vendredi 25 janvier 2019

Au nom de ce que Macron ne veut pas

Sauf tout le respect sincère que je lui dois, Danielle Brulebois, pour défendre le pouvoir qui l'a faite députée de la première circonscription du Jura, ne s'embarrasse pas de la contradiction et au contraire la supprime quand elle peut.

 Ainsi avais-je eu la mauvaise idée de souligner sur son mur "Facebook", en simple commentaire d'un "post" qu'elle avait envoyé au sujet de la loi dite anti-casseurs actuellement en discussion à l'assemblée nationale, l'idée que le quinquennat Macron entrerait dans l'histoire aussi par les violences policières dont il porte l'entière responsabilité.
Près de deux-mille blessés dont vingt graves ont été recensés depuis novembre dernier, démontrant une violence jamais égalée en France depuis la guerre d'Algérie.

Cette violence, dont le gouvernement se plait à suggérer qu'elle vient essentiellement des manifestants, n'est finalement que le pendant de la misère sociale devenue politiquement visible grâce au mouvement des gilets jaunes. 

Violence sociale par la suppression, par exemple, de quatre milliards d'euros soustraits au budget de la sécurité sociale qui directement affectent le fonctionnement de l'hôpital public. Chose que j'avais souligné également un jour en commentaire et que Mme Brulebois avait eu déjà la bonne idée d'effacer.

Le bassin de vie de Lons-le-Saunier, que Mme Brulebois représente à l'Assemblée Nationale, est d’ailleurs particulièrement touchée puisque la deuxième ligne de service médical d'urgence  est en passe de disparaître et cela malgré la mobilisation syndicale et populaire, et en dépit surtout de la sécurité sanitaire de la population.

Et donc par ma faute (c'est ma très grande faute), parce que la vérité blesse, Mme la Députée m'a visiblement ôté de ses amis, voire désigné "d'indésirable" selon le vocabulaire du réseau social bien connu.

Le fond de l'affaire c'est que l'Assemblée Nationale et sa majorité présidentielle, dont Mme Brulebois fait ardemment partie après avoir été membre d'un parti dit "socialiste", continue de voter des lois contraires à l'intérêt de la population. Après la loi travail qui est de nature à aggraver la précarité, ont été votés par la majorité "en marche" des textes législatifs dont la finalité est d'augmenter les dividendes au détriment des salariés et contre une logique d'activité qui permettrait de réduire massivement le chômage. Cela s'ajoute à une injustice fiscale de plus en plus contestée.

C'est grave en soi, c'est grave aussi parce que c'est mépriser en actes le mouvement social en cours, mouvement profond qui fera date et qui en appellera d'autres si on ne met pas un terme à cette violence sociale.

Je reconnais en Danielle Brulebois la députée de terrain qu'elle est, je crois, de manière authentique. C'est à tout à son honneur. En cela elle se distingue de ses collègues LREM, qui eux sortent plutôt des école de commerce dans le pur style de la "start-up nation" prônée par Emmanuel Macron.

En revanche je ne peux que déplorer un suivisme coupable et une fermeture au débat.

JMG








dimanche 20 janvier 2019

Pas de débat, pas de chocolat

Un débat sans enjeu, surtout s’il est fomenté et organisé par le pouvoir en place, n’est jamais qu’un coup de communication. Ainsi en-est-il de ce débat dont le gouvernement Macron a décidé pourtant qu’il serait « grand ».
 
Ce débat a été lancé pour éviter que la rue ne s'embrase, il naît sous des auspices pour le moins suspects. Le contraire eût étonné mais les premiers que l’on voit fleurir localement sont appelés ou organisés, en particulier à Lons-le-Saunier, par des partisans ou des soutiens de la République en Marche, ce qui évidemment leur enlève déjà toute crédibilité.

Il s’inscrit dans un cadre trop bien formalisé pour être honnête. Les questions sont biaisées comme celles notamment sur la fiscalité ou les finances publiques. A cet égard les questions 5 et 6 valent leur pesant de cacahuètes, où l’on vous demande de choisir quelles seraient les dépenses publiques à réduire en priorité sans considérer que le premier des soucis pour la population reste précisément le maintien des services publics.

En aucun moment n'est posée la question, pourtant mise en évidence par le mouvement des gilets jaunes, d'une fiscalité injuste et aberrante pourtant privilégiée par le pouvoir en place. Nulle part n'est posée la question de savoir si l'on ne préférerait pas le rétablissement d'un impôt progressif à la suppression quasi-totale de l’ISF.
S'agissant des services publics, l'assemblée nationale cette semaine vient de voter la fusion dans les territoires des tribunaux d'instance et de grande instance, ce qui signifie un éloignement encore plus important des citoyens par rapport à leur justice.
Un débat authentique exigerait un moratoire sur les réformes en cours. Rien de tout cela, le gouvernement Macron continue ses réformes anti-sociales malgré tout, comme celle de l'indemnisation du chômage. Salaud de pauvres !

Le talent indéniable de notre président de la république, plus premier de la classe que premier de cordée, s’il a pu tromper par sa faconde au moins trois-cents maires, fussent-ils normands ou occitans, ne saurait tromper le peuple tout entier.
Ce débat s’annonce donc comme artificiel et fait pour reprendre un pouvoir symbolique perdu, il est destiné à laisser passer l’orage et entend constituer une réponse dérivative à un mouvement social qui fait peur à un pouvoir incapable de gouverner.

La réponse est politique et devrait se traduire par un geste fort du Président de la République comme, par exemple, la dissolution de l’Assemblée nationale en effet.

Alors un vrai débat, électoral celui-là avec des enjeux véritables, pourrait s’instaurer !
Allez Manu, bouge-toi, ça nous fera des vacances !

JMG

mardi 15 janvier 2019

Quatre-vingts, quatre-vingt-dix, qui dit mieux ?

En laissant planer le doute sur le maintien ou pas de la limitation à quatre-vingts à l'heure sur les routes à deux voies, le gouvernement joue à faire porter les débats sur une chose qui somme toute tient du symbole plutôt que du réel.

Il est vrai que cette mesure,  à demi refusée en son temps par Gérard Collomb lui-même, n'est pas essentielle à la vie quotidienne de nos concitoyens, en tout cas pas avec autant d'acuité que d'autres revendications portées par les "gilets jaunes", comme celles de la perte de pouvoir d'achat, du prix du carburant, ou du maintien des services publics dans les territoires.

Lorsque cette décision a été prise par décret en juin dernier, j'avais ici même attiré l'attention que ce n'était pas fondamentalement une mauvais mesure en ce sens où en effet elle pouvait en elle-même constituer un paramètre de sécurisation de la route. Il semblerait que cette mesure entraîne des comportement de prudence de la part des automobilistes, c'est ce que moi je constate en tout cas : les gens roulent moins vite, avec semble-t-il davantage d'attention et de précaution, portés par une mesure générale de conscientisation.
Cette hypothèses sera peut-être confortée, on peut l'espérer, par une diminution des accidents ou des morts qu'entraîne la violence routière. Il s'agira de suivre les statistiques.

Et donc, je soupçonne le pouvoir, mis en difficulté par le mouvement des gilets jaunes qui s'insurge d'ailleurs davantage contre les radars que contre les limitations de vitesse, de jouer de sa démagogie pour porter le débat ailleurs que sur la question sociale.
D'autant que je faisais remarquer déjà que la question de la limitation de vitesse pouvait cacher le problème, au moins tout aussi important pour la sécurité routière, des infrastructures routières pour lesquelles de moins en moins de crédits sont consacrés par excès d'austérité.

Au final, cette proposition de revenir à une limitation à 90 km/h, quelles qu'en soient les modalités et si elle se confirmait, tiendrait davantage de la démagogie que d'un souci de l'intérêt général. De cela on est habitué.

JMG

samedi 12 janvier 2019

Politique du pire

Le mouvement des gilets jaunes, en cette mi-janvier, ne se sera pas tari malgré les espoirs d'un gouvernement qui de jour en jour fait montre de son incompétence, il est au contraire un fleuve qui grossit, qui s'alimente de la résistance de tous ceux qui sont dégoûtés de cette politique de délabrement de l'Etat social. On dirait que le pouvoir macroniste veut la mort d'un "état-providence " sans lequel aucun vivre-ensemble dans la paix et la prospérité ne sont possibles.

Macron et son gouvernement sont en échec, eux qui jusqu'alors, une cuillère d'argent à la bouche, ne l'avaient jamais connu. Cette inexpérience les rend d'autant plus nerveux et dangereux. Ce gouvernement que l'on disait composé de surdoués court désormais après une crédibilité qu'il a si vite, et sans doute à jamais, perdue.

Il faut bien entendu dénoncer les violences, toutes les violences, celles possibles des manifestants comme celles provenant des rangs de la police.

Ultime responsable de cette situation, le pouvoir macroniste fait jouer une répression policière jamais atteinte encore sous la Véme République, en témoignent les centaines de blessés parmi les manifestants depuis le début de ces événements, blessés graves très souvent, dont les media principaux choisissent de ne parler qu'avec une retenue coupable sans la compassion que l'on destine, par ailleurs à juste titre, aux policiers blessés. Sur le plan judiciaire, on dénombrait mi-janvier 3747 condamnations pour 216 emprisonnements dans les rangs des gilets jaunes.

Par contre les violences policières elles sont tues ou pour le moins minimisées, elle continuent donc de plus belle pour se traduire parfois en de véritables provocations auxquelles il est difficile de résister. Ainsi cet ancien boxeur tombé dans le piège d'un contexte ultra-violent qu'il n'appelait pas forcément de ses vœux,  et qui va probablement écoper d'une peine  de prison "exemplaire".

On préfère mettre sous les feux de la rampe les violences qui seraient l'oeuvre des manifestants, sans faire la part du vandalisme pur et simple de casseurs. Ces derniers se révèlent fort utiles pour justifier les remises en cause du droit fondamental de manifester.
Ainsi Edouard Philippe a-t-il annoncé toute une série des mesures législatives ou réglementaires permettant notamment de ficher les personnes qui participeraient à des manifestations préalablement non déclarées.

Les gilets jaune c'est la France laborieuse, associative, qui se rebelle ou se révolte, c'est une lame de fond qui ne s'arrêtera pas sans qu'une solution politique ne soit enfin proposée par le pouvoir.

La seule manière d'échapper à cette chienlit serait que Macron renonce à son programme de dé-tricotage de l’État social, de suppression de services publics, d'aggravations des inégalités fiscales. Au lieu de cela, la réponse gouvernementale est essentiellement répressive.

Le ministre de l'Intérieur Castaner cherche à intimider, à décourager, pour finalement réprimer dans une violence inédite. Cela n'est pas de bon augure. Ce serait pourtant au gouvernement de se montrer raisonnable en baissant d'un ton une violence dont il fait délibérément et de façon irresponsable le coeur de sa stratégie.

JMG