lundi 30 avril 2018

Entrefilet pour un massacre

Un entrefilet (le progrès de Lyon du 29 avril) perdu dans le torrent ordinaire des informations malheureuses : "Des dizaines de Touaregs tués"
Cela se passe au Nord-est du Mali, des femmes, des enfants, des vieillards tués par des Djihadistes qui,  peu de temps auparavant, avaient essuyés les attaques, tout aussi mortelles, des forces françaises et maliennes. Voilà donc la réponse de ces Djihadistes, la guerre s'ajoutant à la guerre.
François Hollande en septembre 2013 avait déclaré, bien vite, trop vite, imprudent, aveuglé par une victoire qui se sera révélée que d'une seule bataille  : 

"Nous avons gagné cette guerre. Nous avons chassé les terroristes. Nous avons sécurisé le Nord."

Il avait même ajouté, et le propos (que je cite de mémoire) m'avait choqué, "c'est le plus beau jour de ma vie politique", mélangeant ainsi imprudemment, sans doute enivré par son égotisme, sa vie personnelle et le destin d'un peuple qu'il pensait avoir définitivement sauvé.

Non la guerre au Mali est loin d'être achevée, il se pourra même, si la diplomatie ne parvenait enfin à se frayer un chemin dans cet indestructible chaos, qu'elle en appelle d'autres.

JMG


samedi 28 avril 2018

Courage !

Drôle de monde que ce monde qui porte aux nues les gens qui manquent de courage et qui au contraire vilipende ceux qui en font preuve.

Macron et les patrons de la SNCF sont réputés courageux parce qu'ils tiennent tête aux cheminots et ces derniers au contraire en manqueraient car faisant grève pour un oui pour un non.

Le pouvoir le sait, la fermeté peut payer politiquement et électoralement, comme elle eut payé en son temps pour Margaret Thatcher lors du conflit des mineurs en Grande-Bretagne en 1985, ou pour Reagan lors de de la grève des aiguilleurs du ciel aux États-Unis en 1981. Les aiguilleurs furent licenciés mettant fin à l'un des épisodes les plus douloureux du syndicalisme aux États-Unis, et dont la société américaine, par effet direct ou indirect, souffre encore aujourd'hui.

Macron est le successeur en somme de ces deux grands néo-"libéraux" fossoyeurs d'un contrat social pourtant indispensable aux sociétés qui se veulent civilisées. Macron, avec quarante ans de retard, suit ardemment, sans coup férir pour l'instant et surtout sans état d'âme qui eût pu le rendre plus humain, le chemin emprunté un temps outre-Atlantique et outre-Manche, en bon serviteur de la classe sociale à laquelle il appartient, celle qui s'alimente en spéculations financières et en boursicotage systématisé.

Qui sont les plus courageux ? Ceux qui, comme les cheminots, décident de se battre collectivement pour défendre, au delà de leurs intérêts professionnels, une société solidaire,  ou bien ceux aujourd'hui au pouvoir, prétendument "en marche", qui font preuve d'un entêtement coupable et imbécile ?

En réalité la paresse et la couardise sont bien dans le camp du pouvoir. Le gouvernement Macron est paresseux, il laisse faire, joue d'indifférence et de mépris face aux mouvements sociaux, en discréditant ou en niant les corps intermédiaires, en les humiliant, en les jetant en pâture à une démagogie ambiante qu'il entretient par media interposés.
Le gouvernement compte sur le pourrissement,  en cela il est irresponsable, il est le véritable fauteur de trouble sur le dos des usagers des services publics.
Il entend installer une contre-réforme dont on sait l'inefficacité et la nuisance, car une concurrence accrue, tout comme la destruction du statut des cheminots n'apportent rien, que ce soit en termes de tarification ou de service, et au contraire participent à la fin de l'égalité d’accès aux services publics de transport.

Face à ces offensives, contre ce gouvernement rétrograde qui utilise trop souvent la répression policière, à la SNCF, mais aussi à l'hôpital, dans les universités, dans les collectivités territoriales, dans l'ensemble des services publics, le courage déterminé, solidaire, organisé, conscient, reste la seule réponse possible. 

JMG


mercredi 18 avril 2018

Violence, violences

Macron devant le "journaliste" Pernaud sur TF1 n'a rien eu à proposer, mais il a tenu à remercier, par un humour involontaire qu'on ne lui connaissait pas jusque-là,  les personnels des EHPAD, les retraités, les infirmières, ceux qui sont les premiers touchés par une politique qui fondamentalement vise à donner encore plus de pouvoir aux plus riches, tout en fragilisant les plus faibles. Les Français qui écoutaient ce journal télévisé, le 11 avril dernier,  ont-ils été dupes ?

Probablement non, mais Macron, malgré tout, aura avec brutalité instillé sa petite musique qui suggère que cette politique, la sienne, est la seule possible, qu'il n'y a pas d'autre alternative malgré l'inefficacité sociale qu'elle contient par essence, et qu'elle montre tous les jours.

De ce point de vue il n'aura pas raté non plus, le dimanche suivant, son entretien avec Plenel et Bourdin, tous deux tombés dans le piège, et vilipendés le lendemain par leurs collègues journalistes incapables de concevoir d'autres formes d'interview que celles de la brosse à reluire. Mais comment pouvait-il en être autrement ?

Macron, et c'était bien son but, aura eu ainsi l'occasion de mettre en oeuvre tous ses talents de sophiste forgés au gré de ses études dans les meilleurs établissements de la méritocratie française lesquels comme l'ENA ne parviennent plus, manifestement, à instruire des exigences de l'intérêt général.

Macron, on l'a vu dans cette période de communication tous azimuts, et c'est là le plus important, aura montré son indifférence et son intransigeance face aux mouvements sociaux. Au fond c'est un violent, déterminé à appliquer un programme dont le peuple français dans son ensemble ne veut pas.

La violence est là qui se manifeste par la répression policière, notamment dans les universités, elle est aussi dans cette intransigeance imbécile vis à vis des cheminots qui vient de se traduire par un vote majoritaire à l'assemblée nationale approuvant la réforme de la SNCF.
Cette incapacité à tenir compte de la mobilisation sociale, et donc à refuser tout dialogue, est une honte qu'endosse également la grande majorité des parlementaires.
La loi "asile et immigration" participe également de la propension de ce pouvoir à favoriser la force.

Le macronisme est une violence qui se pare des vertus supposées de la fermeté, fermeté qui cache  en réalité une immense faille morale et politique.

JMG