dimanche 23 février 2014

J'y suis...

j'y reste ?

La question se pose pour beaucoup de militants socialistes.
Mais il est vrai qu’en quittant le PS, on laisserait la clé, on cautionnerait par notre départ une certaine conception de la politique qui majore la violence du fait accompli aux dépens de l'effort d'explication, du dialogue et du débat.

Je dis « on » car je ne suis pas seul, je ne dis pas « nous » parce que tout est encore flou, beaucoup de militants sont plus que déçus par ces reniements, et tous ces clins d’œil à la droite, au modem, ou à un néo-libéralisme de gauche (pour rire) quasi assumé.
Il faut dire que la situation actuelle au PS vient aussi du départ de beaucoup.

Mais rester c’est également cautionner, voilà le dilemme. Il n’est pas cornélien parce qu’il n’est pas vital, pas encore dans le marasme politicien qui est le nôtre aujourd’hui, mais il pourrait vite le devenir.

Certaines pratiques sont inacceptables.  D’abord au niveau national : Hollande a trompé la gauche, il ne l'a pas trahie, en ce sens qu’il est simplement devenu ce qu’il est au fond, ce que sans doute il a toujours été, un (social)-libéral qui prend opportunément appui sur les réformes sociétales pour cacher la façon dont est évacuée la question sociale.

Hollande n’est ni socialiste ni même social-démocrate. Son atlantisme aussi est plus que gênant, par exemple vouloir bombarder la Syrie était fou, c’était se faire plus royaliste que le roi, encore plus bushiste qu’Obama qui a eu l’intelligence lui, de ne pas entrer dans la combine, pas celle-ci en tout cas.

Sur le plan local, chaque cas est particulier. Dans le Jura notamment, le parti socialiste depuis les sénatoriales de 2011 collectionne les défaites, il faudra dire pourquoi un jour. Si le PS perd les élections c’est qu'il y pense trop précisément, aux dépens d'un fond politique fidèle à ses valeurs, même plus capable d'avoir une expression tant soit peu critique vis à vis d'un gouvernement qui se coupe de la population en un point qu'on se demande s'il ne prétend pas imiter le bon temps du sarkozisme, le PS ne sait plus où il est.
Le contenu politique pour la bataille municipale à Lons-le-Saunier est très peu consistant, il fait place à une personnification excessive et infantile, les ambitions personnelles s'imposent en court-circuitant le parti et ses règles.

Tout ceci est assez désespérant, et c'est vrai que la tentation est forte d'aller voir ailleurs.

On prête à Pierre Mauroy ceci : "Si les dégoûtés s’en vont, ne resteront plus que les dégoûtants.» Et donc ne faut-il pas au contraire tenter de reprendre la main ?

samedi 15 février 2014

Les couleuvres c’est bon mais…

…c’est un peu étouffe-chrétien.

J’en viens au fait : ce n’est pas sans risque que j’avais passé un accord conditionnant mon retrait de la candidature à l’investiture du PS comme tête de liste aux municipales de Lons-le-Saunier.

Ce retrait était conditionné par une prise en compte, partielle au moins, des idées que j’avais pour cette ville, avec le souhait de figurer sur cette liste « en bonne place » de sorte qu’il fût possible, en cas d’échec comme en cas de victoire, d’agir modestement, fidèle à mes convictions, dont celles portées par le courant du parti socialiste « maintenant la gauche » (aile gauche du parti) dont je suis mandataire pour la fédération PS du Jura.

Au jour où j’écris ce billet je n’ai pas connaissance de la liste complète. Qui la connaît ? En principe une liste complète et ordonnée aurait due être soumise au vote des militants socialistes concernés. Ce débat n’a pas eu lieu et à la place a été soumise, au vote des militants en novembre dernier, une liste ordonnée par ordre…alphabétique, sans qu'y figurent les  places réservées à la « société civile » qui seraient présentées par la suite au nom du parti socialiste.
Lorsque la lettre d’une règle n’est pas respectée qu’au moins l’esprit le soit. Cela a été loin d’être le cas.

La démocratie reste la grande force du parti socialiste, celle qui lui reste encore en ce temps très incertain pour lui. Manquer à ses règles est un symptôme d’un mal plus profond qui est en train  de tuer le parti de mort lente.

Je décide de ne pas figurer sur cette liste MHD parce que les engagements à mes yeux ne sont pas tenus, et pour ne pas cautionner certains aspects d'une pratique politique, très peu participative en réalité, que je réprouve et qui m’inquiètent.
Et puis cette liste (à venir ) est sans étiquette. J’avais fait le pari, décidément risqué, de m'y retrouver sur le fond politique. C'est loupé.


JMG


samedi 8 février 2014

Le serpent qui mord la queue de la poule qui fait l’œuf


Les entreprises du BTP du Jura, par la voix de leur fédération, tirent la sonnette d’alarme. (Le Progrès de Lyon du 5 février). Elles n’en peuvent plus. Leur activités seraient mises à mal par « une fiscalité étouffante » et un « environnement réglementaire devenu insupportable ». Ce syndicat professionnel demandait même davantage de contrôle pour combattre le travail au noir, facteur s'il en est de concurrence déloyale.

On l’oublie souvent mais ces entreprises en effet, et c’est vrai au delà du secteur du bâtiment et des travaux publics, sont les premières victimes de la « crise », et plus elles sont petites, plus elles souffrent, plus elles sont sous-traitantes, plus elles sont maltraitées. Tout n’est pas rose pour ces petites entreprises, aussi bien pour les (souvent petits) patrons que pour les salariés.


Il y a cependant un peu de schizophrénie dans tout ça. La fédération du BTP reconnaît que seule la croissance peut permettre un retour de l’activité. Ou réciproquement, serait-on tenté d’ajouter. On peut tout autant affirmer, sans crainte de se tromper, que seule l’activité permet la croissance. Qui a fait l'oeuf, qui a fait la poule ? Ou est-ce encore le serpent, venimeux, qui se mordrait la queue ?

Le problème c’est qu’on ne peut raisonnablement accuser la fiscalité, sans d’ailleurs préciser de laquelle on veut parler, tout en appelant à la rescousse les pouvoirs publics même au travers de dépenses d’investissement. Investissements de nature publique donc : fort opportunément une photo illustrait cet article, on y voyait le chantier du siège de l’agglomération du Grand Dole, avec cette légende « les chantiers des collectivités sont le bienvenus ». Tu parles !

Mais qui dit dépenses publiques dit recettes publiques, et en ce domaine on a rien inventé de mieux que les impôts. Pourvu bien sûr qu’ils soient le plus justes possible.

Schizophrénie encore lorsque cette même fédération du bâtiment entend combattre la travail au noir en revendiquant des contrôles plus fréquents. Qui d'autre pour faire le job qu'une inspection du travail disposant de vrais moyens d'action ? Pourquoi alors continuer de tailler dans les effectifs de la fonction publique ? Y aurait trop de fonctionnaires, vraiment ?

Et puis, et puis, on ne peut appeler à des contrôles plus fréquents tout en dénonçant une réglementation plus contraignante.

Ceci dit, comme aurait dit De Gaulle, on les a compris les petits entrepreneurs du BTP !
C’est vrai que la fiscalité des entreprises est à revoir, malgré quelques avancées dans l’égalité de traitement contenues dans la loi de finances 2014. Il s’avère que les petites entreprises demeurent soumises à l’impôt plus douloureusement encore que les grandes. Sans compter que ces dernières, c’est bien connu, sont plus habiles à l’optimisation fiscale, pour ne pas dire à l’évasion paradisiaque.

Quant « aux charges étouffantes », la fédération du BTP pourrait se montrer plus juste. Je suppose que ces petits patrons évoquent-là les cotisations sociales qui rappelons-le sont destinées à financer la sécurité sociale dont tout le monde profite encore, y compris ces patrons qui confondent "charges" et cotisations sociales.

On note que la fédération semble se féliciter de la suppression des "charges" (encore!) de la branche famille. A sa place je me méfierais. Car si l’on veut la sauvegarder la branche famille, il faudra bien la financer : soit par l’impôt, soit par la raréfaction de la dépense publique, dépense publique qui entre autres choses fait marcher les entreprises du BTP.

Je vous avais dit que c’était une histoire de serpent qui se mord la queue.

Il y a des façons néanmoins de sortir de ce cercle vicieux, une autre politique est possible, en augmentant les bas salaires par exemple pour sauvegarder une demande intérieure agressée par l'austérité, ou en planifiant un vaste programme national de création de logements sociaux. On nous dit qu’il en manque.

Mais là est une autre histoire, celle des si...
Si les media écervelés cessaient de vilipender la dépense publique...si le SMIC pouvait être sensiblement augmenté pour relancer la consommation...

Si mémé ou le président en avaient...


JMG