mercredi 16 janvier 2013

Accord national interprofessionnel : lettre au conseil fédéral (suite)


Je me permets de joindre un lien qui donne une autre perception, complète et documentée celle-là, de l'accord national interprofessionnel qui vient d'être signé entre le Medef d'une part et trois organisations syndicales ( CFDT, CGC, CFTC).
Il s'agit d'un article de Gérard Filoche, membre du bureau national du Parti socialiste, ancien inspecteur du travail, et membre de la CGT ( décidément nul n'est parfait, encore un  camarade qui a du mal, comme a dit de moi premier fédéral dans un mail récent, " à bien différencier le mouvement politique du mouvement syndicaliste"sic )
Je précise que bien entendu je m'exprime ici moi-même en tant que membre du parti socialiste, et non pas, comme certains camarades pourraient le craindre, en tant que membre sympathisant du " concoillote folk groupe du Jura" ou d'autres associations auxquelles je pourrais appartenir. Vous voudrez donc bien m'excuser par avance d'éventuels parasitages, mais nous sommes faits de diverses expériences qui nourrissent...notre action politique.
Restons donc sérieux en étudiant bien tous les arguments relatifs à ces accords dit de "Wagram" lesquels, contrairement à ce qu'en disent les media, n'apportent pas grand chose de positif au droit du travail, et qui bien au contraire constituent une attaque supplémentaire contre le code du travail, et cela de l'avis même de la majorité des organisations syndicales.

Jean-Marc Gardère
Conseiller fédéral PS Jura, membre du bureau fédéral

dimanche 13 janvier 2013

Accord Medef-CFDT : lettre au Conseil Fédéral PS du Jura

Harlem Désir ne devrait pas se réjouir d'un accord qui sert , malgré les apparences et la propagande médiatique, davantage les intérêts du Medef que ceux des organisations syndicales de salariés. L'accord qui vient d'être conclu entre le Medef, et la CFDT principalement n'aura pour effet, alors qu'il est présenté comme un accord gagnant/gagnant, que de renforcer la précarité dans le monde du travail.
Et cela contre des « avancées » qui sont largement sur-évaluées et pour tout dire trompeuses
comme notamment :
 -la meilleure représention des salariés qui ne touchera que les grandes entreprises. Le pouvoir des salariés au sein des conseils d'administration ne seront pas significativement renforcées,
-la taxation des contrats courts : le Medef s'en sort bien puisque cette taxation est assortie d'une exonération des charges patronales pour certains contrats en CDI. ( En définive les entreprises sont bénéficiaires de 45 millions d' euros.)
- les mutuelles, elles, seront généralisées à l'ensemble des salariés, ce qui est une bonne chose en soi. Mais les salariés y participerons pour moitié et surtout ce sont les assurances de santé privées qui financièrement en profiteront. ( plus de quatre milliards d'euros en 2013) Il aurait mieux valu renforcer la sécurité sociale en revenant sur tous les reculs qu'on lui a imposé ces dernières années.
-il en est d'autres tout aussi trompeuses, comme par exemple la portabilité des droits à la formation ( 20 heures seulement par an dans la limite de 120 heures)

En contrepartie de ces prétendus ou maigres avantages pour les salariés, les entreprises auront le droit de licencier avec beaucoup plus de facilité, conséquence d'une déjudiciarisation des licenciements qui seront de fait encouragés en cas de difficultés «  économiques ». Il n'y aura plus de plan social avec des obligations pour les entreprises à la hauteur de ce qui existe aujourd'hui, et ce n'était déjà pas bien brillant.
Il est d'autres mesures qui vont toutes dans le même sens d'une attaque contre le code du travail. Bref un accord négatif pour l'ensemble du monde du travail et qui n'a été signé que par une minorité.
Ni la CGT, ni FO en effet n'ont signé cet accord qui ne fait qu'aggraver une flexibilité du travail déjà très grande dans notre pays. Et il n'y a aucune raison que cet accord ait un quelconque effet sur la croissance.

Mais le Medef est satisfait, et pour s'en convaincre on ne peut que le citer :
« ...les partenaires sociaux ont placé la France en haut des standards européens en matière de marché du travail et de relations sociales. L’accord auquel ils sont parvenus est en effet tout sauf un accord a minima». C'est clair.
On est loin de l'accord historique. J'ose espérer que les députés socialistes ne voteront pas ce texte.



Jean-Marc Gardère 
Conseiller fédéral- membre du bureau ( motion "maintenant la gauche")
 

vendredi 11 janvier 2013

Rien qu’une petite erreur

De l’aveu de deux économistes du Fonds Monétaire International, l’austérité en Europe serait due à l’utilisation d’un mauvais coefficient dans une formule servant à mesurer le lien entre montant de dépenses publiques et taux d’activité.
On croit rêver. Ainsi la « science économique » version FMI, mais reprise à bon compte par « l’Europe »,  se serait-elle trompé.
 
A moins qu'on nous prenne pour des imbéciles, ce qui est toujours possible, la crise austéritaire confirmée et réalisée par volonté politique à l’échelle européenne n’aurait été que le produit de cette petite erreur de calcul. Les millions de chômeurs, les centaines de milliers de familles frappées par la crise, les cinq millions de nos concitoyens vivant sous le seuil de pauvreté, tous victimes de près ou de loin de cette minuscule bévue, apprécieront.

 Ainsi certains responsables du FMI seraient prêts à rejoindre, mais un peu tard,  ceux qui pensent que les politiques d’austérité ( ou d'appauvrissement des populations) sont bien contraires à la croissance et à l’emploi. Comme l’affirment depuis des années les grands syndicats européens, les politiques de relance seraient bien plus efficaces que l'austérité appliquée en Grèce, en Italie, en Irlande, au Portugal, en France, et même en Allemagne...

La morale de cette histoire c’est qu’il est temps que les technocrates, mais aussi les tenants du libéralisme à tout crin qui ont intérêt à cette politique favorable à l'euro fort, et à la rente par conséquent, laissent enfin la place à des politiques  qui à l'échelle de l'Europe favorisent plutôt les solidarités économiques et sociales, si possibles durables.

JMG

* texte paru en partie dans le Progrès de Lyon du 11/01/13

http://www.liberation.fr/economie/2013/01/08/oups-le-fmi-s-est-trompe-sur-l-austerite_872394

mardi 8 janvier 2013

L'aveu

Le débat fut passionnant sur France 2, hier sept janvier entre, à ma gauche, Jean-Luc Mélenchon (sans doute pas dans son meilleur jour) et Jérôme Cahuzac à ma...je ne sais plus.
Selon ce dernier  la lutte des classes n'existe pas et surtout il n'y aurait jamais cru. Joli aveu mais qui ne ferait, si on allait un peu trop vite, que confirmer le ramollissement idéologique d'une certaine gauche social-libérale.

Dire qu'on n'a JAMAIS cru ( l'important est aussi dans ce jamais) à la lutte des classes c'est croire et donner à penser, c'est sous-entendre, que la lutte des classe n'aura jamais été ou ne sera jamais qu'un archaïsme contre-productif, une vieille lune palote, une illusion, qui serait de surcroît génératrice de conflits inutiles, de violences, et disons-le de mort et de Goulag...Même si l'actuel ministre du budget ne l'a pas dit de façon explicite, on entend que pour lui la notion lutte des classes n'est au fond, n'aura jamais été, qu'une lubie dangereuse pour tous dans nos sociétés de liberté.

Que la notion de lutte des classes ait pu dans l'histoire prêter le flanc à toutes les interprétations, à toutes les modulations, les évolutions, et ne plus correspondre tout à fait à ce que Karl Marx, ce grand économiste mais aussi ce penseur de l'action, en avait donné comme définition, c'est une évidence.
Mais, qu'on le veuille ou non, cette notion fait partie de l'identité de la gauche, de son imaginaire. Dire qu'on n'y a jamais cru c'est nier qu'il n'ait jamais existé une solidarité naturelle ou construite entre ceux qui se battent pour une autre logique que celle des oligarchies pour lesquels la "finance" est un moyen de garder le pouvoir réel.
Ne pas croire à la lutte des classe, et surtout l'avouer, c'est ne plus penser ni urgents, ni même nécessaires les multiples combats qui se jouent aujourd'hui dans des centaines d'entreprises prises au piège du rendement financier et dans lequel les victimes sont toujours les mêmes : ceux en premier lieu qui créent les richesses.
Dire haut et fort qu'on n'a jamais cru à la lutte des classes, c'est nier des années de luttes et de revendications sociales sans lesquelles notre pays ne serait pas le havre de paix qu'il reste aujourd'hui encore malgré tout.

Et donc, oui bien sûr, la lutte des classes existe bien et ce n'est pas parce que l'expression fait toujours et encore peur à certains - cette peur est si bien entretenue - qu'il faut en nier l'existence et la nécessité.
Nécessité de la solidarité dans les classes ouvrières ou moyennes, dans le monde salarié dans son ensemble, même si celui-ci est devenu au fil des années de plus en plus complexe et difficile à appréhender comme un seul et unique bloc.

Si Jérôme Cahuzac, ministre socialiste, ne croit pas pas à la lutte des classes, n'y a jamais cru, d'autres y croient encore et combien, ceux de l'autre bord qui détiennent toujours le pouvoir, et qui le clament, comme Warren Buffet, ce grand financier, riche parmi les riches. Il faut encore et toujours le citer, ne serait-ce que pour ouvrir les yeux, voire même la conscience, de ceux qui n'y auraient jamais cru : "la guerre des classes existe, dit-il, mais c'est la mienne...la classe des riches qui mène cette guerre et nous sommes en train de la gagner."

Que cette lucidité gagne enfin la classe des salariés, des travailleurs, non par la haine mais la conscience que l'action et la solidarité sont nécessaires aussi parmi ceux qui créent les richesses, ne serait-ce que pour défendre, par exemple, des idées aussi belles que la sécurité sociale, ou le principe du contrat à durée indéterminé, remis en cause en cette période de "négociations sociales", par un Medef plus que jamais arrogant.
"Ce que la vie m'a révélé...c'est la nécessité du combat" disait Jaurès. La lutte des classes c'est simplement l'avoir compris.


JMG

http://www.maintenantlagauche.fr/