samedi 28 décembre 2013

Les municipales et mon futur ami JP

Il m'arrive une chose pas ordinaire ce matin, les amis de Jacques Pélissard m'invitent à faire ami-ami avec eux sur Facebook, ils se nomment eux-mêmes "Municipales de Lons-le-Saunier" (nom) "tous avec Jacques Pélissard" (prénom). 
Je dois avouer que ça m'en bouche un coin et je dirais même plus : cela m'attendrit. On a tellement du mal parfois à s'accommoder de ses propres amis (parmi lesquels certains ne vous acceptent même pas comme "ami" sur facebook) qu'on ne peut être touchés lorsque ceux de l'autre camp vous offrent leur amitié, fût-elle aussi précaire et paraît-il virtuelle que celles qui surfent sur l'écume des réseaux sociaux.

J'ai donc écarquillé les yeux ce matin, hésitant à voir dans cette démarche amicale, ou bien les restes d'un cauchemar, ou bien ceux d'un rêve qui s'échouerait les lendemains d'une fête de la nativité.  Je suis tenté davantage par le rêve, c'est mon côté optimiste qui repart de plus belle, après il est vrai un assez court moment d'angoisse.

Mais comme tout se négocie aujourd'hui, y compris les amitiés, on me permettra donc d'avancer sinon avec prudence du moins avec intérêt. 
C'est pourquoi je n'accepterais d'être l'ami de "Municipales de Lons-le-Saunier" qu'à certaines conditions.

D'abord il conviendra que mon nouvel ami prénommé  "Tous avec Jacques Pélissard" prenne l'engagement de tenir ses promesses. (D'un coup cette tautologie, car c'en est une je crois bien, ne me dit rien de bon, j'ai le sentiment que je vais encore me faire avoir, disons que c'est un engagement qui ne ne mange pas de pain pour celui qui l'énoncerait...mais courage, continuons malgré ces risques sérieux...)

J'ai donc pensé, dans une espèce d'éclair subit de complète inconscience, demander à mon éventuel nouvel ami d’œuvrer pour un retour au pouvoir des soviets, mais j'ai bien vite renoncé, car trop c'est trop, il convient dans une négociation de toujours respecter l'adversaire et, considérant ses antécédents, de ne pas lui demander l'impossible ne serait-ce que pour lui éviter une crise d'apoplexie.

Par contre je lui demande, si tant est qu'il veuille toujours autant mériter mon amitiés FB, de s'engager à intercéder auprès de ses amis Fillon-Copé ( dans ce cas les amis de mes amis devenant mes amis) pour qu'ils souscrivent à une fiscalité plus juste, progressive, au moins du niveau qu'elle fut avant que leur copain Raffarin par une sorte d'excès effarant de libéralisme, n'y mît un point final.

J'engagerais ensuite mon nouvel ami à intercéder auprès de Fillon ou Copé (on ne sait plus lequel) pour que soit restaurée la retraite à soixante ans. Tout cela a tellement donné de mauvaises idées à l'actuel gouvernement de gauche qu'il s'agirait aujourd'hui de crier haut et fort la nécessité de faire machine arrière et remplacer le chômage des jeunes par une retraite bien méritée des plus anciens, l'avenir, surtout en pleine mondialisation, étant davantage au partage du travail qu'à sa raréfaction.

Je lui demanderais aussi d'arrêter de bassiner les électeurs sur les questions de sécurité comme si celles-ci devaient rester le nec plus ultra et le but ultime de la politique. Même si électoralement ça peut marcher il y a toujours quelque intérêt à ne pas prendre les électeurs pour des imbéciles, surtout que l'insécurité aujourd'hui est avant tout sociale.

Enfin, sur le plan local, je demanderais à mon supposé ami de construire un vrai service de nettoiement pour la ville de Lons-le-Saunier, un peu plus efficace, avec de véritables moyens humains et matériels, et qui ne soit pas, même accessoirement, devenu un vecteur de publicité pour la restauration rapide, Mac Donald pour ne pas le nommer. 

Ces trois engagements étant pris, et qui ne sont pas grand'chose par rapport à ce que j'aurais pu demander, j'accepterais alors d'être "ami", cela ne m'empêchant pas quand même de continuer à voter pour mon propre camp, j'ai nommé la gauche et le parti socialiste qui, en ces temps d'incertitude politique et idéologique, en auront bien besoin. 

Car il ne faut quand même pas pousser...


JMG






mercredi 18 décembre 2013

Encore un qui s'appelle Martin

La CFDT nous a habitué à ce qu’elle dégotte des conversions intéressantes et intéressées pour ses figures emblématiques. Cela a été le cas des Chérèque père et fils, l’un prénommé Jacques, devenu en sont temps ministre, après avoir été un des leaders syndicaux, déjà, de la Lorraine en crise, et l’autre, le fils, François donc, recyclé par le gouvernement à l’inspection  générale des  affaires sociales, pour se retrouver aussi à la Présidence de Terra Nova, un "think tank" proche du Parti Socialiste. Je ne sais d’ailleurs si Chérèque fils aura conservé les deux responsabilités.

Sans même citer Jean Kaspar qui passa de secrétaire général de la CFDT à ministre-conseiller à l’ambassade de France à Washington, on se rappelle aussi de la Tsarine, Nicole Notat, ex patronne de la CFDT, devenue par la grâce d’on ne sait quel mécène, présidente du Siècle, club-association qui réunit dans un même lieu de pouvoir et d’influence, tout ce qui se fait de mieux (bof !) dans notre classe dirigeante.

Si j’étais méchant je dirais que la CFDT est un syndicat d’avenir, pour ses dirigeants au moins. Mais je suis méchant.

Et maintenant, Martin, un peu plus bas dans la hiérarchie syndicale mais bien plus haut jusqu'alors au moins dans l’estime générale que l’on pouvait porter à l’idéal syndicaliste. Un vrai de vrai Martin, un ouvrier, un fort en gueule, un authentique, un qui pleure quand il faut, un qui se salit les mains, qui sait brandir le poing et parler au mégaphone. C’est pourquoi d’ailleurs, bien qu’étant à la CGT, je n’en veux pas au cédétiste  Edouard Martin : car je ne sais pas ce que j’aurais fait à sa place, rendez-vous compte, le gars est foutu à la porte de son usine après s’être battu comme un malade, et voilà qu’on lui propose une place de député européen à 7000 euros par mois au bas mot, sans compter les avantages accessoires, saucisses, choucroute, strudel, chauffeur et Strasbourgeoises. ( pour les Strasbourgeoises j’déconne bien sûr, pas d'ennuis ni de Femen sous mes fenêtres !)

C’est encore mieux que de gagner au loto, non ? Il n’y a guère que les riches qui pourraient se payer le luxe de renoncer à leurs gains au Loto.

Et donc le problème n’est tant celui de Martin que le nôtre, car même s'il gardait longtemps cette image du syndicaliste frôlant l’opprobre, et la Droite on peut lui faire confiance ne manquera ni de hurler ni de se moquer, cela ajoute à la déroute idéologique que la gauche traverse aujourd’hui. 

On ne peut pas ne pas penser à Terra Nova précisément qui envisageait d'exclure les ouvriers de la base politique du parti socialiste. L'intégration d'Edouard Martin dans cette liste du Grand Est pour les européennes suffira-t-elle vraiment à redresser la barre ? Ne serait-ce plutôt qu'une espèce d'ouvriérisme sans profondeur ?


On ne peut lui en vouloir, j'irais même jusqu'à le féliciter par anticipation de son élection.
On pourrait en revanche en vouloir à ceux qui pensent qu’en le plaçant là, le scrutin leur sera plus favorable. Rien n’est moins sûr.

Enfin, on peut en vouloir surtout à ceux qui, en le sauvant, n’ont pas sauvé Florange.


JMG

samedi 7 décembre 2013

Mille-feuilles et tarte à la crème

Partout à la radio, à la télévision , dans les journaux, de la part des politiques, des experts en tout genre, ce leitmotiv : notre système administratif serait trop complexe, il y aurait trop de communes, trop de départements, trop de régions , trop de tout, "trop de notes" en somme dans la symphonie mal embouchée de nos territoires. Et bien sûr, tarte à la crème, tout cela nous coûte cher, trop cher !

 Il faudrait donc trancher dans le mille-feuilles. Car tout le mal viendrait de là : si nous sommes en crise, s’il y a trop de chômage c’est parce qu’il y aurait trop de strates administratives qui se disputeraient, en se chevauchant, des compétences qui plus est illusoires.

 Ce constat, si c’en est un, a déjà débouché sur un arsenal réglementaire et législatif jamais terminé, et qui nous tient en haleine depuis des décennies, 1982, 1992, 2004, 2012, et 2014 bientôt avec ce projet de loi de modernisation de l'action publique et d'affirmation des métropoles. Tant est si bien qu’en guise de clarté gagnée nous n’avons fait, au fil du temps législatif ou réglementaire, qu’accumuler des couches de brouillard de plus en plus épaisses. Et finalement c’est l’usager des services publics locaux -ou le citoyen, ce qui est presque plus grave- qui sera devenu le plus perdu dans cette jungle.

Parce que l’Allemagne, elle, ne compterait pas autant de communes, il faudrait qu’en France on fît la même chose. C’est méconnaître l’histoire qui a fait à leur rythme les nations. Trente-six mille communes en France, et alors ? Cela n’est-il pas une chance pour la démocratie de proximité ? A-t-on jamais empêché les communes de s’organiser en syndicat à vocation unique ou multiple ? Voire de fusionner, mais en toute liberté bien sûr ?

 Quoi qu’il en soit la réforme (en fait l’avatar du rapport Balladur de 2009) est sur les rails et elle a un but affirmé, celui de la réduction des dépenses publiques avant d’être au service de l’usager. Et pour cela apparaît un instrument de taille, la bombe atomique de l’incitation à la mutualisation des services : le CIF ( coefficient d’intégration fiscale). C’est simple, plus vous aurez supprimé d’emplois publics, plus vous obtiendrez d’aides financières de l’Etat. Je n’exagère pas. Insolite et grotesque dans un  pays qui comptent plus de trois millions de chômeurs !

Ainsi la commune est embrassée jusqu’à l’étouffement par une coopération intercommunale forcée dans le cadre des communautés de communes ou d’agglomérations. Les compétences des communes risquent de se trouver réduites à la plus simple expression rendant la distance plus grandes entre le service et ses bénéficiaires, dans le cadre d'un contrôle démocratique moins serré puisque là encore le pouvoir sera recentré sur l’agglomération avec une assemblée délibérative démesurée à la merci pourtant des villes-centre.

Plus sérieux encore, la question des métropoles que l’on veut rendre plus « compétitives » mot à la mode, à l’échelle européenne, jusqu’à nier les départements ou les communes qu’elles engloberont aussi. Des métropoles certes, mais à la campagne. Lons-le-Saunier concernée ? Non, mais Lyon ou Marseille, oui sans doute...Quoi de plus saugrenu ?

Le désir de l’usager-citoyen est de comprendre, d’y voir plus clair. En temps de crise il convient de stabiliser les compétences des collectivités, pour les rendre plus claires et donc plus efficaces, et non pour les rendre encore plus opaques, ou plus éloignées des citoyens qu'elles ne le sont aujourd'hui. Et  de leur donner des moyens appuyés par une fiscalité locale enfin plus juste…

Mais de cela on ne veut pas. Ce serait presque trop simple.

JMG