samedi 24 mars 2018

Le plus populiste n'est pas toujours celui qu'on croit

Les politiciens néo-libéraux de droite, ou prétendument de gauche, s’acharnent depuis quarante ans, après une période marqué par un keynésianisme plutôt bien compris, à fragiliser un contrat social issu de la dernière guerre. 

Ces attaques systématiques, sur la base d'un appel maladif à la réduction à tout prix de la "dépense publique", sont devenues pour ces politiciens une valeur idéologique à laquelle s'accrocher pour décrocher le pouvoir institutionnel. Et Macron, aidé en cela par des fonds provenant des plus fortunés, a décroché la timbale. 

Pour cultiver ce pouvoir, l'actuel président de la République a besoin de la division de l'autre camp et, fidèle à une stratégie primaire mais bien rodée, il ne s'en prive pas, comme en témoigne l'incroyable diversion que constitue cette attaque contre le statut des cheminots. Or le statut des cheminots, lié au caractère public de la SNCF, n'est pas plus avantageux qu'un autre. Il suppose "l'emploi à vie" nécessité de surcroît par des impératifs de sécurité. Ce statut ne fait que compenser, tant soit peu, les horaires décalés, le travail la nuit ou le weekend. Il n'est pas digne, dans une République moderne, de montrer du doigt des salariés qui ne font que défendre leur emploi et améliorer leurs conditions de travail auxquels s'attaquent des politiciens sans scrupules, hors sol, et parfois sans aucune culture politique.

En cela Macron est un populiste, au plus mauvais sens du terme, c'est-à-dire qu'il cultive à des fins politiques, la faiblesse ou l'ignorance du peuple. L'ensemble de la population en effet, s'agissant de la SNCF, reste à l'écart d'une information digne de ce nom. On lui fait peur avec la "dette" sans mettre dans la balance la valeur des actifs.

Les citoyens que nous sommes devraient mesurer l'importance de l'enjeu. Il convient que le peuple comme acteur politique reste propriétaire des infrastructures ferroviaires qu'il a principalement contribué à financer. La privatisation envisagée est immorale comme l'a été, dans un autre registre, celle des autoroutes. Elle serait économiquement catastrophique au regard de la tarification imposée aux usagers devenus de vulgaires clients, catastrophique également au plan écologique comme en témoigne déjà la privatisation du fret en France à partir de 2003. Et puis l'exemple britannique est édifiant, il convient urgemment de ne pas le suivre.

Seule une importante mobilisation des salariés ou des agents des services publics pourront obliger les media traditionnels à faire état du mécontentement, et de la combativité  de la population à vouloir conserver ses services publics, et ainsi faire reculer un gouvernement stupide et inutilement droit dans ses bottes.

Le combat des cheminots comme de l'ensemble de la fonction publique est juste, il dépasse largement les intérêts particuliers. Comme citoyens, quels que soient nos secteurs professionnels, nous avons intérêt à être solidaires de ceux qui défendent si ardemment leur outil de travail.
Cet outil nous appartient aussi, et il nous appartient donc, collectivement, de le défendre.

JMG

vendredi 23 mars 2018

Pour le retour des idéologies de la solidarité

Les mouvements sociaux que l'on voit grandir en France aujourd'hui ne sont pas dus au hasard. On l'a dit, et il l'a dit lui-même, Macron est né d'une "effraction", d'une imposture, d'un hasard de l'histoire, mais c'est pour incarner et renforcer, parfois jusqu'à la caricature, la continuité d'une politique dite néo-libérale qui s'acharne, depuis une trentaine d'années au moins, à détruire la qualité et le fondement de nos services publics. 
Vivement le retour, dans les têtes puis en pratique, des idéologies de la solidarité qui seules permettent de vivre ensemble en limitant les inégalités. Des inégalités qui, aujourd'hui plus que jamais, alimentent la crise économique.

JMG

(paru au faux rhum - à moins que ça s'écrive fort rhum, je ne sais plus- des lecteurs du Progrès de Lyon, le 23 mars 2018)

jeudi 1 mars 2018

Feu le PS ?

Et je n'ai pas dit feu sur le PS, on ne tire pas sur l'ambulance et encore moins, comme ici, sur les corbillards : cela ne servirait à rien. D'autant plus que le PS si on n'y réfléchit bien, en tant que tel, n'y est pour rien.

Feu le PS cela signifie, littéralement, étymologiquement, qu'il fut. En témoigne à Lons-le-Saunier, bien en vue avenue Thurel, l'immeuble dont ce fut le siège durant ses dernières années de gloire, gloire nationale surtout, et un peu aussi de gloire locale puisqu'il le parti "socialiste" lédonien fut à l'origine d'un président de conseil général de "gauche" durant quelques petites années.

Cet immeuble de trois étages s'est récemment départi de ce qui lui tenait lieu d'oriflamme, un grand panneau sur lequel était inscrit "parti socialiste", écrit en rouge bien sûr pour rappeler qu'il fut un peu quand même le parti de Jaurès.
M-H Duvernet, ancien premier secrétaire fédéral du Jura, le dernier, a donc rendu les clés en déclarant, même si cela prête à rire, que le parti socialise n'était pas un parti pour le XXIéme siècle (sic) ; il est parti sans doute écœuré, et on le serait à moins, par ses résultats aux dernières municipales durant lesquelles il ne fit d’ailleurs aucun cadeau au parti qui l'avait investi, écœuré aussi plus récemment par ses résultats aux dernières législatives qu'il pensait gagner sans doute, malgré l'évidence. Il est donc parti ailleurs, à Dole précisément, qui on en conviendra n'est pas le meilleur endroit d'où partir pour conquérir la mairie de Lons-le-Saunier.

Pour revenir au parti socialiste il est mort de traîtrise, de suicide, d'inanité idéologique, d'opportunisme politique. Le PS a collectionné les erreurs croyant en 2012 qu'il avait décroché la timbale avec l'élection de Hollande. Cette victoire électorale se sera révélée être un anesthésiant de la pensée et des convictions politiques.

Ainsi dans le Jura a-t-on vu E.Lacroix, ancien premier secrétaire fédéral, après avoir flirté avec un club giscardien antédiluvien, rejoindre "En marche" pour aider Danièle Brulebois à devenir députée du Jura. Cette dernière avait emporté l'investiture du parti de Macron aux dépens de son ancien collègue du Conseil Général Christophe Perny lui aussi aspiré par les promesses électoralistes du parti présidentiel.

Bien sûr il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'envie, mais la politique ne doit-elle pas rester une affaire sérieuse ?! Comment peut-on ainsi  s'accommoder de tels revirements ? Ce n'est pas être naïf que d'exiger en politique un peu de morale et beaucoup de cohérence.
Je passe sur certains militants de la section PS de Dole qui avait contesté leur exclusion du parti pour avoir soutenu Macron contre le candidat Hamon, on croit rêver !

Car on voit ce qu'il advient aujourd'hui de la politique de Macron, qui se veut "moderne" avec plus de trente ans de retard, une politique ultra-droitière qui s'inspire à bien des égards de Margaret Thatcher. Macron est le chantre et le serviteur  d'un ultra-libéralisme qui revient à détruire le droit du travail, à s'attaquer aux services publics, à l'hôpital, à la SNCF, à l'audiovisuel public, à l'école, à l'Université...à toutes les structures de solidarité qui font la richesse et la cohésion d'une société.

Voilà pourquoi le PS est mort. Faible d'une doctrine construite dans les congrès mais aussitôt refoulée par des ambitions personnelles misérables...
Le parti socialiste aura pourtant été un grand parti démocratique qui  a su une époque produire une pensée politique dans un cadre démocratique ouvert.

Mais contrairement à ce que disait Valls, qui fut lui aussi un brillant représentant du retournement de veste, la gauche, la vraie elle, n'est pas morte.
Il reviendra à cette gauche de se rassembler, à la base comme au sommet.
Rien n'est gagné, mais rien n'est perdu non plus, d'autant plus que la politique s'accorde par nature à la nécessité.
Le pire n'est jamais sûr.

JMG