mardi 22 décembre 2020

Syndicalisme : grandeur, servitude...et discriminations

Il ne fait pas bon être délégué syndical aujourd'hui, mais comme hier, le métier si j'ose dire a ses risques, en particulier dans la fonction publique territoriale, mais ailleurs aussi, partout où le dialogue social n'est le plus souvent qu'un vain mot. Cette question vient de faire l'objet en décembre 2020 d'un rapport du conseil supérieur de la fonction publique territoriale, rapport intitulé "Les discriminations syndicales et le dialogue social dans la fonction publique territoriale". 

Rappelons que la FPT fait partie, avec la fonction hospitalière, du deuxième versant de la fonction publique, elle réunit tous les agents publics qui constituent la cheville ouvrière de nos collectivités locales et de nos établissements publics, agents, fonctionnaires sans lesquels les élus politiques ne pourraient assumer leur mission.

Le droit syndical dans la fonction publique, rappelle le rapport, n'a été reconnu qu'en 1946. Cette jeunesse, même relative, explique en partie peut-être les difficulté de ce droit à se faire respecter, et paraît être à l'origine d'un dialogue social très souvent problématique entre élus-employeurs et agents publics représentés par leur organisations syndicales.

Le rapport fait, à juste titre, le lien entre discriminations syndicales et faiblesse ou absence du dialogue social. Il est avéré, j'en ai fait moi-même l'amère expérience comme de nombreux camarades, que les élus politiques ont beaucoup de mal à reconnaître la légitimité élective des représentants syndicaux. Le dialogue social doit s'inscrire dans un jeu démocratique plus authentique et plus respectueux de chacune des deux rives du dialogue.

Il est nécessaire de savoir ce qui est entendu par l'expression "discrimination syndicale", comme  source du déficit de dialogue constaté.

Ces discriminations se mesurent d'abord par le niveau de pénalité de salaire ou de traitement. Dans la fonction publique territoriale elle se mesure par les difficultés faites en matière de déroulement de carrière. Au total on a a évalué à 10% la perte financière subie globalement par les représentants syndicaux. Une étude d'il y a une dizaine d'années faisait ressortir que cette discrimination par le traitement avait des niveaux d'importance différents selon l'appartenance syndicale. La CGT notamment était la plus touchée, portant la perte financière à hauteur de 20%, à poste similaire et qualification égale, par rapport à une carrière "normale", c'est-à-dire sans engagement de nature syndicale. 

Les intéressés eux-mêmes ont tendance à considérer que c'est le prix de leur engagement, et oublient trop souvent de se défendre des conditions discriminatoires qui leur sont faites.

Mais il est un mouvement relativement récent qui tend à combattre ces sanctions obscures en y répondant par l'action judiciaire, notamment en faisant appel à la méthode des panels. Celle-ci permet de relever et d'identifier les abus discriminatoires. Cette méthode a pu se développer, timidement, dans le privé. Elle pourrait, et c'est souhaitable, tout aussi bien s'appliquer dans la fonction publique territoriale.

Un contexte juridique nouveau apparait, illustré, dans la Fonction publique notamment, par la loi d'août 2008 sur la représentativité syndicale portant obligation de négocier sur la conciliation vie professionnelle et vie syndicale ; ou dans le secteur privé, avec les ordonnances de septembre 2017 incitant les entreprises à négocier des accords de droit syndical.

Cet arsenal juridique cependant ne doit nous tromper, il ne doit pas cacher l'essentiel derrière des mesures qui peuvent être considérés comme des affichages politiques. 

L'enjeu est enfin de reconnaitre, singulièrement dans la fonction publique territoriale, le parcours syndical et les compétences qui lui sont naturellement attachées, afin pour le moins de ne pas sanctionner  l'activité syndicale. Le déficit en matière d'avancement doit être soumis à réparation par voie administrative ou judiciaire.

Malheureusement le contexte juridique peut aller aussi dans le sens de la régression. Il en est par exemple d'un nouveau type de régime indemnitaire, d'inspiration managériale néo-libérale, dit RIFSEEP (régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l'expertise et de l'engagement professionnel). La tentation est grande de la part des élus-employeurs d'instrumentaliser ce régime de primes, laquelle fait  la part belle à la subjectivité, pour sanctionner de fait les élus ou représentants syndicaux dans leur engagement militant, donnant objectivement à ces employeurs des outils supplémentaires à de potentielles discriminations syndicales.

Une enquête a été menée pour mieux connaître la nature de ces discriminations. Pour 43% de la population active la dégradation des relations avec la hiérarchie est perçue comme la conséquence de l'engagement syndical. Pour 51% elle est un frein à l'évolution de carrière.

Du point de vue des agents ou salarié membres d'une organisation syndicale 52% des sondés ont à déplorer une absence ou un refus de promotion, 45% une dégradation du climat de travail et 38% une dégradation générale des conditions de travail.

Selon le même sondage pour 35% de l'ensemble de la population active et pour 42% des adhérents d'un syndicat, l'engagement syndical constitue un frein à un déroulement de carrière normal et légitime.

Près de 80% des syndiqués a tenté de mettre un terme aux discriminations dont ils se pensaient victimes. Pour 42% les principaux obstacles à ces recours tenaient aux difficultés de réunir des preuves suffisantes susceptibles d'emporter la décision d'un tribunal.

Les agents qui font un recours pour discrimination se retrouvent souvent isolés et donc d'une certaine manière "aggravent leur cas."

Il est clair par ailleurs que le développement de la précarité, qui se traduit par la multiplication des contrats au détriment des postes de titulaires, n'incite pas à faire ce genre de recours. D'une manière générale la précarisation de l'emploi constitue un obstacle déterminant à la syndicalisation. C'est le serpent qui se mord la queue, plus de précarité affaiblit et fragilise le syndicalisme qui dès lors n'est plus en mesure de lutter efficacement contre la précarité.

Le rapport fait le tour des solutions possibles lesquelles tournent autour de la valorisation des acquis de l'expérience (VAE) reconnaissant les compétences acquises durant l'exercice du mandat syndical. Il en est d'autres mais ces solutions ne seront jamais véritablement satisfaisantes si le fait syndical n'est pas reconnu par le pouvoir ou ne parvient pas à se positionner comme contre-pouvoir accepté dans le paysage social.

C'est dire combien la solution est d'ordre politique. Il est temps sans doute de sensibiliser voire même de former les élus-employeurs à la réalité syndicale et à son respect. Les discriminations sont à la fois un signe et une cause d'un dialogue social abîmé. Celui-ci est pourtant indispensable pour permettre la sacro-sainte démocratie sociale que le pouvoir lui-même appelle de ses vœux. Mais n'est-ce pas le plus souvent pour des raisons purement politiciennes ?

Ce rapport est sans doute imparfait mais il a le mérite d'exister et de poser la question du lien entre discriminations syndicales et dialogue social dans le champ institutionnel au travers du conseil supérieur de la fonction territoriale.

Mais la tâche pour combattre les discriminations syndicales s'avère ardue, qui plus est dans un contexte où le pouvoir dans ses inspirations néo-libérales, s'acharne à casser les garanties collectives ainsi qu'il le montre avec sa loi de 2020 dite de transformation de la fonction publique.

Il est clair que dans ces conditions l'activité syndicale sera de plus en plus difficile à mener. C'est une raison supplémentaire de s'attaquer en priorité aux discriminations dont sont victimes trop souvent les représentants syndicaux.

JMG



samedi 14 novembre 2020

Eau, énergie : défense de nos biens communs

 La privatisation du gaz et de l'électricité en France, débutée en 2008 par un Sarkozy en plein délire néo-libéral, avec la complicité active de gens qui y avait intérêts financier et politique, continue d'avoir des effets catastrophiques dans notre pays.

En 2008 GDF et Suez fusionnaient, la maison mère GDF devenant Engie. Une filiale Suez Environnement (rebaptisée Suez en 2015) poursuivait ses activités dans les secteurs de l'eau et des déchets.

Il fut un temps, pas si lointain, où l'on vantait la gestion de l'énergie, gaz, électricité, telle qu'elle s'opérait en France, en la comparant à ce qui se passait par exemple aux Etats-Unis où une gestion capitalistique faisait passer l'intérêt général bien après les intérêts particuliers. 

C'est la commission européenne qui imposa dès 2004 l'ouverture à la concurrence avec cette illusion ou ce mensonge qu'elle réduirait le prix à la consommation de ces énergies. On s'aperçut vite du contraire. En une dizaine d'année, le prix du gaz augmentait de plus de 60% et celui de l'électricité de plus de 20%.

L'actuelle tentative de fusion entre Veolia (ancienne Compagnie Générale des eaux, 180 000 salariés) et Suez ( 90 000 salariés) s'inscrit dans la remise en cause des services publics de l'énergie tels qu'ils avaient été voulus par le Conseil National de la Résistance. 

Poussée par un appétit sans bornes, et contre toute logique industrielle, Veolia entend avaler Suez, d'abord en rachetant les parts détenues par Engie, puis en lançant une offre publique d'achat inamicale sur l'ensemble restant des actions Suez. 

Rappelons qu'Engie, détenu à 23,6% par l'Etat, détient lui-même 32% de Suez. C'est dire que le gouvernement Macron en l'occurrence n'est pas dans cette affaire tout à fait innocent. Il choisit de ne rien faire, encourageant la casse de nos industries et de nos services, en les laissant à court terme à la merci de fonds d'investissement privés.

Il va sans dire que ces jeux capitalistiques ne manqueront pas d'être désastreux sur le plan social, accroissant la précarité des salariés de ces entreprises comme celle de leurs "clients".

Tout cela paraît compliqué ? Ca l'est ! Loin d'un pôle public de l'énergie, loin de l'époque où GDF s'occupait du gaz et EDF de l'électricité, et quand l'eau, l'assainissement, les déchets pourraient directement être gérés par les collectivités locales et non pas par des intermédiaires qui coûtent si cher à l'ensemble de la collectivité. Oui, compliqué et finalement opaque en l'absence de tout contrôle des usagers de ces services pourtant essentiels. Cette opacité est voulue, elle autorise et permet l'absence de la maîtrise publique.

L'enjeu est capital, il faut tout faire pour que la population s'y retrouve au travers de processus de gestion plus démocratiques et finalement moins coûteux. 

Cette fusion annoncée de Veolia et Suez, si elle parvenait à son terme, concernerait 50% du marché de l'eau potable et 44% de l'assainissement collectif. 

Les opérateurs publics quant à eux, c'est-à-dire les communes et leurs établissements publics, gèrent encore aujourd'hui, par le biais de régies publiques, 35% de l'eau et 46 % de l'assainissement. 

Il faut aller dans ce sens, les outils juridiques existent, pour ne pas laisser le privé, et en définitive des milieux financiers nocifs, s'occuper de ces bien communs que sont l'eau, l'assainissement et la gestion des déchets, particulièrement dans un tournant de l'histoire humaine si cruciale eu égard aux questions environnementales. 

La balle est donc aussi, surtout, dans le camp des élus locaux, en tout cas dans le camp de ceux qui jusqu'ici abandonnent leur responsabilité au profit d'entreprises qui font la part belle à des actionnaires avides de gains toujours plus grands. 

Il ne manque que la volonté politique, et le courage, qui puissent conduire le plus rapidement possible à des actes de remunicipalisation de ces services.

JMG




dimanche 1 novembre 2020

Guerres

Cela pourrait même se réduire à une question de temporalité : nos civilisations seront mortes avant qu'elles n'entrent en guerre.

Hutington aura fait fausse route, il n'existe pas de choc de civilisations, ou bien nous en sommes encore loin, très loin, il s'agit là d'un leurre, d'une chimère utile à certains, une manière pour les puissants de ce monde de sauvegarder à tout prix leur hégémonie sur le reste de l'humanité. 

Les guerres de civilisation, s'il en est, ne sont les guerres que de quelques-uns, de ceux qui détiennent un pouvoir politique, économique, militaire. Ce ne sont pas les guerres de tous, même si tous nous pourrions être impliqués dans une réalité malheureuse portant ce nom. Ce ne sont pas, en tout cas, des guerres voulues par les "hommes inutiles"(Pierre-Noël Giraud), c'est-à-dire ces hommes et femmes que le crédo et la pratique néo-libérales ont, parce que des oligarques y trouvent intérêt, rendu "inutiles" et superfétatoires, par le chômage, l'exclusion politique ou sociale, et plus grave encore dans l'exclusion et la mort culturelles.

Les prétendues guerres ou chocs de civilisation ne sont jamais que des guerres civiles, le plus souvent larvées, auxquelles on entend donner une statut plus grave, plus étendu, faussement essentiel et inéluctable. 

Ainsi les attentats islamistes que la France connaît aujourd'hui, à Paris, Conflans-Saint Honorine, Nice  doivent nous conduire, malgré l'horreur qu'ils inspirent, à garder notre sang-froid, et à ne pas d'emblée les considérer comme les produits directs d'un choc hypothétique entre le monde occidental au sens large et un monde islamique moyen-oriental qui nous serait a priori hostile. Ainsi ces événements douloureux interpellent-t-ils notre capacité de résistance, mais ils doivent aussi nous faire redoubler de sagesse afin de ne pas nous laisser nous-mêmes gagner par une barbarie contre laquelle précisément nous prétendons combattre.

Ces attentats immondes ne font qu'entretenir une chimère utile aux pouvoirs qui, en l'occurrence, s'exerce d'une rive à l'autre de la Méditerranée, d'un continent à un autre continent, mais sans qu'il se produise nécessairement un choc entre deux entités massives aux contours incertains.

Il n'est donc pas de guerre intercontinentales, il n'est que des civilisations ou des peuples que dominent en leur sein des forces oppressives qui les tiennent en joue. Cette prétendue guerre de civilisation en cache d'autres plus internes, on dirait plus intimes, à l'intérieur même des pays qui les composent, et qui en conséquence se donne les moyens guerriers et oppressifs pour contenir au sein même de leur population les contre-pouvoirs qui pourraient les mettre en échec. 

Les polices, les armées de tout Etat, comme le soupçonnait Léon Tolstoï, sous le prétexte (justifié en apparence) de protéger leur peuple sont trop souvent utilisées pour permettre la conservation des pouvoirs en place.  Ces prétendues guerres de civilisation, tout aussi "religieuses", ont donc pour fonction cachée de museler des peuples et de les conduire malgré eux à la guerre.

Derrière les guerres de civilisation, hypothétiques, chimériques, se cachent, plus cruelles encore, les  guerres civiles présentes ou à venir.

JMG



samedi 24 octobre 2020

Petit duel sans conséquence

 J'ai pris sur moi, mais n'exagérons rien car ce n'était pas insurmontable, de regarder ( le 23 octobre en fin d'après-midi) un débat sur CNEWS. A ma gauche, Zemmour Eric et à ma droite, Onfray Michel. Je ne déteste pas ces matches de boxe où les deux adversaires ne sont pas de votre camp. Ainsi en quelque sorte est-on certain de gagner. On me disait qu'ils étaient tout deux fachos et j'ai donc pris une heure ou un peu moins pour vérifier en tentant de comprendre ce qu'ils défendent et qui les fait courir, tout en faisant abstraction autant qu'il est possible de mes propres convictions ce qui dans ce cas, je dois l'avouer, fut difficile. 

Onfray parle sans cesse surtout lorsqu'on lui donne la parole, en un ton monocorde et grave, il est plutôt calme, posé, ne s'énerve jamais, mais il écoute, le regard fixe, fort de ses connaissances philosophiques, on ne peut lui enlever ça, et ces dizaines de livres commis dont certains  traduits à l'étranger. Tant mieux pour lui.

Zemmour lui est plus nerveux, agité, de cette agitation que produisent les convictions chevillées au cœur. On ne peut lui enlever ça à lui non plus. Après tout il en a le droit, c'est le cas de le dire, du moment où il n'enfreint pas la loi en tenant des propos pour lesquels il a déjà été condamné.

Bref, bataille de mots entre deux types cultivés qui s'attachent, parce qu'ils en sont capables, à illustrer de leur connaissance livresque, des arguments discutables.

Les deux s'accordent, avec quelques nuances, à faire des guerres de civilisation le moteur de l'histoire, l'un Zemmour, se réclament d'un essentialisme assumé, et l'autre, Onfray, dont je ne sais trop quoi.

Pour Zemmour, cette guerre est en train d'être gagnée par le monde arabo-islamique comme il dit, aux dépens de la civilisation judéo-chrétienne qui est à la base de nos société occidentales. Celles-ci sont menacées, à la limite de l'apoplexie, submergées qu'elles seraient par des centaines de milliers d'émigrés pour lesquels le droit d'asile ne devraient même pas être évoqué. Pour Eric Zemmour le droit d'asile ne devrait pas exister, ce droit est nul et non avenu, sauf pour Victor Hugo contre Napoléon III. Sans rire. 

C'est que pour Zemmour tous ces immigrés, quittant leur pays, s'attaquent à la France. Ils sont, parfois malgré eux comme il le reconnaît quand même, les porteurs d'un islamisme radical dont la volonté impérialiste n'est plus à démontrer. 

Pour lui, la Chine paradoxalement ferait partie du camp occidental en cela qu'elle consent et participe, contrairement au monde arabo-musulman, à la fête économiste mondialisée, concurrentielle et consommatrice.

De son côté Michel Onfray, qui manifestement ne croit plus en l'Europe qu'on nous sert, ce en quoi il n'est pas à blâmer, est persuadé lui aussi de la réalité d'une guerre des civilisations que nous serions en train de perdre. Un jour, interrogé par un journaliste qui lui demandait s'il lui arrivait de douter, répondit : non jamais. Drôle d'idée, il ferait mieux de douter de temps en temps. Ce serait plus philosophique. Mais cela confirme le peu de confiance que l'on peut accorder à un philosophe qui a dit tant de mal de la trottinette et de tous ceux qui en faisaient (comme moi). 

Contrairement à Zemmour, il met face au monde occidental, dans un même camp la Chine et l'ensemble du monde musulman. Au diable l'avarice. Je crois avoir décelé qu'il mettait un peu moins l'accent que son acolyte sur le supposé péril migratoire. Il dit surtout craindre de la civilisation occidentale sa disparition annoncée, crainte exagérée sans doute, d'autres périls étant possiblement bien plus menaçants et proches de nous.

Bon, je n'ai pas la prétention d'avoir tout compris (mon côté islamo-gauchiste ?), mais cela ne m'étonnerait pas que ce genre de discussion n'incite plutôt certains imbéciles à des velléités de guerre civile, comme on le constate en ce moment après un attentat atroce dont la victime elle-même aurait regretté les excès politiciens en guise de réponse. Réponses contre-productives le plus souvent et inefficaces ne servant qu'à instiller une peur supplémentaire qui n'évite pas le danger islamiste.

On retiendra que le débat reste instauré durablement de fait entre la droite et la droite. Ce n'est pas étonnant pour une discussion organisée par une chaîne d'info continue appartenant à M. Bolloré.

Le débat par ailleurs n'a fait aucun mort et n'a donc laissé aucun des deux sur le carreau. Tout en restant gentil on est en droit de trouver ça dommage.

JMG








lundi 12 octobre 2020

Vertige sécuritaire

 Depuis au moins trois décennies, après Pasqua, Chirac, Sarkozy, Valls, et durant Macron, Castaner, et plus récemment Darmanin pour raisons d'immédiateté électorale, ce qu'on doit nommer encore la droite, dont le macronisme, continue de plus belle de jouer sur la peur des Français pour s'accaparer ou conserver son pouvoir électoral et politique.

Le thème de la sécurité à cet égard est toujours aussi prometteur car les arguments délivrés, pour être le plus souvent fallacieux, n'en sont pas moins efficaces. L'insécurité publique, ou l'appréhension ou l'angoisse qu'elle suscite, ne serait-ce qu'en la suggérant et en la prenant comme outil politicien, est au centre des préoccupations de tout individu qui se respecte. Un brin d'agitation des peurs peut conduire à la déraison. Depuis quarante ans la délinquance n'a pas augmenté et pourtant le sentiment d'insécurité, alimenté par des politiques qui soufflent sur les braises, est plus fort que jamais.

Il se trouve que ceux qui convoquent l'insécurité à des fins électoralistes sont ceux qui précisément, comme Sarkozy en son temps au nom de la révision générale des politiques publiques, ont diminué les moyens de la police nationale en amputant ses effectifs d'au moins 10 000 équivalent temps plein. 

Mais même en pleine contradiction politicienne, les arguments pour un sécuritarisme outrancier sont d'autant plus crédibles qu'ils se fondent sur du vrai et perçus tragiquement comme une remise en cause de l'intégrité individuelle. La peur, qu'elle soit nourrie du réel ou de l'imaginaire, est mauvaise conseillère surtout lorsqu'elle est instrumentalisée par des gens qui s'accrochent au pouvoir sans mesure et hors de tout sens de l'intérêt général, faisant passer le leur bien avant.

Ainsi contribue-t-on à distiller dans la société une peur, diffuse mais réelle, qui pousse le sentiment d'insécurité dans une augmentation sans fin sans pour autant faciliter des solutions pérennes.

N'en déplaise aux va-t'en guerre civile, l'insécurité est (aussi et d'abord) une donnée subjective. Or, en ce domaine comme en d'autres, on ne peut être efficace si on ne fait pas l'effort de l'objectivation. Oui, contrairement à ce que prétend cette droite conservatrice qui inonde de ses propos démagogiques et primaires la plupart des plateaux télé, il convient de faire l'effort, non pas d'excuser bien sûr, mais d'expliquer et de "déconstruire" les phénomènes d'insécurité et de délinquance pour en connaître les raisons profondes. Expliquer pour s'éviter des solutions hâtives sans efficacité, faute de quoi notre société civile sera toujours condamnée à subir. 

Suite à des événements de délinquance cet été, des municipalités nouvellement élues, comme celle de Lons-le-Saunier par exemple, glissent sur la peau de banane sécuritaire dans des solutions trop immédiates pour etre bien pensées. La nouvelle municipalité divers gauche de Lons-le-Saunier décide, alors qu'il n'existait pas jusqu'ici de police municipale, d'en créer une. On soulignera le paradoxe de cette innovation : la gauche succède à une droite qui depuis trente ans avait fait le choix de ne pas en créer, se limitant jusqu'ici à une équipe d'agents de surveillance de la voie publique. 

La création de quatre postes de policiers municipaux, dans un contexte de pénurie financière imposée par les gouvernements successifs, ne manquera pas de grever un budget qui aurait pu servir à d'autres causes. 

A tout prendre, dans une question fermée, entre une police et un musée, j'aurais choisi ce dernier et rappelé à l'Etat ses responsabilités en matière de police. La création de polices municipales risque d'ailleurs d'encourager l'Etat à ne pas prendre des responsabilités qui sont les siennes. Ce transfert de charges est tout bénéfice pour l'Etat central.

Il conviendrait que l'Etat, et ce gouvernement plus précisément, travaille à restaurer la confiance de la population dans sa police nationale en lui donnant les moyens de fonctionner pour la paix civile, (tout en se gardant d'en faire, comme ce fut trop le cas ces dernières années, un outil de répression des libertés publiques.)

JMG





samedi 4 juillet 2020

Municipales Lons-le-Saunier : félicitations

C'est volontiers que je félicite la liste d'union conduite par J.Y Ravier, (qualifiée par l’administration préfectorale de divers gauche) qui a remporté les élections municipales à Lons-le-Saunier, c'est volontiers et avec plaisir que je le fais, car il était temps que la gauche gagne à nouveau à Lons-le-saunier tant les esprits se font durablement aux rentes de situation politiques.

Plus de trente ans que la ville n'avait pas vu ça, une municipalité qui ne fût pas issue de la droite.
J'avoue que je n'y croyais pas et j'ai déjà ici fait part de mes doutes voire de mes réserves. La gauche a gagné, c'est la promesse d'un changement. On ne sait encore exactement lequel, et de quelle gauche il s'agit, l'avenir et l'action le diront bientôt à la lumière du temps qui passe, mais cette liste bon an mal an veut bien se nommer ainsi, c'est tant mieux. Nous verrons bien si le mot pour une fois correspond à la chose

De plus s'est-elle opposée à une liste soutenue par le maire sortant, J.Pélissard, qui aura été le seigneur républicain de ce territoire pendant plus de trente ans, a-t-on vu beaucoup de princes régner aussi longtemps ? Pour faire des choses utiles à la populations et pour en faire d'autres qui le furent moins. Mais trente ans c'est beaucoup, c'est trop même, d'autant qu'on allait changer de tête sans changer de casquette en la personne de celui que J.Pélissard avait désigné comme son successeur, C. Bois, sympathique et souriant au demeurant mais sans que cela suffise au besoin de renouvellement.

C.Bois avait un frère ennemi (pas qu'un sans doute) et c'est cela qui l'a fait tomber, la droite s'est divisée, J.Pélissard aura raté cela aussi, à moins qu'il ne l'ait fait exprès en guise de cadeau d'adieu.
Un gagnant sans conteste dans l'ensemble du pays, ce fut l'association non formatée des pêcheurs à la ligne, une abstention qu'on avait jamais vue encore pour des élections municipales, et de cette abstention Lons-le-Saunier, à plus de 56%, n'aura pas été en reste. Bien sûr le coronavirus y aura été pour quelque chose, mais aussi, je l'avais souligné, la confusion en politique, qui parvient à nous faire prendre, à nous le peuple, des vessies pour des lanternes.

Donc voilà la gauche est au pouvoir municipal dans la préfecture du Jura.
Je remarque d'abord que la liste "citoyenne" soutenue par la France Insoumise, si elle n'a pas apporté de bien par le petit score qu'elle a fait, n'y a fait aucun mal. On avait craint (que n'avons nous pas entendu à ce sujet ) que sa présence aurait pu mener particulièrement à Lons, la gauche à sa perte. Il n'en a rien été bien sûr et le problème ne s'est même pas posé. La France Insoumise s'est faite l'artisane de sa propre défaite, au plan national comme au plan local, ne serait-ce que pour avoir rendu invisibles la plupart de ses listes. J.L Mélenchon a eu, semble-t-il, l’honnêteté de le reconnaître. Mais bon, passons.

Et donc je félicite les vainqueurs même si ce fut sur le fil, c'est le résultat qui compte et il fut inespéré. Dès lors tout peut s'annoncer possible pour le vivre en commun municipal, sans oublier personne des hommes et des femmes de bonne volonté, ils sont les plus nombreux. La tâche est ardue, et bien de nouveaux élus, parmi les plus sincères et les plus armés politiquement, n'en ont pas  réellement encore conscience. Passé le temps de la joie et de l'ivresse de l'avoir emporté, il faudra bien se mettre au travail, et résolument.

Le premier travail pour un élu c'est d'éviter d'avoir la grosse tête. Pour ne pas l'attraper, il convient d'avoir toujours un œil sur le programme annoncé pendant la campagne. Allié à l'expertise du réel, en général ça calme. Dans ma modeste carrière de fonctionnaire, qui plus est syndicaliste, j'aurai trop connu d'élus qui l'attrapaient bien plus vite (la grosse tête) qu'aujourd'hui on contracte le coronavirus.

Féliciter quelqu'un c'est l'encourager à être heureux, comme ici d'avoir été élu (avec d’ailleurs bien enfouies quelque consonances religieuses), mais c'est un bonheur relatif, précaire, délicat et glissant. 
Le seul bonheur qui vaille finalement c'est celui, le plus exigeant, de servir la population.
En gardant la tête froide et restant fidèle à ses valeurs comme prioritairement, la volonté de défendre le monde du travail  ainsi que les plus faibles en promouvant les services publics et les fonctions qui les accompagnent.

Sans plaisir forcément, le bonheur est là peut-être, à ne pas décevoir. Et donc bon courage.

JMG

lundi 22 juin 2020

à bout, la révolte

Seuls les inconscients, parce qu'ils auront été perméables à la propagande de ce gouvernement, n'auront pas été touchés par la souffrance physique et plus encore morale de cette infirmière interpellée par la police le 16 juin au cours d'une manifestation pour la défense de l'hôpital public.
Sa photo, où on l'a voit encadrée sans ménagement par des policiers armés et casqués, aura fait le tour des réseaux sociaux.

Comme l'ensemble de ses collègues cette infirmière a été pourtant pendant plusieurs semaines parmi ceux et celles qui ont fait front contre la pandémie dont d'ailleurs elle-même a été victime. Comme si cela ne suffisait pas elle est aussi la proie d'un pouvoir qui s'acharne contre elle sur le plan judiciaire.
Elle passera le 25 septembre devant le tribunal correctionnel pour outrage et violence sur personne dépositaire de l'ordre public.

Ainsi donc les rôles sont inter-changés, les media ont retenu de Farida, c'est son nom, l'image d'une délinquante qui jette aux forces de l'ordre des morceaux de bitume que l'on confondra opportunément avec des pavés pour mieux faire passer ce message : tolérance zéro pour tous ceux qui résistent, y compris ceux qu'E.Macron a qualifié dans son infinie reconnaissance de "héros".

Il faut bien faire oublier à la population l'essentiel. Ce gouvernement, il est vrai qu'il n'est pas le premier, continue d'affaiblir l'hôpital public, encore 600 suppressions de postes annoncées au CHRU de Nancy par exemple, hôpital public qu'il entend privatiser à terme, pour en faire un  endroit privilégié de marchandisation au lieu de le considérer prioritairement comme un havre de secours et de soins.

Au lieu de répondre concrètement et efficacement à des revendications légitimes, il interdit les manifestations et fait donner sa police dont il ne condamne qu'au bout des lèvres les violences avérées de certains de ses membres.

L'image était trop belle de cette militante prise en flagrant délit d'outrage aux forces de l'ordre. Cela fait de Farida une double victime, victime comme personne soignante maltraitée institutionnelle dans son travail, victime comme citoyenne non autorisée à exprimer un désaccord profond et durable.

Mais alors pourquoi ce geste qui, au plan médiatique et légaliste, la disqualifie ? C'est que la coupe est pleine, c'est que le dégoût remplace ou empêche la raison, c'est que l'irrésistible révolte emporte tout souci de son propre ménagement.
Cette infirmière, invisible pendant la lutte qu'elle a menée contre la pandémie avec ses collègues, entendait être enfin visible non pas par besoin d'une improbable notoriété, mais par désespérance, par une déception extrême qui peut se muer en haine envers des gens "responsables" qui la maltraite elle-même et son métier.

D'où ces gestes qui ne sont pas ceux d'une criminelle.

La responsabilité en incombe à ce pouvoir qui ne négocie pas, qui impose ses vues, qui réprime, qui nie la démocratie sociale, au risque des révoltes et des violences qu'il suscite lui-même.

La violence n'est pas du côté des plus faibles.

JMG



mardi 9 juin 2020

Lons-le-Saunier : 28 juin, second tour municipales 2020

  Communiqué Gauche Démocratique et Sociale Jura            


 Le 28 juin se tiendra le deuxième tour des municipales à Lons-le-Saunier comme dans de nombreuses villes en France.
Nous déplorons que les collectivités territoriales, et les communes en premier lieu, soient sous contraintes budgétaires, affaiblies qu’elles sont par les baisses de dotation de l’Etat central. Elles ont à subir également les effets d’une politique fiscale injuste imposée par un gouvernement sourd à imposer de véritables réformes qui pourraient être bénéfiques à l’ensemble de la population.
Au contraire les contre-réformes prescrites ou accélérées par le gouvernement sont autant de marches en arrière comme celles qui touchent et affaiblissent depuis des années l’hôpital public et l’ensemble des services publics.
C’est pourquoi ces élections doivent être aussi l’occasion de dénoncer ceux qui soutiennent ces politiques, comme à Lons-le-Saunier la liste conduite par un pilier  de la République en Marche.
Au terme d’une campagne électorale, confuse à bien des égards, deux listes sont en présence, la liste C. Bois soutenue par LREM et J. Pélissard d’une part, et d’autre part une liste d’union de gauche conduite par JY. Ravier.
La Gauche Démocratique et Sociale  appelle à voter pour la liste Ravier soutenue par le PC, le PS et EELV. Cette liste a su travailler pour un projet municipal qui doit rassembler les citoyens de Lons-le-Saunier attachés à une ville davantage sociale et écologique, valeurs que la gauche démocratique et sociale défend naturellement.

A Lons-le-Saunier, le 9/06/2020

vendredi 5 juin 2020

Municipales : on ne gagne rien à trop perdre

On ne peut le nier, et le reconnaître devrait constituer le début d'une solution et mieux encore d'une résolution, les résultats du premier tour des municipales à Lons-le-Saunier ne sont pas bons pour la gauche.

Je veux parler d'une gauche de transformation (voire de conservation) sociale qui soit d'emblée résistante devant les coups de butoir d'un néolibéralisme dont les ravages nous sont apparues évidents lors de cette crise sanitaire. De celle-ci, semble-t-il, ni le gouvernement actuel, ni son opposition de droite classique, ne veulent reconnaître et combattre les  raisons profondes. 

Ainsi par exemple, l'hôpital public a fait les frais d'une austérité qui depuis trente ans n'a pas manqué de s'accroître. Les moyens donné aux hôpitaux publics ont diminué alors que la population française a sensiblement augmenté. Des dizaines de milliers de lits ont été supprimés, près de cent mille en trente ans, de même que de nombreux postes de soignants. Cette politique désastreuse a fait peser, sur les services des urgences notamment, tout le poids et les souffrances d'une austérité imposée et inutile.

Les élections municipales se jouent donc dans ce contexte. Elle ne peuvent, elles ne doivent pas être divertie de cette réalité économique et politique dont les responsables doivent être, si on ose dire, distingués.
Les responsables ce sont tout ceux qui, de leurs localités respectives, ont soutenu ces politiques, comme celle de la tarification à l'activité par exemple laquelle, de fait, favorise la privatisation rampante ou franche de l'hôpital public.
Ces politique doivent être condamnées à tous les niveaux, et donc à l'occasion aussi des élections locales.

Voici donc rappelés ces résultats du premier tour à Lons-le-Saunier:

liste C.Bois soutenue par le maire actuel (LR) : 36,22%
liste J.Y Ravier (PS, EELV,PC, société civile) : 29,99%
liste J.Huet (divers droite, dissident) : 21,01%
liste C.Perny (divers gauche?, ancien PS, ancien Macroniste mis à l’écart) : 7,66%
liste G.Revy (liste citoyenne soutenue par LFI) : 3,61%
liste J.Morel (LO) : 1,52%

Bien sûr, et pour paraphraser Lénine, l'arithmétique est têtue. La liste Bois est proche de l'emporter, je doute que les voix de J.Huet, en dépit de toutes les velléités de recomposition ou décomposition de listes à droite, se porte en tout ou partie significative sur la liste Ravier. 

De même que je ne m'attends pas à ce que les 7,66% des électeurs déçus de C.Perny se portent comme un seul homme ou femme sur cette même liste.

Quant à aux voix de la liste "citoyenne" soutenue par Lfi, elles ne sont pas en mesure, de par leur nombre, de se faire décisives.  Le refus de l'unité lui aurait-t-il été fatal ? Ou bien La France Insoumise ne se serait-elle pas donnée les moyens de prendre au sérieux ce scrutin municipal ? J'en prends ma (petite) part de responsabilité.
Dommage, car une gauche structurée sans une gauche alternative sur laquelle s'adosser, n'est rien.

Cette situation difficile est aussi le produit de la confusion idéologique dont ces gauches sont victimes depuis un certain nombre d'années. On en voit ici à Lons-le-Saunier, les répliques locales. Pourtant le bilan de l'ère Pélissard, après trente ans de règne sans partage, n'est pas si brillant, il aura même été destructeur comme par exemple la liquidation de la MJC. Sa réussite est essentiellement politique, il aura fait de son électorat un roc à toute épreuve, même à celle d'une apparente division de la droite. 

La confusion localement est même illustrée, de manière baroque et caricaturale, par la présence dans la liste Bois de J.P.Huelin, de P. Petitjean, ancien(ne)s du PS, qui se sont ralliés au centre-droit pour garder leur place ou pour avoir mieux. Et je ne parle pas de la députée D.Brulebois qui du PS est passée sans coup férir à la LREM. Je le dis en passant : il n'est pas de vraie politique sans un peu de morale.

Confusion encore avec la présence ambiguë  au premier tour de C.Perny qui après avoir appartenu au PS, a rejoint LREM pour ensuite en être plus ou moins rejeté.

Oui, rien qu'à le dire c'est compliqué, complication de nature à décourager plus d'un électeur, tenté plutôt par la pêche à la ligne.

Il apparaît, au cours d'une campagne bien singulière pour cause de pandémie, que la liste Ravier aura fait un travail collectif intéressant. portant un projet municipal plutôt cohérent.
Sans autre dynamique, cela suffira-t-il ? Ce qui est certain c'est qu'on retrouvera au conseil municipal au moins les quatre ou cinq noms de l'actuelle opposition municipale issue de la liste M.H Duvernet* de 2014, (à part le PC qui s'était à raison présenté seul à l'époque).

Une victoire est donc bien incertaine, même en comptant sur le retour des abstentionnistes.
Mais il reste un espoir, et donc il faut le jouer, il faut battre la droite. Pour ma part le 28 juin je voterai pour la liste Y. Ravier.

JMG


*lequel, avec l'appui de C.Perny, s'étaient allègrement affranchis des règles d'un parti socialiste qui ne s'en est jamais véritablement remis. 








mercredi 20 mai 2020

Comment (se) payer la tête des héros

Le gouvernement a donc consenti à ce qu'une prime exceptionnelle soit versée aux personnels soignants pour les remercier de leur mobilisation sans faille lors de la crise sanitaire. Elle irait de 300 à 1000 euros, voire plus,  des écarts importants selon les hôpitaux, les fonctions exercées, selon qu'on soit médecins, infirmières, aide soignants, selon les régions...Et pas selon le temps qu'il fait ?

Outre celles dont bénéficieraient certains salariés du privé, tout aussi aléatoires, au bon vouloir de leur patron, des primes seraient également versée aux personnels des collectivités territoriales en lien direct avec le public ou lors d'activités susceptibles de les avoir mis en contact avec le Coronavirus. On parle même de primer certains enseignants, ceux en particulier qui se seraient occupés, pendant la crise, des enfants des soignants. 

Une prime est toujours bonne à prendre. Et on la prend, surtout lorsqu'on perçoit un petit salaire. Mais elle cache la misère et révèle les insuffisances voire les arrière-pensée d'un pouvoir qui n'ose avouer "en même temps" d'autres buts que ceux d'améliorer le sort des personnels.

Ces primes risquent de créer de nouvelles injustices, de nouvelles iniquités dans une opacité pas moins épaisse que celle que vit aujourd'hui l'ensemble des agents faisant fonctionner les services publics.
Ces primes s'apparentent davantage à des actes charitables au plus mauvais sens du terme, loin de la solidarité qui devrait, pour être efficace, se fonder sur une réelle et authentique politique de rémunération élaborée de concert avec les personnels concernés et leurs organisations syndicales.

En outre, dans la mesure où elles sont le plus souvent exonérées de cotisations sociales, elles réduisent le salaire brut  et entravent le financement de la sécurité sociale laquelle alimente les ressources de l'hôpital public. La boucle infernale austéritaire est bouclée !

Charitables ces primes, comme ces médailles que le pouvoir avait eu l'idée surannée et surréaliste de décerner à ceux qui méritaient la reconnaissance éternelle de la nation.
On passe sur ce ramassis de députés LREM, ravis de la crèche, emportés par un élan d'autant plus irrésistible qu'il doit venir des autres, et surtout pas d'eux-mêmes, ces députés qui proposaient que les salariés puissent faire don de leur congés aux personnels soignants. 

Cela en dit long sur un pouvoir déjanté qui n'imagine pas que les gens exerce leur métier d'abord par conscience professionnelle, et que leur revendication porte avant tout sur des moyens et des effectifs en nombre suffisant, ou sur une reconnaissance qui se traduise par des hausses pérennes de rémunération, et non pas par des breloques ou de la générosité déplacée.

N'est-ce pas là mépriser tous ces salariés ou ces agents qui ont le sens du service public ? Le sens de l'intérêt général manque au gouvernement attaché plutôt aux valeurs incertaines d'une "start-up nation" qui  n'a  su montrer aucune efficacité face à la crise sanitaire.

Question des rémunérations, le gouvernement a déjà les outils pour remédier à une situation qu'il a lui-même créé, il suffirait, s'agissant des fonctions publiques, de revaloriser comme il se doit le point d'indice qui permet que les traitements ou salaires suivent le coût de la vie.
Ainsi depuis juillet 2010 la perte de pouvoir d'achat du point d'indice  par rapport à l'indice des prix à la consommation est de l'ordre de 8,50%. Pour une infirmière par exemple cela représente une perte moyenne de 200 euros par mois.
Les pertes cumulées depuis 10 ans pour un salaire moyen de la fonction publique s'élèvent à 6000 euros environ. On est donc très loin de ces primes octroyées par le gouvernement Macron. On ne s'étonnera donc plus que la France se situe si mal au classement mondial pour les rémunérations des personnels soignants.

Mais il y a plus grave encore. La question qui se pose à la fonction publique hospitalière se pose à l'ensemble de la fonction publique. Le gouvernement, en privilégiant des primes aléatoires plutôt que des revalorisations pérennes des salaires ou des carrières, ne poursuit-il pas l'affaiblissement de la fonction publique, préalable à une stratégie de dépérissement de l'Etat dont nous voyons les ravages tous les jours, notamment en matière d'aménagement du territoire ?

S'agissant du secteur privé la problématique n'est pas bien différente, le mépris est le même avec la complicité d'organisations patronales incapables de voir à quel point leur propre intérêt pourtant se conjugue avec celui de leurs salariés.
L'urgence serait pourtant de revaloriser le Smic en le portant à 1800 euros brut de manière à rattraper ici aussi une perte de pouvoir d'achat préjudiciable à une reprise économique harmonieuse et égalitaire.

Il est temps que le pouvoir prenne la mesure de la crise et que le monde d'après, comme on dit, ne soit pire qu'aujourd'hui.

JMG





jeudi 7 mai 2020

Surveiller ou punir, ou les deux

Georges Orwell*, dans son livre autobiographique "Dans la dèche à Paris et à Londres", décrit la façon dont était traités les vagabonds, qu'on appelait aussi les chemineaux, dans l'Angleterre des lendemains de la guerre 14-18 puis au cours des années vingt et trente du siècle dernier.

Sans domicile fixe, sans travail, ces hommes ou ces femmes étaient condamnés éternellement à faire le tour du pays cheminant ainsi de gîte en gîte. Le temps de ces séjours y était limité, il fallait éviter que ces vagabonds, pour des raisons sanitaires ou sociales, s'incrustent où que ce soit.

Les chemineaux étaient donc tenus d'errer d'asile en asile. Vagabonds par obligation dans un circuit infernal, ils étaient encadrés par les employés de ces asiles et surveillés par la police, de façon quasi-captive, bien que toujours en mouvement sur les routes.
Ainsi le pouvoir les enfermait dans cette course sans fin. Ils ne pouvaient en sortir que s'ils retrouvaient enfin un travail qui puisse les remettre cette fois dans le circuit productif exigé par la société industrielle et capitaliste.

Les temps ont changé. Mais nous sommes nous aussi surveillés. Faute de vigilance collective cette surveillance pourra finir de nous dévorer, favorisée voire sanctifiée par cette autre exigence ré-apparue récemment, tout aussi brutale, l'exigence sanitaire.

Ainsi des drones ont pris l'air pour surveiller les sentiers de randonnée, des drones gendarmes  pour vérifier que personne ne commettre le crime de longer les rives du Lac des Rousses dans le Haut-Jura.
On a même vu des hélicoptères, sur la côte Atlantique, survoler des passants pour leur commander de quitter des plages sur lesquelles ils se promenaient. Le ridicule, même héliporté et dispendieux, ne tue pas. Les velléités de contrôle des populations sont toujours aussi vives de la part de tout Pouvoir et du nôtre en particulier.

C'est pourquoi il faut saluer à cet égard les actes de résistance, encore trop rares, contre cette société de surveillance qu'on voudrait plus ou moins discrètement nous imposer.

Comparaison n'est pas raison, nous ne sommes plus au siècle dernier ni même encore en "1984", et pourtant...A Lons-le-Saunier, zone rouge de l'audace en la matière, le Maire de la ville qui ne parvient pas à quitter son fauteuil de maire depuis déjà quelques mandats, tient lui aussi à son projet de télésurveillance.
En février dernier le conseil municipal votait donc sans trop de problèmes, dans un élan majoritaire absolu dont notre démocratie française a le secret, une convention entre l'Etat et la ville pour la mise en place de cette vidéo-protection.
Comme si à Lons-le-Saunier la violence à feu et à sang se rencontrait à tout bout de rue. Comme si il n'y avait d'autre solution qu'une surveillance inefficace pour imposer une paix civile qui d'ailleurs ne fut jamais réellement menacée.

Il est heureux que Julien Da Rocha, citoyen de la ville, technicien forestier de son état, "gilet jaune" d'où ses quelques ennuis, conteste ladite délibération pour la raison que cette décision n'avait pas été précédée d'une étude d'impact qui concerne la protection des données personnelles.
Bien que tout à fait justifié, ce recours a valu à son auteur de se faire traiter de "délinquant" par le Préfet**, celui-ci oubliant la neutralité qui l'oblige en tant que représentant de l'Etat dans le département.

Le moyen de droit invoqué devrait aboutir au retrait de ladite délibération. Cette lutte doit être saluée en défense des droits et liberté des personnes et des citoyens que nous sommes.
Ces droits sont aujourd'hui trop souvent bafoués au nom d'une sécurité qui s'avère n'être qu'une chimère.


JMG

* l'auteur de 1984, c'est bien le même
** La Voix du Jura en date du 30 avril dernier

dimanche 19 avril 2020

Le peuple brièvement, pour parler d'autre chose

(D'abord permettons pour une fois qu'on ne parle pas de coronavirus ou d'autre malheur inattendu ou surprenant.)

Le peuple, si on voulait en risquer une définition, bien imparfaite au demeurant, est à la fois objet et instrument du pouvoir.
On peut, en s'arrogeant le droit d'être son porte-parole, et c'est le but de tout politique, lui faire dire ce qu'on l'on veut, et il y a donc en lui de la passivité. Il subit le plus souvent, et ce faisant peut devenir tout à la fois acteur, victime ou bourreau.

Affirmer ou souhaiter que le peuple se soulève commande de suite d'indiquer quel peuple précisément se soulève, au nom de quoi, pour quels desseins ; en somme de quel peuple il s'agit.

C'est qu'il ne faut jamais prendre le peuple pour n'importe qui.

Il est moral, et donc nécessaire, de tenter de dire quel est ce peuple, celui dont on voudrait qu'il fasse l'Histoire, et pas n'importe laquelle. Le peuple mérite toujours d'être précisé. Ou, mieux encore, mérite qu'on lui laisse lui-même le soin de se préciser, en liberté. Mais l'occasion est rare. L'Histoire (ou le Pouvoir) à cet égard se sont toujours montré réticents à lui lâcher la bride.

C'est pourquoi l'expression "peuple de gauche" me va bien. Même si c'est à gauche, et par sa gauche, en son sein, qu'il fut le plus douloureusement trahi.
Malgré tout, le nommer ainsi est déjà la tentative salvatrice de le distinguer des démons qui sont en lui, même si c'est au prix d'une réduction désespérante.

Momentanée et illusoire réduction sans doute, mais qui indique déjà l'exigence d'une pensée politique. Pensée de gauche en l'occurrence, définie ou envisagée par l'Histoire, pensée rassembleuse, et même pensée de combat.
Une pensée qui prend le parti de défendre le monde du travail, en cela qu'il est la véritable richesse des nations, plutôt que celui du patrimoine.

Dire "peuple de gauche" c'est commencer de penser, c'est le début d'une dispute indispensable au progrès et à la transformation sociale.
En somme parlant du peuple, je comprends mal qu'on s'interdise à le nommer ou à le qualifier vraiment. C'est une grande responsabilité, au sens d'une obligation, que de donner le nom du chemin qu'on aimerait qu'il prenne. 


JMG





dimanche 12 avril 2020

Nous ne sommes pas en guerre, il ne tient qu'à nous de rester en paix

Nous ne sommes pas en guerre, malgré ce que nous en a dit E.Macron. Ce qui le voudraient sont ceux-là même qui y auraient intérêt. Nous sommes en paix et il faut tout faire pour le rester, paix sociale, paix civile, nous ne demandons que cela. Mais pour que cette paix soit durable, profonde, sereine, il s'agit qu'elle soit construite, toujours sur l'établi des luttes contre les inégalités qui sont les sources des guerres civiles ou internationales.
 
Un développement de la mondialisation telle que menée jusqu'alors n'est pas pacifique, elle se fonde sur une concurrence exacerbée dont les effets morbides se déroulent sous nos yeux incrédules aujourd'hui. On a cru jusqu'alors que la paix ne pourrait se faire qu'avec une mondialisation heureuse, mais heureuse elle ne l'aura pas été, ou pour certains seulement, bien peu nombreux et par trop puissants. 

De ce bonheur illusoire nous aurons eu surtout les inconvénients susceptibles de tuer l'humanité en nous, comme l'humanité entière.
Soyons concret, le monde d'après, s'il en est, ne pourra se permettre des échanges sans règles, et sans respect des cultures locales, sans respect des populations qui pour vivre dignement ont besoin de leur autonomie politique et économique.

C'est pourquoi il faut condamner et rompre tous les traités de libre-échange comme celui notamment du CETA (comprehensive economy and trade agreement) entre l'Union Européenne et le Canada, traités qui en supprimant les droits de douane, et en négligeant les normes sanitaires et sociales sont de nature à déstabiliser, appauvrir, faire disparaître les cultures locales.

Si l'on veut préserver la paix, il faudra plus que jamais restaurer et réhabiliter les services publics, leur redonner les moyens de fonctionner. Cette crise au moins nous aura appris qui était susceptible de se tenir en premières lignes. Il faut donc consolider ses services publics et préserver ceux qui les font fonctionner en leur rendant ou leur donnant un statut qui ne les rende pas dépendant du pouvoir politique, assurant la continuité de ces services publics quels que soient les événements, catastrophiques ou non. 

Un enseignement de la crise aura été qu'il faut donc protéger voire développer tous les secteurs non-marchands dans les domaines sensibles comme la santé, l'éducation, les transports, la sécurité...
Il s'agit aussi de préserver le monde du travail et de sauvegarder les droits des salariés en ne permettant pas toutes les remises en cause du code du travail qui leur sont imposées  sous prétexte d'urgence sanitaire. 

Pour éviter la catastrophe sociale et économique l'Etat devra garantir les revenus professionnels des travailleurs indépendants, petits commerçants, artisans etc...Il s'agit aussi d'interdire les licenciements  de manière à ne pas se séparer des savoir-faire qui se révéleront utiles en sortie de cette crise.

Il sera nécessaire de contrer les attaques de tous ceux qui veulent "faire travailler plus les Français" comme l'annonce déjà et imprudemment Roux de Bézieux, le président du Medef, qui parle déjà de supprimer les jours fériés ou des jours de RTT. Tout ça pour éponger "la dette" mot magique des néo-libéraux pour faire payer les "crises" l'ensemble du monde du travail. Dette dont il faudra bien imposer un jour l'audit et à tout le moins le moratoire, voire exiger son annulation pure et simple. 
Or on voit bien, et c'est une quasi-révélation pour certains, que la solution des crises économiques et sociales ne passe pas par l'argent qui n'est qu'une abstraction, les solutions avant tout sont politiques.
La lutte idéologique et politique est donc loin d'être terminée, au contraire, elle ne fait que commencer et elle pourrait s'intensifier dans la mesure prévisible où le gouvernement Macron n'aura pas changé pour autant miraculeusement de camp. 

C'est pourquoi en effet il est d'ores et déjà d'actualité pressante de préparer une sortie de crise qui soit de gauche. Il est nécessaire de défendre la possibilité d'un Etat stratège capable de sauver l'économie du pays tout en opérant une transition écologique en effet indispensable. Gardons de cette crise au moins les effets positifs, et qu'une révolution, si elle doit se produire, soit bien la nôtre.

De l'argent il y en a suffisamment pour faire face à la crise qui s'annonce, trop même puisqu'il n'a jamais correspondu à l'économie réelle. D'ailleurs est-ce bien là le problème ?Ainsi faut-il, pour combattre efficacement les inégalités, restaurer une véritable progressivité de l'impôt, et mettre davantage à contribution tous ceux qui jusqu'alors ont le plus profité de la financiarisation outrancière de l'économie. Il s'agit aussi bien entendu de préserver l’État social, véritable instrument de solidarité, en assurant le financement de la sécurité sociale par la sauvegarde ou le rétablissement des cotisations sociales. Ces cotisations ne sont pas des charges, ne sont même pas des dépenses publiques dont les néo-libéraux de droite comme prétendument de gauche nous rebattent les oreilles depuis des années. Auront-ils compris la leçon ? C'est loin d'être sûr.

Faire la guerre a toujours été dans l'histoire une solution de facilité. Bien plus difficile sera de consolider une paix durable et solide. Pour cela il faudra bien que les Etats interviennent eux-mêmes directement, notamment pour financer de véritables réformes de transformation sociale sans passer par les banques commerciales ou les marchés financiers voraces. Il semble que même le Royaume-Unis, pourtant chantre du néo-libéralisme, en prenne le chemin. Le coronavirus aurait-il eu raison (sur le plan idéologique s'entend) de Boris Johnson ? Sans doute pas, en bon conservateur qu'il est, mais il nous fait comprendre, sans doute à son corps défendant, où se trouve à cet égard l'intérêt général.
 
La question est de savoir si nous sommes collectivement capables de faire la paix et de garder notre démocratie.

A nous, dans l'unité politique d'une gauche retrouvée, de défendre cette paix et cette démocratie, quitte à les réinventer.


JMG





lundi 30 mars 2020

Punis et non-coupables

Les gouvernants ont le chic pour faire porter, de façon allusive et plus ou moins discrète, la responsabilité de leur impéritie sur leur propre peuple.

Les rues sont désertes mais pas seulement les rues, toute l'économie sur laquelle se fonde depuis des décennies notre société de consommation se trouve ébranlée par un coronavirus dont on ne connait rien à part les ravages qu'il opère parmi lesquels en premier lieu une bonne dose d'anxiété généralisée.

Le résultat est là, dans des rues désertes et des activités interrompues. Le gouvernement Macron quant à lui question efficacité est aux abonnés absents.
La "start-up nation" n'en finira jamais de nous décevoir. Pas de masques, pas de respirateurs en nombre suffisant pour une épidémie qui nous prend par surprise, pas assez de lits de réanimation, pas assez de médecins, ni assez d'infirmière, ni d'aides soignants, pas assez de femmes de ménage dont on voit enfin l'utilité concrète, en somme pas assez d'hôpitaux, pas assez de service au fond qui ne soit pas marchand.

C'est qu'en temps de crise la nécessité fait loi, et on s'aperçoit alors de la nécessité du "peuple" et de son existence concrète. Les gouvernants eux n'ont qu'un rôle d'accompagnement. Pire, pour continuer d'exister, ils punissent ou culpabilisent. Les gouvernants, qui ont abandonné leur pouvoir économique ont, à la faveur de cette crise étrange et inattendue, retrouvé là l'essence de leur pouvoir politique, tel qu'en tout cas ils l'envisagent : réguler, interdire, soumettre, surveiller, punir...

C'est ce même peuple qui en est victime. On est d’ailleurs étonnés de la discipline des gens devant le confinement, de leur degré d'obéissance et de leur sens à cet égard de la responsabilité sanitaire. Et ce  comme pour démentir la petite musique de fond que l'on entend sur le peu de civisme dont nos compatriotes feraient preuve, en particulier dans les quartiers que l'on dit "sensibles" et qui en réalité ne le sont que par volonté ou lâcheté politiques.

Je longeais hier, le parc des bains à Lons-le-Saunier que les autorités locales ont cru bon de fermer il y a quelques jours. Jusque-là les gens passaient encore par ce parc, sans y attarder, pour aller faire leurs courses vers l'Intermarché qui est au bout.

Pourquoi cette interdiction alors que, par souci légaliste et civique, peu de monde s'y rendaient ? Comme d'autres rares promeneurs je n'ai donc fait que de longer ce parc, dramatiquement vide, en empruntant en parallèle l'avenue Camille Prost elle aussi désertique mais désespérément grise. Puni, interdit de ce parc dont les barrières me narguaient. 

On se doit de respecter l'état d'urgence sanitaire mais on est en droit de ne pas comprendre les chemins qu'elle prend, on est en droit et en devoir de ne pas y adhérer sans un minimum d'esprit critique.
Pour nos gouvernants la tentation est trop belle d'un moyen de pression qui suit des mois et des mois de contestation politique et sociale. Le gouvernement Macron avait perdu la confiance d'une population mise en tension par des politiques anti-sociales qui précisément l'aura menée là où elle se trouve aujourd'hui.

E.Macron, E.Philippe ont mené ou continué jusqu'ici des politiques d'austérité qui ne sont pas étrangères à la situation catastrophique d'aujourd'hui. Ainsi à l'hôpital plus de 70 000 lits auront été supprimés depuis une vingtaine d'années. Et combien de postes d'infirmières dans la fonction publique hospitalière ?

Dans sa déclaration du 12 mars, pris peut-être par la panique, soudainement conscient que cette crise pouvait devenir dramatique, E.Macron annonçait : "ce que révèle cette pandémie, c'est qu'il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché". Macron prétendait aussi que nous étions entrés en guerre.
Les hommes ne sont jamais plus sages qu'au lendemain des guerres, (fussent-elles sanitaires). Mais cette sagesse pourrait malheureusement ne pas durer longtemps.

Déjà le gouvernement paraît mettre à profit cette crise pour revenir sur des acquis sociaux tels les droits à congés, la réduction du temps de travail, le repos hebdomadaire...C'est aussi par ordonnances,  et pour une durée illimitée, faisant fi une fois encore du rôle du Parlement, qu'il entend s'attaquer à certaines libertés publiques.

Le peuple n'est pas seulement une abstraction, il n'est coupable que de ceux qu'il met ou laisse au pouvoir...Il serait honteux que ce gouvernement, loin de tirer les leçons de dizaine d'années de remise en cause systématique de l'Etat providence, et loin du discours aux actes, tire profit de la crise pour continuer de faire passer des réformes qui remettent en cause notre modèle social. C'est aussi l'interprétation qu'on pourrait malheureusement donner aux propos énigmatiques de Macron le 12 mars dernier où il annonçait le confinement généralisé de la population.

Prenons soin de nous au plan sanitaire comme au plan politique. Gardons notre distanciation sociale avec ce gouvernement comme avec tout pouvoir tenté par ses propres excès. Il en va de nos destinés individuelles et collectives.

JMG

mercredi 26 février 2020

Violence

Les "réformes" imposées ces dernières années à l'ensemble de la population française ne sont pas des réformes de progrès, elles n'améliorent ni la démocratie, ni le vivre ensemble, ni encore moins  la situation économique des citoyens que nous sommes, ni la "sécurité" dont le thème revient en force pour fonder ou refonder, en trompe l’œil, (comme on le voit à Paris avec la résurrection de Dati), une légitimité dont a besoin la droite pour se refaire une santé politique perdue. Au contraire elles ne font qu'exacerber la violence latente dans la société.

La dernière née de ces contre-réformes, celle des retraites par points, toujours en lecture forcée au Parlement, et à la merci d'un 49-3 antidémocratique, est la plus à même d'insuffler la violence dans notre société. Cette réforme va déclencher une baisse des retraites et pensions de 20 à 30 % appliquée à l'ensemble des salariés du privé comme aux agents de la fonction publique. Au sein de cette dernière, l'Education Nationale  ne serait donc pas la seule concernée. Mais c'est à elle seule que le gouvernement fait des promesses d'augmentation salariale pour compenser les pertes en matière de pension.

Cette réforme c'est du vol, du haut vol, un braquage légal, comme avait été du vol déjà la réforme voulue par Balladur en 1993. Cette loi avait allongé la durée de cotisation, uniquement pour le privé, de 37 à 40 ans, et en tenant compte des vint-cinq meilleures années au lieu des dix pour asseoir le calcul de liquidation de la retraite.
A l'époque les victimes de cette réforme n'en avait pas pris la mesure car Balladur avait pris soin de la lisser dans le temps. Par contre il y eut une sanction électorale dont ce même Balladur eut à pâtir.

Outre le projet de loi Juppé qui fut mis en échec par le mouvement social en 1995, la loi Balladur fut suivie par une autre votée en 2003 à l’initiative de Raffarin et Fillon.
Accompagné déjà par la direction nationale de la CFDT, le gouvernement d'alors s'attaquait cette fois aux pensions de retraite des fonctionnaires. Il arguait qu'il fallait se rapprocher, prétextant une mesure de justice et d'égalité, des conditions imposées aux salarié du privé par la loi de Balladur. L'allongement de la durée de cotisation qui en résultait, devait se traduire par un départ réel à la retraite à 62 ans. Je fais l'impasse sur les réformes de gauche comme de droite qui suivirent et devaient plus encore altérer un régime par répartition dès lors de plus en plus difficile à défendre.

Les réformes des retraites, devenues réflexes gouvernementaux rétrogrades, témoignent d'un long chemin de confiscation par l'Etat d'un bien appartenant, par les cotisations sociales, à l'ensemble du monde du travail. Confiscation, contrôle, appropriation définitive par le pouvoir politique central de ce qui historiquement ne lui appartient pas.
Cela signifie indirectement la mort de la démocratie sociale, pas celle défendue par une CFDT irresponsable qui défend l'idée que le syndicalisme pourrait directement intervenir dans les affaires de l'Etat dans un cadre néo-libéral, mais celle qui consiste à ce que le pouvoir économique redistributif reste d'abord l'affaire des salariés de ce pays.

On ne dirait jamais assez que les 350 milliards que représentent les pensions et retraites en France seront à la merci de fonds d'investissement au travers l'épargne-retraite que la réforme va mécaniquement favoriser. La manne financière pourra servir aux spéculateurs sans qu'elle soit avantageusement intégrée dans le circuit économique réel.

La situation est explosive, cette réforme si elle venait à se réaliser ne fera qu'augmenter une violence sociale exacerbée par la paupérisation de la population. Comment s'étonner qu'une telle réforme suscite autant de réprobation et de révolte ? Macron y va en force, tout en sachant que cette réforme techniquement et sans doute juridiquement, comme l'a anticipé et constaté le conseil d'Etat, n'est pas viable.

Espérons et exigeons le retrait pur et simple d'un texte qui ne ferait qu'installer la misère dans un pays déjà blessé par un chômage massif que le pouvoir a renoncé de combattre et de vaincre.

JMG

mardi 11 février 2020

Jamais trop de listes à gauche

(On m'aura pardonné ce titre légèrement provocateur)

A quelques semaines des municipales, la situation à Lons-le-Saunier ne s’est pas encore totalement éclaircie.
La droite version Pélissard, en place depuis 1989 , bien avant que je fusse né, pardon arrivé,  dans cette ville, cette droite  s’est pour ainsi dire éclatée comme on s’éclate de rire en trois ou quatre listes au début, puis en deux ou trois qui, historiquement ou pratiquement, partagent ses valeurs. Mais qu’est-ce la droite au fond, qu’entend-on par là ?

Je n’entrerai pas dans ce débat politico-philosophique aujourd’hui. Je constate seulement qu’aussi bien la liste de M.Bréro (déclarée forfait depuis), celle de M.Bois, celle de M. Perny, ou celle de M.Huet ont pu un moment ou un autre s’associer à la politique d’E. Macron. Et je n’ai vu ni entendu personne qui combattent ou a moins contredisent, au sein de chacune de ces listes, l’actuelle réforme des retraites qui, si elle était appliquée, signerait la fin d’un modèle social qui aura essentiellement contribué à la véritable richesse de notre pays.

On me rétorquera que les élections municipales ont à connaitre des situations politiques locales, et que ce qui se passe nationalement n’a pas grand intérêt au regard des grandes, monumentales et futures prouesses de ces candidats à transformer la ville de Lons-le-Saunier dans le meilleur sens historique possible.

Et bien non, ce qui se passe aujourd’hui en France intéresse au plus haut point les nouvelles municipalités qui verront le jour à l’issue des scrutins des 15 et 22 mars 2020, (c’est demain). Pour ma part il est clair que je ne voterai pour aucune de ces listes que je classe à droite de l'échiquier.
Je n'aurais pas voté non plus pour une liste qui fût favorable en son temps à la loi El Khomri, laquelle loi a considérablement abîmé le code du travail. Cette loi El Khomri me sert encore de repère pour faire la part entre gens de droite et gens de gauche. On a les outils qu’on peut pour séparer le bon grain de l’ivraie.

Il ne faut pas s’y tromper, même si elle apparaît de premier abord divisée, le nombre et la diversité de cette droite est impressionnante, elle reflète sa force électorale et surtout idéologique. Elle montre combien elle a pu imprégner la société au point, au niveau national, qu’elle prenne ou non une forme macronesque, de produire des contre-réformes aussi destructrices pour le monde du travail que celle des retraites !

Et la gauche dans tout ça ? D’abord, on l’aura compris, je dois me dire attaché à ce clivage gauche-droite qui permet d’éclairer, même s’il est forcément réducteur, un état de la société politique qui se partage ou s’oppose entre défense du capital et défense du travail.

En face de cette droite,  il n’y a donc potentiellement que deux listes de gauche. Une soutenue par le PC, le PS, EELV conduite par M.Ravier ; et une autre, dite citoyenne, conduite par Géraldine Revy, soutenue (mais du bout des lèvres à peine) essentiellement par la France Insoumise.
Cette dernière n’est pas certaine, au moment où l’on parle, de rassembler assez de noms pour se présenter au scrutin du 15 mars prochain. (Le fait que la France insoumise ait "enjambé" ces élections municipales, qu’elle n’ait pas voulu ou pu les prendre au sérieux constitue  à mes yeux une erreur  politique voire un aveu d'impuissance stratégique…mais c’est une autre histoire…)

Dès le départ,  l'ambition de cette liste citoyenne insoumise était de tenir compte, au plan municipal, du mouvement social et de celui des gilets jaunes. Il importait en effet de traduire la révolte de cette population oubliée de la société politique. L'analyse était que la présence d'une seule et unique liste à gauche, peu connectée de par sa composition avec l’électorat populaire, ne suffirait pas à donner un bon signal de mobilisation.

Même dans un contexte national de résistance sociale, le risque est grand en effet que beaucoup d’électeurs ne fassent pas le déplacement les 17 et 22 mars.
A Lons-le-Saunier, une deuxième liste de gauche, ne menace ou ne menacerait en rien la nécessaire unité. Elle pouvait permettre seulement de compléter une offre politique aujourd’hui limitée.

JMG
    

lundi 20 janvier 2020

Quelques conseils utiles pour ne pas vous faire traiter de populiste

Si vous ne voulez pas être traité de populiste par vos amis, votre supérieur hiérarchique, votre patron, voire même votre présentateur ou -trice de journal télévisé, il est une solution pour vous, et même plusieurs, qui ont déjà fait leur preuves : ne bronchez pas, ne criez pas, ne manifestez pas, restez pépères et serrez les dents, (et fermez les yeux aussi ou tenez les bien à l’écart, une balle en caoutchouc fugitive n’est jamais très loin).  
 
Si par exemple on vous propose une réforme des retraites, réforme de nature à vous amputer votre pension de vingt à trente pour cent, à coup sûr si vous n’avez pas eu la chance d’être né avant 1975, dites-vous bien, surtout si on vous garantit qu’elle est « universelle » et bien à point, dites-vous donc que c’est pour votre bonheur, celui de vos compatriotes, celui de votre pays.

Et donc on ne saurait trop vous conseiller de bien accepter la théorie qui veut qu’il y a trop de dépenses publiques en France, et qu’il faudra donc songer à privatiser les services publics, et à supprimer des emplois de fonctionnaires.

 Fermez les yeux, mais ouvrez les oreilles pour entendre, comprendre et acquiescer sans broncher les experts en « économie » comme un certain Dominique Seux qui, chaque matin sur France Inter, vous explique comment tout cela doit marcher, et surtout pas autrement ; ouvrez bien aussi votre cerveau pour accepter les propos de tous ces experts objectifs qui sévissent sur les chaînes d’information, comme par exemple ce Jean-Claude Dassier qui se produit en continu tel un artiste sur CNews (Dassier qui porte bien son nom tant ces théories politiques sont métalliques), Dassier qui comprend mieux les violences policières que la réalité des éborgnements dont sont victimes les manifestants.

Donc voilà ce qui vous reste à faire, ou plutôt à ne pas faire, pour rester dans la norme. Soyez et restez les complices de votre propre perte, d'accord c'est embêtant, mais vous aurez au moins gagné ce privilège de n’être pas taxés de populisme, et ça c’est une victoire qui n'a pas de prix.

JMG

mardi 7 janvier 2020

Les meilleurs vœux aux gens de peu

Que peut-on souhaiter cette année autre chose que des vœux de sagesse, de lucidité, de modestie à ce gouvernement qui à décidé de ne rien entendre et de ne céder sur rien ? Quels sont ces gens qui nous gouvernent ? Sont-ils des adversaires, des ennemis ? Pourquoi sont-ils à s'en prendre à nous, au peuple qu'ils sont censés représenter ? Nous représentent-t-ils vraiment ceux qui ont décidé de nous appauvrir ? Quels sont leurs motivations profondes, ne sont-ils pas victimes de leur méconnaissance d'un peuple qui pourtant, électoralement parlant, les a portés au pouvoir ? Ont-ils tout oublié, trahis eux-mêmes par un mandat parlementaire ou a des fonctions ministérielles dont il ne mesurent pas, ou plus du tout, la dimension de responsabilité ? 

Sont-ils à ce point aveugles pour ne pas voir qu'ils ne sont plus capables, et encore moins légitimes, de parler en notre nom et, surtout, de décider en notre lieu et place ? Sont-ils prêts à reconnaître que leur victoire électorale en son temps ne les autorisent pas a édicter des lois, ou à prendre des décisions sans respecter ceux qui les ont élus, ne fût-ce d'ailleurs que pour éviter le pire ? Savent-ils que cette fonction d'élu ne leur confère pas le droit d'agir contre l'intérêt de ce peuple, contre notre intérêt, l'intérêt général ? Ne serait-il pas plus sage, de leur part, de tirer sans tarder les leçons de ce conflit qui dure ? Et en l'occurrence de retirer un projet de loi dont le caractère anti-démocratique et anti-économique ont été, grâce à un mouvement social puissant et durable, depuis déjà trop longtemps démasqué ?

Sont-ils conscients ces technocrates qu'ils sont en train de tuer l'espoir et le dynamisme de ce pays ? Savent-ils que le recul de l'âge de la retraite et de la remise en cause de celle-ci, une fois encore, n'auront pour effet que de faire obstacle à l'emploi des jeunes tout en ne favorisant pas celui des seniors lesquels seraient condamnés à travailler jusqu'à...?

Et donc j'émets le vœu que la lassitude et le découragement épargnent tous ceux qui font oeuvre de résistance contre un pouvoir qui clairement, délibérément,  a décidé de s'en prendre à un contrat social qui, malgré les attaques dont il fait l'objet depuis des décennies, fait encore la preuve de son efficacité économique et sociale.

J'émets le vœu que le courage et la détermination n'abandonnent pas ces héros en effet que sont les grévistes, n'en déplaise aux véritables privilégiés, les actionnaires professionnels ou les éditorialistes patentés de la presse mainstream, qui s'attachent à dégrader leur image.
Je souhaite la meilleure année possible, malgré l'adversité, à tous ceux qui œuvrent dans les services publics et qui les défendent ardemment, sachant qu'ils restent encore la richesse de ceux qui n'ont rien.

Et donc je souhaite, en ce début d'année 2020, que ces salariés du privé ou ces agents publics, dans chacun des secteurs qu'ils occupent, obtiennent enfin satisfaction et que leur soient rendus ou améliorés leurs droits sociaux sans lesquels il n'est de pays riche, juste et véritablement démocratique.

JMG