dimanche 28 août 2016

Présidentielles, n'en jetez plus

Beaucoup de monde à gauche (mais aussi à droite bien sûr, une droite qui atteint le fond de la démagogie, mais ici n'est pas le sujet) beaucoup de monde devant le portillon étroit de la présidentielle généreusement offert pourtant, et c'est là le paradoxe, par la cinquième république, institutions dépassées s'il en est qui font se reposer sur un seul individu le devenir politique et social d'un pays. On l'a vu tout récemment à propos de la loi travail travail avec un 49-3 qui a fini de souligner, grâce à une gauche de gouvernement en lamentable perdition, le caractère autocratique de cette constitution.

Il conviendrait d'abord de définir ce qu'est la gauche, grossièrement, ou plutôt ce qu'elle n'est pas, j'ai nommé des gens comme Hollande, Valls, excusez du peu...Il s'agit d'épousseter légèrement pour continuer l'analyse.
Ainsi nous avons depuis cette année une façon assez commode, et assez objective de distinguer ce qui n'est pas de gauche : tous ceux qui ont commandé ou soutenu la Loi Travail sans en avoir dénoncé les moindres dangers prévisibles. C'est un excellent tamis, un peu grossier certes dénonceront certains, mais faut bien commencer par faire un début de commencement de tri.

Mais revenons à nos moutons : Jean-Luc Mélenchon, Gérard Filoche, Marie-Noëlle Liennemann, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Cécile Duflot, sept cent millions de Chinois et moi, et moi et moi...J'ai dû en oublier, ce billet n'a pas la prétention d'être encyclopédique.
Il est dans la nature de la cinquième de cultiver les égos, c'est normal, nous sommes dans un régime ultra présidentiel, gagnera celui ou celle qui le plus fermement,  avec le plus de détermination, illusoire ou pas, croit en son étoile.
Montebourg, Hamon, Duflot, permettez moi de les mettre un peu à part de ce sous-ensemble, ils ont en effet participé à ce gouvernement Hollande et donc ont souscrit peu ou prou à des mesures que ce dernier a pu prendre. En cela ils ont de mon point de vue un peu perdu de leur virginité. Après Hollande il faudra en priorité des hommes neufs. 

Filoche en est un, de par son expérience, de part sa connaissance du monde du travail, il n'est pas hors-sol, ou déjà vieux, comme Valls, Macron, et propose de véritables solutions, bien que celles-ci bien sûr puissent paraître révolutionnaires et iconoclastes aux yeux des acteurs néo-libéraux qui de Hollande à Sarkozy, pensent et surtout proposent la même chose autour des thèmes éculés de la compétitivité, de la contraction des dépenses publiques, du dépérissement de l'Etat social et de l'Etat tout court.

Gérard Filoche surtout propose une stratégie. Il est peut-être le seul à avoir compris, alors que cela apparaît comme l'évidence même dans le cadre actuel des institutions, qu'une candidature unique de la gauche sera la seule façon de ne pas laisser aux droites extrêmes le soin de conduire les destinées du pays en 2017. Pour ce faire il s'agit de passer par une primaire de toute la gauche, qui ne soit pas celle dénommée, par un comique peut-être involontaire, la "belle alliance populaire" concoctée par les dirigeants actuels du parti socialiste.

Le principe des primaires n'est pas à l'origine une excellente idée, elle m'apparaissait à l'époque comme le symptôme d'une maladie de parti sans projet, s'en remettant à un seul homme dans le cadre institutionnel que l'on connait, le début de la fin en quelque sorte, dans la purée d'une dilution idéologique et programmatique dont on voit malheureusement les effets aujourd'hui.

Il faut cependant faire avec ça : et donc prendre les avantages d'une primaire auxquels participeraient tous les éléments de la gauche progressiste, sociale, écologiste, tous ceux qu'on a pu citer, mais y compris bien sûr JLuc Mélenchon sans lequel aujourd'hui rien n'est possible à gauche.
Sans doute ce dernier ferait-il un excellent score dans un premier tour d'élections présidentielle, peut-être irait-il à un second tour, mais après ? Serait-il en capacité, alors que d'autres seront sur les rangs, nombreux, de l'emporter pour un second ? Rien n'est moins sûr, c'est même couru d'avance. 
Et donc, dans l'urgence c'est vrai, il s'agit de construire une primaire, en décembre, qui mette en compétition loyale, à partir de programmes politiques clairs, tous les candidats défendant le progrès social comme seule condition au fond d'un développement économique harmonieux et durable.

Il faut un seul candidat pour une gauche rassemblée, il n'est pas trop tard, il faut absolument y travailler avec toutes les forces communistes, écologistes, socialistes de progrès.Cette primaire* de toute la gauche, progressiste, que Gérard Filoche défend, n'est un piège pour quiconque.
Elle peut au contraire constituer un grand espoir pour tous.

JMG

* une primaire de toute la gauche des 4 et 11 décembre est encore possible, mais le temps presse