jeudi 21 juillet 2016

Les vautours

Le malheurs des uns fait le bonheur des autres, du moins le croient-ils. Il est déroutant, dégoûtant même de voir à quel point les hommes politiques, ici de "droite", hurle avec les loups, dénonce ce qui n'aurait pas été fait pour éviter  le massacre de Nice le 14 juillet. Ainsi Juppé, ainsi Wauquier, ainsi Sarkozy, ainsi Le Pen, toute la fine fleur de l'opposition se rue sur l'occasion qui lui est donnée de contester et de blâmer les insuffisances d'un gouvernement qui entend lutter contre ce qu'on nomme communément le terrorisme.

Rappelons, au passage, que le dernier attentat s'est produit à Nice, ville dans laquelle Estrosi, le Maire, se targuait d'avoir mis en place un système de vidéo-surveillance super moderne, super efficace, sensé faire échec à toute sorte d'insécurité. Cela montre, s'il en était besoin, que ces caméras ne sont pas d'une grande utilité si il n'y a pas derrière un peu d'humanité, et suffisamment avisée pour tenter de traduire et d'interpréter des images le plus souvent insignifiantes.
Le plus étonnant c'est que ces personnes, qui sautent sur leurs petites gambettes et  nous crient sécurité, sécurité, savent pertinemment ce qu'ils font. Ils savent que leur discours, avec l'aide des media, fera effet sur une population que l'on presse d'être terrorisée, même si dans le fond elle ne l'est pas.
On peut saluer le courage des Français, ils peuvent craindre les attentats sans pour autant se priver de sortir de chez eux.

C'est que le souci de l'hyper-sécuritaire relève d'une idéologie de nature à déterrer les immondices du racisme et de la xénophobie. C'est un feu qu'on allume et qui ensuite s'auto-alimente au gré des événements dont certains ne relèvent même pas du "terrorisme." Les mauvais politiques en profitent donc pour jouer ce jeu malsain de la récupération démagogique.
La droite n'est pas la seule, pour le malheur de ce pays, à manger de ce pain là. Hollande et Valls en jouent aussi, et n'ont pas hésité, autant par inconscience que par opportunisme, et dans la précipitation, à prolonger un état d'urgence dont a vu jusqu'ici le peu d'efficacité pour la sécurité, et perçu déjà le péril qu'il représente pour la liberté.

Tout cela sur fond d'un aveuglement qui empêche de voir les racines du mal lesquelles se trouvent pour une bonne part dans la conduite par la France d'une politique étrangère catastrophique, particulièrement au Moyen-Orient où notre pays pourtant, à une époque encore récente, avait l'estime de la plupart des pays arabes, nous épargnant ainsi la haine de fanatiques.

JMG

samedi 16 juillet 2016

La paix c'est maintenant

Il est temps de s'interroger sur la politique étrangère de la France, notamment depuis les mandats de Sarkozy et Hollande lesquels, de ce point de vue, sont à peu près les mêmes, et produisent donc les mêmes effets. Les deux sont "Américains", l'un un peu plus que l'autre dans la mesure où il avait annoncé la couleur. C'est moins vrai pour Hollande dont beaucoup, et j'en suis, ont été surpris par le degré d'atlantisme dont il s'avère porteur.
Hollande en Europe, s'agissant d'économie et de finances, suit l'Allemagne aveuglément, et il suit tout aussi aveuglément les Etats-Unis au niveau de la politique menée au Proche et au Moyen-Orient.

Hollande n'est peut-être pas un chef de guerre, mais il la fait volontiers pour les autres, et notamment pour les Etats-Unis. Ces derniers, après avoir répandu et créé le chaos en 2003 en Irak, se retirent peu ou prou des théâtres d'opération, dans l'espoir que l'Europe prenne le relais, ce que celle-ci fait très partiellement en passant le bébé à la France. 

Question efficacité militaire, c'est rien ou presque, la France n'est pas une super-puissance, mais sur le plan idéologique le fardeau est inestimable et d'une lourdeur inhumaine.

Il s'agit bien d'un fardeau dont notre pays a hérité. Mais c'est parce que nos gouvernants, sans débat démocratique digne de ce nom, l'ont bien voulu. Nous en avons les résultats tragiques à Paris au Bataclan, puis tout récemment à Nice. Nous en reverrons d'autres tout aussi dramatiques. Dans ce domaine on peut croire Valls qui nous dit à l'envi que la France est en guerre (ce qui heureusement est encore faux) et que les Français doivent s’attendre à d'autres crimes de masse, et donc "s'habituer au terrorisme". Il le dit avec une telle conviction qu'on se demande même, question politique intérieure, si cela ne l'arrange pas un peu.

L'attentat de Nice a été perpétré par un raté, nous le savons maintenant, un simple mais dangereux délinquant, rendu amer, à la folie et à la mort, par une vie de misère matérielle, intellectuelle, et spirituelle, ce qui est un comble pour quelqu'un qui entendait mener sa guerre sainte. Cette situation individuelle, faite de rancœur et d'humeur dépressive, s'est amalgamée avec une idéologie mortifère et guerrière. Daesh ne s'y est pas trompé qui revendique, on devrait dire récupère, finalement cet acte aujourd'hui, deux jours après ce crime qui aura fait près de quatre-vingt-dix victimes innocentes.

En ces jours de deuil le gouvernement français serait bien inspiré de ne pas en rajouter dans le discours belliqueux. Pour combattre le "terrorisme", mieux vaut s'attacher à donner les moyens aux services de renseignement pour qu'ils fassent discrètement leur travail, (ce qui serait autrement plus productif qu'un état d'urgence qui n'aura pas empêché la tuerie de Nice.)

Sur le plan géo-politique il est temps que notre pays promeuve la paix, c'est encore possible. Il s'agit donc de tempérer ces discours guerriers qui ne font qu'attiser le feu dans les esprits malades. il s'agit surtout de renouer avec un vrai travail diplomatique qui évite la guerre

La France, pour ce faire, retrouvera-t-elle son indépendance et sa neutralité pour gagner finalement en influence au Moyen-Orient, sans devenir le cible privilégié des terroristes de tout poil ?
Le passif est devenu lourd après des années d'une politique étrangère calamiteuse que l'on doit à Hollande autant qu'à Sarkozy.
Il faudra de l'énergie, du temps, de la volonté, du courage surtout, pour sortir du guêpier dans lequel, sans notre accord, on nous aura plongés.

JMG





lundi 4 juillet 2016

De l'art des lois inutiles

On aura été bien servis ces temps-ci de lois inutiles, et tout aussi nuisibles. Réforme territoriale, lois Macron, loi El Khomry, autant de textes qui n'auront fait l'objet d'aucun travail démocratique, et qui auront agi contre cet idéal même, à coups de 49-3 ou de votes bloqués, moyens bien commodes de la Constitution qui permettent à de grands (?) politiciens mais de piètres (!) politiques d'aller chasser dans les terrains vagues et scabreux de l'autocratie.

D'autant que ces textes, qui n'ont donc de législatifs que le nom, l'Assemblée Nationale étant rangée au rang des accessoires malheureux du débat national, n'étaient en rien inscrits dans les soixante propositions, rétrospectivement risibles, du candidat Hollande. Cela a déjà été dit, maintes fois, et ici même, mais il convient de répéter les choses contre lesquelles, pour diverses raisons, on ne peut rien...apparemment. Il nous reste une petite liberté d'expression, profitons-en, défendons la coûte que coûte, tant qu'on peut et qu'il n'est pas trop tard. Au moins on ne pourra pas nous reprocher d'avoir fermé notre gueule.

Lois inutiles que les Français auront bientôt oubliées, ou digérées, mais qui n'en seront pas moins nocives dans leur vie quotidienne. Cette nocivité, ni vue ni connue, rendue invisible par l'instantanéité et la superficialité médiatiques, aura bien vite été mise au crédit de ce qu'on nomme "la crise".
La loi Notr(e) est la dernière, mais pas l'ultime, d'une longue série commencée il y a plus de quarante ans et qui veut nous faire croire que les réformes territoriales, dites aussi lois de décentralisation, étaient d'une nécessité vitale pour alléger l'hypothétique et repoussant mille-feuilles territorial, comme si ce dernier eût été la cause de tous nos ennuis.
La loi Notr(e) en réalité en aura rajouté une couche dans l'illisibilité citoyenne. Celle-ci est renforcée par le changement permanent et continue des règles, ce qui ne fait que déstabiliser le système.  Ce seront les métropoles, au détriment des territoires ruraux, qui en auront été les grands gagnants, dans le but de satisfaire une Europe des régions qui éloigne les citoyens des lieux de décision. C'est la mort annoncée de la "commune" qui constitue, encore mais jusqu'à quand, la base démocratique dans le découpage administratif français

Les lois Macron quant à elles peuvent être perçues comme la préfiguration de la Loi travail qui poursuit le dérèglement comme le déséquilibre des rapports de subordination du salarié à son employeur. Cette loi inutile et pernicieuse, et cela serait encore plus particulièrement rageant, serait même née de la surrenchère entre Macron et Valls ce dernier ayant la volonté de faire encore "mieux", et plus "moderne" que son collègue Macron. Quel gâchis !

Mais au fond que sont ces lois inutiles, sinon les avatars d'un pouvoir qui a été délégué, par nos grands (?)  hommes d'Etat, à l'Union européenne devenue l'unique horizon politique.
Quelle est la nature profonde de ces textes nationaux sinon l'accompagnement des politiques européennes allié à la démission condamnables  de ceux que nous avons élus ?
Quelle est la destination de ces textes sinon celle de cacher la misère démocratique dans laquelle nous baignons aujourd'hui ?

JMG