samedi 23 novembre 2019

A la veille des municipales : défendre la fonction publique territoriale !


Il est clair aujourd’hui que le pouvoir en place veut la mort du statut de la fonction publique, et plus précisément de son versant territorial. Sont concernés les 1 886 000 agents territoriaux (sur 5 480 000 au total des trois versants de la Fonction publique) qui œuvrent dans les collectivités territoriales, régions, départements, communes, établissements publics locaux…

Tout cela dans un contexte de diminution des postes d’agents publics pour préparer des privatisations annoncées dans le plan « action publique 2022 ». Ce plan prévoit la suppression de 70 000 postes de fonctionnaires territoriaux d’ici à l’année 2022.

Pour les cadres de la fonction publique, qu’ils soient des cadres d’emplois des administrateurs, attachés, ingénieurs, rédacteurs, techniciens, agents de maîtrise, le statut dans ce contexte social préoccupant revêt une importance primordiale.
Les cadres de la fonction publique territoriale sont en effet en prise directe avec les pouvoirs politiques locaux à la merci parfois d’un clientélisme qui par nature va à l’encontre de l’intérêt général des populations.

Ainsi la neutralité de la fonction  publique est-elle essentielle pour que les agents publics, en particulier les cadres, puissent mener leur missions de service public dans une relative indépendance même s’il n’est pas question de contester les pouvoirs et les compétences des employeurs publics. Au contraire c’est en préservant le statut de ceux qui sont en charge du fonctionnement des services publics locaux que la démocratie sera protégée.

Les carrières des agents cadres de la FPT ne doit pas être soumise exclusivement au bon vouloir de ces élus selon des impératifs électoraux ou politiciens. Les élus doivent servir la République et ils le feront d’autant mieux s’ils peuvent s’appuyer sur des personnels d’encadrement compétents, serviables et non serviles, qui soient techniquement garants des lois et règlements, qui aident efficacement à la prise de décision politique.

C’est pourquoi l’on doit s’inquiéter de l’adoption définitive de la loi sur la fonction  publique du 6 aout 2019. Même si on entend encore quelques décrets d’application cette loi est désormais exécutoire. Nous demandons son abrogation pure et simple. Elle remet en cause le cadre statutaire originel qui actait de la séparation du grade et de la fonction.

En même temps qu’on précarise les agents publics on fragilise de fait le fonctionnement des services publics.  Le droit à la carrière doit s’appliquer de manière à protéger l’indépendance et la neutralité des fonctionnaires.  Le « mérite » notion toute relative, surtout lorsqu’il est apprécié par les employeurs, doit être évalué au regard d’une formation initiale et professionnelle sanctionnée par des concours internes permettant aux cadres territoriaux (ICTAM Ingénieurs, cadres, techniciens, agents de maîtrise) d’avoir une carrière évolutive qui reconnaisse les vertus et les talents professionnels de chacun indépendamment de préoccupations politiciennes ou électoralistes.  

Les cadres comme l’ensemble des fonctionnaires territoriaux ont vu leur pouvoir d’achat considérablement baissé, baisse de l’ordre de 17% en moyenne depuis 2000, due en particulier au blocage du point d’indice. Celui-ci devrait être de 5,443 euros alors qu’il n’est que de 4,686 euros. Il y a lieu de revaloriser d’urgence cet indice  pour rattraper la perte de pouvoir d’achat, (238 euros mensuel en moins pour les catégories B, 450 euros en moins pour les A.)
 Il est aussi urgent de revaloriser les grilles indiciaires pour ne pas céder à la tentation de primes en dehors des cadres de rémunération.

Les cadres sont plus particulièrement à la merci de l’arbitraire qui accompagne le principe de ces primes, le RIFSEEP notamment, (régime indemnitaire de fonction, de sujétions, de l’expertise et de l’engagement), instauré depuis décembre 2016,  est de nature à saborder peu à peu une fonction publique de carrière. La CGT notamment demande que ces primes soient intégrées dans les grilles de rémunération des divers cadres d’emploi.
Ces primes déstabilisent, au regard de l’égalité entre les femmes et les hommes, les cadres d’emploi de certaines filières, par exemple la filière administrative (attachés, rédacteurs) particulièrement féminisée par rapport à d’autres. Il apparait que les filières culturelle ou animation sont également touchées par ce manque évident d’équité au regard de ces primes.

Il est donc urgent de ne pas faire de ces primes la pièce maîtresse des systèmes de rémunération. D’autant plus qu’elles instaurent, selon la richesse des collectivités, ou selon leur importance démographique, des inégalités entre les territoires. Ce phénomène est dommageable du point de vue de l’égalité de traitement des citoyens devant les services publics locaux auxquels les cadres de la fonction publique territoriale sont attachés.
Le droit à la carrière doit être réaffirmé pour l’ensemble des cadres de la FPT. Carrière reposant au moins sur deux grades par catégorie. Les changements de catégorie ne doivent se faire que par concours, notamment interne.
Les avancements de grade doivent s’opérer indépendamment d’une fonction d’encadrement ou d’expertise. L’expertise en effet doit être autant reconnue que le rôle d’encadrant pour déterminer ces avancements.

La question du mérite doit donc être revisitée et surtout ne pas servir de base à une discrimination syndicale insupportable, que l’on subit malheureusement de plus en plus au sein de nos collectivités. L’évaluation des compétences, notamment dans le cadre de l’entretien annuel, doit se faire au regard des perspectives professionnelles et non uniquement sur une valeur professionnelle difficile à mesurer.

Il est nécessaire et légitime de demander l’abrogation de la loi dite de transformation de la fonction publique. Nécessaire et légitime de lutter en particulier contre les contrats de projet (durée de un à six ans) qui vont faire exploser le nombre de contractuels et précariser les ICTAM fragilisant par là-même les services publics locaux.
Nécessaire et légitime de se battre contre l’élargissement des possibilités de recrutement de non-titulaires pour remplacer des agents momentanément indisponibles ou à temps partiel, ou en vue de pourvoir des emplois fonctionnels dans les communes et intercos de plus de 40 000 habitants.

C'est à ce prix et grâce à ces engagements que seront préservées la démocratie locale comme l'égalité  d'accès des citoyens aux services publics locaux.


JMG   


















mercredi 13 novembre 2019

Macronie, retournements de veste, et autres navigations

Comment peut-on être macronien aujourd'hui, comment peut-on appartenir à cette droite nouvelle, masquée, violemment néo-libérale, qui continue d'assassiner et d'exclure socialement tous ceux qui refusent d'appartenir à la "start-up nation" laquelle s'avère n'être qu'un leurre ridicule pour mieux s'attaquer à notre contrat social ?

La droite classique elle-même a peine à s'y retrouver, Macron lui a ôté de la gueule son os à ronger, il n'y a plus grand place pour elle et tout ça la désespère. C'est pourquoi beaucoup de gens le l'UMP auront quitté, à la faveur des municipales qui s'approchent à grand pas, un navire qui prend l'eau.

Car entre la droite classique et le parti "en marche" il n'y pas grande différence, il n'est qu'une différence d'âge. Sarkozy a dit lui-même de Macron que c'était lui, mais en mieux. Macron est seulement plus jeune, plus déterminé, et plus inconscient de ce qu'il est en train de faire, c'est-à-dire défaire toutes les solidarités qui auront construit notre pays. Voilà pour la droite.

Et à "gauche" ?

De l'autre côté, nombreux sont les gens qui furent au parti dit socialiste, et qui ont rejoint "en marche" dés qu'ils ont compris qu'ils pourraient en retirer quelque avantage.
Lons-le-Saunier ne fait pas exception pour ceux en tout cas qui ont ainsi retourné leur veste. Il faut faire l'effort de relever ces grands écarts, pour en connaître l'absurdité et l'effet désastreux que cela peut produire.
Passer d'un camp à un autre si différent porte atteinte à l'honneur de la politique et à l'honneur de ceux qui se prêtent à ce jeu, lequel n'est ni neutre ni innocent. Ces revirements partisans, qui n'obéissent à aucun fondement idéologique sérieux, sont préjudiciables à l'idée politique elle même.

On comprend mieux de quoi est mort le parti socialiste, il n'était bâti que sur du sable, ne servant que les carrières. Il est mort de règles non respectées. Or la démocratie se fonde sur des règles que les partis mettent en musique.
On peut concevoir qu'on puisse changer d'avis ou de conviction, mais encore faut-il que ce soit à l'issue d'une réflexion mûrie ou d'une longue maturation politique. Et le plus souvent c'est n'est pas le cas. 

Ainsi, comme tragi-comique énumération, une certaine Paule Petitjean élue sur la liste Duvernet en 2014 et qui vient de rejoindre le train en marche : pour espérer quoi, une montée en première classe ?
Que dire aussi de députée D. Brulebois, ancienne du PS elle aussi, qui vote toutes les lois anti-sociales d'E. Macron qui vont de la remise en cause fondamentale de notre droit du travail, à l'instauration d'une fiscalité utile surtout aux plus riches, et à la destruction de nos services publics les plus essentiels.
Comment ensuite dans ces conditions défendre l'hôpital public à Lons-le-Saunier alors que la majorité présidentielle vote sans sourciller toutes les réductions de financement de la sécurité sociale : 4,2 milliards de restriction budgétaire dont 1,2 milliards pour l'hôpital. Plus de 4000 lits supprimés dans les hôpitaux en 2018. Quelle crédibilité lui accorder ?

C. Perny, ancien du PS, ancien de "la République en marche" qui lui a refusé l'investiture (au profit d'un ancien UMP), et se présentant désormais sous sa propre étiquette, appelle à un rassemblement des élus ou des candidats actuels à la Mairie pour sauver l'hôpital public de Lons-le-Saunier. Il le fait tout en méprisant les syndicalistes qui eux furent les premiers, à alerter sur les dangers qui planent sur l'hôpital. Quelle crédibilité là aussi accorder à cet appel ?

Cette histoire récente conditionne (à Lons-le-Saunier comme ailleurs) la situation politique d'aujourd'hui, une droite fracassée et tiraillée pour l'instant par la constitution possible de trois à quatre listes (pas grave en soi), mais aussi malheureusement une gauche idéologiquement confuse, qui aura du mal à se construire et à recouvrer une crédibilité perdue au fil des élections et des retournements de ceux qui prétendaient la servir.

Mais venons-en aux municipales qui se préparent aujourd’hui à Lons. La gauche souffre de  ces remue-ménages, telles des répliques  qui se sont produits il y a six ans ou plus récemment.
Dans ce contexte l'unité de la gauche, à la veille de cette élection, est problématique. On pourrait dire que la liste de gauche constituée aujourd'hui du parti socialiste ou de ce qu'il en reste, de Europe Ecologie les Verts et du parti communiste se situe au centre-gauche.
Sa tête de liste qui a déjà été choisie, Y. Ravier, sort de la société civile et en fait même un argument électoral. Cela ne pourrait suffire à enlever l'adhésion des électeurs de Lons-le-Saunier. Cette liste à elle seule ne peut faire revenir les électeurs de gauche. Les appels à l'unité (notamment en direction de la France Insoumise) sont bien timides au demeurant, non-officiels, tardifs et artificiels, non décisifs.

C'est pourquoi une liste de la France Insoumise à Lons-le-Saunier serait bienvenue. Elle peut enrichir le débat municipal sans mettre la gauche en danger pour autant, elle peut apporter quelque chose de nouveau, qui sorte des sentiers battus, qui ne tienne pas de l'artifice électoraliste. Il serait temps au fond de tenir compte des nombreux mouvement populaires qui manifestent aujourd'hui partout en France contre les méfaits du monétarisme et du néo-libéralisme briseurs d'humanité.

On peut, on doit faire revenir les électeurs que la gauche a trahis.

JMG




samedi 2 novembre 2019

quand une école brûle

Cela s'est passé vendredi dernier 1er novembre, un incendie a détruit, dans sa ville, une école et un collège. Trois-cent élèves devront se passer de leur établissement scolaire. Robert Ménard, le maire de Béziers, a déclaré à la télévision qu'il voulait que les responsables de cet incendie (probablement criminel) soient sévèrement punis, et qu'ils se retrouvent derrière les barreaux.

Faut-il être le maire de Béziers, d'extrême-droite qui plus est, pour sortir de telles banalités ? Qui voudraient que les auteurs de cet incendie n'aillent pas ailleurs qu'en prison ? Faudrait-il rétablir la peine de mort, idée fixe de l’extrême-droite, alors que les coupables pourraient être des mineurs ? Encore faudrait-t-il les retrouver ces coupables ! Et accessoirement connaître leurs motivations, s'ils en ont...

Cette impuissance devant le crime tendrait à prouver qu'appartenir à l'extrême droite ne règle pas les problèmes de sécurité dans la ville, de toute évidence il ne suffit pas que Ménard, maire de Béziers, exhibe ses petits bras musclés pour imposer la paix citoyenne.

La politique qu'il entend menée depuis son élection à la mairie en 2014 a fait pschitt. Deux établissements scolaires qui brûlent ça fait beaucoup pour un seul homme, dépassé, submergé qu'il est par les événements...
Cela peut vous écœurer à jamais d'aller voter, et pas même pour Ménard, Marine ou Marion.

Cette violence est gratuite, condamnable, et bien sûr on peut toujours s'étrangler à la manière du maire de Béziers, on peut fulminer tel un taureau désespéré qui cherche le matador derrière la muleta, et être jusqu'au bout le jouet de sa propre impuissance. 
Mais alors, que faire d'intelligent, et d'efficace surtout, pour sortir de cette situation dans laquelle les tenants du pouvoir quels qu'ils soient se sont enfermés ? Est-il au moins permis d'y penser sans être accuser d'y trop réfléchir ?

La société française s'enfonce peu à peu dans la violence, on le savait déjà ! La faute à qui ? Pas de causalité directe et immédiate bien sûr mais quand même : nous sommes dans un contexte de violences sociales lesquelles irradient l'ensemble de la collectivité, violences induites par les politiques menées aujourd'hui par le gouvernement qui n'hésite plus à s'attaquer aux conquis sociaux qui datent des lendemains de la dernière guerre.
Ou encore, qui vient juste de frapper, la réforme de l'assurance chômage de nature à généraliser la pauvreté et la précarité dans le pays.

Ces incendies par ailleurs se sont produits dans le quartier dit "sensible" de la Devèze. Ce n'est pas un hasard. Au delà de savoir qui a fait ça, et pour quelles raisons précisément, il y a lieu de s'interroger, ces territoires jusqu'à nouvel ordre faisant partie de la République, sur la quasi-disparition voulue des politiques dites de la ville qui avaient au moins l'avantage de tenir compte des difficultés rencontrées par ces quartiers périphériques.

 E.Macron, l'année dernière, a traité avec mépris le rapport qu'il avait lui-même demandé à Borloo sur le sujet. Macron n'entend pas agir : par idéologie, par irresponsabilité, il laisse aller. A l'instar d'une bonne partie de la droite, il dénonce par le mépris, ce pognon "de dingue", ces dizaines de milliards de francs puis d'euros qui jusque là auraient été déversés dans ces quartiers (comme on déverse des ordures dans une décharge, à entendre certains) pour des résultats soi-disant nuls.
Or on est en droit d'affirmer que la situation serait encore plus dramatique si ces milliards n'avaient pas été accordés aux politiques de la ville.

Au nom de la réduction des dépenses publiques on a abandonné ces quartiers alors que, le plus souvent, ils restent malgré tout le théâtre d'une intense vie associative mais aujourd'hui plus que jamais en péril.

Combien d'écoles, à Béziers ou ailleurs, laisserons-nous brûler ?


JMG