mercredi 26 février 2020

Violence

Les "réformes" imposées ces dernières années à l'ensemble de la population française ne sont pas des réformes de progrès, elles n'améliorent ni la démocratie, ni le vivre ensemble, ni encore moins  la situation économique des citoyens que nous sommes, ni la "sécurité" dont le thème revient en force pour fonder ou refonder, en trompe l’œil, (comme on le voit à Paris avec la résurrection de Dati), une légitimité dont a besoin la droite pour se refaire une santé politique perdue. Au contraire elles ne font qu'exacerber la violence latente dans la société.

La dernière née de ces contre-réformes, celle des retraites par points, toujours en lecture forcée au Parlement, et à la merci d'un 49-3 antidémocratique, est la plus à même d'insuffler la violence dans notre société. Cette réforme va déclencher une baisse des retraites et pensions de 20 à 30 % appliquée à l'ensemble des salariés du privé comme aux agents de la fonction publique. Au sein de cette dernière, l'Education Nationale  ne serait donc pas la seule concernée. Mais c'est à elle seule que le gouvernement fait des promesses d'augmentation salariale pour compenser les pertes en matière de pension.

Cette réforme c'est du vol, du haut vol, un braquage légal, comme avait été du vol déjà la réforme voulue par Balladur en 1993. Cette loi avait allongé la durée de cotisation, uniquement pour le privé, de 37 à 40 ans, et en tenant compte des vint-cinq meilleures années au lieu des dix pour asseoir le calcul de liquidation de la retraite.
A l'époque les victimes de cette réforme n'en avait pas pris la mesure car Balladur avait pris soin de la lisser dans le temps. Par contre il y eut une sanction électorale dont ce même Balladur eut à pâtir.

Outre le projet de loi Juppé qui fut mis en échec par le mouvement social en 1995, la loi Balladur fut suivie par une autre votée en 2003 à l’initiative de Raffarin et Fillon.
Accompagné déjà par la direction nationale de la CFDT, le gouvernement d'alors s'attaquait cette fois aux pensions de retraite des fonctionnaires. Il arguait qu'il fallait se rapprocher, prétextant une mesure de justice et d'égalité, des conditions imposées aux salarié du privé par la loi de Balladur. L'allongement de la durée de cotisation qui en résultait, devait se traduire par un départ réel à la retraite à 62 ans. Je fais l'impasse sur les réformes de gauche comme de droite qui suivirent et devaient plus encore altérer un régime par répartition dès lors de plus en plus difficile à défendre.

Les réformes des retraites, devenues réflexes gouvernementaux rétrogrades, témoignent d'un long chemin de confiscation par l'Etat d'un bien appartenant, par les cotisations sociales, à l'ensemble du monde du travail. Confiscation, contrôle, appropriation définitive par le pouvoir politique central de ce qui historiquement ne lui appartient pas.
Cela signifie indirectement la mort de la démocratie sociale, pas celle défendue par une CFDT irresponsable qui défend l'idée que le syndicalisme pourrait directement intervenir dans les affaires de l'Etat dans un cadre néo-libéral, mais celle qui consiste à ce que le pouvoir économique redistributif reste d'abord l'affaire des salariés de ce pays.

On ne dirait jamais assez que les 350 milliards que représentent les pensions et retraites en France seront à la merci de fonds d'investissement au travers l'épargne-retraite que la réforme va mécaniquement favoriser. La manne financière pourra servir aux spéculateurs sans qu'elle soit avantageusement intégrée dans le circuit économique réel.

La situation est explosive, cette réforme si elle venait à se réaliser ne fera qu'augmenter une violence sociale exacerbée par la paupérisation de la population. Comment s'étonner qu'une telle réforme suscite autant de réprobation et de révolte ? Macron y va en force, tout en sachant que cette réforme techniquement et sans doute juridiquement, comme l'a anticipé et constaté le conseil d'Etat, n'est pas viable.

Espérons et exigeons le retrait pur et simple d'un texte qui ne ferait qu'installer la misère dans un pays déjà blessé par un chômage massif que le pouvoir a renoncé de combattre et de vaincre.

JMG

mardi 11 février 2020

Jamais trop de listes à gauche

(On m'aura pardonné ce titre légèrement provocateur)

A quelques semaines des municipales, la situation à Lons-le-Saunier ne s’est pas encore totalement éclaircie.
La droite version Pélissard, en place depuis 1989 , bien avant que je fusse né, pardon arrivé,  dans cette ville, cette droite  s’est pour ainsi dire éclatée comme on s’éclate de rire en trois ou quatre listes au début, puis en deux ou trois qui, historiquement ou pratiquement, partagent ses valeurs. Mais qu’est-ce la droite au fond, qu’entend-on par là ?

Je n’entrerai pas dans ce débat politico-philosophique aujourd’hui. Je constate seulement qu’aussi bien la liste de M.Bréro (déclarée forfait depuis), celle de M.Bois, celle de M. Perny, ou celle de M.Huet ont pu un moment ou un autre s’associer à la politique d’E. Macron. Et je n’ai vu ni entendu personne qui combattent ou a moins contredisent, au sein de chacune de ces listes, l’actuelle réforme des retraites qui, si elle était appliquée, signerait la fin d’un modèle social qui aura essentiellement contribué à la véritable richesse de notre pays.

On me rétorquera que les élections municipales ont à connaitre des situations politiques locales, et que ce qui se passe nationalement n’a pas grand intérêt au regard des grandes, monumentales et futures prouesses de ces candidats à transformer la ville de Lons-le-Saunier dans le meilleur sens historique possible.

Et bien non, ce qui se passe aujourd’hui en France intéresse au plus haut point les nouvelles municipalités qui verront le jour à l’issue des scrutins des 15 et 22 mars 2020, (c’est demain). Pour ma part il est clair que je ne voterai pour aucune de ces listes que je classe à droite de l'échiquier.
Je n'aurais pas voté non plus pour une liste qui fût favorable en son temps à la loi El Khomri, laquelle loi a considérablement abîmé le code du travail. Cette loi El Khomri me sert encore de repère pour faire la part entre gens de droite et gens de gauche. On a les outils qu’on peut pour séparer le bon grain de l’ivraie.

Il ne faut pas s’y tromper, même si elle apparaît de premier abord divisée, le nombre et la diversité de cette droite est impressionnante, elle reflète sa force électorale et surtout idéologique. Elle montre combien elle a pu imprégner la société au point, au niveau national, qu’elle prenne ou non une forme macronesque, de produire des contre-réformes aussi destructrices pour le monde du travail que celle des retraites !

Et la gauche dans tout ça ? D’abord, on l’aura compris, je dois me dire attaché à ce clivage gauche-droite qui permet d’éclairer, même s’il est forcément réducteur, un état de la société politique qui se partage ou s’oppose entre défense du capital et défense du travail.

En face de cette droite,  il n’y a donc potentiellement que deux listes de gauche. Une soutenue par le PC, le PS, EELV conduite par M.Ravier ; et une autre, dite citoyenne, conduite par Géraldine Revy, soutenue (mais du bout des lèvres à peine) essentiellement par la France Insoumise.
Cette dernière n’est pas certaine, au moment où l’on parle, de rassembler assez de noms pour se présenter au scrutin du 15 mars prochain. (Le fait que la France insoumise ait "enjambé" ces élections municipales, qu’elle n’ait pas voulu ou pu les prendre au sérieux constitue  à mes yeux une erreur  politique voire un aveu d'impuissance stratégique…mais c’est une autre histoire…)

Dès le départ,  l'ambition de cette liste citoyenne insoumise était de tenir compte, au plan municipal, du mouvement social et de celui des gilets jaunes. Il importait en effet de traduire la révolte de cette population oubliée de la société politique. L'analyse était que la présence d'une seule et unique liste à gauche, peu connectée de par sa composition avec l’électorat populaire, ne suffirait pas à donner un bon signal de mobilisation.

Même dans un contexte national de résistance sociale, le risque est grand en effet que beaucoup d’électeurs ne fassent pas le déplacement les 17 et 22 mars.
A Lons-le-Saunier, une deuxième liste de gauche, ne menace ou ne menacerait en rien la nécessaire unité. Elle pouvait permettre seulement de compléter une offre politique aujourd’hui limitée.

JMG