samedi 31 octobre 2015

Ce qui m'épate le plus

C'est bien l'entêtement de ce gouvernement à vouloir continuer une politique qui ne marche pas et qui nous fait reculer tous ensemble !
Le gouvernement Valls ne peut pas penser autrement qu'en termes de réduction de dépenses publiques, à tout prix, pour prétendument relancer la croissance. En cela il est parmi le pire des gouvernements néo-libéraux connus jusqu'ici.

 Hollande n'était pas obligé  de décider, fin 2013, ce pacte dit de responsabilité qui va au delà des exigences de Bruxelles. Le carcan européen apparemment, de façon suicidaire, ne lui suffisait pas !
Ce "pacte", toujours en vigueur aujourd'hui, est censé faire reculer le chômage en créant pas moins de 200 000 emplois d'ici 2017. Comment ? En accordant 41 milliards d'euros d'aide aux entreprises sous forme de réduction d'impôts ou d'exonérations sociales (lesquelles affaibliront plus encore la sécurité sociale...)

On pourrait faire un premier bilan des effets de ce cadeau monumental aux entreprises. On est loin en effet encore des 200 000 emplois prévus et sans doute n'y parviendra-t-on jamais.
Car le gouvernement, et de manière délibérée, réfléchie, n'a prévu aucune contre-parties, celles-ci   ayant été laissées aux bons soins des partenaires sociaux. Et donc, comme il était prévisible, le Medef se fait prier. Il ne lâchera rien. C'est que le rapport de forces, dans les entreprises, ou plus largement dans les branches d'activités, n'est pas aujourd'hui à l'avantage des organisations de salariés qui les défendent encore. 
D'autant que les directions nationales des syndicats dits réformistes comme la CFDT sont à l'appui sans sourciller d'un patronat de plus en plus arrogant, de plus en plus exigeant envers le monde du travail.
Ce que le Medef lâchera le sera bien évidemment au profit des actionnaires, très peu pour les investissements des entreprises et encore moins pour les salaires !

Mais il y a plus grave encore, ces quarante milliards il faut les trouver quelque part. Le financement se partage donc en des réductions drastiques de crédits sur la période 2015-2017 : moins 18 milliards aux dépens des services de l'Etat, moins 11 milliards pour la protection sociale, moins 11 milliards pour les collectivités locales.
C'est ainsi qu'un gouvernement dit socialiste continue d'appauvrir les citoyens et, ce faisant, aggrave les inégalités. Ces aides en effet se traduisent surtout par des augmentations de dividendes.

Les diminutions de ces crédits correspondent à des choses bien concrètes, comme par exemple le gel du point d'indice de fonctionnaires, le gel de certaines prestations sociales, la non-revalorisation des retraites, on en passe et des meilleures.

Par ailleurs, les 11 milliards dont elles devront se passer sont en train de déstabiliser les collectivités locales. Ces réductions de crédit, peu importantes en valeur absolue mais essentielles en valeur relative, atteignent de manière de plus en plus préoccupante les économies locales. Il n'y a pas un jour où un patron ( le même parfois qui n'a pas de mots assez durs contre la dépense publique) se plaint dans la presse de la baisse d'activité consécutive à des commandes qui ne sont plus passées par les communes, les départements, les régions.
Les travaux publics se réduisent comme peu de chagrin et ont des conséquences désastreuses en matière d'emploi !

Tout cela à la veille des élections régionales. Mais de cela le gouvernement  n'en a cure, il est hors-sol. Et la foi aveugle que garde la majorité du parti socialiste en ce gouvernement, confine à la bêtise, à l’inconscience, ou pire à la lâcheté. Mais où est passé l'esprit critique qui faisait la force il n'y a pas si longtemps encore de ce parti ?

C'est triste, c'est inacceptable, c'est irresponsable. Cela se traduira prochainement dans les urnes.

JMG






samedi 24 octobre 2015

La réforme territoriale, une stratégie du choc à la française

Standard & Poors, l'agence de notation, s'intéresse aux régions qui vont passer, aux termes de la loi NOTRe (loi portant nouvelle organisation territoriale de la République), de vingt-deux à seulement treize.
Continue-t-on ainsi à vouloir imiter l’Allemagne ? Alors même que le poids budgétaire des régions françaises restera, malgré la réforme, ridiculement bien inférieur à celles d'outre-Rhin ?
Réforme phare, voire pharaonique, qui n'était pas prévue dans les soixante propositions du candidat Hollande, mais réforme qui présente l'avantage de faire oublier, peut-être !, le désastre de la politique économique actuellement menée. L'accroissement indéfectible d'un chômage de masse, on le sait, n'est pas l'effet du hasard, c'est bien le résultat d’une politique d'inspiration néo-libérale qui sape le moral de l'ensemble de la société.
Les souffrances qu'endurent les chômeurs, qui par ailleurs seront encore plus contrôlés, ne mériteraient-elles pas qu'on s'y attarde sérieusement ? A la place, comme pour cacher la misère au sens propre comme au figuré, le gouvernement propose cette réforme qui loin de rendre les régions plus efficaces les rendra certainement plus coûteuses. On nous avait pourtant vanté que cette loi révolutionnaire constituerait par-dessus tout une réelle et prodigieuse source d'économie d'échelle.

Et donc du point de vue du pouvoir, la plaie de notre société, c'était bien avant tout ce maudit mille-feuilles administratif qu'il fallait à tout prix remettre en cause ! Et voilà, c'est fait, comme une lettre à la poste, tant les citoyens n'y comprennent pas grand'chose, et surtout ont d'autres préoccupations, d'autres inquiétudes.
Sans parler ici des autres versants de la réforme territoriale ( suppression de la clause générale de compétences, métropoles, départements, fusion des communes …), la constitution des nouvelles régions est en train de déstabiliser l'ensemble du système administratif français comme si celui-ci avait besoin de ce chaos artificiel concocté par des politiciens en mal de stratégie politique.

Mais, alors que ce pouvoir comme ceux qui l'ont précédé font tout et n'importe quoi pour plaire aux marchés financiers, un de leur affidés, Standard & Poors, clame aujourd'hui que la fusion des régions ne sera la source d'aucune économie.

Cette agence, qui donne des notes aux institutions comme on un instituteur peut donner des bons ou des mauvais points à des élèves respectueux ou soumis, estime que la réforme territoriale, sous l'angle singulier de la fusion des régions, n'aurait aucun effet d'économie sur la Dépense Publique, grand Satan désignée de l'économie néo-libérale.

D'autant que Standard & Poors pointe aussi que les baisses des dotations de l'Etat, pour l'ensemble des collectivités locales, entraîneraient une diminution des investissements d'au moins trois milliards d'euros entre 2014 à 2016 (ce sera d’ailleurs probablement beaucoup plus élevé), sans que les impôts locaux baissent pour autant !
Et donc là aussi mauvais point pour Valls, Hollande, Macron, la réforme à cet égard ne servirait donc à rien, elle entraînerait même, dans un premier temps au moins, des surcoûts supplémentaires. Rappelons qu'à l'origine il avait été question, puisque le nombre des régions diminuait, de réduire d'autant le nombre des élus. Cette idée, sans doute pour ne décevoir personne, aura été bien vite abandonnée.

Nous ne sommes qu'au début de l'application concrète de la réforme. On entend déjà, et de plus en plus fort, les échos de la désorganisation des services déconcentrés de l'Etat qui eux aussi sont concernés comme ils l'ont été déjà à l'occasion des phases antérieures de cette prétendue "décentralisation".
Il faudra aussi compter les risques psycho-sociaux qui pèseront sur l'ensemble des agents publics, et s'attendre à la désorganisation de l'ensemble des services publics locaux.
N'est-pas là une sorte de stratégie du choc à la française ?

Quel en seront les effets ou les buts ultimes ? Le risque n’est-il pas au fond de désorganiser ces services publics pour les rendre encore plus vulnérables à des privatisations qui, elles, pourront bien plaire aux agences de notation et à tous ceux auxquels elles pourront profiter ?

JMG










samedi 17 octobre 2015

Valls et l'anticégétisme primaire

La crise d' "Air France" aura révélé, s'il en était encore besoin, la véritable nature politique de notre premier ministre et donc par extension, celle de son gouvernement, solidairement attaché à la stratégie conduite et à la manière dont est envisagé ce qu'on appelle encore le dialogue social.

Alors que l'affaire Cahuzac n'en était encore qu'à ses balbutiements, et pour cause, Valls le 4 avril 2013, déclairait dans une émission de radio : "déclencher les enquêtes n'est pas de mes prérogatives". On sait ce qu'il advint de cette affaire qui restera une des grandes hontes du quinquennat de François Hollande, et qui surtout aura plongé dans la désillusion et l'amertume de nombreux militants du parti socialiste, et dans la perplexité l'ensemble de l'électorat de gauche. Ce n'est pas tous les jours que l'on voit un ministre "socialiste", chargé de combattre la fraude fiscale, la pratiquer lui-même avec autant de constance et de conviction.

Pour "Air France", dont l'Etat est encore le principal actionnaire, c'est une autre sémantique qui a été tout récemment employé par notre premier ministre. Ainsi, suite à des déchirures de chemises certes condamnables, employait-il les termes de "voyous" contre lesquels il faudrait prononcer "des sanctions lourdes". L'ennemi ce n'était donc pas la finance mais bien des salariés, et parmi eux des syndicalistes, auxquels on confisquait brutalement le travail et la dignité.

Le premier ministre fut relayé et encouragé par des membres éminents du parti socialiste, tout comme ici à Lons-le-Saunier, par un ancien de ces membres, président battu du conseil départemental, tout nouveau adhérent du mouvement des radicaux de gauche (on se demande pourquoi). Et donc Valls, pour tous ces gens, avait raison : au lieu de la finance, au lieu d'une gestion calamiteuse et de la concurrence déloyale qui sont les véritables responsables de tous ces maux, il fallait clouer au pilori cinq malheureux salariés dont on découvrait, comme une cerise sur le gâteau de l’anti-syndicalisme primaire, qu'ils faisaient pour certains partie de la CGT.

Et donc Haro sur ce syndicat, qui fête ces jours-ci ses cent-vingt ans, et sur l'ensemble de ses militants. On sait pourtant que certains d'entre eux furent à l'origine de l'exfiltration des deux cadres d'Air France. Ces derniers, grâce à ces mêmes militants, ne perdirent que leur chemise, seulement leur chemise.

On peut retenir de cette histoire que les gens qui sont au gouvernement aujourd'hui, bien qu'issus d'un parti censé les représenter et les défendre, ne connaissent pas grand chose du monde des salariés pour la simple raison qu'ils n'en firent jamais partie. Que connaissent Valls, Macron, Hollande du monde du travail ?
Dès lors, bien que "socialistes", comment peuvent-ils savoir ce qu'est un syndicat ? Et de quoi sont faites les luttes ? Ils n'en connaissent aujourd'hui que ce que peuvent marteler des media plus sensibles aux injonctions du Medef qu'à celles des organisations de travailleurs.

 D'où les fautes politiques et les erreurs d'un gouvernement dont l'action la plus remarquable aura été de tracer et de préparer une avenue pour l’avènement des droites extrêmes.
La politique ayant horreur du vide, il est à craindre que celles-ci ne manqueront pas de l'emprunter.

JMG