dimanche 9 décembre 2018

Le vieux monde de Macron

"Réduire la dépense publique", il n'a pas honte, voilà toute la réponse que faisait Bruno le Maire cette semaine face au mouvement des gilets jaunes. Le ministre de l'économie, transfuge de LR, qui fut même un inconditionnel de Fillon, n'a donc rien compris. Ou alors il fait semblant. 

Comme d'autres de son camp, il continue de déblatérer le vieux discours de l'orthodoxie néo-libérale qui précisément nous a amenés à la situation que nous connaissons. Il en profité bien sûr pour dénoncer la pression fiscale en oubliant de mentionner tous les cadeaux fiscaux faits aux plus riches, suppression de l'impôt sur la fortune, instauration d'une "flat tax", exonérations diverses et variés qui depuis plus de trente ans maintenant font office de politique fiscale à l'envers. Tout cela au nom d'un "ruissellement" théorique des riches qui irait abreuver les plus pauvres.

Alors oui, disons le, il y a trop de pression fiscale. Mais de celle qui touche sans équité salvatrice les plus démunis au travers des impôts indirects, à travers le taux de TVA,  ou bien encore par le moyen des taxes sur les carburants dont le gouvernement fait semblant de croire qu'elles sont destinées à la transition écologique.

La pression fiscale s'est allégée sur les plus riches par la suppression de la plus grande partie de l'impôt sur la fortune soit près de 4 milliards de moins qui auraient pu être consacrés au maintien ou au développement des services publics sur les territoires. 
Moins de pression fiscale aussi pour les sociétés les plus riches et les plus grandes, le plus souvent multinationales, au travers le "Crédit Impôts pour la Compétitivité et l'Emploi", soit plus de quarante milliards enlevés à la maîtrise citoyenne et qui, dans le même temps, échappent aux PME lesquelles restent soumises au droit commun de la fiscalité.

Le pouvoir depuis des années met en avant le besoin et la nécessité des "réformes structurelles",ce terme est devenu le mot de passe d'un réformisme en folie. Il s'agit là de signifier, dans un langage à la fois technocratique et magique, que les "réformes" sont indispensables. Celles-ci ne visent pourtant qu'à détruire de l'intérieur toutes la construction sociale bâtie laborieusement au lendemain de la dernière guerre et qui a permis, en contenant les inégalités sociales, la relative prospérité de notre société.

Il est urgent de sauver ce système de redistribution sociale, et c'est pourquoi l’insurrection actuelle-car c'en est une- est essentielle et bienvenue, quasi inespérée si tant est qu'elle reste authentiquement populaire et démocratique. 
En l'absence d'un tel système de redistribution, le taux de pauvreté en France serait de 19% alors qu'il n'est aujourd’hui "que" de 7%, ce qui est déjà trop. La France est un  pays suffisamment riche pour éteindre le paupérisme qui est en train de le miner.

Le pouvoir depuis des année s’échine à s’attaquer aux "dépenses publiques" pour soit-disant diminuer ou contenir la dette publique. Ainsi suscite-t-on la peur et la culpabilité par rapport à une dette qu'il ne faudrait pas "laisser à nos enfants". Une absence d'investissement public est bien pire pour l'avenir. 

C'est pourquoi l'on ferait mieux de s'attaquer à la dette privée qui fut à l'origine de la crise de 2008. Les dépenses publiques elles ayant au contraire secouru le secteur bancaire...
Ce sauvetage des banques a pu être en effet opérée indirectement grâce aux impôts des classes moyennes ou défavorisées. 
Les plus riches quant à eux en auront au contraire bien profité.

JMG