mardi 26 janvier 2016

...il y a cinq ans exactement, un accident du travail

Il y a cinq ans exactement, le mercredi 26 janvier 2011, mon frère, Jacques, mourait dans un accident du travail, écrasé par un arbre, un marronnier du Japon de neuf tonnes. Cela semble étrange dit comme cela...Mais "ça" s'est produit, sur son lieu de travail à 8h30mn, au dépôt  des espaces verts, au Stade Tissié à Pau, en bas du boulevard des Pyrénées, pas si loin de la montagne qu'il aimait tant et qui constituait une de ses raisons de vivre. Il était agent technique, fonctionnaire territorial à la ville de Pau, jardinier, il fut donc tué par l'objet de son travail.

Il avait mentionné quelques années auparavant, dans le registre de sécurité, le caractère dangereux de cet arbre. Et il a fallu que cet arbre tombe sur lui. Depuis, la ville a mené une politique de sauvegarde des arbres qui tienne compte prioritairement des personnes. Combien d'arbres ont été abattus depuis à la ville de Pau, et dans d'autres, sensibilisées désormais par cette question ? Les arbres vivent puis meurent, et en mourant parfois blessent et tuent  qui se trouve sur le passage de leur naufrage.
Mon frère a été désincarcéré, mais alors que tout était fini pour lui dans ce monde, libéré par ces camarades du SDIS, comme une ironie du sort : il était lui-même pompier volontaire, membre du GRIMP ( Groupe de reconnaissance et d'intervention en milieu périlleux) des Pyrénées Atlantiques.

Toute mort est mystérieuse, absurde, celle-ci particulièrement, elle pénètre le monde familier, le détruit ou en en révèle le caractère précaire, artificiel. Celle-ci fut le fruit du hasard (on nomme par "hasard" ce que nous ne comprenons pas), partiellement par hasard en tout cas comme toute mort accidentelle, mais elle est due aussi à des événements successifs, dont certains prévisibles, et dont on n'a pas suffisamment tenu compte, sa mort en est la preuve. Une information judiciaire avait été ouverte et nous nous sommes portés partie civile pour avoir connaissance du dossier . Le juge d'instruction, en novembre 2012, a rendu une ordonnance de non-lieu et nous n'avons pas fait appel.  Seul nous importait de savoir ce qui s'était passé, sans vouloir absolument dénoncer ou souligner telle ou telle éventuelle responsabilité individuelle venant de la ville de Pau. Nous aurions aimé cependant que la responsabilité pénale de celle-ci, en tant que personnalité morale, fût au moins reconnue.

Le hasard a fait que cet arbre centenaire est tombé un matin sur le camion qui le menait à un chantier, mais il aurait suffi de quelques secondes pour que mon frère soit encore avec nous aujourd'hui, il aurait suffi d'un instant pour que le camion dans lequel il se trouvait démarre et se fut donc éloigné du danger. Le hasard, le destin, les circonstances, l'imprévoyance en ont voulu autrement. Comme souvent en pareil cas, on se demande comment le drame a pu advenir alors que les probabilités était faibles. Il aurait suffi qu'il fût appelé pour une intervention en montagne par exemple et ne pas se trouver à cet instant sous cet arbre, à sa merci, et surtout il aurait suffi que cet arbre fût abattu avant qu'il ne s'abatte.

Ces interrogations alimentent la douleur qui persiste et reste aussi vive cinq ans après.

Depuis ses collègues de la mairie de Pau et du SDIS 64 organisent un tournoi sportif dont la première édition a eu lieu l'année dernière. Cette année la finale de ce tournoi aura lieu au gymnase Paul Jean Toulet à Pau le samedi 28 mai prochain.
Je reproduis ici le communiqué de l'équipe organisatrice de cette rencontre annuelle désormais (je remercie en particulier Jean-Vincent Carol, et beaucoup d'autres):

Bonjour,
Il y a 5 ans, ce 26 janvier, à 8h00 du matin, notre collègue Jacques Gardère décédait, victime d'un accident sur son lieu de travail.
Depuis, après un long et douloureux travail de remise en question pour les uns et les autres, nous avons réussi à mettre en place un certain nombre d'actions qui nous permettront de surmonter cette épreuve.
Parmi celles-ci, le Challenge sportif Jacques Gardère, dont la première édition en 2015 a réuni une centaine d'agents et certainement celle qu'il aurait le plus apprécié.
Au-delà de nous retrouver dans un moment de convivialité autour des valeurs du sport, l'édition 2015 a permis de réunir quelques 2800 €, au profit de l'association KOALA, choisie par Benjamin, le fils de Jacques.
Cette association locale, dynamique, qui œuvre pour le bien être des enfants à l’hôpital a pu faire réaliser grâce à vous des travaux par un artiste aux urgences pédiatriques de l’hôpital François Mitterrand de PAU. Vous trouverez les photos en cliquant sur le lien suivant : https://www.flickr.com/gp/139380123@N06/1smdJ8
Il est temps de préparer l'édition 2016 en vous inscrivant sans plus tarder (date limite le 4 avril) afin de renouveler l'exploit de l'année dernière.
Le tirage au sort des équipes aura lieu le 6 avril pour une journée de badminton entre les équipes de la ville de PAU/CDAPP/CCAS et du SDIS 64
le samedi 28 mai 2016 au gymnase Paul Jean Toulet à partir de 9h.
Comme l'année dernière, 2 séjours d'une semaine en pension complète dans un hôtel 4* à Lloret del Mar sont en jeu !!!
Pour plus d'informations, écrivez nous à challengejacquesgardere@gmail.com
A très bientôt.
L'équipe organisatrice.

jeudi 14 janvier 2016

Vœux pour 2016 et les années qui viennent

Il est encore temps d'émettre des vœux, on a, parait-il, jusqu'à la fin du mois de janvier.
Meilleurs vœux à tous, que cette année soit celle de la résistance. Faute de mieux, faute de pouvoir, ici et maintenant, créer un monde plus juste, plus égalitaire, plus fraternel. Mais au moins faisons ce vœu collectif de conserver ce qu'on voudrait nous enlever, ce qui nous reste encore.
L'heure, mais parce que nécessité fait loi, est à la résistance. On nous bassine avec l'état d'urgence (inutile et dangereuse pour nos libertés), avec la déchéance de nationalité que l'on voudrait constitutionnaliser pour des raisons politiciennes indignes de la gauche.
Mais nous sommes avant tout en état d'urgence sociale. Les plans sur la comète nous les bâtirons plus tard, même si il ne faut surtout pas les perdre de vue, même si parfois nous pourrons même en expérimenter quelques-uns comme des rêves éveillés.
Nos vœux doivent aller vers le courage, la lucidité active à défendre les acquis du Conseil National de la Résistance que les néo-libéraux voudraient faire passer pour ringards et contraires à la modernité. Il s'agit de leur modernité à eux, déjà bien vieillie, sans avenir, faite essentiellement de cupidité financière, à l'opposé de ce que nous nous souhaitons les uns les autres, la solidarité.

Ces acquis sont d'autant plus nécessaires aujourd'hui qu'ils sont le seul véritable rempart contre les crises financières qui s'annoncent encore, (tout récemment qui nous viennent de Chine...affaire à suivre), et qui sont la résultante d'une dérégulation financière que personne au pouvoir ne s'attelle à remettre en cause. 
Notre ennemi c'est la finance, bien sûr, nous avons appris à nos dépens qu'il ne suffisait pas de le dire ou de l'entendre. Défendre les acquis sociaux, nos richesses, c'est aujourd'hui la meilleure façon de nous battre contre la finance et contre un gouvernement qui, contre-nature et contre toute espérance, en a pris la défense.
Défendons l'acquis (plutôt "le conquis" comme dirait Michel Etievent, le conquis n'étant jamais acquis), l'acquis de la sécurité sociale, défendons le principe de la retraite par répartition au lieu de la retraite par capitalisation que certains oligarques, par intérêt, voudrait nous imposer contre notre intérêt à nous. Respectons le mouvement syndical authentique celui qui ne collabore pas a priori avec les classes dirigeantes, mais permet d'entretenir l'esprit critique et revendicatif qui permet la démocratie sociale tout comme la démocratie tout court. Défendons les syndicalistes que des voyous voudraient emprisonner.

Un  autre vœu, que les nécessaires commémorations ne nous empêchent pas de nous interroger au delà des beaux discours, au delà de l'émotion qui nous font courir le risque de ne pas examiner les situations avec sang froid et lucidité.
Ainsi, contrairement à ce que prétend l'actuel premier ministre, il nous faut expliquer les raisons du terrorisme que nous subissons aujourd'hui. Contrairement à ses propos démagogiques, expliquer n'est pas excuser. Il nous faut connaitre les racines du mal, ce n'est qu'ainsi que nous parviendrons à les combattre. Le mal n'est jamais dû au hasard, ce n'est pas par hasard qu'Hitler en son temps accédait au pourvoir, ce n'est pas tout à fait le hasard qui nous a mené aux tragédies de janvier ou novembre dernier.

Il s'agit ainsi que nous nous interrogions sur une politique de la ville abandonnée au risque de la relégation sociale. Faisons le vœu aussi que nos dirigeants ait ce courage de reconsidérer la politique étrangère menée par la France, nous devons comprendre pourquoi nous sommes devenus une cible privilégiée  du terrorisme.

Que la gauche ne s'interdise pas, par seul calcul politicien, de vouloir comprendre et d'expliquer le monde, étape nécessaire pour qui veut le transformer.

JMG