mardi 31 janvier 2017

L'honneur perdu d'un gouvernement

On peut se réjouir, même sans illusion, de la victoire de Hamon car, consacrant la défaite de Valls, elle dénonce et condamne une politique d'austérité idiote et contre-productive, source de souffrances pour l'ensemble de la population au travers d'une flexibilisation accrue dans le monde du travail, conduite par un François Hollande qui aura trompé son électorat populaire à un degré que la gauche jusque là n'avait jamais connu.

Beaucoup ont voté Hamon par défaut, mais ce vote n'en est que plus important. Il exprime une défiance radicale vis à vis de Valls mais aussi  vis à vis de tous ceux qui, osant se réclamer des valeurs de la gauche, auront réussi non seulement à la déstabiliser mais à confirmer le pays dans la crise au nom du modernisme ou de l'esprit de responsabilité. Comme si être responsable c'était s'autoriser à ne plus rien inventer du tout et pire s'ingénier à travailler pour le camp adverse, celui qui  finalement pourrait porter Fillon ou Le Pen aux portes de l'Elysée.

Ce vote sanction devrait conduire, pour le moins, le gouvernement à abroger la Loi Travail emblématique de l'action de l'ancien premier ministre. Loi travail qui, grâce à l'utilisation de l'article 49-3 de la Constitution, revient sur les garanties collectives nationales que contient jusqu'alors le Code du Travail. ( Jusqu'alors car tous les décrets ne sont pas encore parus et qu'il suffirait simplement, comme l'aura fait Villepin pour le CPE, de ne pas les publier)

Le peuple de gauche qui existe au delà-même du corps électoral qui s'est exprimé dimanche dernier serait en droit d'exiger ce retrait.

L'actuel premier ministre Bernard Cazeneuve serait inspiré d'accomplir ce geste qui permettrait de sauver ce qui reste encore de l'honneur du parti socialiste et de ces dirigeants aujourd'hui mis en minorité par l'électorat de la primaire "socialiste".

C'eût été trop beau, et c'est donc tout le contraire qui se produit, l'exigence démocratique étant foulée aux pieds par ceux qui sont, pour peu de temps probablement, encore au pouvoir.

Un jour après le verdict, recevant Hamon à Matignon pour du bout des lèvres lui apporter son soutien, Bernard Cazeneuve a exhorté celui-ci au rassemblement et a exigé de lui qu'il assume le bilan du gouvernement,  bilan dont les socialistes selon le premier ministre devraient se sentir fiers !

Nous sommes donc à mille lieux d'une abrogation de la loi travail par l'actuel gouvernement. Ce dernier ne tient aucun compte du verdict des urnes, il est dans une posture anti-démocratique qui finalement aura été le signe de ce quinquennat.

Quinquennat décidément catastrophique en cela qu'il ouvre la voie à des suites politiques qui pourraient se révéler incontrôlables.

JMG

lundi 23 janvier 2017

Valls ? Par ici la farine !

Je n'ai jamais été très chaud pour les primaires, mais bon elles existent, faut faire avec. J'ai donc été voté dimanche et irai probablement voté dimanche prochain abondant ainsi, et lui donnant même un petit supplément de légitimité quelle ne mérite peut-être pas, cette Belle Alliance Populaire dont le supposé caractère populaire n'aura été confirmé que par une participation en demi-teinte. Participation dont le chiffre aurait même fait l'objet de manipulations. Mais bon on va pas mégoter, si ça se trouve c'est encore un stagiaire à Solferino qui s'est gouré en confondant deux colonnes de son tableur excell. (j'déconne)

On dira ce qu'on voudra, et j'entends bien les arguments anti-solférinesque que je suis même prêt de partager, mais cette primaire reste un exercice démocratique. Et ça c'est bien, faut pas cracher dessus. Quand je vois un bulletin de vote mon sang ne fait qu'un tour, j'ai envie d'exercer, par ce petit bout de papier, ma volonté de puissance. Je me dis qu'une seule voix, la mienne bien sûr, peut faire basculer le scrutin et ainsi, accessoirement, sauver la France.

Pour dimanche prochain, nous avons finalement le choix entre Hamon et Valls (moi dimanche dernier j'ai voté Montebourg, je me suis gouré, mais j'avais de bonne raisons je crois, sur l'Europe et la question démocratique,  sur la VIéme république, sur la nécessaire ré industrialisation du pays, des choses comme ça...). Je dirais même que Hamon ferait bien de reprendre ces thèmes, en les martelant si besoin, en en faisant des arguments de campagne même si cela lui paraît archaïque, pas assez djeun, ou pas assez sexy comme aurait dit Tony Blair.

Car entre nous son revenu universel, c'est bien, c'est neuf, ça a permis de parler d'autre chose que la fainéantise et le coût prohibitif des fonctionnaires, mais c'est pas assez costaud pour une présidentielle où en face il va se trouver un réac. comme "courage Fillon" ou une quasi-facho comme Le Pen.

Si je vais finalement voter dimanche, c'est pour enfariner Valls. J'en ai vraiment marre de ce type qui nous prend pour des demeurés, qui nous sert de derrière les fagots des lois dont on ne voulait pas,
assez de ce personnage qui se fait passer pour un mec de gauche alors que sans vergogne il a, entre autres choses, instrumentalisé les Roms à des fins politiciennes, usant d'un populisme autrement plus détestable que celui dont on accuse Mélenchon.

Donc voilà, voter Hamon ça sera un peu de farine, ma farine à moi, pour la lancer à Valls, ça fait pas de mal, c'est doux, et ce sera bien plus efficace, et plus légal, qu'une simple gifle lancée à la sauvette par un petit jeune désorienté.

C'est déjà ça. Et après on verra.

JMG

vendredi 20 janvier 2017

Valls, Macron, nouveaux visages de la droite ?

Que veut Macron ? Que veut Valls ? Ne sont-ils pas de typiques incarnations du sarko-hollandisme, (terme qu'il faudrait mieux définir, j'en conviens) ? Pour Valls il n'y a pas beaucoup de mystère, son programme se résume pour l'instant à vouloir supprimer, et sans rire, le 49-3 des tablettes de la Constitution, et défendre son bilan, dont il est fier, très fier, en tant que Ministre, puis Premier ministre d'un président qui aura été bien inspiré de ne pas se représenter.

Plus c'est gros plus ça passe, mais ça montre que Valls, le bougre, se démène et se décarcasse et qu'il n'est toujours pas à une tromperie près même si cela paraît dépasser les bornes. Que cherche t-il au fond ? Sauver le PS ? Sauver la gauche, on en doute bien sûr, ou se sauver lui-même ? C'est pathétique, presque pitoyable, et pourtant il y aura encore des militants du parti "socialiste" qui ne voudront y voir que du feu. Ces faux-semblants sont autant de crachats qu'on leur lance au visage, ou de gifles qu'on leur donne, ils continuent malgré tout de le soutenir, comme ils soutiennent encore, sans en avoir véritablement mesuré les conséquences, cette loi travail qui constitue pourtant une ligne de démarcation significative, décisive entre la droite et la gauche.

Nous sommes dans la m...ouise, avec un Manuel Valls dont certains sondages nous disaient encore qu'il resterait le meilleur candidat de la gauche pour le deuxième tour des présidentielles, de 10 à 12% tout au plus d'intention de vote, moins que JL Mélenchon, et moins surtout que Fillon et Le Pen qui pourraient se retrouver au second tour.  Catastrophe !
Quant à Macron on nous dit qu'il pourrait sauver ce qui peut l'être encore. Le problème avec Macron c'est qu'il est encore moins "socialiste" que...Valls...l'alliance des deux termes faisant toujours mal à la raison. On est bien dans un brouillard crasse et il faudra faire avec.

Alors, puisque une hypothèse dispose que Macron serait aspiré par le parti socialiste et sa "belle alliance populaire", il faut se poser la question : que veut Macron ? De qui, de quoi est-il fait ? A-t-il un programme ?
Outre le travail le dimanche, et plein de belles choses, je n'oublie pas d'abord qu'il est l'inspirateur d'une loi éponyme qui a commencé d'esquinter le code du travail, le travail ayant été terminé par Valls et El Khomry. Il a aussi, entre autres choses, esquinter la sécurité sociale en instaurant les mutuelles d'entreprises. On copie ainsi le modèle américain, celui en tout cas en vigueur avant l'Obamacare. N'eût-il pas été plus simple et surtout moins inégalitaire et injuste,  plus économique même, d'étendre le domaine de la sécurité sociale ? La sécu, que le monde nous envie encore tant qu'elle existe, et dont on fête ces temps-ci les soixante-dix ans.

Macron veut "assouplir" les 35 heures, vieux thème défendu par la droite, en différenciant une durée du travail senior d'une durée du temps de travail pour les jeunes. S'agissant du déclenchement des heures supplémentaires l'effet pervers sera que l'heure de travail sera moindre pour ces derniers. Cela ne ressemble-t-il pas au Smic jeunes que la gauche en son temps avait unanimement combattu ?

Il veut pour les retraites un système à la carte, mais sans plus de précisions, pas en tout cas dans le sens du partage du travail.
Il voudrait encore, le conditionnel ici est encore justifié par le vague et l'inanité des propositions du candidat, davantage d'autonomie pour les établissements scolaires, d'abord pour le primaire, et plus si affinités. Sur le modèle britannique ? Peut-être, peut-être pas...
Oui, c'est vrai, il veut aussi supprimer les départements, mais pas tous, bon...

Tout cela n'est pas bien original, mais globalement participe de l'esprit néo-libéral, avec un zeste de colbertisme (pas trop quand même) mélangé à une espèce de néo-capitalisme fortement "ubérisé". Tout cela devant être lu à la lumière de son action dans le gouvernement Hollande, et de son passé de banquier à forte teneur rentière. Son projet devrait aller dans le sens d'une flexibilisation et d'une déréglementation de la société accrues, de plus en plus forte avec les faibles, faible avec les forts.
Macron y va aussi de son petit morceau sur la sécurité en projetant de recruter un peu plus de gendarmes et de policiers, il annonce le chiffre de 10 000, et, pour faire gauche un peu quand même, il programme le retour de la police de proximité.

Tout cela justifie-t-il la mobilisation de l'ensemble des media, qui se mettent en marche au service de la macronisation des esprits ? Tout cela sent l'artifice, ne peut faire rêver que quelques élus plus ou moins socialistes qui pourraient, en marchant ou en boitillant, sauvegarder leurs postes de député ou même envisager des alliances tardives pour leur ouvrir un avenir politique.
Et pour Macron, cerise ou rose sur le gâteau, il n'y aura pas besoin de la Belle alliance populaire, il y va et pis c'est tout...

Les boules quoi...

JMG

PS : c'est encore le cas de le dire, j'irai voter quand même à la BAP (quel nom ridicule décidément), j'aurais préféré Filoche mais j'irai voter Montebourg, pour beaucoup d'idées que je partage, comme la nécessaire ré-industrialisation du pays, ou la réorientation de l'Europe (en admettant que celle-ci soit encore possible dans le cadre imposé aujourd'hui). J'irai voter sans illusion, beaucoup pour la forme, un peu pour le fond, pour se persuader peut-être que la gauche que jadis représentait le PS n'est pas encore morte, et qu'elle doit rebondir, dans un autre cadre qui reste à inventer, à reconstruire, à soutenir, et surtout dans l'unité...sait-on jamais...


mercredi 11 janvier 2017

Populisme

Je reproduis ici un article que j'avais publié par ailleurs et que j'ai corrigé et actualisé

A moins qu’on ne le prenne au premier degré, notamment comme dégénérescence du discours politique, le populisme a bien à voir avec le peuple, ce peuple dont l’idée doit appartenir à la gauche. C'est la gauche qui a inventé la notion de peuple au gré des révoltes ou des révolutions démocratiques. En ce sens, le populisme, notion éminemment politique s'il en est, pourrait se définir comme la relation du peuple au pouvoir. Même si le peuple, au fil de l'histoire, a pu apparaître comme objet de pouvoir davantage que comme sujet, même enfin si la notion est aujourd'hui récupérée par les droites extrêmes.

Si être populiste c’est défendre les acquis sociaux, les services publics, l’idée que les moyens de production ne doivent pas seulement obéir à des intérêts privés mais aussi répondre au souci de l’intérêt général, si on veut empêcher la privatisation de la santé à des fins lucratives, ou l’éducation, alors il est légitime d’être populiste. Mais, pour reprendre une tournure désormais célèbre, de quoi le populisme est-il le nom ?

JL Mélenchon se targuait d’être populiste pour contrer une accusation de la droite ou de la gauche bien-pensante pour lesquelles populisme et démagogie seraient une seule et même chose. En ce sens le populisme de Mélenchon peut se comprendre comme une contre–attaque d’ordre sémantique, une provocation salvatrice pour affirmer à la droite que le peuple ne lui appartient pas. En somme, Mélenchon entend dire haut et fort que la gauche aussi peut être sûre de ses valeurs, ne plus en avoir honte. Cette attitude est loin d’être illégitime.
La droite, en particulier la droite sarkozienne qui était au pouvoir depuis 2002, date à laquelle son mentor devint ministre de l’Intérieur, cette droite-là, tout comme, pour une bonne part, la gauche hollandaise ou vallsite qui lui a succédé, est " bonimentariste."

Elle a la prétention, ou le rêve, de s’adresser au peuple elle aussi, mais c’est pour le tromper, l'histoire l'aura montré. Il s’agit là de la droite des promesses généreusement distribuées mais jamais honorées, jamais tenues, aussitôt dites aussitôt envolées, mais il y en a tant, dissimulées dans de l’événementiel sans cesse renouvelé, qu’on les oublie.
Ainsi le navire néo-libéral, dont la coque désormais est trouée à plusieurs endroits, continue de voguer malgré tout, poussé par le vent de la vacuité et des faux-semblants, et ce en dépit des tempêtes scandaleuses, ou de « réformes » rétrogrades (loi travail, loi Macron, réformes territoriales...) visant à l'intégration européenne sous l'angle de la domination financière.

Cette démagogie (car il s'agit bien de cela), de droite ou prétendument de gauche, sert l’oligarchie financière qui le lui rend bien par les moyens de communication écrits et parlés qu’elle développe au service de son idéologie. Le bonimentarisme, cette propension à un discours politique vide de sens, purement formel, s’inscrit dans la volonté farouche de conserver le pouvoir à tout prix, même à celui de nier les règles de l’éthique et de la démocratie, pour le bien exclusif de quelques-uns.

En ce sens le populisme, qu'une gauche qui se respecte devrait disputer aux droites extrêmes, est préférable à ce bonimentarisme qui fragilise la démocratie.

JMG

samedi 7 janvier 2017

Bonne année, bonne santé, et cetera

Va falloir s'habituer à ce chiffre sept, et nous avons un an pour cela avant d'en inaugurer un autre. Ainsi va la vie, et ses repères (artificiels mais nécessaires peut-être) qui fondent notre humanité, nous sommes faits aussi de ces rendez-vous calendaires, rituels ou pas, le tout étant sans en être dupes de ne pas les manquer.

Et donc bonne année à tous, que cette année, monarco-présidentielle, politique s'il en est, soit consacrée à la liberté, l'égalité, la fraternité, valeurs qui par nature devraient nous faciliter le choix parmi ceux qui se proposent à nos suffrages.
Ainsi pour ce qui me concerne, et pour être aussi peu diviseur que possible, je commence par éliminer : je ne choisirai ni Fillon, ni Le Pen, ni Valls, ni Macron. J'accorderai une mention spéciale à ces deux derniers, le cynisme de l'un faisant écho à l'aventurisme de l'autre, eux qui ont tant trahi la gauche pour la mettre dans la mouise où elle se trouve aujourd'hui.
Et donc j'écarterai ces quatre pour tout ce qu'ils ont déjà fait ou déjà déclaré. Je ne les mets pas toutefois dans le même panier. Que cette année à cet égard ne nous oblige pas à des ralliements terribles.
Outre la paix (mais laquelle au fait ?), souhaitons-nous la liberté, on ne sait pas ce qu'exactement elle est, mais avec un peu d'imagination, il est aisé de deviner ce que nous pourrions devenir si elle disparaissait tout à coup.

 Que cette année soit aussi celle de l'égalité retrouvée : l'égalité absolue n'existe pas et peut-être n'est-elle même pas souhaitable, il faut pourtant s'atteler sans relâche à la défendre pour éviter que les inégalités, elles, continuent de s'accroître. Or c'est notre lot aujourd'hui, notamment en France, ou dans l'Union Européenne qui les aura même exacerbées, fractures sociales, économiques, culturelles qui tuent la démocratie à petit feu. Défendons-donc l'égalité dont l'image se dissipe au fil des années à cause d'un néo-libéralisme ou d'un capitalisme financier qui n'ont rien perdu de leur virulence malgré ou par la caricature qu'ils sont devenus.

Enfin souhaitons nous la fraternité sans laquelle ni la liberté ni l'égalité, ou leur idée même, ne sont possibles. Sans fraternité, la liberté ou l'égalité pourraient même devenir un enfer.

Et donc finalement, je nous souhaite à tous la République, République Sociale avant tout (Fillon piège à cons !), qui succède enfin à la cinquième, moribonde, pour donner naissance à une autre, une sixième, qui s'acharnerait enfin, la nécessité faisant loi, à être écologique.

JMG