samedi 24 novembre 2018

Le peuple, visible ou invisible

Pour paraphraser Renan, parlant de religion, on pourrait dire qu'une révolution est une jacquerie qui a réussi.
C'est ainsi dans l'histoire que sont survenus les grands bouleversements sociaux et politiques, un fait jugé peu important par nos dirigeants, ici une hausse présente ou programmée des taxes sur les carburants, mettant le feu aux poudres de la contestation citoyenne et du mécontentement généralisés. Le feu prend d'autant mieux ici qu'il est alimenté par un mensonge du gouvernement : la hausse des taxes sur le carburant se justifierait au nom de la transition écologique. Bel alibi, mais un peu court compte tenu de la politique fiscale désastreuse du gouvernement d' E.Macron.

Pour l'heure, malgré la couleur fluo porté en étendard, le mouvement des gilets jaunes reste peu lisible ou, pour le moins, sujet à des interprétations multiples et interrogatives.
Qu'en est-il notamment des risques d'une "récupération " de l'extrême-droite, ou même au delà de cette organisation, des risques de débordements de type raciste ou xénophobe comme on a pu le constater à certains endroits ?

Il n'est pas douteux que le gouvernement joue sur ces méfaits ultra-minoritaires pour déjouer et discréditer le mouvement. Ce mouvement en réalité lui fait peur car il s'agit d'un mouvement social, authentique, qui rend visible ce qu'on appelle depuis la révolution française "le peuple", peuple divers, multiple, phénoménal, imprévisible. Il n'était pas prévu début juillet 1789 que l'on prenne La Bastille quelques jours plus tard et que l'on guillotine Louis Capet quelques années après. A bon entendeur...

Oui, bien sûr, surtout sans le filtre de corps intermédiaires ignorés ou méprisés par E.Macron, ces rassemblements populaires peuvent montrer un visage violent et déterminé. Certains commencent à se mordre les doigts d'une situation qu'ils ont largement contribué à enflammer. Elle ne vient pas de n'importe où, elle ne s'est pas créé ex-nihilo, elle constitue une réponse singulière et inattendue à la violence sourde d'une politique gouvernementale qui vise à servir les plus riches et à faire éclater notre pacte social.

La gauche politique et syndicale organisée aurait tout à perdre à déconsidérer et à mépriser ce mouvement sous prétexte qu'elle n'en serait pas à l'initiative. D'autant plus que les cahiers de doléance semble reprendre beaucoup des revendications traditionnellement portés par les organisations de gauche, comme en premier lieu la défense du pouvoir d'achat, le maintien des services publics dans les zones dites périphériques. Et cela s'accorde avec l'exigence d'une fiscalité plus juste, en favorisant un impôt progressif contre l'augmentation de taxes diverses et variées.

Nul ne sait aujourd'hui ce qu'il adviendra de ce mouvement, il reste à espérer qu'il sera utile à renforcer, dans le calme si possible, une démocratie populaire qui fait tant défaut aujourd'hui.

JMG


lundi 12 novembre 2018

Ni à droite, ni en arrière, pas d'en Marche dans les mairies

Et pas d'en Marche à la mairie de Lons-le-Saunier non plus. La droite on connait, ou à peu près, elle est notre adversaire, il faut continuer à la combattre au lieu de l'imiter comme l'a fait F.Hollande à bien des égards, notamment en conduisant une politique foncièrement néo-libérale sous la bannière "socialiste". Nous aurons encore longtemps à gérer ce mensonge.

Aujourd'hui, depuis près de deux ans, il est un autre mensonge, tout aussi nuisible pour le monde du travail que nous défendons, celui de se présenter, quelles que soient les élections, sous l'étiquette "En marche".
Se présenter sous cette étiquette, très souvent par opportunisme politique, après avoir même fréquenté d'autres tendances qui se disait  mensongèrement de gauche, c'est soutenir de fait une politique menée par un président, E.Macron, issu du milieu des affaires et dont le projet, qu'il l'avoue ou pas, est de détruire l'Etat social.

Soutenir "En marche" c'est condamner les systèmes de protection sociale qui ces dernières années se sont pourtant révélées utiles et nécessaires à amortir les crises économiques. Celles-ci ne manqueront pas de se reproduire dans un système économique hyper financiarisé et mondialisé dans lequel aujourd'hui nous sommes condamnés à évoluer. C'est condamner, en asséchant ses recettes, la sécurité sociale que le monde nous envie, mais qui inexorablement, à petit feu, est en train de disparaître sans que les Français ne s'en rendent compte. Les réveils, si rien n'est fait, pourraient être douloureux.

Votez "En marche" c'est soutenir la réforme inique de la fonction  publique. Cette réforme ne fait qu'anticiper et préparer plus largement encore la disparition, dans les territoires, des services publics en accompagnant ou en suscitant leur marchandisation. C'est fermer les hôpitaux publics, les bureaux de poste, les écoles, c'est persister à supprimer les communes premier échelon démocratique dans notre organisation administrative.

Votez "en marche" c'est donc soutenir une politique d'ultra-droite, sous le couvert d'un modernisme qui n'a rien à voir avec le progrès, en persistant dans une fiscalité foncièrement injuste et antiéconomique au service des plus riches et du pouvoir financier.

C'est pourquoi il est essentiel et vital de se battre pour empêcher ce parti de gagner les élections dans les territoires. Les prochaines municipales seront à cet égard décisives. Ni en arrière, ni à droite. Pour l'instant nous avons affaire à un duel droite-droite. Où est la gauche ?

A Lons-le-Saunier en particulier mais c'est vrai sans doute pour l'ensemble de la France, la population est pourtant attachée à la sécurité sociale, à l'école, au développement harmonieux des villes, à l’accessibilité et la qualité du logement social. Lons-le-Saunier sociologiquement est une terre de gauche, son passé l'a montré, attachée au principe de solidarité et de justice.

C'est pourquoi la gauche dans son ensemble doit se ressaisir, et proposer autre chose que l'impasse politique qui s'offre malheureusement à elle aujourd'hui.
Il reste à savoir quelle politique de gauche il est possible de mettre en place pour construire une ville écologique et sociale, malgré le contexte contraint imposé aux collectivité locales ces derniers années par l’État central. C'est encore possible en rassemblant la gauche, rien que la gauche, authentiquement écologique et sociale.

Le premier travail sera donc d'évaluer et de déterminer quelle est la demande sociale qui s'exprime aujourd'hui dans une ville comme Lons-le-Saunier.

Il serait temps de s'y mettre, et ce ne sera qu'une première étape.

JMG

jeudi 8 novembre 2018

Pétain de polémique !

La ficelle était un peu grosse mais ça pouvait marcher, mais pouvait seulement, au conditionnel. Dire de Pétain qu'il avait été un grand soldat pouvait permettre à Macron d'effacer les polémiques ou les contestations en cours, sur la hausse des taxes des carburants ou sur d'autres présentes ou à venir.
E. Macron n'est pas un innocent sur ce coup-là, mais juste un peu naïf, il pensait que son propos sur Pétain pouvait servir de contre-feu à faire oublier ceux qui couvent ou qui brûlent déjà, qui peuvent se révéler encore plus dangereux pour lui.

Sur le fond, même si cela peut paraître un détail, il est permis de douter que Pétain fût réellement un grand soldat. Il le fut certainement moins que tous ceux qui moururent dans les tranchées, sous le feu, noyés dans la boue, écrasés et broyés par les obus, étouffés et brûlés par les gaz. Il fut un chef de guerre, d'une guerre totale, cruelle, insensée, absurde. Un chef qui ordonna des exécutions de soldats lors des mutineries de 1917.
On rapporte aussi qu'à la toute dernière partie de la guerre, devant d'ultimes offensives allemande, il fut pris de panique et crut que tout était définitivement perdu, prêt à capituler, déjà. Grand soldat ?

Et puis surtout, bien sûr, il y eut la deuxième guerre mondiale, celle de la collaboration avec l'ennemi, celle de l’infamie, contre les juifs, les tsiganes, les résistants, les multiples victimes de la barbarie nazie.
Évoquer la mémoire de Pétain à ce moment de célébration et de mise à l'honneur des combattants n'est pas le fait du hasard. Ne s'agit-il pas d'un calcul maladroit malgré une spontanéité apparente ou trompeuse ?

Macron n'a pas la stature de Gaulle qui, parce qu'il avait vécu deux guerres mondiales et en avait été un acteur important, avait pu en 1966 dissocier le vainqueur de Verdun du chef complice de l'Allemagne nazie.
E. Macron ne se doutait-il pas que la polémique allait venir ? Ne voulait-il pas en somme ratisser large ? Espérant peut-être que ce qui se trouve à l'extrême droite puisse lui être redevable ?
C'est loupé semble-t-il, on l'espère en tout cas.

JMG