dimanche 21 décembre 2014

Y'a des limites à la macronnerie

La première chose à faire pour ce gouvernement serait de ne plus rien faire. Car il est aujourd'hui nuisible dans bien des cas. Il continue son oeuvre de destruction, ou de déconstruction de l'Etat social qui a fait pourtant la richesse de notre pays jusqu'à ce qu'au milieu des années soixante-dix "les forces de l'argent", comme aurait dit Mitterrand, reprennent le dessus au point d' inonder de leurs immondices nos idées et nos idéaux.

A la limite, et au point où nous en sommes, je me fous de ce que ce pouvoir qui se dit encore socialiste, (les mots comme l'histoire ont pourtant leur importance), ne fasse plus une politique de gauche, ce qui pourtant eût été possible, et souhaitable.
Nous sommes aujourd’hui tenus à un simple minimalisme : ne rien faire, ne plus trouer la barque dans laquelle nous voguons tant bien que mal, voilà aujourd'hui la priorité que ce gouvernement devrait se donner ou plus exactement que nous devrions, nous qui faisons ou composons le peuple, au moins lui imposer.(j'admets qu'il faudrait ici définir ce qu'est le peuple, mais admettons..)

Ce pouvoir est en train de tuer la gauche, et ce faisant il prépare le retour d'une droite plus autoritaire parce qu'il ose faire ce que celle-ci peut-être n'aurait jamais osé imaginer. C'est peut-être un paradoxe, un piège plus simplement, mais il est vrai qu'il est plus difficile pour ce "peuple" de riposter contre un gouvernement qu'il a porté au pouvoir et auquel il a donné délégation pour agir en son nom. Et donc ce peuple est endormi ou plutôt assommé.

Qu'avec ça la gauche meure tient d'une simple mécanique quand les structures qui la soutiennent encore sont à ce point attaqués La résistance est d'autant plus difficile à organiser que l'attaque provient de ceux qui faisaient mine d'être de notre camp. C'est pourquoi, non contents de détruire certains de nos acquis sociaux, d'opérer de tels reculs comme la généralisation bientôt probable du travail le dimanche, ils sapent également notre moral, et se sont rangés du côté des conservateurs ou de ce qu'on nomme la révolution libérale laquelle, contrairement à la nôtre, et c'est bien sa force, peut se faire sans tambour ni trompette.

Ce qui se passe aujourd'hui, sous nos yeux, la mise à mort du code du travail, (on peut reporter au blog de Gérard Filoche qui examine les effets possiblement désastreux de cette loi), l'asphyxie de notre sécurité sociale, la remise en cause de son universalité pourtant essentielle à l'idéologie de la solidarité, tout cela n'est pas dû au hasard, c'est bien le produit d'un long processus acté par des libéraux qui ont usurpé le nom de socialiste au point de nous faire honte.

Il est indécent, moralement insupportable de voir des gens qu'on a élus se vautrer ainsi, non seulement dans le renoncement mais dans l'accélération de la destruction de tout ce qui faisait nos idéaux.

JMG


samedi 13 décembre 2014

Fusion Bourgogne-Franche-Comté, c'est à boire, à boire qu'il nous faut

Le débat essentiel aujourd'hui, qui transcende tout les clivages, dont dépendent nos vies, c'est de savoir quelle sera la capitale de cette désormais grande région constituée à la fois de la Bourgogne et de la Franche-Comté. Le reste, des compétences de cette grande région, du devenir des services publics de proximité, de la désertification en milieu rural, de savoir si en fusionnant on va encore supprimer des emplois, de combien de lycées on pourra se passer en les mutualisant, le reste dis-je c'est de la peccadille.

Le problème capital, c'est la CAPITALE, et déjà les arguments plus ou moins tranchants, s'élaborent...s'acèrent : Dijon, Besançon ? Une autre guerre, issue du plus profond de l'histoire, se prépare peut-être. J'aimerais, au stade où en est ce débat CAPITAL et sans vouloir embraser la polémique, y mettre seulement mon grain de sel.
Ainsi je pense, et tant pis si je fais mon petit Macron lequel fait du neuf avec du vieux, qu'il faut être moderne et en conséquence ne pas craindre d' élargir le débat, de ne pas se cantonner à des solutions ringardes qui consisterait à prendre les mêmes et de recommencer.

En tant que Jurassien d'adoption, j'opterais pour ma part pour Château-Chalon, ne serai-ce que pour prendre un peu de hauteur ( 439 mètres d'altitude) dans ce débat qui en manque tant. Bien sûr je vois déjà se lever les protestations de nos amis (et bientôt frères jumeaux) Bourguignons, je les vois même nous suggérer le nom de Gevrey-Chambertin, morne plaine (comparé à Château-Chalon). Ils ne reculeront devant rien, monteront sur leurs grosses barriques pour asseoir leur vanité viticole.

Une solution pour départager les protagonistes serait de désigner Jurançon (Béarn) comme capitale. Mais les choses sont suffisamment compliqué comme ça, je ne veux pas aggraver mon cas ni me faire reconduire à la frontière comme travailleur immigré.
Et puis surtout ce serait pousser la décentralisation un peu trop loin.

JMG

samedi 6 décembre 2014

Méforme territoriale

La réforme territoriale, on l'a vu, est en passe de devenir la grande affaire du quinquennat, mais affaire qu'on n'attendait pas, affaire surprise d'un président en mal de popularité, à la recherche d'une marque qu'il voudrait absolument laisser à la postérité, faute d'autre mesure qui eût été plus utile à l'intérêt général.
Cette réforme désordonnée, encore en gestation, dont on a peine à trouver le sens, ne manquera pas cependant de laisser du désordre ou de faire des ravages dans des services publics déjà fragilisés par des politiques d'austérité visant à satisfaire une commission de Bruxelles à laquelle notre gouvernement se soumet activement.

Cette réforme n'est pas neutre, elle va bouleverser les conditions de travail des deux millions de fonctionnaires et agents publics qui œuvrent sur les territoires décentralisés de la République.

De cela les élus locaux, et encore moins les responsables gouvernementaux, ne parlent, comme si l'intendance allait suivre sans broncher, sans coup férir. De même se préoccupe-t-on assez peu des citoyens ou des usagers des services publics de proximité. Ceux-là devraient pourtant avoir leur mot à dire. Cette réforme, la énième en deux ou trois décennies, ne doit concerner ni les uns, ni les autres, circulez y'a rien à voir, la démocratie locale c'est bien mais à doses homéopathiques.

Ce sont donc les salariés qui la prendront d'abord de plein fouet  dans un contexte oppressant de diminution des dotations aux collectivités appliquée inégalement sur les territoires. Du côté des collectivités et de leurs agents il vaudra mieux être riche et en bonne santé financière qu'être pauvre et malade. Des élus locaux se sont empressés de le clamer : il sera nécessaire de tailler dans les effectifs, il s'agira même, et c'est une proposition de l'association des maires des villes moyennes, de détruire le statut de la fonction publique territoriale pour en produire autant qu'il y aura de collectivités. Alors que certains édiles voulaient la simplification du statut voire sa disparition, on pourrait assister à sa prolifération, sa multiplicité, sa variation, sources probables de complexité, de déséquilibres et d'inégalités.

Cette réforme, on le voit, ne se limite pas au tracés des frontières de nos anciennes provinces même si les grands media ne voient guère que cela.

Bien sûr l'intendance suivra, les fonctionnaires ont l'habitude des réformes inutiles et le plus souvent dispendieuses, ils feront dans l'ensemble là où on leur dit de faire, obligation de réserve ou d'obéissance obligent.

Mais le gâchis, si rien n'est fait, sera bien au rendez-vous, et on aura même un alibi tout trouvé, une excuse, des boucs émissaires :
si les services publics se révèlent moins performants ce sera de leur faute aux fonctionnaires ! de la faute de cette fonction publique dont on accentue périodiquement le démantèlement alors qu'elle est un des principaux fondements de la République.

JMG

dimanche 16 novembre 2014

L'inacceptable et écoeurante liquidation de la MJC de Lons-le-Saunier

C'est prescrit, les dotations aux collectivités continueront  de diminuer sensiblement, on s'échine en effet à transférer la "crise" de l'Etat vers les collectivités territoriales,  lesquelles jusqu'à une époque récente étaient plus ou moins épargnées. Initiées par un gouvernement de droite, ces mesures se perpétuent sous un gouvernement valso-hollandais qui lui a décidé, en dépit de tout logique économique en période de quasi-déflation, et en contradiction flagrante avec les valeurs qu'il était censé défendre, d'amputer les dotations  de l'Etat aux collectivités de 11 milliards d'euros d'ici 2017.

C'est dans ce contexte que la Maison des Jeunes et de la Culture de Lons-le-Saunier (Jura) est vouée à la liquidation par la volonté d'une municipalité UMP qui prend un plaisir non-dissimulé à s'attaquer aux derniers restes de l'éducation populaire. Cette municipalité, au passage, exprime ainsi son mépris des salariés de cette MJC comme d'ailleurs de l'ensemble des animateurs et des quelques 800 adhérents qui ont la naïveté peut-être, mais aussi le courage, d'y croire encore. Ils ont raison, rien n'est jamais perdu d'avance.

L'argument, le prétexte devrait-on dire, est donc tout trouvé : c'est aussi pour faire des économies et pour répondre à cette austérité imposée d'en haut que Jacques Pélissard fermerait cette MJC. Et son néo-maire-adjoint à l'inculture, carriéro-transfuge du PS, non seulement de lui presser le pas mais d'anticiper en bon petit soldat les desirata de celui qui l'aura fait roitelet.
L'occasion est trop belle en effet de supputer et d'insinuer que le non versement des 130 000 euros à la MJC, pourtant décidé par le conseil municipal de l'époque, maigre somme rapporté au budget général mais qui lui permettrait de continuer son oeuvre d'éducation populaire, serait entre autres raisons le résultat des inconséquences financières d'un pouvoir central en quête d'économies.

L'argument, même seulement chuchoté, est spécieux : il permet de se dédouaner d'une volonté bien réelle, celle de s'attaquer, dès le lendemain des municipales, à une MJC réputée être de gauche, comme une ultime et obscure vengeance politicienne.

Et cela sans se soucier du désordre ainsi créé et dont sont victimes, sur le terrain, ceux qui se battent pour une culture populaire créatrice de lien social. C'est désespérant.

JMG

dimanche 9 novembre 2014

Risettes au centre-droit

Le six novembre Valls à Pau a fait des risettes au premier magistrat de la ville, un François Bayrou aux anges pouvant espérer désormais que son centre à lui pourrait même pousser des coudes à "gauche". Tout cela n’a l’air de rien bien sûr, on dira que c’est de la politique politicienne, que ça n’a pas d’importance, et on aura en partie raison.

Sauf que cela en dit long sur une droitisation de la société politique française qui ne fait que s’accentuer avec en corollaire des choses concrètes pour les citoyens et les salariés de ce pays, comme par exemple, cette remise en cause du code du travail en le désignant comme la cause du chômage alors qu'au contraire il en constitue un des derniers remparts.

On se souvient donc d'un François Bayrou, qui le 18 septembre dernier jetait à la tête des téléspectateurs un code du travail réputé trop lourd comparé au code du travail suisse. Cette démagogie, ce populisme en fait, pas moins dangereux qu'un autre, casse subrepticement les valeurs de la société française. Et en cela la gauche gouvernementale est coupable, et devra en répondre un jour. Vals, se moquant du parti dont il voulait même taire le nom, n'est pas le dernier à tomber dans la régression : remise en cause de l'indépendance de l'inspection du travail par exemple mais aussi gel pendant trois ans ans des seuils sociaux des entreprises (autant dire leur disparition) pourfendant la démocratie sociale qui n'est pourtant pas très poussée en France contrairement  à une Allemagne qu'on cite pourtant par ailleurs en exemple.

On n'hésite plus non plus à s'attaquer au principe du CDI, tout cela au nom d'une compétitivité qu'on aurait perdue et qu'il faudrait à tout prix retrouver au prix de sacrifices consenties uniquement par un seul camp, celui de salariés. On aurait mieux compris que ce fût l'oeuvre de forces conservatrices. Mais c'est que les libéraux sont dans le fruit.

Ainsi, ce flirt de Valls avec le centre-droit, pour anecdotique qu'il paraisse, n'est pas neutre, il présage une recomposition politique dont les victimes sont déjà désignées. 

JMG





jeudi 30 octobre 2014

Qui veut la mort du syndicalisme ?

Parce qu’il lui reste des forces militantes encore nombreuses et motivées, la CGT reste parmi les seuls syndicats en capacité de défendre les salariés en France. C’est aussi grâce à un corpus idéologique issu d’un "sur-moi marxiste" par ailleurs injustement moqué mais qui ici préexiste heureusement. Fondements idéologiques et historiques qui tiennent lieu  de repères à nombre de salariés qui continuent à se battre pour défendre un Etat social d'autant plus en  péril qu'il est mis à mal par un gouvernement qui pourtant avait pour mandat de le conforter.

La CGT ne fait pas un syndicalisme d’accompagnement comme c’est le cas pour une CFDT qui n’a pas de vision à long ou moyen terme sur la façon de défendre le monde du travail. Je veux parler de cette CFDT qui signe aveuglément des accords rétrogrades, comme l’Accord National Interprofessionnel début 2013, lequel inscrit dans la loi a entamé gravement les fondements du droit du travail dans ce pays.

L’attaque contre Thierry Lepaon entre dans ce contexte de guerre idéologique, aux armes inégales compte tenu du rapport des forces médiatiques. A travers son secrétaire général nul doute qu’on veut s’en prendre à un syndicat qui dérange. Ainsi monte-t-on en épingle une affaire qui n’en est pas une. On cite une somme, 130 000 euros, qui paraît énorme mais qui en y réfléchissant deux minutes reflète une crise du logement qui fait rage depuis des années en région parisienne, et qui inexorablement s’aggrave. Je ne sais si Thierry Lepaon a dit un jour qu'il n'aimait pas les riches, mais lui en tout cas n'est pas riche même si on peut regretter, au moins pour le panache, qu'il n'habite plus un HLM.

Mais le mal est fait, d’autant mieux que la CGT n’a pas jugé bon, pour des raisons qui lui appartiennent et qui tient à son mode de fonctionnement, éloignée quoi qu’en dise des enjeux politiciens, de répondre immédiatement et avec suffisamment de force à la violente et pernicieuse attaque à laquelle elle doit faire face.

Et donc dans cette affaire c’est bien le "tous pourris" qui l’emporte et ce au détriment d’un syndicalisme qui ne le mérite pas, et qui surtout est indispensable à la démocratie sociale.

Ne soyons pas dupes, c'est à cette démocratie qu'on en veut.


JMG





jeudi 23 octobre 2014

Tweet

Condoléances aux familles des quatre personnes tuées à Moscou dans l'exercice de leurs fonctions le 20 octobre dernier, mais colère contre  la complicité des pouvoirs politiques et financiers qui se jouent des citoyens que nous entendons bien rester.

Ils veulent la peau de Gérard Filoche, c'est entendu, comme il veulent la peau de tous ceux au PS qui croient encore que peut exister une société plus juste fondée sur le tryptique républicain bien assimilé, Liberté, Egalité, Fraternité. Cela ils l'ont oublié, aveuglés par une idéologie de l'individualisme et de la finance facile, que l'on croyait réservée à la droite. Le crime de Gérard Filoche n'en est pas un, il s'est simplement posé la question, sans illusion et en terme polémique c'est vrai, comme il a coutume de le faire souvent,  mais c'est légitime dans le combat politique, de savoir ce que deviendrait Total au lendemain de la disparition de son PDG, mort tragiquement en compagnie de trois autres membres d'équipage dont nos moralisateurs de service font d'ailleurs peu de cas.

Je suis sûr que Gérard Filoche ne s'attendait pas à tant de publicité après un tweet dont, en dehors de toute passion, on cherche en vain l'indignité profonde. En tout cas il leur a donné un os à ronger, et voilà la meute qui s'agace, s'exaspère, qui d'une seule gueule aboie contre le crime dont il aurait été coupable.
Voilà donc l'affaire : il faut exclure Filoche, car il aurait dépassé les bornes de la décence, et mérite pour cela d'être convoqué devant la haute autorité du Parti socialiste dont je ne savais pas moi-même qu'elle existait. Et cela me donne d'ailleurs quelques idées de virer tous ceux, Valls en premier lieu, qui sous couvert de modernité dont on subodore de quoi elle est le nom, trahissent depuis au moins 2012 les idéaux fondamentaux du parti socialiste comme ceux de la gauche.

C'est l'inhumanité que Gérard Filoche poursuit. A ce titre Total, quel qu'en fût le PDG,  (il paraît que de Margerie sera remplacé par deux) n'est pas exempt de reproches dont on ne fera pas la liste ici. Je retiens pour l'instant que Total est le symbole de la démission politique, de la lâcheté de ceux qui nous gouvernent, lesquels depuis trop longtemps s'acoquinent avec la puissance financière représentée par les grandes multinationales contre lesquelles on fait mine de ne plus rien pouvoir, au risque de faire imploser ce qui reste de nos démocraties.

JMG




dimanche 5 octobre 2014

P P P, les trois pets du libéralisme

Il est des signes, au demeurant malodorants, qui ne trompent pas, profonds et révélateurs de ce que le gouvernement actuel, pourtant porté au pouvoir par un peuple de gauche, n'est peut-être plus socialiste, ni social-démocrate, ni même social-libéral, le social lui-même étant mis le plus souvent entre parenthèses. Depuis que François Hollande a nommé Manuel Valls premier ministre, le gouvernement mène une politique méconnaissable pour qui défend l'Etat social voire l'Etat tout court.

Ainsi, début septembre, ce même Manuel Valls a annoncé vouloir relancer les PPP, (Partenariats Publics Privés) et cela au nom de l'emploi, de la croissance, comme si cette modalité de l'action administrative, par miracle, pouvait venir en aide de notre économie mise à mal aujourd'hui par l'austérité inutile et mortifère que nous imposent la commission européenne et Angela Merkel.

Voilà maintenant dix années que les Partenariats Privés Publics ont été introduits dans notre droit, à l'instar des droits états-uniens et britannique, et malgré les ravages que cette procédure a déjà pu produire là-bas, au détriment des dépenses publiques que les libéraux pourtant se targuent de vouloir contenir. Catastrophiques là-bas, mais aussi ici en France désormais. Que l'on se rappelle ainsi de l'hôpital d'Evry cher à Manuel Valls et qui se sera révélé cher surtout pour les contribuables.

Le PPP permet à l'administration, à l'Etat ou aux collectivités locales de confier à une entreprise, parmi les plus grandes, le soin de financer, de concevoir, d'exploiter financièrement un projet d'intérêt public. "Ils ne peuvent être conclus que si la personne publique n’est pas en mesure de définir seule et à l’avance les moyens techniques répondant à ses besoins ou d’établir le montage financier ou juridique du projet." Cela sous entend que la puissance publique est réputée impuissante, qu'elle n'aurait plus les moyens d'agir elle-même pour les projets d'importance.
Au départ la solution PPP semble d'autant plus indolore que les collectivités n'ont pas à pré-financer les projets. C'est l'entreprise co-contractante qui est chargée de mobiliser les moyens financiers sur ses fonds propres ou par l'emprunt sans que la collectivité débourse un centime, enfin en principe. Car l'entreprise, le projet réalisé, louera à l'administration l'équipement dont il s'agit, un hôpital, un lycée par exemple, ou tout autre équipement public d'importance. Les revenus financiers de ces loyers compensent de loin les mises de fonds initiaux.

Ce qui paraît une solution miracle peut se révéler rapidement être un gouffre financier d'autant que ce type de contrat se trouve souvent à l'avantage de ces grandes entreprises ( Bouygues par exemple), ou bien contenir des stipulations dont on s'aperçoit, mais un peu tard, qu'elles sont contraires à l'intérêt public.

Le problème est que Manuel Valls aime tant les entreprises qu'il ne voit même pas, ou ne veut voir, les dégâts qu'elles peuvent faire dans l'économie si elles ne sont pas suffisamment contrôlées par les services de l'Etat ou des collectivités territoriales, et par le pouvoir citoyen en somme.

Les PPP devraient être l'exception. Il semble bien que Manuel Valls n'en ait cure.
 
C'est un signe politique qu'il entend ainsi faire passer pour enlever à la puissance publique les moyens de son action pourtant si nécessaire par ces temps de néo-libéralisme triomphant.

Jean-Marc Gardère


samedi 20 septembre 2014

Réforme territoriale et impuissance politique

Cette réforme territoriale a quelque chose de singulier dans la mesure où, de manière paradoxale, elle signe l’impuissance politique. Alors qu’elle est inutile à bien des égards, déstabilisante pour des services publics locaux déjà en grand danger, incompréhensible pour la plupart de nos concitoyens y compris même pour certaines de nos élites qui en sont à l’origine, coûteuse en énergie et en argent public, elle n’en constitue pas moins une révolution dans l’organisation administrative de la France. Si, vaille que vaille, elle arrive à son terme, Hollande pourra dire, d’ici vingt ou trente ans peut-être : « c’est moi qui l’a fait » A part cette possible et rétrospective satisfaction présidentielle, digne des coups de force d’une cinquième république qui une fois encore étale ainsi ses insuffisances démocratiques, cette réforme n’aura rien apporté de bien positif pour les citoyens que nous sommes.

Pourquoi ? Cette réforme se fonde essentiellement sur une démocratie qui ne connaîtra plus la proximité. Et la tentation sera grande de ne penser qu’aux territoires déjà les mieux lotis, notamment « les métropoles », (les trois métropoles à statut particulier Paris, Lyon , Marseille et les neuf EPCI de plus de 400 000 habitants) au nom d’une compétitivité infra ou extra européenne dont les politiques, impuissants, ont depuis longtemps déjà, renoncé à taire les effets négatifs, et ce au détriment du territoire français dans son ensemble.

Le risque est réel en effet que le maillage constitué par les communes ne fasse les frais de l’ensemble de ces réformes territoriales dont Eric Cannobio, géographe, a pu dire à juste titre qu’elles étaient devenues en soi une idéologie.

Faut-il rappeler que ces réformes des métropoles, puis des régions, n’étaient pas comprises dans les soixante promesses du candidat que la gauche à porter aux destinées présidentielles ? Faut-il se lamenter qu’aucun congrès du parti socialiste n’a voté une quelconque disposition qui ressemble tant soit peu à ce à quoi on assiste aujourd’hui, à savoir un chamboulement qui est de nature à rendre plus opaque encore l’organisation territoriale de notre pays au yeux de nos concitoyens ? Faut-il se désoler enfin qu’en aucune façon les élus locaux, les organisations syndicales, et moins encore les citoyens de ce pays, n’ont été associés à ce remue-ménage technocratique à mille lieux de l’exigence démocratique ?

Mais ce coup porté au système administratif français, pour nuisible qu’il soit, aura eu pour fonction aussi de faire oublier le reste, à savoir l’essentiel, ce pour quoi les politiques (de gauche) en premier lieu devrait être faits : réunir les conditions du plein emploi autour d'une question sociale remise au centre des débats. Cela ils ne savent plus faire, ils n'ont même plus envie d'en parler. Qu'on se le dise ce n'est pas cette réforme qui réduira les dépenses publiques, c'est déjà malheureusement programmé, ce n'est pas non plus cette réforme qui favorisera l'emploi, ce n'est pas la fusion des régions ou la diminution de leur nombre qui nous rendra plus riches.

Cette réforme territoriale est au fond un aveu d’impuissance, elle est une diversion pure et simple.


Jean-Marc Gardère


lundi 8 septembre 2014

Qui tue la gauche ?

Il est temps que le parti socialiste se ressaisisse et dénonce les dérives d’un gouvernement Valls qui semble avoir perdu la tête ou avoir rompu ses liens avec les valeurs traditionnelles de la gauche.

Non, se battre pour la transformation sociale n’est pas dénué de sens et devrait rester la priorité de notre parti au lieu d’un débat abscons sur « l’entreprise » repris naïvement par certains responsables locaux du parti.
Comme s'il fallait être assez stupide pour détester l'entreprise, Valls nous prend pour des imbéciles. Ce faux débat cache en réalité la volonté du gouvernement d’inscrire dans les textes des dispositions d’inspiration néo-libérale que jusqu’alors nous avons toujours combattues et qui n’ont rien à voir avec un soit-disant réalisme économique et politique.
Ainsi par exemple de l’ouverture des magasins le dimanche. N’y-t-il pas d’autres priorités en ce moment ? Surtout que le texte pourrait être adopté par la voie d’ordonnances court-circuitant ainsi le Parlement devenu quantité négligeable comme aux pires moments de la Ve République.

Nous fait honte aussi la dernière sortie de ministre du travail qui sollicite des contrôles accrus contre les chômeurs. C’est faire peser sur ces derniers, de manière perverse, la responsabilité de l’échec de la lutte contre le chômage.

Le pacte de responsabilité, sans réelle contrepartie, est tout aussi condamnable. Il ne règle rien en matière économique et continuera de nous plonger dans le cercle vicieux de l’austérité avec pour corollaire la disparition de pans entiers du secteur public.

Sans parler de la réforme territoriale qui rend plus opaque encore la relation des usagers aux institutions et services publics locaux.
Et on apprend aujourd'hui que le gouvernement, comme si tout cela ne suffisait pas, envisage de réduire les prestations familiales comme s'il fallait à tout prix réduire le taux de natalité comme dernier atout du pays.

Jamais ces dispositions n’ont été débattues au sein d’un congrès. Il serait irresponsable de ne pas dénoncer haut et fort ces pratiques anti-démocratiques.
Nous appelons les militants, ceux de la fédération du Jura en particulier, de prendre conscience du danger que représente aujourd’hui cette politique, à dominante libérale, qui nous coupe de notre base traditionnelle, et qui est de nature surtout à favoriser les extrémismes.

La gauche ne pourra pas s’unir sans un parti socialiste suffisamment fort qui aura su retrouver ses valeurs et sa capacité de débattre.

JMG


dimanche 31 août 2014

J'aime pas les entreprises ?

Je n'étais pas à la Rochelle mais j'en ai entendu parlé. J'ai entendu que Valls avait répété ce qu'il avait dit déjà à l'université d'été du Medef : il aime les entreprises.
Mais peut-on imaginer le contraire ?
Il y a comme de la tautologie dans l'air. Mais cela sous-entend, de façon pernicieuse, que les autres socialistes, ceux qui ne sont pas forcément d'accord avec lui, ne les aimeraient pas, eux, les entreprises. C'est un peu ce que faisait Sarkozy, il clamait une évidence pour suggérer que ces adversaires étaient incapables d'y souscrire, et les faire passer ainsi pour des primaires ou des archaïques.
C'est aussi une façon de couper le débat, et d'évacuer les choses essentielles pour mieux œuvrer dans le vent du libéralisme : remettre en question les seuils sociaux dans les entreprises par exemple, (comme s'il y avait trop plein de démocratie sociale, comme si celle-ci était la cause du chômage !)
Valls comme Sarkozy sont de gros malins, ils savent parler au peuple.

JMG


dimanche 24 août 2014

Un peu plus de rythme les enfants !

Frangy, non ce n'était pas la morne plaine, mais ce n'était pas l'explosion non plus et encore moins la révolution que d'ailleurs personne n'appelle de ses voeux, courageux mais pas téméraires...Mais c'était Frangy, on devait s'attendre à quelque chose d'un peu fracassant d'Arnaud et de Benoît ( je suis au parti socialiste, c'est mon côté "moi j'ai deux copains ministres") après qu'ils eurent déclaré dans la presse que l'heure de la fronde avait sonné. Donc, elle a sonné c'est vrai, mais un peu creux disons-le. Car la Fronde, s'il en est, ne se fait pas seulement dans les esprits et par les mots, fussent-ils aussi beaux et forts que ceux d'Arnaud Montebourg, la fronde s'opère dans les cœurs puis dans la rue, en dehors en tout cas des palais de la République qui furent il n'y a pas si longtemps encore ceux de la Royauté.

Mais il était plaisant, presque réjouissant, de les entendre tous les deux, les sachant au gouvernement, dénoncer les excès de Mme Merkel et ceux d'une Europe plus attachée à la défense artificielle d'une monnaie unique amie des rentiers qu'à une croissance suffisamment équilibrée et forte pour assurer le plein-emploi. Il était encourageant de les écouter tous les deux, à dire haut et fort des choses que d'habitude nous "la gauche du PS" nous disions, mais avec cette épée de Damoclès sans cesse au-dessus de nos têtes, celle du bannissement idéologique ( bon d'accord c'est pas trop grave) au sein de telle ou telle section, de telle ou de telle fédération, la pensée unique sociale-libérale faisant des ravages dans le plus profond de nos ville et de nos campagnes, y compris à Lons-le-Saunier, préfecture du Jura.

Et donc si la révolution consentait à survenir, à la suite de ces deux discours de Frangy, ce ne sera pas tant grâce à nos deux apprentis-frondeurs qu'à la réaction de Manuel Valls qui leur aurait promis, via son entourage (prudent le bonhomme), de leur couper la tête. A mon avis, il ne le fera pas, car ce serait de la part de Manuel (je suis du PS, et donc le premier des ministres est un de mes copains, pire un camarade) une sorte de suicide. Mais sait-on jamais, un coup de folie parfois est si vite arrivé même dans les milieux les mieux bénis des Dieux de la République.

Satisfait donc de ce que j'ai pu entendre mais un petit bémol cependant ( car on ne se refait pas), destiné à mon camarade Benoit Hamon qui a osé nous dire, devant une foule malgré tout applaudissante, que la réforme dite des rythmes scolaires était une bonne réforme. Je ne le pense pas pour ma part, car l'Etat aura réussi à faire financer par les collectivités locales le rétablissement d'une cinquième matinée d'école, qui rappelons-le avait été supprimée par la droite, "réforme" dont la charge morale et financière aurait dû incomber au ministère de l'éducation Nationale. Sans compter les ruptures d'égalité devant le service public d'éducation selon que votre enfant dépende de tel ou tel territoire, pauvre ou riche selon les latitudes.

Et donc je dirai à mes deux excellents camarades, au terme de cette journée, "des progrès ont été faits durant ce trimestre, continuez vous êtes sur la bonne voie".

Comme quoi parfois les vacances (scolaires) parfois ont du bon. Si toutefois ils ne se font pas renvoyer de leur école, ce que je ne parierai pas.

JMarc Gardère






samedi 23 août 2014

Eté pourri

Un temps de merde même, si je n'étais poli. Un avion en Ukraine qui s'écrase, touché par un missile, dit-on, dont on aurait perdu la trace et qui, selon les points de vue, ressemblerait plutôt à un avion de l'armée de l'air ukrainienne voulant porter l'opprobre sur des Russes qui n'y seraient pour rien. Rien n'est simple au Donbass, bien moins que ce qu'on voudrait nous faire croire.

Le plus étonnant dans cette histoire c'est que l'Europe a pris déjà parti sans trop connaître de ses intérêts, au risque qui plus est de déclencher un embrasement général, ou d'en être la principale complice. Les Etats-Unis, que l'on suit aveuglément, ne sont pas innocents. 
Ne serait-il pas dans cette histoire plus prudent, plus réaliste, et plus sage, de ne pas prendre le parti des va t-en guerre qui aujourd'hui voudrait faire l'histoire, comme si Août 14 cent ans avant, n'avait pas servi de leçon ? 
L'Europe a choisi de prendre fait et cause pour un gouvernement ukrainien dont on veut taire les penchants fascistes sous prétexte de pourfendre  l'autocratie poutinienne. Le gouvernement français a lui aussi, dans sa logique du moment, choisi son camp, le même que celui de Merkel, on s'en serait douté, la référence, le modèle, au risque commercial de perdre les commandes que la Russie a fait de ses deux bateaux logistiques. Un Mistral... deux Mistraux ? Que ne ferait-on pas pour faire plaisir à l'oncle Sam ou à son caniche Cameron, avec lequel aussi, complaisamment, on aboie ? C'est aussi une des (mauvaises) surprises qu'Hollande continue de nous faire.

N'aurait-il pas été plus judicieux pour le coup d'adopter une saine et profitable neutralité qui eût été bien plus courageuse, et surtout plus lucide ? L'Europe ne va-telle pas jusqu'à l'Oural ? L'avenir de la France n'est -il pas autant à l'Est qu'à l'Ouest, plus même si l'on en croit notre histoire culturelle commune ? Je le dis ici, les Russes sont nos amis ( pas nos ennemis en tout cas) au moins autant que les Américains sont imprévisibles dans leur propension, l'histoire le montre en effet, à toujours faire la guerre. Il y a du cow-boy même chez Obama.

Orage à Gaza, pluie de de bombes, et un peuple qui souffre le martyr sous les coups d'un Etat terroriste ( je sais, il en est d'autres, mais beaucoup moins efficaces finalement, si l'on en croit les comptabilités mortifères) qui frappent les femmes et les enfants d'abord. Malheur aux vaincus que l'on colonise en dépit des résolutions de l'ONU dont on bombarde jusqu'aux écoles que des enfants prirent pour des refuges. Mais tout ça n'est pas grave puisque l'Europe, encore, comme à chaque "réponse" guerrière, paiera la note des reconstructions à venir, si tant est qu'il reste dans la bande suffisamment de pierres. Mais pour Israël le combat continue, les Etats-Unis à qui elle sert de gigantesque porte-avions,  payeront la note des armes employées. Il faut faire marcher le complexe militaro- industriel et, en Israël même, alimenter une industrie sécuritaire qui ne fleurit que dans les champs de la désolation.
Et puis la guerre, sans doute, contribue à faire le ciment de ce peuple que De Gaulle avait l'audace  de qualifier de dominateur, mais dont on ne dit pas assez qu'il souffre sous un gouvernement d'extrême-droite, avec Netanyahu, qu'il a choisi pour son malheur.

Enfin l'Irak et ceux, qu'on a nous-mêmes armés, dont les armes se retournent contre nous. Un journaliste assassiné parce qu'il eut la mauvaise idée d'être Américain. il ne faisait que son travail pourtant et c'est pourquoi il est mort, victime de la barbarie. Mais ces bourreaux là ne furent -ils pas engendrés eux-mêmes par un terrorisme d'un autre genre, industriel celui-là ? Voilà donc une des nombreuses répliques de l'intervention des Américains en 2003 en Irak dont on sait aujourd'hui qu'elle fut  quasi-exclusivement attirée par l'odeur du pétrole.

Le terrorisme règne, dans toute son atrocité, et ce sont les innocents qui trinquent, bien davantage que les terroristes, de quelque bord qu'ils fussent. 

Il n'est de solutions que politiques sous peine que les hivers qui suivent, y compris dans les contrées qui nous sont proches, ne soient plus rudes que prévus.

JM Gardère

vendredi 25 juillet 2014

Contradictions

Le patronat au travers de la fédération nationale des travaux publics s’alarme, avec certaines organisations syndicales ce qui est assez rare pour être souligné, des baisses de dotation de l’Etat aux collectivités territoriales.

Ainsi, dénoncent ces organisations, un emploi sur cinq dans les Travaux Publics pourrait disparaître si le gouvernement s’entêtait à restreindre les dépenses publiques appliquées aux communes, régions, départements (avant d’ailleurs que ces derniers ne disparaissent bientôt corps et biens sur l’autel du moderno-réformisme inutile).

La politique de l’offre du gouvernement a quelque chose d’étrange puisqu’elle intervient à un moment où il y aurait plutôt surproduction par rapport à la demande.

On retire de l’argent aux collectivités pour le redonner indirectement aux grandes entreprises qui ne savent qu’en faire et qui, globalement, ne l’utilisent ni en investissements, ni en salaires. On entre ainsi en plein dans une politique d’austérité qui profite non pas aux pauvres qu’on assiste de moins en moins, mais aux actionnaires et aux rentiers qui n’espéraient pas autant d’assistance de la part d’un gouvernement pourtant issu d’un parti censé être celui des salariés.

JMG

paru dans "le Progrès de Lyon" juin 2014

mardi 15 juillet 2014

Ne pas s'interdire de dire la vérité

Pourquoi faudrait-il définitivement nous taire sous prétexte que nous avons voté pour ce gouvernement ? Pourquoi n'aurions nous pas le droit de dénoncer les mesures ou les actions que nous jugeons contraires à l'intérêt général,  à celui de la gauche, à l'intérêt du parti socialiste lui-même ?

Ainsi  le pacte de responsabilité qui nous mène droit dans le mur. Devrions-nous le trouver absolument positif et ne pas le dénoncer, alors qu'il appauvrit l'ensemble des Français sauf ceux qui y ont intérêt, et qui sont probablement derrière cette politique désastreuse, j'ai nommé les oligarchies financières ? 

Pourquoi devrions-nous nous interdire, sous prétexte que nous serions socialistes, de dire haut et fort que Valls aujourd'hui non seulement conduit une politique de droite mais prépare activement, par son attitude, le retour d'une droite qui, elle, sera plus dure et plus dogmatique encore, toute tendue vers la volonté d'en découdre contre ce qui sera resté de la gauche moribonde. Cet esprit de revanche finira de faire exploser la gauche dans son ensemble.  Pire, la droite qui se sera certainement dégagée de la boue des affaires dans laquelle elle se trouve actuellement, continuera ce travail de sape contre  les projets de société progressistes que nous voulions malgré tout. 

Et donc voilà, voilà pourquoi il convient de ne pas se taire, voilà pourquoi je me force, car je ne le fais pas de gaieté de coeur, à condamner par exemple, parce qu'elle est révélatrice, la dernière trouvaille d'un Benoît Hamon que j'ai longtemps soutenu mais qui me déçoit comme me déçoit l'ensemble de ces membres du gouvernement qui délibérément, consciemment, confondent politique et communication politique.
Comme ministre de l'éducation nationale, Benoît Hamon en effet dit vouloir faire bénéficier les écoliers d'un enseignement au codage informatique. Le problème c'est que cet enseignement se ferait hors du temps scolaire. Cet  enseignement en effet est important, essentiel même si on ne veut pas que les outils technologiques nous dépassent un jour. Mais pourquoi alors ne pas laisser la maîtrise de cet enseignement à l'Education Nationale elle seule en mesure d'en assurer l'égale et équitable répartition sur tout le territoire national ?  

Dispensé par qui alors cet enseignement, si ce n'est par l'éducation nationale ? Par les collectivités, premières victimes du pacte de responsabilité, ou dans le cadre des nouveaux rythmes scoalires, par les parents eux-mêmes ?
Quels élèves en bénéficieront finalement ? Pas ceux en tout cas qui n'auront pas eu la chance d'habiter des communes ou des communautés de communes suffisamment riches ou organisés pour monter de tels enseignements ? Et que dire encore des volontés politiques qui seront forcément différentes selon les collectivités. 

Ainsi aura-t-on remplacé la fracture numérique par la fracture territoriale. A moins, qu'à force de jouer les apprentis sorciers, nous restent sur les bras les deux ensemble.

JMG



vendredi 11 juillet 2014

Qui gère mal la MJC de Lons-le-Saunier ?

Comme on dit souvent, si la culture coûte trop cher, essayez l’ignorance. Le nouvel adjoint à la culture de Jacques Pélissard devrait méditer cette phrase. Ce "jeune", mais déjà ancien de la gauche passé par opportunisme dans l'autre camp, déclare que la MJC n’a plus la confiance de la ville de Lons-le-Saunier. 

Pourquoi ? Parce que, je cite, « la MJC n’est pas en capacité de gérer l’argent public qui lui est confié. » C’est précisément ce qu’il fallait démontrer. Or tel n’est pas le cas, et pourtant le bruit court en ville et la rumeur va bon train sans cesse répétée entre deux coups de pelle mécanique dans la rue J.Jaurès (actuellement en travaux et complètement barrée) C’est bien connu quand on veut abattre son chien on aboie alentour qu’il a la rage : la MJC est mal gérée un point c’est tout, circulez il n’y a rien à voir, (surtout dans la rue Jean-Jaurès).

Mais dans cette affaire ce qui me désole, ce qui m’effraie même, c’est la légèreté des responsables politiques de la ville dans la gestion de la MJC.

Faut-il rappeler que le maire de Lons-le-Saunier est membre de droit du Conseil d’Administration de cette MJC mal gérée, faut-il rappeler encore qu’un maire-adjoint de cette même ville ainsi qu’une conseillère municipale sont, ou étaient au moins jusqu'aux municipales du mois de mars dernier, membres associés du CA de cette association très mal gérée ? Est membre aussi du CA de cette association extrêmement mal gérée le président de la Maison Commune par ailleurs maire-adjoint de cette même ville de Lons-le-Saunier. Si vraiment cette association était infiniment mal gérée n’y avait-il pas lieu d’y remédier d’abord en faisant en sorte de mettre au boulot tout ce beau monde ?

Le maire-adjoint à la culture nous dit encore, je cite :  ( le Progrès de Lyon en date du 3 juillet) « la MJC à essayé de nous camoufler sa situation financière… »
Elle a essayé ou elle a camouflé ? Serait-ce un procès d’intentions qu'on ferait au CA de la MJC ?  C’est une accusation grave dont je me demande si ce maire-adjoint prend bien la mesure. Il évoque encore "un rattrapage de points d'ancienneté du personnel" que la MJC aurait caché. Diantre ! Renseignement pris rien n'a été caché. Il s'agirait en réalité d'un rattrapage lié aux droits des salariés. Les salariés de la MJC de Lons-le-Saunier, une dizaine qui aujourd'hui se battent pour leur emploi, ne seraient-ils pas des salariés comme les autres ?

Côté intentions il est un indice intéressant qui court dans la bouche de ce nouvel élu : « je ne pense pas qu’on puisse reconstruire quelque chose sur le passif de la MJC. Elle ne va pas disparaître mais il faut revoir sa gestion avec des anciennes personnes, mais aussi des nouvelles personnes. »

Tout est dit, « des nouvelles personnes ». On démolit une association pour mettre des nouvelles personnes. A la place de celles dont on ne veut plus ?

Pour des adeptes de la bonne gestion, c’est payer cher l’avis de recrutement.

Tout cela pour condamner à mort ou déstabiliser pour le moins une activité culturelle et d'éducation populaire dont notre société a tant besoin aujourd'hui pour éviter et combattre la violence sociale. Le dénigrement dont est l'objet la MJC est insupportable surtout venant de la part d'une municipalité dont le premier devoir serait de créer du lien social.

Elle fait juste le contraire.

JMG

samedi 28 juin 2014

Faillite de la MJC ou faillite d'une municipalité ?

La culture est bien malmenée ces temps-ci, ou plutôt ceux qui la font vivre ce qui rend la question encore plus pathétique, car la culture n’est pas une abstraction, elle concerne des hommes et des femmes qui lui donnent son épaisseur, son essence, sa respiration, et sa sueur aussi. C’est vrai des intermittents du spectacle, pourquoi lutteraient-ils si ce n‘était vital pour eux mais aussi pour le futur de ce que l’on nomme aujourd’hui « l’industrie culturelle » étrange alliance de mots qui montre que tout doit être pesé à l’aune de la rentabilité et du retour d’investissement ? Cette industrie n’aurait-t-elle pas trouvé ses raisons d’être, y compris en termes financiers ? J’avais cru comprendre que la culture en France rapportait plus d’argent au final qu’elle n’en pouvait coûter. Donc comme socialiste, ou soit-disant socialiste selon la terminologie du député Leroux, je suis contre la façon dont Valls traite les intermittents du spectacle n'en déplaise à certains de mes camarades socialistes qui n'aimeraient pas ce blog parce qu'il serait antigouvernematal. Bon ça c'est fait.

Côté UMP, le maire de la ville de Lons-le-Saunier, Jacques Pélissard, aidé par son "jeune" maire-adjoint de la culture (un ancien du parti socialiste, voir les épisodes précédents ) a décidé de ne plus verser la subvention de 135 000 euros, soit la moitié de la dotation annuelle, qui permettrait à la MJC de continuer à vivre et à servir. Il s’agit là d’activités culturelles au sens large avec une dimension d’éducation populaire ouverte à une population diverse, cinquante activités environ pour plus de mille -cent adhérents qui y trouvaient leur compte d’enrichissement personnel. Pas le maire de Lons-le-Saunier apparemment qui n’y retrouve pas ses billes. Mauvaise gestion dit-il, pas de projet renchérit son adjoint qui sait lui aussi sortir son pistolet (celui de la rentabilité) lorsqu’il entend le mot culture. Et donc pas de "projet", au sens pélissardien du terme, pas de chocolat.

Bien sûr il faut gérer, s’assurer que les fonds publics sont pour le mieux utilisés, et puis trop de dépenses publiques, selon la doxa libéraliste, nuiraient. C’est fou d’ailleurs ce que notre société, d'une manière générale, peut surveiller les fonds publics alors que les puits sans fond pourraient être à chercher dans l’avidité d’un actionnariat privé qui lui n’a de projet que le sien : celui de l’enrichissement tout court.

Revenons à la MJC, outre les activités perdues, bien aussi grave, et assurément dramatique pour ceux qui sont directement concernées, la situation de la dizaine de salariés permanents qui voient leur emploi menacé. Là aussi on dira qu’on a l’habitude après tout, les chiffres du chômage explose, pourquoi pas dans une maison des jeunes et de la culture ? Personne ne doit être exempté de payer son dû à l’austérité.

Le déficit structurel serait de 145 000 euros, sur un budget de la ville de 32 150 000 euros environ, à peine 0,45% ! Comme si la culture devait à tout prix équilibrer ses comptes immédiats et apparents. Demande-t-on à l’éducation nationale de rapporter des bénéfices immédiats ? A-t-on mesuré la perte que la liquidation annoncée de la MJC entraînerait en terme de bonheur public, a-t-on évalué ce que ces activités populaires apportent en bien-être, ou en évitement de maladie ? Le bonheur public n’est-il pas inestimable, à un coût qui plus est aussi bas ?

Qu'il faille faire des efforts de gestion, d'optimisation, bien sûr, et j'ai cru comprendre que la MJC en faisait, qu’une municipalité soit comptable, responsable et donc attentive aux deniers publics qu’elle verse c’est tout aussi naturel.

L’inacceptable c'est le droit de tuer une activité, de façon si violente, si inattendue, (et les emplois qui vont avec), sous prétexte que celle-ci serait, et si peu, comptablement déficitaire !

Jean-Marc Gardère

jeudi 19 juin 2014

CFDT ou le coucou du syndicalisme


Il y a bien longtemps que la CFDT, au sens confédéral du terme, n’est plus un syndicat. Je ne vise pas ici les équipes syndicales qui défendent les salariés au quotidien, la nécessité sur le terrain faisant loi, l’idéologie dans ces cas étant à mettre au second plan voire même oubliée dans l’action. Mais je précise que plusieurs structures cédétistes se sont par exemple prononcées, contrairement à leur confédération, au pacte de responsabilité concoctée par le gouvernement Hollande.

Je dis que la confédération CFDT a abandonné l’idée même de combat syndical pour privilégier la négociation au risque de n’être plus crédible aux yeux de ceux qu’elle est censée défendre. Aux yeux du monde du travail la CFDT en effet peut passer pour un syndicat « jaune », c’est une accusation grave mais qui glisse sur le plumage de ses dirigeants lesquels depuis longtemps confondent démocratie sociale et collaboration, parfois constructive d’ailleurs ( mais ça dépend pour qui), avec le pouvoir en place.

Aujourd’hui c’est le gouvernement « socialiste » Hollande-Valls qui en profite, mais hier ce pouvait être celui de Raffarin, Fillon ou d’autres. Et toujours les salariés qui trinquent.

Ainsi de multiples « réformes » ont pu être jugées acceptables parce qu’une confédération dite  "réformiste" avait donné son accord, ce fut notamment le cas de la réforme des retraites en 2003 ou plus proche de nous de l’accord national interprofessionnel en janvier 2014 qui donna naissance à la loi dite de flexi-sécurité de juin 2013 qui n'est forte qu' à déstabiliser notre droit du travail.

La CFDT parle beaucoup de démocratie sociale, mais nous à habitué a signer des accords qui engagent les salariés au mépris du respect qu’elle devrait pourtant au fait majoritaire sur le terrain et dans les luttes syndicales. Elle passe pur le chevalier blanc, responsable, à la différence de l’extrémisme ou du jusqu’au-boutisme supposés de la CGT ou de la FSU. En réalité la CFDT serait encore moins que le peu qu’elle est aujourd’hui sans la détermination et le courage de ceux qui se battent. La CFDT est à cet égard une espèce de coucou qui recueille les fruits du véritable combat syndical et peut dans le même temps appeler à l’arrêt de grèves qui sont tout à fait légitimes, comme celle des cheminots dont l'intérêt se confond avec celui de la société toute entière.

Les conditions du dialogue sont ainsi faites en France ou un syndicat minoritaire, en tout cas dans les luttes, peut servir à asseoir, au nom d’une soi-disant démocratie sociale, des politiques de régression sociale avérée. On prend souvent l’exemple de l’Allemagne. Eh bien en Allemagne, sans vouloir imiter leur système à tout prix, cela ne se passe pas ainsi.

Peut-être un jour un gouvernement de gauche aura-t-il le courage de remédier à cette bizarrerie des rapports sociaux en France.

JMarc Gardère

samedi 14 juin 2014

Parti socialiste : ne pas laisser la clé aux conservateurs

Le parti socialiste n’est plus ce qu’il était et il faut le retrouver. Non en vertu d’un sentiment d’appartenance dont on serait nostalgique mais parce qu’il est encore nécessaire à la gauche toute entière. On est aujourd’hui dans une impasse dans laquelle ceux que j’appellerais les conservateurs-libéralistes, à l’intérieur même du parti, l’ont placé.

Qui sont ces conservateurs ? Ils tiennent aujourd’hui les commandes du parti, ce sont ceux qui se définissent pourtant comme les modernistes, à coup par exemple d'illusoire réforme territoriale, ou pire de réforme ferroviaire, qui à tout bout du champ nous parlent du 21éme siècle sans nous en dire aucun contenu, aucun projet quelconque. Où nous mènent-ils ? Ce sont aussi ceux qui à tout prix veulent conserver leur place, avant d’en conquérir d’autres, alors qu'il nous faudrait songer à gagner la bataille des idées pour le progrès social.

Ce qui nous importe, à nous militants socialistes, c’est de retrouver les chemins du progrès et de la transformation sociale, dans la justice. Tout est à construire ou à reconstruire. Les élections municipales, puis européennes, nous ont montré s'il en était encore besoin, que le PS comme le gouvernement faisaient fausse route. Qui parmi ces conservateurs-libéralistes l’a entendu ? Mais les élections perdues ne sont rien par rapport à l’enjeu que représente aujourd’hui le combat que nous devons mener pour la défense de l’état social.

Celui-ci aujourd’hui est mis en danger par ceux-là mêmes auxquels nous avons fait confiance. Le gouvernement actuel de Manuel Valls va dans le mur, non seulement il met en péril l’ensemble du parti socialiste et de la gauche tout entière, mais surtout il est en passe de briser l’espoir d’une société plus égale, plus juste, moins violente. La politique dite de l’offre qu’il a choisi de conduire, fondé sur le monétarisme qui tourne le dos aux droits sociaux, sans voir que ceux-ci sont la condition même du développement économique, est une politique suicidaire qui fait entrer notre pays dans la déflation économique et la désespérance sociale.

Pour quelques points positifs, insuffisants, combien de décisions réglementaires ou législatives ont pu depuis l’élection de mai 2012 nous plonger dans un tel marasme avec des reculs que la droite elle-même n’aurait pas osé faire. Il faut d’ores et déjà en faire l’inventaire. Qu’en sera-t-il quand la droite revancharde sera revenue au pouvoir ? Ne sera-t-il pas trop tard, la droite ne prendra-t-elle pas prétexte de ce que ce gouvernement aura fait ou pas fait pour appuyer plus encore sur le bouton de la régression ?

C’est pourquoi il faut aujourd’hui nous ressaisir et appeler à un véritable débat à l’intérieur de notre parti et si besoin changer les directions locales et nationales. Car ce n'est pas à nous de partir pour leur laisser la clé.
Il est nécessaire de débattre à nouveau pour retrouver nos valeurs historiques en vue d’une autre action que celle qui nous est offerte. Il est hors de question de suivre aveuglément un gouvernement ou une direction nationale qui ont abandonné les exigences idéologiques et politiques débattues et votés en Congrès, il est hors de question de mettre sous le boisseau des promesses présidentielles pourtant très modérées.

Il faut tenir un congrès le plus rapidement possible, comme l'ont déjà demandé des membres du courant "maintenant la gauche", c’est notre seule chance pour tenter au moins de nous réapproprier notre parti.

Sur le plan fédéral j’appelle le premier secrétaire à réunir à une date fixée par le bureau fédéral une réunion de l’ensemble des militants du département du Jura pour faire le bilan de ce qui s’est passé depuis deux ans et ouvrir le chemin pour des réformes authentiques fidéles aux idéaux que nous avons toujours jusqu'ici défendus.

Il y a urgence.

Jean-Marc Gardère
membre du bureau fédéral PS Jura
mandataire "maintenant la gauche"

samedi 7 juin 2014

Pourquoi faire simple quand on peut faire encore plus compliqué qu'avant ?

Le projet de loi sur la réforme territoriale a été portée cette semaine à la connaissance de la presse. On en retiendra que le redécoupage des régions, pourtant d'importance, n'est pas le sujet principal même s'il aura alimenté allègrement les conversations de café du commerce et les bavardages du monde médiatique.
Car on a voulu  amuser le bon peuple avec ces histoires : pour ma part je ne veux retenir que la Corse restera bien une île, et la Bretagne une péninsule, quoique, pour la Bretagne à force de"réformes" je n'en suis plus tout à fait sûr...

On entre dans le vif du sujet : le projet de loi en son article 9 dispose notamment que les routes deviendront compétence des régions, régions telles qu'elles auront donc été redessinées, à la hâte paraît-il, sur une table élyséenne. Idem pour les transports ( article 8) voire même, et ce n'est pas un détail, les collèges (article 12). Pour ce qui concerne la voirie (les routes) l'article 9 précise encore que le conseil régional pourra déléguer leur gestion aux communautés d'agglomération, communautés urbaines ou métropoles...Sauf pour la métropole de Lyon...et la métropole de Paris...

Franchement on se demande à quoi ça sert que Raffarin il s'est décarcassé en deux-mille-quatre pour simplifier le mille-feuille tout en le rendant encore plus compliqué. Son record pourrait être battu car cette nouvelle loi ne va pas arranger les choses en matière de clarté pour tous les citoyens que nous sommes.
Par ailleurs on peut prévoir, alors qu'on espère des "économies", une accroissement des dépenses nécessaires pour la mise en place, sur le terrain, de ces dispositions. Cela ne pourra se faire sans heurt, ni perte d'énergie : sans entrer ici dans la technique, ni l'intendance, on peut s'attendre à des déménagements, des transferts de personnel ou leur mise à disposition d'une collectivité à telle autre... Etrange réforme qui ne simplifie pas grand-chose, pour laquelle on va passer beaucoup de temps alors que d'autres apparaissait bien plus urgentes et utiles. Mais la modernité n'attend pas, passez pour modernes et vous serez pardonnés.

Il est une chose enfin qui me tarabuste : l'article 26 crée les « maisons de services au public » en remplacement des (actuelles) « maisons de services publics ». Contrairement aux apparences, c'est loin d'être un détail. "Destinées à améliorer l’accès des populations aux services, elles peuvent, je cite l'exposé des motifs, relever de l’Etat, d’EPCI à fiscalité propre ou d’organismes de droit privé chargés d’une mission de service public. Elles rassemblent, dans les conditions prévues par une convention cadre, des services publics et privés."
Le langage a son importance : "services au public" et "services publics" ce n'est pas du tout la même chose. Cela signe la véritable signification de cette loi, celle d'une privatisation rampante, avec le risque à terme de la rupture de l'égalité d'accès aux services publics. Elle reflète la tendance résolument libérale de ce gouvernement.

A suivre donc, et avec attention, pour ne pas laisser porter cette blessure à la République, fût-elle décentralisée.

JMG

jeudi 29 mai 2014

On ne change pas les équipes qui perdent

Difficile de dire si le gouvernement et le Président de la République  ont bien mesuré l’échec de la gauche et celui du parti socialiste le 25 mai pour ces européennes. Je ne suis pas sûr qu’à un niveau plus modeste, celui de la fédération du Jura du parti socialiste, les responsables politiques en ayons pris beaucoup mieux la mesure.

Cet échec cinglant n’aurait donc servi à rien, faut-il se persuader qu’on ne change pas une équipe qui perd, même au prix de la catastrophe ?

Le FN a gagné ces élections, et ce ne pourrait être qu’un début si on prend ces résultats à la légère comme semble le faire le Président de la République à l’instar d’une belle brochette de responsables ou élus du parti socialiste dans une mélasse idéologique indescriptible empruntée à la droite ou au centre-droit.

Que disent-ils en gros ? Que c’est un cycle d’une crise qui va se terminer, tôt ou tard, bientôt nous dit-on, par un retournement. Ouarf !

Au niveau jurassien le premier fédéral nous écrit : « aucun militant et aucun élu ne doit faillir à son devoir de soutien absolu au Président de la République, au gouvernement et à la Majorité présidentielle".
Je goûte avec gourmandise l'adjectif "absolu". Il est savoureux en ces temps de monarque ou princes républicains déclinants.

 Bien chef, oui chef ! Cela est désolant, cela en dit long sur ce que devient le parti socialiste, un parti dont on voudrait faire des militants de simples godillots  après les avoir forcé à abandonner toute pensée critique. Voilà aujourd’hui ce qui mine le parti socialiste, le déficit démocratique, le manquement aux règles, le mépris en direction des militants, le manque de formation politique qui fait les (jeunes) ambitieux soucieux avant tout de leur carrière.
Alors, depuis deux ans, et c’est là l’essentiel malheureusement, les contre-réformes font florès qui reviennent violemment sur des lois sociales protectrices et de progrès, et dont on ne dit rien sauf à les encenser.
Ainsi en-est-il de la loi de sécurisation de l’emploi qui porte si mal son nom, qui en réalité bouleverse notre droit du travail, issue d’un accord avec des syndicats dit réformistes » telle la CFDT (ou sa direction nationale) dont les militants mêmes découvrent, sur le terrain, peu à peu, les effets négatifs du texte.

Loin de tenir ses promesses, Hollande en applique d’autres, celles que nous avons, alors dans l’opposition, combattues. On pourrait en multiplier les exemples. Jusqu’à la pièce maîtresse annoncée par le 1er ministre, ces cinquante milliards d’économie à faire qui seront de nature à déstabiliser l’Etat et ses services, qu'ils soient centraux, déconcentrés ou décentralisés et qui nous font passer du socio-libéralisme  -on n’ose même plus parler de social-démocratie- à l’ordo-libéralisme inspiré de l’Allemagne d’Angela Merkel.

Plus aucune volonté de progrès social et économique alors qu’il serait temps de parler de retour à une véritable progressivité de l'impôt sur le revenu, d’augmentation des minima sociaux, de réduction du temps de travail. Bien loin la loi des 35 heures de Lionel Jospin et de Martine Aubry qui à l’époque, malgré tout le mal que la droite a pu en dire, a retardé la crise et créé de 300 à 400 000 emplois.

Aujourd’hui on nous parle au contraire de suspension (dernières déclarations du ministre du travail) des seuils dans les entreprises pour la représentation du personnel. Comme si toutes les décisions prises jusqu’alors au bénéfice d’un politique de l’offre ne suffisait pas, voilà qu’on en rajoute dans l’atteinte de la démocratie sociale dans l’entreprise.

Voilà pourquoi le parti socialiste, s’il veut survivre, doit enfin redresser la tête et dire non à toutes ces politiques rétrogrades qui ne servent en définitive qu’à la spéculation financière, et qui tourne le dos à tous ceux, employés, ouvriers, cadres qu’il est encore tout de même censé représenter.

La politique comme la nature a horreur du vide.

Le vide politique se remplit par ceux qui sont arrivés en tête le 25 mai dernier et qui voudraient nous prendre jusqu’au langage.

JMarc Gardère

dimanche 25 mai 2014

Cela m'aurait pas plu

Un conseiller général, celui de Lons-Nord pour ne pas le nommer, a qualifié un autre conseiller général ( et non des moindres ) de syndicaliste. Cela m'aurait pas plu. L'invective, si c'en est une et c'en est peut-être à l'oreille ou aux yeux de certains, se faisait au sujet de la réforme territoriale initiée par notre gouvernement, réforme que notre conseiller général entendait donc défendre alors même que personne en France n'en connait encore le contenu précis, y compris ceux qui en seront en définitive les auteurs. Car plusieurs solutions sont sur la table et on ne sait laquelle aura finalement les faveurs de nos politiciens les mieux placés pour emporter la décision.

Notre conseiller général sous-entendait qu'il fallait être élu pour avoir une vision, le message subliminal disposant qu'un syndicaliste lui n'en aurait pas. S'agissant de réforme territoriale, au point où nous en sommes aujourd'hui, toute vision ne peut-être que brouillée.

Il y avait, il y a toujours, d'autres réformes à faire bien plus urgentes que celle-ci laquelle ne faisait même pas partie des "promesses" de François Hollande. C'est qu'il doit être plus aisée de tenir les promesses que l'on n'a pas faite, pour faire oublier sans doute celles qu'on n'a pas l'intention de tenir, comme par exemple la grande réforme fiscale que l'on entend toujours.

Est-il visionnaire de défendre une réforme, pour l'heure invisible, dont on peut craindre qu'elle sera mise en oeuvre sans réelle concertation compte tenu de la précipitation qu'on veut subitement y mettre ? Ce serait amusant si ce n'était dramatique pour notre République, car cette réforme est là pour en cacher d'autres, celles qui verront la disparition, dans nos territoires, de milliers d'emplois publics utiles ou nécessaires à l'ensemble de la population.

Les statuts du parti socialiste, dans sa déclaration de principes, conseillent à ses adhérents l'adhésion à un syndicat. C'était même une obligation jusqu'en 2008. Car le syndicalisme est un moyen de garder les pieds sur terre. En matière de réforme territoriale le pouvoir aurait intérêt à respecter, au travers de leurs organisation, les salariés de ce secteur.

C'est loin d'être le cas aujourd'hui.


Jean-Marc Gardère
syndicaliste
membre de la commission exécutive de l'ufict-CGT

samedi 17 mai 2014

Ils se disent révolutionnaires

On parle de mille-feuille territorial mais ne s’agit-il pas plutôt d’un mille-feuille de réformes territoriales ? Entre communautés d’agglomération (qui devraient se transformer en métropoles…), communautés urbaines, fusion de régions annoncée, suppression des départements, clause de compétence générale supprimée fin 2010, son rétablissement en janvier 2014, puis sa disparition à nouveau annoncée par le 1er Ministre… Bien malin qui aujourd’hui se retrouve dans tout ce fatras. Il faudrait donc se calmer et laisser un peu de place à un minimum de stabilité permettant aux acteurs des services publics de travailler en paix.
La notion de territoire est devenu, depuis 2003 au moins, un enjeu politicien qui laisse de côté ce pour quoi le découpage administratif est fait, à savoir la gestion des services publics locaux dont les citoyens et usagers sont en droit de se partager équitablement les effets.
Car au fond on ne réforme rien du tout, par contre on réduit les moyens des collectivités en taillant dans leurs dotations. Ainsi douze milliards en moins annoncées qui manqueront aux routes, collèges, lycées, aide aux entreprises, assainissement, transports, à l'aide sociale si sollicitée aujourd'hui, et pour cause... C’est donc ça le choc de simplification ?
Si on en croit un chercheur du CNRS ce ne serait pas douze mais vingt-sept milliards d'investissement sur quatre ans qui serait ainsi économisés pour soi-disant rentrer dans les clous des comptes publics au nom du pacte de stabilité. 

Comptes publics qui, pour les collectivités, n'ont jamais souffert de déséquilibre.  Contrairement à l'Etat le vote de budgets déséquilibrés n'a jamais été ni la règle, ni la pratique. C'est donc un mauvais procès que l'on fait aux collectivités chez lesquelles on veut à tout prix importer la crise, quand on veut tuer son chien, on dit, où ici insinue-t-on, qu'il a la rage.
C'est ce qui compte : 27 milliards en moins de fonctionnement et d’investissement publics qui manqueraient à l'activité et qui donc constitueront une source supplémentaire de chômage et de pauvreté.
Cette réforme territoriale, dont on ne connaît pas encore les contours, lesquels se déforment et se reforment de jour en jour, selon les états d'âmes de nos politiciens, n'est que de la poudre aux yeux, elles entend dissimuler l'essentiel, à savoir la disparition prochaine de pans entiers de services publics de proximité.


Cette folie pourrait également avoir pour conséquence, et peut-être est-ce là le but recherché, de faciliter la privatisation de services rentables pour certains investisseurs indifférent, et pour cause, à l'égalité d'accès aux services publics qui est l'un des fondements de notre République.

Manquant d'argent frais pour cause d'austérité, les collectivités, et on sait la fragilité de certains de nos élus devant des lobbys particulièrement efficaces, pourraient être tentés de déléguer au privé des services gérés jusque là par eux-mêmes.
Car, comme pour la santé, pour les retraites, il y a là aussi de l'argent à se faire, des bénéfices à tirer aux dépens des contribuables qui, tout au moins au début, n'y verront que du feu mais qui pourront, bien vite, s'en mordre les doigts. Cela pourrait se faire notamment dans le cadre de partenariats public privé, indolores au début mais qui se révèlent être autant de catastrophes pour les finances publiques. On peut prendre l'exemple de l'hôpital d'Evry, que Manuel Valls connaît bien pourtant.

Si on voulait vraiment réformer nos territoires on s'y prendrait autrement, on commencerait d'abord par une réforme de la fiscalité locale pour la rendre plus juste et plus équitable. 

S'ils ne jouaient encore que leur petit destin politique, mais Hollande et Valls jouent ici les apprentis-sorciers...ils ne se montrent nullement au service des populations. Au passage, ils mettent en péril des milliers d'emplois publics, véritables sources de richesse, alors que notre pays souffre tant du chômage.
Cette réforme n'en est pas une et ils voudraient la faire passer pour révolutionnaire.

JMG



samedi 10 mai 2014

Mille-feuilles,tartes à la crème, ou l'art des réformes territoriales inutiles (suite)

André Vallini, le secrétaire d’Etat qui sera en charge de le conduire la réforme territoriale tout récemment accélérée par les propos du chef de l’Etat, a déclaré que cette réforme pourrait conduire à une économie de 12 à 25 milliards d’euros pour l'Etat ( douze à vingt-cinq, appréciez au passage l'extrême précision !) 

Prend-on les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages, pour des imbéciles ou simplement pour des militants socialistes ? Ce gouvernement semble être un champion en matière de communication politicienne pour faire oublier les vrais problèmes, ce gouvernement continue en cela de suivre le chemin tracé par un Sarkozy. C’est d’autant plus grave, étonnant et rageant, que c’est nous militants socialistes, qui l’avons mis au pouvoir. 

Souvenons-nous que le premier ministre, Manuel Valls, a avancé le chiffre de 50 milliards d’économie de dépenses publiques dans le cadre du plan dit de responsabilité pour contenter la commission de Bruxelles et Mme Merkel. En effet, d’après notre gouvernement, il est impérieux de respecter les engagements pris et de respecter ainsi l'objectif ( inatteignable) d’un déficit budgétaire qui n'excède pas les trois pour cent. On voit ce que ça donne en terme de récession, mais le sujet n'est pas là...

Ces cinquante milliards sont partagés entre 12 milliards d’économie faits par l’Etat central, 11 milliards exigés sur le budget de la sécurité sociale et enfin 11 à 12 milliards pour les collectivités territoriales.

On retrouve là les douze ( à vingt-cinq ?) milliards de Vallini, et contrairement à ce que prétend ce secrétaire d'Etat, ils ne seront pas le fruit d’hypothétiques économies provenant de cette énième réforme.  Diviser le nombre des régions par deux, supprimer les départements, regrouper voire faire disparaître les communes, ne rapportera pas un kopeck aux contribuables !

Elle serait même de nature à augmenter indirectement la dépense publique que tous nos socio-libéraux thatchérisés veulent pourtant réduire. Songeons par exemple à quoi mènerait la disparition de nombres de petits maires ruraux qui travaillent bénévolement à rendre service à leurs administrés. Qui fera le travail à leur place ? Un travail inestimable sur un plan financier, c’est vrai.

La désertification et l’abandon des zones rurales s’en trouvera de plus accentuées. Quel sera le coût social de tout ce gâchis ? Où se nicheront véritablement les économies ? Aide sociale, routes, collèges, culture ?

Les économies d’échelle attendues ne se révéleront pas à la hauteur des espérances de certains de membres des cabinets ministériels ou de ministres eux-mêmes. 
Cette réforme, dont on ne connaît pas encore le détail, est une énième réforme dite de décentralisation. Elle n'aura que l'avantage de cacher la misère que l’on prévoit pour les collectivités.
Cette réforme n'apportera rien, elle s'ajoute aux précédentes, déjà nombreuses, elle ne fera qu'accentuer l'incompréhension des usagers et des citoyens.
Elle se révèle aussi comme une réforme à dessein politicien puisqu’elle permet de nous faire oublier par la même occasion les véritables problèmes qu'il serait urgent de traiter. On eût aimé que Hollande tienne les promesses qu'il a faites avant de projeter des lois qu'il n'avait nullement annoncées durant sa campagne.

Où est la grande réforme fiscale promise, ou donc est passée la volonté de constituer une VI république susceptible de changer dans le bon sens les pratiques politiques en France ?

Rien de tout cela et à la place, ce projet, dont on peut craindre qu’il sera conduit sans concertation véritable, qui trompe les citoyens, qui portera atteinte à l'emploi public, et qui risque de casser la dynamique que les collectivités apporte encore, malgré la « crise », à l’ensemble du pays.

JMG

jeudi 8 mai 2014

Municipales : retour vers le futur

Ces élections municipales n'auront été finalement que le point d'orgue d'une tromperie généralisée. Fut-elle intentionnelle ? Peut-être pas. Mais le mal est profond.
François Hollande s'est fait élire, le discours du Bourget sur les finances l'atteste, sur un projet de gauche. Il conduit finalement une politique économique "de l’offre", réellement de droite, en évacuant la question sociale. Cela a produit chez nombre de militants un découragement, sinon un écœurement, que nous devons aujourd’hui assumer si tant est bien sûr que l'on décide de ne pas quitter le navire tout à fait. Ne parlons pas de l'électorat qui lui est complètement déboussolé, et impacte la gauche dans son entier, on le serait à moins.

Ne soyons pas naïfs, cela pourrait préparer un retournement, politique celui-là, vers le centre droit, le Modem, l'UDI, dont on voit bien déjà les prémisses. La nomination de Valls comme premier ministre n'est pas le fruit du hasard, dût-on sacrifier encore les intérêts du monde du travail. Doit-on laisser faire ?

Au niveau local et à Lons-le-Saunier, ce qui devait arriver est arrivé. Je passe sur les faux-faits (comme aurait dit Sartre) de l’histoire où on a vu un ancien membre du parti socialiste passé dans l’autre camp pour se faire nommer maire-adjoint par Jacques Pélissard toujours encarté à l'UMP. C’est un grand classique de l’opportunisme, les bénéficiaires n'en furent pas les citoyens en tout cas, et cela met plutôt de l’eau au moulin de la désaffection politique.

Du côté de la gauche, et plus particulièrement du parti socialiste qui existe encore malgré les nombreux avis de décès, cette campagne municipale lédonienne a en réalité été menée en dehors. Bien sûr on me dira que ce n’est pas grave en soi, que les partis ne sont pas l’avenir, que seul le suffrage universel compte, et qu'il faut avant tout faire confiance en la société civile. C’est si vrai que notre candidat s’était déjà auto-proclamé fin 2012, "un homme, une vision" annonçait-il, et s’appuyant sur des "experts" dont certains, peu nombreux au final pour cause de défaite, sont aujourd’hui membres du conseil municipal dans l’opposition. Et en lieu et place de militants qui se battent depuis des années.

Un "parti" s'est dès lors constitué à côté du nôtre le temps des municipales, mais sans respect de la démocratie puisque celle-ci s'élaborait en des formes de géométrie variable. Cela pouvait se traduire notamment par des réunions auxquels certains, à certains moments, pouvaient être convoqués, et à d'autres moments non, selon le bon vouloir de la tête de liste pourtant officiellement désignée par le parti socialiste. Ce dernier allait même jusqu'à ne pas donner au moment ultime la place qu'auraient les candidats sur sa liste.

Il ne s’agit pas ici de faire l’apologie des partis politiques. Pourtant on n'a rien inventé de mieux si tant est qu'on en respecte ses règles, en l'occurrence celles que le parti socialiste s'était fixées. Mais ce sont des hommes qui composent les partis. Ainsi, pour gagner la guerre des places a-t-on vu triompher l’individualisme, le carriérisme, et l'amateurisme au bout du compte. Voilà aussi pourquoi le parti socialiste est aussi affaibli aujourd'hui, en réanimation, et dont on ne connait pas encore l'issue.

Résultat : il n'y eut pas de projet municipal digne de ce nom, aucun projet phare, sans lesquels on ne peut gagner une ville, et autour desquels on aurait pu créer une vraie dynamique, il n'y eut pas non plus de rassemblement de toute la gauche. L'occasion était pourtant belle de mettre un terme à vingt-cinq ans de mandats consécutifs. Mais non, Jacques Pélissard est toujours là, et, comme on l'a déjà dit, pourra tranquillement préparer sa succession, au besoin en faisant se déchirer les jeunes loups qu'il aura placés en première ligne.

Le contexte national a fini le travail de l'échec. La gauche a perdu parce que l'abstention a gagné des électeurs de gauche découragés.
On est même tentés de ne plus faire appel aux électeurs, de quelque bord soient-ils, puisque le président de la république vient d'annoncer que les élections régionales et cantonales de 2015 pourraient être retardées d'un an pour cause d'une réforme territoriale que l'on veut accélérer. Comme s'il n'y avait pas d'autres priorités.

La droite avait en 2007 fait de même avec les municipales et les cantonales, faisant passer le mandat de six à sept ans pour je ne sais quel prétexte. La gauche au pouvoir l'imite donc au grand péril de la démocratie et du sien. Elle agit ainsi, une fois de plus, contre ses propres valeurs.

Une raison supplémentaire pour que les électeurs viennent aux urnes à reculons, ou pas du tout, la politique ne passant plus à leurs yeux, pour cause d'atermoiement démocratique, comme une chose sérieuse.

Place maintenant aux européennes qui seront hélas à l'image du référendum non respecté de 2005, mais aussi surtout à celle d'une "Europe" libérale incapable de combattre la misère et le chômage.

Il faudra là encore se battre contre l'abstention. On devine qui pourrait sinon tirer son épingle du jeu.

JMG

samedi 26 avril 2014

La face cachée d'une réforme

La disparition programmée des Départements posent des questions essentielles qui ne sont pas forcément celles que l’on croit. Observons d’abord qu'il y a loin de la coupe aux lèvres puisque le  Premier Ministre, dans sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale, fixait une date d’effet pour 2021. D’ici là on peut penser que beaucoup de ministres, premiers ou pas, auront déjà coulé sous les yeux du peuple français, y compris Manuel Valls, à moins que celui-ci ne devienne Président de la République, ce dont personnellement je doute.

Pour l’heure, j'espère encore en un simple un effet d’annonce : il est politiquement correct, aujourd'hui encore, hélas, de montrer que le gouvernement fait quelque chose contre « le mille-feuille administratif » devenu depuis quelques années le nec plus ultra du projet politique en France. Faute de grives on mange des merles, on peut cacher l’inaction ou la paresse politiques par des projets douteux dont on sait qu'ils seront relayés par les media, ne serait-ce que par le vacarme polémique qu’ils pourront susciter. Et ça marche !
C’est le genre de sujet sensible comme le fut en 1969 celui, politiquement monumental à l’image de son initiateur Charles de Gaulle, de la disparition du Sénat. A partir du moment où cela concerne des élus, on peut être sûr en effet qu’il y aura du tangage. Car les élus en général ne font pas partie de la majorité silencieuse, ils font même du bruit, y compris avec des casseroles.

La question que pose ce projet est celle, en réalité, de l’avenir de services publics de proximité et du respect que l’on porte à leurs usagers. Les départements oeuvrent en premier lieu pour les routes, les collèges, les services sociaux…et bien d’autres domaines encore au nom de la clause générale de compétence que notre premier ministre s’attache à vouloir faire aussi disparaître. Ce n’est pas en tuant l’institution qu’on fera disparaître le bien fondé, comme la nécessité, de ces compétences.
Toute les velléités aujourd’hui des réformes de l’organisation administrative de la France s’envisage en termes d’économie de finances publiques et non en terme d’efficacité des services publics, ce qui ajoute à la confusion qu’on prétend vouloir combattre.
Attaquer l’institution c’est vouloir faire de l’austérité sans le dire en pensant que cela passera mieux dans les consciences, c’est sous-entendre qu’on dépense trop avant de couper dans le vif.
Le problème de fond est bel et bien l’avenir des services publics et non celui de l’institution qui n’en est que l’outil. Le problème de fond c’est bien l’austérité, ce sont bien les onze à douze milliards d’euros dont les usagers ou citoyens des collectivités dans leur ensemble devront faire le deuil dans leur vie quotidienne.

La deuxième question est de nature démocratique. Voulant imiter l’Allemagne parce que son mille-feuille, de par son Histoire, serait moins épais et moins crémeux que le nôtre, on voudrait supprimer les strates territoriales en oubliant de considérer qu’elles sont aussi, d’abord, la manifestation de la démocratie locale. Ainsi veut-on aussi supprimer la commune, au profit notamment des métropoles,  sans voir que la commune est la base, en France, de l’engagement citoyen, du plus petit village à la grande ville qui sont historiquement des lieux de solidarité et de débat démocratique. Ainsi veut-on aussi supprimer désormais les départements. Le citoyen a la tête qui tourne, il n’y comprend plus rien, le remède est devenu bien pire que le mal. Mais c'est parce que nous n'avons pas affaire à un remède, mais bien plutôt à un alibi.

Défendons plutôt les services publics en ne faisant pas porter aux collectivités le poids d’une crise que l’Etat central ne veut plus assumer. Tout ça parce qu’il a décidé de remettre son destin à une Europe dont le peuple a déjà refusé l‘actuelle orientation. Mais c’est encore une autre affaire.

JMG

vendredi 18 avril 2014

Salaires et discrimination syndicale

La journée du sept avril dernier était celle du combat pour l’égalité salariale. Elle concernait l’égalité entre les hommes et les femmes bien sûr, mais en principe devait également faire réfléchir sur l'ensemble des discriminations en matière salariale .

Thomas Breda, un doctorant de l’école d’économie de Paris, établissait dans une étude que les délégués syndicaux étaient payés en moyenne 10% de moins que l’ensemble des autres salariés. En moyenne, et pour être plus précis, l’écart serait de 8 à 11% inférieur, à âge égal, à expérience égale, à diplôme égal, et à sexe égal.

 Cette étude est déjà un peu ancienne car elle date de 2010 mais la pression auquel est soumis de plus en plus le monde du travail n’a pas dû arranger les choses depuis quatre ans. Les employeurs, loin de vouloir acheter la paix sociale, comme on le pense communément, pratiqueraient bien plutôt une discrimination envers les syndicalistes.
 On pourrait objecter que ces écarts de salaires puissent venir de ce que ces délégués syndicaux seraient moins bons ou moins productifs dans leur travail. Le chercheur a au contraire observé que ces écarts de salaires s’enregistrent cinq années après le début des mandats détenus par ces délégués. Ces discriminations se font principalement par le biais de refus de promotion ou d’augmentation de salaires.

A tout seigneur tout honneur : le syndicat le plus touché serait la CGT, ses délégués percevraient en moyenne 20% de salaire en moins, la discrimination dans la discrimination en somme. Gage d'efficacité militante, ou bien sa conséquence ? Ensuite viennent la CFDT (10% de salaire en moins) puis Force Ouvrière dont les délégués, toujours en moyenne bien sûr,  ne perdraient rien...
En tout cas Il serait temps que cette discrimination anti-syndicale cesse car il en va là de la santé de la démocratie sociale, à une époque où la classe politique ne trouve plus crédit, à tort ou à raison, aux yeux des citoyens.
Cette réalité discriminatoire montre, s'il en était besoin, qu'en France, bien loin même d'une social-démocratie à l'allemande, les syndicats ne sont pas considérés, ni reconnus à leur juste place alors que leur action demeure essentielle dans les rapports sociaux.
Elle montre surtout que dans notre pays le combat syndical reste rude et difficile, ce qui explique, au moins en partie, le faible taux de syndicalisation. 

Enfin, ou pouvait espérer qu'un pouvoir de gauche fasse davantage pour la dé-criminalisation de l'action syndicale. Pour l'instant il n'en est rien. A-t-il au moins conscience qu'il en va de sa propre survie ?

JMG