samedi 20 septembre 2014

Réforme territoriale et impuissance politique

Cette réforme territoriale a quelque chose de singulier dans la mesure où, de manière paradoxale, elle signe l’impuissance politique. Alors qu’elle est inutile à bien des égards, déstabilisante pour des services publics locaux déjà en grand danger, incompréhensible pour la plupart de nos concitoyens y compris même pour certaines de nos élites qui en sont à l’origine, coûteuse en énergie et en argent public, elle n’en constitue pas moins une révolution dans l’organisation administrative de la France. Si, vaille que vaille, elle arrive à son terme, Hollande pourra dire, d’ici vingt ou trente ans peut-être : « c’est moi qui l’a fait » A part cette possible et rétrospective satisfaction présidentielle, digne des coups de force d’une cinquième république qui une fois encore étale ainsi ses insuffisances démocratiques, cette réforme n’aura rien apporté de bien positif pour les citoyens que nous sommes.

Pourquoi ? Cette réforme se fonde essentiellement sur une démocratie qui ne connaîtra plus la proximité. Et la tentation sera grande de ne penser qu’aux territoires déjà les mieux lotis, notamment « les métropoles », (les trois métropoles à statut particulier Paris, Lyon , Marseille et les neuf EPCI de plus de 400 000 habitants) au nom d’une compétitivité infra ou extra européenne dont les politiques, impuissants, ont depuis longtemps déjà, renoncé à taire les effets négatifs, et ce au détriment du territoire français dans son ensemble.

Le risque est réel en effet que le maillage constitué par les communes ne fasse les frais de l’ensemble de ces réformes territoriales dont Eric Cannobio, géographe, a pu dire à juste titre qu’elles étaient devenues en soi une idéologie.

Faut-il rappeler que ces réformes des métropoles, puis des régions, n’étaient pas comprises dans les soixante promesses du candidat que la gauche à porter aux destinées présidentielles ? Faut-il se lamenter qu’aucun congrès du parti socialiste n’a voté une quelconque disposition qui ressemble tant soit peu à ce à quoi on assiste aujourd’hui, à savoir un chamboulement qui est de nature à rendre plus opaque encore l’organisation territoriale de notre pays au yeux de nos concitoyens ? Faut-il se désoler enfin qu’en aucune façon les élus locaux, les organisations syndicales, et moins encore les citoyens de ce pays, n’ont été associés à ce remue-ménage technocratique à mille lieux de l’exigence démocratique ?

Mais ce coup porté au système administratif français, pour nuisible qu’il soit, aura eu pour fonction aussi de faire oublier le reste, à savoir l’essentiel, ce pour quoi les politiques (de gauche) en premier lieu devrait être faits : réunir les conditions du plein emploi autour d'une question sociale remise au centre des débats. Cela ils ne savent plus faire, ils n'ont même plus envie d'en parler. Qu'on se le dise ce n'est pas cette réforme qui réduira les dépenses publiques, c'est déjà malheureusement programmé, ce n'est pas non plus cette réforme qui favorisera l'emploi, ce n'est pas la fusion des régions ou la diminution de leur nombre qui nous rendra plus riches.

Cette réforme territoriale est au fond un aveu d’impuissance, elle est une diversion pure et simple.


Jean-Marc Gardère


lundi 8 septembre 2014

Qui tue la gauche ?

Il est temps que le parti socialiste se ressaisisse et dénonce les dérives d’un gouvernement Valls qui semble avoir perdu la tête ou avoir rompu ses liens avec les valeurs traditionnelles de la gauche.

Non, se battre pour la transformation sociale n’est pas dénué de sens et devrait rester la priorité de notre parti au lieu d’un débat abscons sur « l’entreprise » repris naïvement par certains responsables locaux du parti.
Comme s'il fallait être assez stupide pour détester l'entreprise, Valls nous prend pour des imbéciles. Ce faux débat cache en réalité la volonté du gouvernement d’inscrire dans les textes des dispositions d’inspiration néo-libérale que jusqu’alors nous avons toujours combattues et qui n’ont rien à voir avec un soit-disant réalisme économique et politique.
Ainsi par exemple de l’ouverture des magasins le dimanche. N’y-t-il pas d’autres priorités en ce moment ? Surtout que le texte pourrait être adopté par la voie d’ordonnances court-circuitant ainsi le Parlement devenu quantité négligeable comme aux pires moments de la Ve République.

Nous fait honte aussi la dernière sortie de ministre du travail qui sollicite des contrôles accrus contre les chômeurs. C’est faire peser sur ces derniers, de manière perverse, la responsabilité de l’échec de la lutte contre le chômage.

Le pacte de responsabilité, sans réelle contrepartie, est tout aussi condamnable. Il ne règle rien en matière économique et continuera de nous plonger dans le cercle vicieux de l’austérité avec pour corollaire la disparition de pans entiers du secteur public.

Sans parler de la réforme territoriale qui rend plus opaque encore la relation des usagers aux institutions et services publics locaux.
Et on apprend aujourd'hui que le gouvernement, comme si tout cela ne suffisait pas, envisage de réduire les prestations familiales comme s'il fallait à tout prix réduire le taux de natalité comme dernier atout du pays.

Jamais ces dispositions n’ont été débattues au sein d’un congrès. Il serait irresponsable de ne pas dénoncer haut et fort ces pratiques anti-démocratiques.
Nous appelons les militants, ceux de la fédération du Jura en particulier, de prendre conscience du danger que représente aujourd’hui cette politique, à dominante libérale, qui nous coupe de notre base traditionnelle, et qui est de nature surtout à favoriser les extrémismes.

La gauche ne pourra pas s’unir sans un parti socialiste suffisamment fort qui aura su retrouver ses valeurs et sa capacité de débattre.

JMG