir, la folie peut-être en ces temps électoralement incertains, de défendre vaille que vaille les intérêts du monde du travail en soulignant la nécessité de son unité et de sa solidarité.

Nous sommes cernés par trois candidatures qui semblent aujourd'hui les mieux placées pour l'emporter à la prochaine présidentielle. Le Pen d'abord dont une partie, l'essentiel même du projet, se fonde depuis toujours sur la xénophobie ou le racisme.

 Fillon ensuite qui représente une droite rance, revancharde, patronale au plus mauvais sens du terme, droite qui veut revenir sur tous les acquis sociaux en s'attaquant à la sécurité sociale au profit d'assurances privées pour lesquelles la loi Macron avait élargi la voie en les rendant obligatoires au cœur de l'entreprise.
Et puis enfin Macron précisément, le gars sorti du chapeau, l'aventuriste qui ne croit qu'à son étoile, qu'à son égo et qu'à ces talents de prêcheur, dont le programme séduisant pour les naïfs, ou opportuns pour les cyniques, ressemble à s'y méprendre à celui de Fillon cité plus haut.

Ainsi Macron veut-il réduire les cotisations sociales illustrant cette idée ridicule et dangereuse qu'il faudrait coûte que coûte réduire le coût du travail pour favoriser une création massive d'emplois. Vieille recette en effet, recette éculée mais reprise par des "économistes" qui parviennent à se faire passer pour des experts alors qu'ils sont avant tout des partisans d'une pensée unique calquée sur le modèle ultra-libéral en action outre-manche et qui privilégie les dividendes plutôt que les salaires.
C'est qu'en effet les cotisations sociales sont du salaire et les réduire comme voudrait le faire Macron c'est réduire leur part dans la valeur ajoutée, c'est indirectement continuer d'appauvrir le monde du travail au profit finalement des actionnaires.
Sans compter que ce manque à gagner, si on voulait préserver notre modèle social comme ils disent, conduirait à mobiliser d'autres ressources comme la CSG touchant alors les revenus des retraités. Ce serait encore une fois participer à cette politique de l'offre qui, sous prétexte d'une compétitivité à n'importe quel prix, croit épargner "l'entreprise" en chargeant le monde du travail. On a vu ce que cette politique a donné les trente dernières années !

Plus loin encore dans l'ineptie ou le cynisme politiques, Macron (et ses soutiens dont un certain Pisani-Ferry) entend s'attaquer non au chômage, mais aux chômeurs eux-mêmes comme s'ils étaient les responsables de leur propre condition et de la crise elle-même. Alors qu'il prétend dans le même temps créer une assurance chômage universelle, le candidat chouchou des media prévoit des contrôles plus fréquents et plus "drastiques" sur la recherche d'emploi.

Compte tenu de ces périls, il est permis de rêver de l'unité de la gauche qu'un Gérard Filoche, ou d'autres dans leur sagesse, appellent de leurs vœux. Cette gauche est aujourd'hui représentée par Hamon et Mélenchon, c'est comme ça. Le plus inquiétant est qu'ils ne trouvent pas les moyens de s'unir. C'est pourtant cette unité, même si elle paraît artificielle, qui pourrait sauver la mise. Pour que ce rêve devienne réalité il s'agirait en priorité d'effacer les rancœurs.

Il n'est qu'à voir les frondeurs (de droite) aujourd'hui, tout prêts à rejoindre Macron, j'ai nommé les Valls, Le Guen, Le Foll, tous ces gens qui se permettent de jouer contre leur parti comme ils ont joué depuis 2012 contre leur camp, et contre la gauche dont ils ont nié allègrement les valeurs, en faisant une politique en tout point opposée à ce pour quoi ils avaient été élus.

Hamon et ses soutiens devraient songer à ces traîtrises pour y puiser la volonté ou la rage capables de construire une unité nous préservant des périls qui s'annoncent. Quant à JLuc Mélenchon on peut lui demander de ne pas fermer définitivement la porte.

C'est ça le rêve. Serait-ce la mer à boire, vraiment ? On sait, c'est dur de s'entendre, surtout lorsque vos soutiens respectifs, croyant en leur vérité, font tout pour vous dissuader de l'unité. Plus facile à dire qu'à faire pour chacun des deux camps. Mais un petit effort de part et d'autre et ça pourrait repartir. Quitte à en faire un débat public, apaisé, responsable, avec au bout un projet commun, pour sauver ce qui peut l'être encore. Le rêve.

JMG




vendredi 17 février 2017

Pauvre Fillon

Pauvre, pauvre, c'est vite dit, il semblerait au contraire que son amour de l'argent ait pu faire de lui un homme habilité à dormir dans un château plutôt que dans la rue. On se plait pourtant à le plaindre comme à plaindre son épouse Pénélope qui porte bien son nom à être restée jusque là au foyer à s'occuper des enfants du couple lesquels n'en avaient pas vraiment besoin car déjà collaborateurs rémunérés, et comment, de leur père.

Leur père, et cela m'intrigue de façon rétrospective, c'est bien le même qui pilotait pendant ses heures de loisir des bolides sur le circuit de vingt-quatre heures du Mans ( Le Mans, bourgade proche du château de Solesmes). Pour cela il faut de l'argent. Moi par exemple, ceci dit sans me vanter, je ne pourrais pas : c'est Ford année 2004 (vignette couleur caca d'oie) bruyante, ou crève. Mais je ne plains pas, au contraire, pourvu que ça roule.

Pour revenir à Fillon, je sais ce n'est pas charitable, encore moins catholique, mais je me réjouis que l'affaire ait pu être révélée. Il y a là une odeur de lutte des classes qui ne me déplaît pas, l'idée d'une vérité enfin révélée, celle que certains politiques, plutôt de droite même si Cahuzac dans le genre n'était pas mal non plus, s'en mettent plein les poches depuis le début de leur élection, comme si leur naissance, comme auraient dit les bâtards de Louis XIV, ne pouvait leur suffire. Eh oui, on croyait à la plaisanterie, mais la politique ça peut rapporter gros.

Et le plus beau chez Fillon c'est qu'il ne s'était pas fait piqué jusque-là et que, plus fort encore, il prônait à l'envi, et il prône encore sans vergogne comme si ces "ennuis" n'était que rêve ou cauchemar, l'austérité, le sang et les larmes, mais uniquement pour les autres, pour les classes laborieuses, qui ont ou pas du travail, celles qui précisément ne sont pas payées à rien foutre.
Il répète encore dans ces meetings qu'il serait le seul à pouvoir redresser le pays. C'est ça ! Désormais il est permis, et même conseillé, d'en douter.

Avec Fillon, ce sera, ce serait, (le conditionnel heureusement est encore de mise, encore un petit espoir de ne pas le voir au pouvoir), pour les fonctionnaires d'abord puis pour les autres, du style travailler plus pour gagner beaucoup moins, et encore dans le cas où le poste ne fût pas parmi les 500 000 suppressions annoncées. Une vrai politique de réaction, mais pour prétendument  sauver "un Etat en faillite".

Tel est pris qui croyait prendre, ce qui est remarquable en France, c'est finalement une certaine transparence de la vie politique, transparence tendance comique, il y a de quoi rire en effet si ce n'était dramatique pour la démocratie. Car finalement, on le voit, tout finit par se savoir, surtout les choses les moins avouables.
Pourquoi ? Parce que les gens comme Fillon ne se rendent compte de rien du haut de leur superbe, vêtu de leur tailleur à sept mille euros, pas gênés comme on dit chez moi. Ils ont le sang bleu (version républicain), celui qui vous permet d'agir selon votre bon plaisir.

Les gens qui pourraient les inquiéter, ils dorment, sommeillent, et admirent plus riches qu'eux sans chercher à trouver d'où vienne leur fortune, et les inégalités qui la sous-tendent.
Finalement les citoyens existent peu, ou alors ils ne se manifestent pas, à part quelques illuminés qui croient en la justice sociale, on peut leur retirer leurs service public, leur emploi, leur sécurité sociale, l'école de leurs enfants, ils ne vont pas s'en plaindre, ou pas fort en tout cas.
Des Fillons il y en a aura toujours dans notre monarchie républicaine. Contrairement à la légende, les Français ne sont pas des coupeurs de tête, ils acceptent beaucoup de la Haute et même continue de l'admirer comme ils le faisaient avant la Révolution Française.

Ici la morale est précaire mais sauve, même s'il a fallu, pour découvrir le pot aux roses, des circonstances exceptionnelles comme aujourd'hui les présidentielles et quelques canards indépendants.

Il restera maintenant aux Français de décider et d'aller jusqu'au bout. Qu'au moins leur vote serve à se défaire de ceux qui auront déshonoré les mandats qui leur avaient été confiés.
Ce ne serait que justice.

JMG