samedi 20 juillet 2013

Extrême-droite : souple dans ses bottes

Il est à la fois symptomatique et inquiétant que le parti socialiste cherche à contrer le front national sur le plan économique.
Jusqu’alors la tactique consistait à dénoncer le FN sur l’immigration et la question démocratique. Parce qu'il juge que cet angle se révèle peu opératoire sur le plan électoral, le PS aurait tendance à quitter ces domaines pour attaquer le Front National sur un sujet, l’économie, que ce dernier est censé méconnaître et ignorer.

La tactique du PS et simple : le front national serait fou et irresponsable de demander une sortie de l’euro.
Est-ce la bonne tactique ? Le désordre économique et social que "l’Europe" telle nous que la connaissons aujourd’hui a pu produire en Europe du Sud, de laquelle culturellement nous faisons partie, peut conduire les citoyens que nous sommes à nous interroger sur le chemin étroit que nous ont fait prendre nos "élites".

Le Front National joue sur cette corde là. Et il en profite même se félicitant que ses adversaires « républicains » puissent l’attaquer sur ce point. 

Attaquer le Front National sous l'angle de sa pensée économique est vain, d'abord parce que cela conforte l'idée qu'il en a une.

Ensuite, le parti d'extrême-droite sait, abusivement, adapter son discours  social et économique à la réalité électorale d'un moment qui risque de durer, "crise" oblige.
Ainsi par exemple le Front National défend désormais l'idée d'une monnaie commune au lieu de la monnaie unique, ce qui est politiquement habile et économiquement plus crédible.

Le parti socialiste serait donc mal inspiré de l'attaquer  principalement sur ce terrain peu sûr.

Il serait mieux inspiré à reprendre l'offensive politique sur ces sujets sans se référer à ce que peut en dire le FN.
Le PS doit donc défendre plutôt l'idée d'une autre orientation de l'Europe qui ne soit celle du néo-libéralisme ni de l'ordo-libéralisme à l'allemande. Et il est vrai qu'à cet égard l'euro ne doit pas resté un sujet interdit.  Sous peine de le laisser à l'extrême-droite, ce qu'elle fait avec une joie politique non dissimulée.

Il faut en débattre au contraire et ce fut même la volonté de la majorité des militants socialistes lors de leur convention sur l'Europe.

La meilleure façon, pour la gauche, de combattre l'extrême-droite c'est de rappeler que l'Europe aujourd'hui pèche à ne pas être sociale. Et d'en convaincre Hollande.

On sait, on sait, c'est pas gagné, mais ne rien faire, ni ne rien dire, compte tenu de l'urgence, serait criminel.

JMG


jeudi 11 juillet 2013

PS : On rame, on rame, mais on avance

On dirait que le parti socialiste se réveille et ce n’est pas trop tôt. Quoique, il ouvre un œil seulement, encore abasourdi par la chaleur ambiante et les coups qu’il se porte à lui-même, depuis plus d’un an déjà, en refusant d’émettre la moindre critique, et la moindre proposition ce qui est encore plus grave, en direction du gouvernement. Comme ces chiens de chasse qui suivent le maître en se gardant bien de lever le gibier.

Le Bureau National du parti socialiste a donc adopté le 9 juillet un texte sur les retraites qui ne reflète pas, ou plus tout à fait, ce que voudrait le gouvernement Hollande. ( Je dis gouvernement Hollande au lieu de gouvernement Ayrault car dans notre V éme république le 1er ministre n’existe pas, je le dis en passant, à part gérer les affaires courantes comme la nomination à certains postes dont tout monde à part les intéressés se foutent…j’exagère à peine...)

Le gouvernement Hollande, suite à un rapport Moreau qui reprend les propositions éculées déjà faites par les gouvernements de droite selon lesquelles il faut, prioritairement, allonger les durées de cotisation comme si celles actuellement en vigueur  ne suffisaient pas.
Rappelons que le système des retraites en France, après les réformes Balladur et autres lois Chérèque-Fillon, est le plus dur d’Europe, plus dur qu’en Allemagne en tout cas que l’on prend toujours en exemple, en Allemagne où trente-cinq ans de cotisations ouvrent droit à une retraite, alors qu’en France on voudrait bientôt que  44,5 années fussent nécessaires ( contre 41 aujourd’hui, ce qui n’est déjà pas mal).

Et je me réjouis aussi puisque le bureau national semblant avoir pris son envol, on peut espérer que le secrétariat fédéral du Jura se montrera plus tolérant envers ceux, comme « maintenant  la gauche », voire "un monde d'avance" qui osent critiquer le gouvernement de François Ayrault  (j'ai dit François ?) quand ce dernier adopte une politique plus proche du (social)-libéralisme que de la social-démocratie.

Ainsi le bureau national, par 26 voix pour et 10 abstentions, refuse :
-         l’accélération du calendrier de l’allongement des durées de cotisations, pas avant 2020 en tout cas, (c’est toujours mieux que rien , non ?)
-         il refuse la désindexation des pensions et leur baisse par voie de conséquence
-         il demande une mise à contribution des revenus du capital
-         enfin il demande que soient prises en compte les années d’études, de stages d’insertion professionnelles dans le calcul des retraites.
Finalement rien de révolutionnaire, loin de là, car on ne revient pas sur les lois concoctées par la droite en son temps...mais on s'éloigne heureusement du rapport Moreau.
Et dire que certains osaient parler de grand écart pour les syndicalistes qui oseraient rester au parti socialiste tout en n’adhérant pas à la réforme des retraites version Hollande-Ayrault.
On ne sait pas ce que le gouvernement en retiendra.

A-t-il tenu compte du vote des adhérents en juin dernier sur l’Europe qui demandaient, entre autres choses, un ajournement des négociations sur le traité transatlantique ?
Pas sûr, et aucun message dans ce sens n'a été lancé par le gouvernement français à la commission de Bruxelles, ( et cela dans un contexte où les grandes oreilles de l'administration américaine nous écoutent et nous espionnent !)

Peut-être que le vent du boulet électoral qui souffle déjà sans même être sorti du fût du canon, saura cette fois-ci faire entendre raison à ce gouvernement...que nous soutenons.

JMG

mercredi 3 juillet 2013

De quoi le parti socialiste est-il encore le nom ?

Ainsi nous apprenons que le Modem soutient un candidat proclamé, issu du parti socialiste, pour les prochaines municipales de Lons-le-Saunier. Le Modem fait ce qu’il veut. Je ne savais pas pour ma part qu’il existait encore. (Je me souviens d’un certain Bayrou mais cela reste très nébuleux pour moi.)
Je confonds avec l’UDI, et un peu aussi avec l’UMP. Sans être désobligeant avec tous ces sigles et ce (ou ceux) qu’ils voudraient (ou pas) représenter, ça me rappelle les noms des grandes sociétés commerciales qui,  au gré de rachats ou  autres fusions, changent de nom comme de chemise Lacoste. Quoique Lacoste est un mauvais exemple ici : (outre le fait que je n’en ai jamais porté et que je me fous des marques comme de mon premier polo), il faut reconnaître que Lacoste est une grande marque  qui précisément a su garder son identité.

Un peu comme le parti socialiste qui malgré les velléités exprimés un jour par Emmanuel Valls ( qui aurait pu être lui de l’ump pour les misères qu’il fait aux sans-papiers ou aux Roms) n’a pas encore changé de nom. Ce qui sauve un peu son âme. Il y a encore un peu d’espoir qu’en se disant socialiste on le reste tant soit peu.

C’est que le parti socialiste, dans les esprits, et dans l’électorat ( mais oui, c’est pourquoi logiquement beaucoup d’élus ne le quitteraient pour rien au monde, pour l’instant tout au moins ) reste encore malgré tout une valeur sûre. Mais jusqu’à quand ? Les coups de butoir idéologiques dont il est victime, en interne, mais aussi par effet indirect des actions ou inactions gouvernementales, pourront-ils le préserver d’un changement mortifère ?

En d’autres termes, jusqu’où ira-t-il, le parti socialiste,  pour faire une politique qui n’aurait plus rien à voir avec son nom, jusqu’à précisément se lier au Modem, ou à l’UDI, ou à d’autres choses encore ?
Saura-t-il se défaire de l’anti-communisme primaire de certains de ses membres, rares peut-être mais influents, qui l’empêche aujourd’hui de travailler avec son propre camp historique ?

Sans faire dans la grandiloquence le parti socialiste est  le parti de Jaurès.
Jaurès qui aurait été bien malade d’apprendre ou de constater, même sous un gouvernement de gauche, ce que l’on peut faire aujourd‘hui de son héritage.

En clair, le parti socialiste qui reste la composante essentielle de la gauche, autant localement que nationalement, doit retrouver les valeurs qui le fondent encore, et ne pas se vouer aveuglément, et sans débat interne surtout, à des alliances qui pourraient finir de le couler. Il doit avant tout se faire le porte-parole de ceux qui l'ont porté au pouvoir, c'est à dire les salariés.
C'est là une urgence politique.

JMG