mercredi 18 décembre 2019

Jours de fête

Ainsi, à en croire certains medias qui nous le disent en boucle, les Français seraient plus inquiets des fêtes de fin d'année que de la pauvreté annoncée de l'ensemble des retraités.
Ainsi seraient-ils aussi indifférents à ce que les retraites des plus jeunes se voient amputées de 20 à 30%.
N'est-ce pas prendre les citoyens français uniquement pour des veaux ? N'est-ce-pas les prendre pour des lâches, ou pire pour des…?
Ou simplement pour des consommateurs sans conscience ? Seraient-ils seulement ces riens, ou ces moins que rien, que Macron a pu croiser un jour dans ces gares qu'il ne fréquente pourtant pas ?
Eh bien non ! Les Français peuvent et savent se révolter, et ils le prouvent, il refusent cette société que le pouvoir veut leur imposer, fondée sur la concurrence plutôt que sur la coopération. 

JMG




dimanche 15 décembre 2019

Les retraités de chez Latécoère

Le gouvernement, parce que céder constituerait un déshonneur et traduirait un recul politique qu'il ne peut se permettre, entend aller jusqu'au bout de sa contre-réforme des retraites en laissant croire que celle-ci est essentielle, utile, indispensable. Ce n'est évidemment pas le cas, cette loi est idéologique, elle conduira à paupériser l'ensemble de la population, qui plus est dans un contexte de crise de l'emploi, celui des jeunes comme celui des seniors, que le gouvernement n'entend ne pas traiter avec le sérieux et la volonté politique voulus.

En réalité, une des fonctions, s'il en est, de cette "réforme" est de cacher le bilan désastreux du macronisme sur le plan économique. Et on ne parle pas ici du social que Macron abandonne sans vergogne et avec un mépris spectaculaire au profit des plus riches.

Je mets en parallèle cette "réforme" des retraites avec ce qui vient de se passer chez Latécoère. Latécoère est une grande entreprise basée à Toulouse, historique, à la base avec d'autres, de l'excellence française en matière d'aviation. La société Latécoère emploie 4900 salariés dans le monde dont 1500 en France. La CGT s'inquiète désormais, à juste titre, de l'avenir de l'entreprise et de ses salariés.

En effet, un fonds de pension américain, en avril de cette année, le Search Light Capital Partners, s'est emparé de 26% du capital de cette société. Elle a tenté ensuite par une OPA (offre publique d'achat "amicale") se saisir des 76% manquants.
Cette OPA s'est révélée être un succès, car les financiers américains se voient donc finalement propriétaires à près de 63% du capital du groupe dont ils prennent le contrôle effectif.

Ce peut être catastrophique pour la France : Latécoère est spécialiste et pionnière en matière d'utilisation de la lumière pour échanger des données (Li Fi). Il s'agit là d'une méthode innovante d'importance stratégique qui intéresse la politique de défense. 
Le fait est comparable au rachat par l'Américain Général Electric de la branche énergie d'Alstom laquelle permet la viabilité opérationnelle de l'unique porte-avions français. Rien que ça.

La souveraineté stratégique de la France en matière de défense, et en matière industrielle tout court, en prend donc encore un sacré coup. 
Au tour de Latécoère et de ses prouesses technologique ( et financières !) de passer aux mains des  décideurs américains peu soucieux par ailleurs des promesses qu'ils pourront tenir en matière d'emplois. La malheureuse et désastreuse expérience d'Alstom, de ce point de vue aussi, en aura donné déjà un exemple édifiant puisque non seulement les emplois promis n'auront pas été au rendez-vous mais au contraire de nombreux auront été supprimés.

De tout cela notre Président et son gouvernement n'ont cure, ils se foutent royalement, c'est le cas de le dire, de l'avenir des salariés de cette entreprise stratégique.
Macron aurait pu pourtant s'opposer à ces prises de contrôle.

Au lieu de défendre l'emploi industriel en France, notamment ces emplois qui comme ici représentent un enjeu stratégique majeur, au lieu de sauvegarder notre souveraineté en matière de défense, le gouvernement Macron préfère emmerder  les gens par des réformes, comme celle des retraites, qui vont à l'encontre de l'emploi des jeunes tout en appauvrissant l'ensemble de la population, actuels et surtout futurs retraités.

Le gouvernement Macron instaure un climat de guerre civile larvé, en tentant de diviser le monde du travail. Ainsi a-t-il désigné des coupables chimériques comme les "régimes spéciaux" qui seraient à l'origine d'injustices prétendument insupportables entre agents publics ou salariés. Il utilise les syndicats "réformistes" ou accompagnateurs (CFDT, UNSA...) pour mieux cacher son refus des négociations réelles avec les syndicats qui se trouvent à la pointe d'une légitime contestation. En même temps il fait porter à ces derniers la responsabilité des "blocages", ou des "prises d'otages".

Livrer un fleuron de notre industrie comme Latécoère à un fond de pension fait le lien avec cette réforme dont le but plus ou moins transparent est de fonder les retraites sur de l'épargne soumise à la spéculation financière.
Les fonds de pension exigent des sociétés qu'ils contrôlent des rendements importants. Le boursicotage joue contre l'emploi. Le monde de la finance en demande toujours plus, par des baisses de salaires, ou par des suppressions d'emplois facilités par un code du travail lui-même dévasté par des réformes iniques.

Le serpent néo-libéral se mord la queue, dût-il en crever. Le monde du travail, seul véritable créateur de richesses, doit gagner la bataille.

JMG







samedi 23 novembre 2019

A la veille des municipales : défendre la fonction publique territoriale !


Il est clair aujourd’hui que le pouvoir en place veut la mort du statut de la fonction publique, et plus précisément de son versant territorial. Sont concernés les 1 886 000 agents territoriaux (sur 5 480 000 au total des trois versants de la Fonction publique) qui œuvrent dans les collectivités territoriales, régions, départements, communes, établissements publics locaux…

Tout cela dans un contexte de diminution des postes d’agents publics pour préparer des privatisations annoncées dans le plan « action publique 2022 ». Ce plan prévoit la suppression de 70 000 postes de fonctionnaires territoriaux d’ici à l’année 2022.

Pour les cadres de la fonction publique, qu’ils soient des cadres d’emplois des administrateurs, attachés, ingénieurs, rédacteurs, techniciens, agents de maîtrise, le statut dans ce contexte social préoccupant revêt une importance primordiale.
Les cadres de la fonction publique territoriale sont en effet en prise directe avec les pouvoirs politiques locaux à la merci parfois d’un clientélisme qui par nature va à l’encontre de l’intérêt général des populations.

Ainsi la neutralité de la fonction  publique est-elle essentielle pour que les agents publics, en particulier les cadres, puissent mener leur missions de service public dans une relative indépendance même s’il n’est pas question de contester les pouvoirs et les compétences des employeurs publics. Au contraire c’est en préservant le statut de ceux qui sont en charge du fonctionnement des services publics locaux que la démocratie sera protégée.

Les carrières des agents cadres de la FPT ne doit pas être soumise exclusivement au bon vouloir de ces élus selon des impératifs électoraux ou politiciens. Les élus doivent servir la République et ils le feront d’autant mieux s’ils peuvent s’appuyer sur des personnels d’encadrement compétents, serviables et non serviles, qui soient techniquement garants des lois et règlements, qui aident efficacement à la prise de décision politique.

C’est pourquoi l’on doit s’inquiéter de l’adoption définitive de la loi sur la fonction  publique du 6 aout 2019. Même si on entend encore quelques décrets d’application cette loi est désormais exécutoire. Nous demandons son abrogation pure et simple. Elle remet en cause le cadre statutaire originel qui actait de la séparation du grade et de la fonction.

En même temps qu’on précarise les agents publics on fragilise de fait le fonctionnement des services publics.  Le droit à la carrière doit s’appliquer de manière à protéger l’indépendance et la neutralité des fonctionnaires.  Le « mérite » notion toute relative, surtout lorsqu’il est apprécié par les employeurs, doit être évalué au regard d’une formation initiale et professionnelle sanctionnée par des concours internes permettant aux cadres territoriaux (ICTAM Ingénieurs, cadres, techniciens, agents de maîtrise) d’avoir une carrière évolutive qui reconnaisse les vertus et les talents professionnels de chacun indépendamment de préoccupations politiciennes ou électoralistes.  

Les cadres comme l’ensemble des fonctionnaires territoriaux ont vu leur pouvoir d’achat considérablement baissé, baisse de l’ordre de 17% en moyenne depuis 2000, due en particulier au blocage du point d’indice. Celui-ci devrait être de 5,443 euros alors qu’il n’est que de 4,686 euros. Il y a lieu de revaloriser d’urgence cet indice  pour rattraper la perte de pouvoir d’achat, (238 euros mensuel en moins pour les catégories B, 450 euros en moins pour les A.)
 Il est aussi urgent de revaloriser les grilles indiciaires pour ne pas céder à la tentation de primes en dehors des cadres de rémunération.

Les cadres sont plus particulièrement à la merci de l’arbitraire qui accompagne le principe de ces primes, le RIFSEEP notamment, (régime indemnitaire de fonction, de sujétions, de l’expertise et de l’engagement), instauré depuis décembre 2016,  est de nature à saborder peu à peu une fonction publique de carrière. La CGT notamment demande que ces primes soient intégrées dans les grilles de rémunération des divers cadres d’emploi.
Ces primes déstabilisent, au regard de l’égalité entre les femmes et les hommes, les cadres d’emploi de certaines filières, par exemple la filière administrative (attachés, rédacteurs) particulièrement féminisée par rapport à d’autres. Il apparait que les filières culturelle ou animation sont également touchées par ce manque évident d’équité au regard de ces primes.

Il est donc urgent de ne pas faire de ces primes la pièce maîtresse des systèmes de rémunération. D’autant plus qu’elles instaurent, selon la richesse des collectivités, ou selon leur importance démographique, des inégalités entre les territoires. Ce phénomène est dommageable du point de vue de l’égalité de traitement des citoyens devant les services publics locaux auxquels les cadres de la fonction publique territoriale sont attachés.
Le droit à la carrière doit être réaffirmé pour l’ensemble des cadres de la FPT. Carrière reposant au moins sur deux grades par catégorie. Les changements de catégorie ne doivent se faire que par concours, notamment interne.
Les avancements de grade doivent s’opérer indépendamment d’une fonction d’encadrement ou d’expertise. L’expertise en effet doit être autant reconnue que le rôle d’encadrant pour déterminer ces avancements.

La question du mérite doit donc être revisitée et surtout ne pas servir de base à une discrimination syndicale insupportable, que l’on subit malheureusement de plus en plus au sein de nos collectivités. L’évaluation des compétences, notamment dans le cadre de l’entretien annuel, doit se faire au regard des perspectives professionnelles et non uniquement sur une valeur professionnelle difficile à mesurer.

Il est nécessaire et légitime de demander l’abrogation de la loi dite de transformation de la fonction publique. Nécessaire et légitime de lutter en particulier contre les contrats de projet (durée de un à six ans) qui vont faire exploser le nombre de contractuels et précariser les ICTAM fragilisant par là-même les services publics locaux.
Nécessaire et légitime de se battre contre l’élargissement des possibilités de recrutement de non-titulaires pour remplacer des agents momentanément indisponibles ou à temps partiel, ou en vue de pourvoir des emplois fonctionnels dans les communes et intercos de plus de 40 000 habitants.

C'est à ce prix et grâce à ces engagements que seront préservées la démocratie locale comme l'égalité  d'accès des citoyens aux services publics locaux.


JMG   


















mercredi 13 novembre 2019

Macronie, retournements de veste, et autres navigations

Comment peut-on être macronien aujourd'hui, comment peut-on appartenir à cette droite nouvelle, masquée, violemment néo-libérale, qui continue d'assassiner et d'exclure socialement tous ceux qui refusent d'appartenir à la "start-up nation" laquelle s'avère n'être qu'un leurre ridicule pour mieux s'attaquer à notre contrat social ?

La droite classique elle-même a peine à s'y retrouver, Macron lui a ôté de la gueule son os à ronger, il n'y a plus grand place pour elle et tout ça la désespère. C'est pourquoi beaucoup de gens le l'UMP auront quitté, à la faveur des municipales qui s'approchent à grand pas, un navire qui prend l'eau.

Car entre la droite classique et le parti "en marche" il n'y pas grande différence, il n'est qu'une différence d'âge. Sarkozy a dit lui-même de Macron que c'était lui, mais en mieux. Macron est seulement plus jeune, plus déterminé, et plus inconscient de ce qu'il est en train de faire, c'est-à-dire défaire toutes les solidarités qui auront construit notre pays. Voilà pour la droite.

Et à "gauche" ?

De l'autre côté, nombreux sont les gens qui furent au parti dit socialiste, et qui ont rejoint "en marche" dés qu'ils ont compris qu'ils pourraient en retirer quelque avantage.
Lons-le-Saunier ne fait pas exception pour ceux en tout cas qui ont ainsi retourné leur veste. Il faut faire l'effort de relever ces grands écarts, pour en connaître l'absurdité et l'effet désastreux que cela peut produire.
Passer d'un camp à un autre si différent porte atteinte à l'honneur de la politique et à l'honneur de ceux qui se prêtent à ce jeu, lequel n'est ni neutre ni innocent. Ces revirements partisans, qui n'obéissent à aucun fondement idéologique sérieux, sont préjudiciables à l'idée politique elle même.

On comprend mieux de quoi est mort le parti socialiste, il n'était bâti que sur du sable, ne servant que les carrières. Il est mort de règles non respectées. Or la démocratie se fonde sur des règles que les partis mettent en musique.
On peut concevoir qu'on puisse changer d'avis ou de conviction, mais encore faut-il que ce soit à l'issue d'une réflexion mûrie ou d'une longue maturation politique. Et le plus souvent c'est n'est pas le cas. 

Ainsi, comme tragi-comique énumération, une certaine Paule Petitjean élue sur la liste Duvernet en 2014 et qui vient de rejoindre le train en marche : pour espérer quoi, une montée en première classe ?
Que dire aussi de députée D. Brulebois, ancienne du PS elle aussi, qui vote toutes les lois anti-sociales d'E. Macron qui vont de la remise en cause fondamentale de notre droit du travail, à l'instauration d'une fiscalité utile surtout aux plus riches, et à la destruction de nos services publics les plus essentiels.
Comment ensuite dans ces conditions défendre l'hôpital public à Lons-le-Saunier alors que la majorité présidentielle vote sans sourciller toutes les réductions de financement de la sécurité sociale : 4,2 milliards de restriction budgétaire dont 1,2 milliards pour l'hôpital. Plus de 4000 lits supprimés dans les hôpitaux en 2018. Quelle crédibilité lui accorder ?

C. Perny, ancien du PS, ancien de "la République en marche" qui lui a refusé l'investiture (au profit d'un ancien UMP), et se présentant désormais sous sa propre étiquette, appelle à un rassemblement des élus ou des candidats actuels à la Mairie pour sauver l'hôpital public de Lons-le-Saunier. Il le fait tout en méprisant les syndicalistes qui eux furent les premiers, à alerter sur les dangers qui planent sur l'hôpital. Quelle crédibilité là aussi accorder à cet appel ?

Cette histoire récente conditionne (à Lons-le-Saunier comme ailleurs) la situation politique d'aujourd'hui, une droite fracassée et tiraillée pour l'instant par la constitution possible de trois à quatre listes (pas grave en soi), mais aussi malheureusement une gauche idéologiquement confuse, qui aura du mal à se construire et à recouvrer une crédibilité perdue au fil des élections et des retournements de ceux qui prétendaient la servir.

Mais venons-en aux municipales qui se préparent aujourd’hui à Lons. La gauche souffre de  ces remue-ménages, telles des répliques  qui se sont produits il y a six ans ou plus récemment.
Dans ce contexte l'unité de la gauche, à la veille de cette élection, est problématique. On pourrait dire que la liste de gauche constituée aujourd'hui du parti socialiste ou de ce qu'il en reste, de Europe Ecologie les Verts et du parti communiste se situe au centre-gauche.
Sa tête de liste qui a déjà été choisie, Y. Ravier, sort de la société civile et en fait même un argument électoral. Cela ne pourrait suffire à enlever l'adhésion des électeurs de Lons-le-Saunier. Cette liste à elle seule ne peut faire revenir les électeurs de gauche. Les appels à l'unité (notamment en direction de la France Insoumise) sont bien timides au demeurant, non-officiels, tardifs et artificiels, non décisifs.

C'est pourquoi une liste de la France Insoumise à Lons-le-Saunier serait bienvenue. Elle peut enrichir le débat municipal sans mettre la gauche en danger pour autant, elle peut apporter quelque chose de nouveau, qui sorte des sentiers battus, qui ne tienne pas de l'artifice électoraliste. Il serait temps au fond de tenir compte des nombreux mouvement populaires qui manifestent aujourd'hui partout en France contre les méfaits du monétarisme et du néo-libéralisme briseurs d'humanité.

On peut, on doit faire revenir les électeurs que la gauche a trahis.

JMG




samedi 2 novembre 2019

quand une école brûle

Cela s'est passé vendredi dernier 1er novembre, un incendie a détruit, dans sa ville, une école et un collège. Trois-cent élèves devront se passer de leur établissement scolaire. Robert Ménard, le maire de Béziers, a déclaré à la télévision qu'il voulait que les responsables de cet incendie (probablement criminel) soient sévèrement punis, et qu'ils se retrouvent derrière les barreaux.

Faut-il être le maire de Béziers, d'extrême-droite qui plus est, pour sortir de telles banalités ? Qui voudraient que les auteurs de cet incendie n'aillent pas ailleurs qu'en prison ? Faudrait-il rétablir la peine de mort, idée fixe de l’extrême-droite, alors que les coupables pourraient être des mineurs ? Encore faudrait-t-il les retrouver ces coupables ! Et accessoirement connaître leurs motivations, s'ils en ont...

Cette impuissance devant le crime tendrait à prouver qu'appartenir à l'extrême droite ne règle pas les problèmes de sécurité dans la ville, de toute évidence il ne suffit pas que Ménard, maire de Béziers, exhibe ses petits bras musclés pour imposer la paix citoyenne.

La politique qu'il entend menée depuis son élection à la mairie en 2014 a fait pschitt. Deux établissements scolaires qui brûlent ça fait beaucoup pour un seul homme, dépassé, submergé qu'il est par les événements...
Cela peut vous écœurer à jamais d'aller voter, et pas même pour Ménard, Marine ou Marion.

Cette violence est gratuite, condamnable, et bien sûr on peut toujours s'étrangler à la manière du maire de Béziers, on peut fulminer tel un taureau désespéré qui cherche le matador derrière la muleta, et être jusqu'au bout le jouet de sa propre impuissance. 
Mais alors, que faire d'intelligent, et d'efficace surtout, pour sortir de cette situation dans laquelle les tenants du pouvoir quels qu'ils soient se sont enfermés ? Est-il au moins permis d'y penser sans être accuser d'y trop réfléchir ?

La société française s'enfonce peu à peu dans la violence, on le savait déjà ! La faute à qui ? Pas de causalité directe et immédiate bien sûr mais quand même : nous sommes dans un contexte de violences sociales lesquelles irradient l'ensemble de la collectivité, violences induites par les politiques menées aujourd'hui par le gouvernement qui n'hésite plus à s'attaquer aux conquis sociaux qui datent des lendemains de la dernière guerre.
Ou encore, qui vient juste de frapper, la réforme de l'assurance chômage de nature à généraliser la pauvreté et la précarité dans le pays.

Ces incendies par ailleurs se sont produits dans le quartier dit "sensible" de la Devèze. Ce n'est pas un hasard. Au delà de savoir qui a fait ça, et pour quelles raisons précisément, il y a lieu de s'interroger, ces territoires jusqu'à nouvel ordre faisant partie de la République, sur la quasi-disparition voulue des politiques dites de la ville qui avaient au moins l'avantage de tenir compte des difficultés rencontrées par ces quartiers périphériques.

 E.Macron, l'année dernière, a traité avec mépris le rapport qu'il avait lui-même demandé à Borloo sur le sujet. Macron n'entend pas agir : par idéologie, par irresponsabilité, il laisse aller. A l'instar d'une bonne partie de la droite, il dénonce par le mépris, ce pognon "de dingue", ces dizaines de milliards de francs puis d'euros qui jusque là auraient été déversés dans ces quartiers (comme on déverse des ordures dans une décharge, à entendre certains) pour des résultats soi-disant nuls.
Or on est en droit d'affirmer que la situation serait encore plus dramatique si ces milliards n'avaient pas été accordés aux politiques de la ville.

Au nom de la réduction des dépenses publiques on a abandonné ces quartiers alors que, le plus souvent, ils restent malgré tout le théâtre d'une intense vie associative mais aujourd'hui plus que jamais en péril.

Combien d'écoles, à Béziers ou ailleurs, laisserons-nous brûler ?


JMG

lundi 14 octobre 2019

Retraite : vaudra mieux mourir assez tôt pour en avoir une bonne

Le gouvernement a annoncé à plusieurs reprises que sa réforme sur les retraites ne serait soumise au Parlement qu'après les élections municipales. Courageux mais pas téméraire, car l'enjeu est beaucoup trop grand : Macron et les siens savent qu'ils tiennent dans leur main une grenade qu'il convient de ne pas dégoupiller de suite. Elle pourrait exploser au cours d'un scrutin essentiel pour l'avenir d'"En marche".

Mais alors pourquoi la mener cette réforme, cette énième réforme des retraites comme si toutes celles qui l'auront précédé, Seguin en 1987, Balladur en 93, Fillon en 2003, Woerth en 2010, Hollande en 2013, n'avaient servi ni mené à rien ? De quels bois sont faits ces pouvoirs qui réforment et déforment sans arrêt pour des résultats nuls sinon nuisibles ? Ne faudrait-il pas finalement payer nos gouvernants à ne rien faire plutôt qu'à les laisser détruire peu à peu, avec insistance, tous nos systèmes de solidarité dont nos régimes de retraite par répartition sont parmi les pièces essentielles ?

On dit que le système est en déséquilibre, il n'en est rien, ou si peu, il suffirait d'augmenter légèrement les cotisations sociales (qui sont, rappelons-le, du salaire socialisé) pour stabiliser durablement le système, mais ce n'est pas l'option retenue. Tout cela pour ne pas alourdir les soi-disant "charges" des entreprises. Ainsi le taux des cotisations n'a-t-il pas évoluer depuis la fin des années soixante et au contraire baissé de façon continue, avec une accélération ces dernières années, dans un contexte idéologique de plus en plus prégnant et dominé par le néo-libéralisme.
Ainsi a-t-on limité les taux de cotisation ( décret de 2015) pour que la part des pensions ne dépassent pas 14% du PIB. L'autre levier pour faire baisser cette part du PIB a été d'allonger les durées d'activité.

Pour mieux maquiller ce phénomène de paupérisation des retraités, Macron a par ailleurs introduit  l'idée, démagogique entre toutes, que les pensions des retraités nuiraient ou empêcheraient l'enrichissement des salariés. Ainsi fait-il porter sur les retraités tout le poids du vieillissement en réservant les gains de productivité aux salariés. Pourtant l'un n'empêche pas l'autre.*

Le projet de réforme Macron vise un système plus simple, plus juste, plus équitable, où un euro cotisé produisant les même droits pour chacun. Mon œil ! Le projet est non seulement fou, parce qu'il vise à détruire des solidarités,  mais il est flou avec un calendrier incertain et des chiffres manipulés.

L'âge du départ à la retraite resterait à 62 ans mais c'est un leurre car les décotes ou surcotes incitent fortement à partir plus tard : au moins à 64 ans ("âge d'équilibre" comme il est dit dans le projet) pour pouvoir prétendre à un "taux plein". Notons que ce terme est tout aussi mensonger puisque le taux plein n'a en réalité jamais existé, le taux de remplacement n'ayant jamais dépassé 75%.

 Pour chaque génération la somme des cotisations versées doit être équivalente à la somme des pensions versées, c'est aux yeux du gouvernement la condition de l'équilibre financier du système. Cela met en jeu notamment l'espérance de vie pour une génération. Plus l'espérance de vie sera grande moins les pensions seront hautes, vous avez donc plutôt intérêt à ne pas mourir trop tard.

S'agissant des départs anticipées seules les professions régaliennes (police, pompiers, personnel pénitentiaire...) seraient concernées. Les autres professions perdront cette possibilité de départ anticipé, même si pourront leur être appliqués les critères d'un compte professionnel de prévention.

Les systèmes de retraite en France représentent 13,8% du produit intérieur brut soit 325 milliards d'euros par an. 80% sont financés par les cotisations sociales, le reste étant abondé essentiellement par des taxes ou des impôts.

La réforme prévoit qu'un fonds de solidarité vieillesse universel fiancera les périodes de chômage, maladie, invalidité...Ce fonds sera abondé principalement par de la fiscalité. Les lois de finances se substitueront aux lois de financement de la sécurité sociale.
Le financement de l'ensemble du système s'effectuera donc selon une trajectoire définie par le Parlement et le gouvernement. C'est à ce niveau étatique que sera déterminée une valeur du point évolutive. On est loin du principe fondateur de gestion de la sécurité sociale par ceux-là même à qui elle appartient, à savoir l'ensemble des travailleurs.

Cette réforme ainsi que leur mise en oeuvre ne seront pas plus simples que ce qui existe actuellement. Par contre elle s'inscrit dans une volonté d'un changement de société peu favorable à tous ceux qui créent les richesses c'est-à-dire les salariés, les artisans, les agents publics. Elles visent particulièremt ces derniers, les fonctionnaires territoriaux, les enseignants...dont les retraites seront désormais calculés sur la moyenne des traitements et non plus sur les six derniers mois.

Cette réforme se révèle avant tout politicienne, elle vise à diviser les gens entre eux, en insistant sur l'inégalité supposée et mensongère qui serait induite par les "régimes spéciaux". Or ces régimes ne sont que le fruit d'une histoire des métiers et des professions. Dans le nouveau régime il n'est pas sûr que soient respectées ces exigences et ces spécificités, qui tiennent compte par exemple de la pénibilité. 

La sécurité sociale, issue de la Libération, et dont les systèmes de retraite font partie, doit rester l'affaire et la propriété de tous les citoyens et non un prétexte ou une raison de division de la société. 
Selon la CGT une augmentation des salaires de 3,5% suffirait à maintenir l’équilibre d'un système qui par ailleurs souffre des exonération des cotisations sociales, exonérations injustifiées auxquelles il faudra bien mettre fin.
Cet équilibre sera conforté si enfin est réellement instauré une égalité de salaire entre les hommes et les femmes.
Pourtant les solutions sont à portée de main comme par exemple la création, c'est que la CGT propose notamment, "d'une contribution sociale sur les revenus financiers distribués par les entreprises, à un taux équivalent aux cotisations employeurs sur les salaires", contribution qui pourrait rapporter trente milliards d'euros
Une lutte véritable et déterminée contre l’évasion fiscale et sociale pourraient par ailleurs abondé le système de plusieurs dizaines de milliards d’Euros.

Le projet du gouvernement "en marche" s'il était mis en oeuvre sera de nature à réduire, de l'ordre de 20 à 30%, les retraites par répartition.
Ce sera dans un but encore inavoué : favoriser un système par capitalisation permettant l'émergence d'assurances privées et à terme le triomphe de milieux financiers avides d'investir des secteurs non encore marchandisés.

Le monde du travail n'y a pas intérêt, le combat est loin d'être perdu.

JMG


*Pour mémoire la pension moyenne en 2017 se montait à 1568 euros net contre un revenu d'activité net moyen de 2383 euros en 2017 (chiffres du conseil d'orientation des retraites)
La pension diminue de façon significative sous le prétexte mensonger d'une "revalorisation du travail" contre les retraités. C'est au nom de cette doctrine que les pensions sont gelées et non plus indexées sur le coût de la vie.
Si cette logique était maintenu le COR prévoit que l'âge moyen du départ en retraite passe à 69 ans en 2050.

lundi 30 septembre 2019

Chirac : le roi est mort, vive le roi

L'émotion passée, légitime sans doute, même si elle aura été entretenue par une monde politico-médiatique exagérément unanime, il faut s'interroger sur le sens ou le bien-fondé de cette béatification populaire et laïque. 
Oui, le roi est mort,  mais vive le Roi ! E. Macron lui-même ne peut que se sentir visé par cette funèbre consécration, en creux. Il peut se penser l'héritier et porteur d'une flamme historique, il ne nous aura pas d'ailleurs épargné ses sorties larmoyantes en l'honneur posthume d'un de ses prédécesseurs. Il a dû penser à sa propre mort future de président, glorieuse et nostalgique. Pour l'heure c'est bien lui le président qui en aura remplacé d'autres, dans cette V éme république où tout  doit changer pour que rien d'essentiel ne change. 

Jacques Chirac est mort, deuil national pour ce roi qui fit partie, la République ait son âme, de cette monarchie républicaine que la France a inventée, unique au monde, surprenante. Chirac, comme aujourd'hui Macron, était un conservateur. Ne nous leurrons pas : ami du peuple pour l'affiche mais n'hésitant pas, parce que c'était de sa culture, à revenir sans hésitation sur des conquêtes et acquis sociaux dont il savait pourtant, lui dont on dit qu'il avait vendu l'Humanité lorsqu'il était à Sciences Po ( à vérifier quand même), qu'elles avaient été emportées de haute lutte.

En 2002, il gagne contre Le Pen avec l'appui d'un électorat de gauche particulièrement mobilisé, mais sans que ce sursaut historique du peuple français fût payé en retour. Bien au contraire il faisait voter avec le bon gros Raffarin, qui lui voulait carrément la mort du socialisme et s'en vantait, une réforme des retraites qui en 2003 sonna le glas d'un politique qui jusque là avait su ménager la fonction publique et ceux qui la servaient.
Plus tôt, la fameuse "fracture sociale", qui le fit élire en 1995 contre Jospin, ne fut qu'un artifice aux dépens des gogos même si cela n'empêcha pas le sursaut réussi des organisations syndicales. Celles-ci dont FO, la CGT (et hormis la CFDT qui se rangea aux volontés du pouvoir) empêchèrent la suppression des régimes spéciaux de retraite et réussirent à conserver une Sécurité Sociale salvatrice issue de la Libération.

Chirac fut une girouette politique, certes, mais dans un sens du vent finalement assez constant, celui de la régression sociale. Celle-ci passait d'autant plus facilement que l'homme était sympathique et "humain". C'est encore lui qui fut, comme premier ministre en 1986, à la barre pour faire adopter la suppression de l'autorisation administrative de licenciement pour motif économique. C'était à la demande d'un patronat (le CNPF à l'époque, ancêtre du Medef), qui lorgnait avec insistance sur cet ultra-libéralisme qui gagnait l'Amérique de Ronald Reagan et la Grande-Bretagne de Margaret Thatcher. Le patronat français en échange promettait à l'exécutif français la création de 350 000 emplois. Rien de tout cela n'advint et au contraire le chômage et la précarité prenait un cours ascendant, permis et encouragé par cette première "flexibilisation" du travail.

Cette flexibilité accompagna des nombreuses privatisations (souvent partielles il est vrai) sous son gouvernement entre 1986 et 1988, qui rapportèrent quelque deniers à l'Etat mais qui en'trouvait la brèche à une économie hautement financiarisée, fabrique du chômage aujourd'hui.
Sur l'Europe, Chirac passa de l'appel de Cochin en 1978 qui dénonçait "le parti de l'étranger" à un européisme excessif que nous subissons aujourd'hui.

Chirac était un homme de pouvoir. Pour le gagner ou pour ne pas le perdre, il céda à la tentation de la xénophobie empruntant un vocabulaire de l'extrême-droite. On se rappelle bien sûr "le bruit et l'odeur" discours nauséabond et effarant dont il ne crut jamais bon de s'excuser envers ceux qu'ils visaient.

On voudra bien retenir quelques points qu'on jugera positifs comme par exemple le refus de participer à la guerre d'Irak en 2003 contre une Amérique plus que jamais arrogante. Il aura ainsi fait éviter au pays une aventure funeste, contrairement à d'autres qui se seront montrés davantage bellicistes et atlantistes comme Sarkozy, Hollande, Macron.
Chirac aura évité pendant sa gouvernance de faire de notre pays un lieu privilégié du terrorisme international. Ce fut sa façon la plus habile, et la plus utile, de rentrer dans l'histoire.

On peut lui être gré enfin d'avoir dissous l'assemblée nationale en 1997, même si pour la droite ce fut une gaffe (tant mieux), laissant la place à Jospin qui, peu ou prou, conduit une politique de gauche, et fit de la réduction du temps du travail un instrument de politique économique, avec la création de 500 000 emplois, bien plus que les 350 000, voire le million promis, mais non tenus, par le patronat français.

Enfin on peut saluer la création du musée des arts primitifs quai Branly à Paris. Gageons que la culture, elle, même la plus ancienne, ne meure pas.


JMG






vendredi 20 septembre 2019

Le Pen n'est pas présidente mais...

Macron a jeté lundi dernier,  à l'occasion d'un pot-séminaire offert à ses parlementaires, le thème de l'immigration dans le débat national, comme on jette de la viande à des chiens pour qu’ils en fassent rapidement leur affaire.

Il entend bien faire de l'immigration, après Sarkozy et avec Le Pen, un objet privilégié du débat politique. Avec l'aide toujours fidèle des principaux médias, il y réussit, même si le mérite est tout relatif tant le gisement électoraliste sur ce thème est toujours aussi prometteur et fécond. Pourquoi se gêner, pourquoi s'interdire d'utiliser ce moyen qui jusque-là a toujours fait ses preuves ? Le président de la république ne fait là que reprendre un vieux thème, un des plus rances qui soient, qui font traditionnellement le jeu des droites et des conservatismes. Le comble du cynisme est atteint lorsque notre grand bourgeois de Président prétend relancer ce débat au nom et en défense des classes populaires, lesquelles sont composées en grande partie de personnes immigrées ou issues de l'immigration.

La France est le pays d’Europe, avec le Portugal, qui accueille le moins d'immigrés sur son sol, 6,3 % seulement contre 8,7% en Allemagne par exemple, ou 8,1% en Italie (chiffres eurostat). C’est d'ailleurs assez mauvais signe pour notre industrie, cela signifie que le gros de l’activité industrielle n’est plus de notre côté.
S'agissant des demandeurs d'asile Eric Fassin rappelait récemment qu'ils ne sont que 150 000 pour un pays de plus de 67 000 000 d'habitants... Il n'y donc pas le feu au lac, moins encore de submersion de notre beau pays, pas même de quoi fouetter le racisme ordinaire.

Par cette instrumentalisation honteuse, et sous le prétexte qu'il faut débattre de tout, Macron le populiste espère ainsi faire oublier tout le reste, c’est-à-dire l’essentiel, le chômage devant lequel il se montre impuissant, ou contre  la pauvreté qui s’insinue fermement dans la société française, impuissant ou involontaire à lutter contre la désindustrialisation de la France. Les victimes sont toujours les mêmes, victimes expiatoires à la merci de l’ignorance et de la bêtise alimentés par des chiffres le plus souvent falsifiés ou intentionnellement mal interprétés.

Ces constructions servent à consolider des postures politiques de haine et de rejet des étrangers accusés d'être à la base des crises économiques et sociales. Tous ceux qui ont voulu faire barrage à le Pen en votant Macron dès le premier tout en 2017 en sont pour leur frais, ou bien le cynisme les aura définitivement habités.

Les immigrés pourtant constituent pour les pays européens une vraie chance de surmonter un déficit démographique qui pourrait les faire disparaître.  Sans les immigrés la « croissance », je préfère dire l'activité, ne seraient même pas ce qu’elle sont aujourd’hui, les immigrés apportant plus de richesses qu’ils ne coûtent à la société. La contribution des immigrés aux budgets publics s’élève à 12 milliards d’euros, bien davantage que ce qu'ils "coûtent ".

L’identité française,  parlons-en, ne peut se complaire dans cette démagogie sordide. Macron et ses soutiens savent très bien ce qu'ils font, ils ne sont pas innocents.


JMG




samedi 31 août 2019

L'Europe : décidément non démocratique

Sans invention industrielle éco-compatible, dans une impasse démocratique dans laquelle elle s'est elle-même glissée, sans projet autre que monétariste, étrangère à elle-même, ne sachant qui elle est, et faisant fi volontairement ou pas des volontés citoyennes dans les nations qui la composent, l'Union européenne se meurt, et avec elle un idéal politique qu'on avait voulu indépassable. 

On peut voir là les raisons profondes de la volonté britannique de sortir de cette Union de la concurrence déloyale dite "libre et non faussée". 
Portée par un conservateur cette volonté d'en sortir n'est pourtant ni de droite ni de gauche, elle est une décision tranchée et définitive qu'on ne saurait modifier.

Ainsi Boris Johnson le nouveau premier ministre britannique, dans la mère-patrie du parlementarisme, suspend-t-il le Parlement de sa gracieuse Majesté. Jusqu'en octobre il n'en tiendra pas compte. (certains s'en offusquent, en France ça nous rappelle rien ?)
La Reine n'y peut rien et laisse faire, fidèle à une tradition dont elle est dépositaire de ne pas se mêler de politique.

Boris Johnson a choisi le l'épreuve de force avec l'UE. 
Il peut changer d'avis, paraît-il, mais pour l'heure tout désigne qu'il ira jusqu'au bout.
Il sait qu'il n'aura jamais de majorité au Parlement suffisamment solide pour le laisser sortir sans accord. Mais il est en position de force lorsqu'il rappelle le résultat du référendum de 2016, lequel est sans appel, près de 52% des voix pour la sortie de l'Europe ( Brexit.)

Rappelons que les exécutifs français, eux, à la suite de 2005, n'avaient pas eu cette délicatesse de se conformer aux résultats du référendum.
On pourrait même, question démocratie, en rajouter une couche : et notre Parlement à nous en France? A-t-il été, sous ce gouvernement ou sous d'autres, davantage été respecté ? La France, dans ce moment macronien en particulier, ne fait-elle pas aussi, à sa manière, et dans des proportions bien plus décisives,  l'impasse sur son Assemblée Nationale en la considérant comme une chambre ridicule d’enregistrement?

Mais revenons au fond de l'affaire. Quelle que soient les attitudes politiciennes de Boris Johnson, il restera peut-être celui qui n'aura pas trahi une volonté populaire clairement exprimée par les Britanniques. Il pourra se targuer de respecter la volonté du peuple.

Si la Grande-Bretagne, après trois ans, est toujours dans l'UE c'est que les conditions de sa sortie se sont révélés drastiques. On ne quitte pas l'Europe impunément, on peut en sortir certes mais dans une allée de schlagues et de bâtons, voilà la message que veut encore faire passer Bruxelles incapable de conduire de véritables et justes négociations. 

Car les négociations auraient pu se passer autrement, dans le respect mutuel. Mais il importait d'être exemplaire dans la sanction pour décourager d'autres envies de quitter le navire.

Il n'est pas certain cependant que les Britanniques en sortent vaincus. D'ailleurs qui aura gagner à ce conflit ?
Pas la France en tout cas qui souffrirait au moins autant que la Grande-Bretagne. La France est depuis des années en excédent commercial avec la Grande-Bretagne. Que se passera-t-il en cas de sortie sans accord ?

Au final les Britanniques sont en passe d'accomplir ce que, dans le sang et les larmes, l'Union Européenne a refusé aux Grecs.

JMG





lundi 15 juillet 2019

De mémoire de homard


Cette histoire de homard est décidément amusante, elle est aussi édifiante, quasi-morale. Elle tombe sur un de Rugy exemplaire, tête de turc ou de gondole d’un régime de monarchie républicaine dans lequel nous baignons sans même plus nous en apercevoir, et depuis longtemps, depuis que le Président de la République est élu au suffrage universel avec les pouvoirs exorbitants que  l’on sait. Exemplaire, oui, ce de Rugy en tant qu’il est un produit de cette noblesse républicaine qui pense, du haut de sa superbe, faire en France la pluie et le beau temps.

Que M. de Rugy s’aperçoive mais un peu tard que le homard n’est pas sa tasse de thé, et qu’il y soit même intolérant, ajoutent au drame de ce feuilleton estival qui aura eu le don de faire oublier (un peu) toute la nuisance de la politique gouvernementale.

Mais ne gâchons pas pour autant notre (bon) plaisir.

Voilà quelqu’un pour qui manger du homard tient lieu de corvée et qui pourtant se fait prendre la main dans le pot de confiture. On comprend que l’on puisse en retirer de l’amertume. Surtout si l’histoire pour de Rugy venait à mal se terminer, par sa démission par exemple, mais pas davantage espérons-le pour lui, car de là à en faire tout un fromage… Le plus rageant pour lui c’est qu’il se fasse pincer pour une affaire de homard dont il est peut-être innocent. Il se fait prendre en effet là où on ne l’attendait pas. C’est d’une belle facture dramatique.

Il faut se demander pourquoi le « peuple », avec l’aide active de Mediapart puis de la presse qui en fait ses choux gras, se réjouit de cette affaire, même si au bout du compte, après une enquête administrative, astrologique, et juridique on s’aperçoive que c’en n’est pas vraiment une.
Comme celui qui l’a fait prince, F. de Rugy est arrivé là par effraction, il a trahi, il est un traître comme on en trouve dans les contes pour enfants. Voilà c’est ce que les gens aiment, que la fatalité s’acharne enfin contre celui qui a retourné sa veste, le peuple se réconfortant par cette résurgence inopinée d’une morale politique que l’on croyait perdue.

De Rugy à la veille des présidentielles s’était présenté à la primaire socialiste et, en cas d’échec, s’était engagé à soutenir la candidature du vainqueur, en l’occurrence Benoit Hamon (a-t-on des nouvelles au fait ?). Sentant le vent tourner il avait alors rallié Emmanuel Macron. Il fallait bien ce tour de force pour faire de M. de Rugy un grand, un énorme président de l’Assemblée Nationale, puis un non moins extraordinaire ministre d’Etat chargé de la transition écologique.

Il n’est pas le seul à profiter des ors de la République et pas l’unique à en avoir abusé, il paye pour beaucoup d’autres, et même pour le premier d’entre eux qui n’est pas encore atteignable, pour un crime qui juridiquement n’en est peut-être pas un.

Mais sur un plan moral c’est une autre affaire.

C’est ce que l’opinion publique, qui a dépassé pour une fois sa mémoire de poisson, n’a apparemment pas supporté.

Le peuple, avec cette histoire,  aura eu sa (petite) part de homard.

JMG


vendredi 21 juin 2019

Le macronisme n'est pas qu'un opportunisme

C'est une épidémie, des dizaines de maires de droite s'en iraient rejoindre, à un an des municipales, "la république en marche". En voilà qui n'ont pas peur de trébucher et tomber entre le quai et la roue du train, des courageux en somme.

Les maires en question le sont souvent de grandes villes, celui d'Angers, d'Amiens, de Cherbourg, de Saint-Malo, on en passe et des meilleur-e-s. Mais bien sûr c'est pour le bien général, pour notre bien, celui de la droite, celui de la gauche, celui du ni droite ni gauche, celui du sucré et du salé, du bouillu et du foutu, et en même temps celui du peuple qui n'aura plus qu'à obéir, qui n'aura plus à réfléchir, qui votera comme un seul homme ou presque, et implantera ainsi pour des années des équipes "en marche" qui se feront une obligation d'appliquer partout localement les désirs du monarque républicain.

De plus beaucoup de ces maires ne quittent pas le parti républicain, prennent le beurre et l'argent du beurre. Ralliement tardifs ? Non, le macronisme à leurs yeux ne ferait que commencer, alors pourquoi se gêner ? En tout cas, ce dernier représente aujourd'hui un avenir politique un peu plus sûr que celui de Fillon, Wauquier, et même Juppé, paix à leur âme...

En réalité il n'y a là rien d'original,  la droite cahin-caha, ou résolument, continue d'aller à la droite, en une sorte d'attirance et de concentration des énergies conservatrices en un seul et même point, "en marche". Il n'y a pas grande différence entre E.Macron et E.Philipe, il n'y en a même pas du tout, ils s'auto-alimentent. Philippe, ancien de la "french-american foundation", fut et reste un juppéiste convaincu, n'oublions pas non plus qu'il a fait parti de l'équipe de campagne de Fillon, l'homme qui entendait supprimer 250 000 emplois publics dans la seule fonction publique territoriale.
Nous étions déjà dans le règne du "toujours plus" vers la régression sociale. Que Macron l'ait fait vice-roi ne relève pas du hasard et correspond bien à une stratégie politique qui porte ses fruits.

L'actuel président de la république, avec l'appui de cette droite classique et conventionnelle, aura donc plus de facilités pour appliquer son projet ultra-conservateur. Ce projet vise à contrôler le monde du travail en affaiblissant ses corps intermédiaires, il vise à favoriser une France davantage encline à la financiarisation de son économie qu'à sa nécessaire réindustrialisation.

Et donc Macron c'est la droite qui va encore plus loin, sans gêne, une droite extrême dont témoigne toutes les "réformes" entamées ou réalisées depuis deux ans. Et cela se fait dans la violence, violence sociale, mais aussi violences policières exercées et dirigées contre le mouvement social, qu'il soit populaire, spontanée et inorganisé comme celui des gilets jaunes, ou plus proprement syndical. Manifester aujourd'hui en France devient de plus en plus périlleux et risqué. En témoignent les blessures, les visages éborgnés, les mains arrachées, les gardes à vue, les amendes injustifiées.
Vous aviez le choix au deuxième tour des présidentielles entre Le Pen et Macron, vous aurez eu la droite extrême, quoi que vous votiez.

Et donc les attaques contre la République sociale, dans ce contexte de guerre civile larvée, continuent de plus belle, attaques dont évidemment le citoyen a peine à mesurer de suite les conséquences tant elles sont nombreuses,variées, massives.

Ainsi aujourd'hui les réformes rétrogrades, archaïques, contre le statut de la fonction publique,
contre l'hôpital public, contre la liberté d'expression avec des rumeurs persistantes de remise ne cause de loi sur la presse de 1881, contre les 20 à 300 000 chômeurs qui auront à souffrir de la réforme de l'assurance chômage, contre l'école émancipatrice avec le projet de loi Blanquer, contre les retraites...

La mise en place de ces contre-réformes est aussi facilitée par un appui d'anciens du parti "socialiste", dont certains au gouvernement actuel, d'autres investis par LREM pour les échéances électorales dont bien sûr les municipales, candidat essentiellement motivés par le besoin d'un reclassement politique inespéré.

N'est-ce pas que nous avons un banquier au plus haut niveau de l'Etat, qui en cultivant comme il le fait la confusion idéologique, favorise les banques commerciales et les grands groupes financiers ?

A quand le retour d'un Etat stratège, social et démocratique, avec le souci retrouvé et bien compris de l'intérêt général ?

JMG








samedi 1 juin 2019

Petit retour désespérant sur les européennes

Revenons sur ces élections : il faut essayer de comprendre. J'étais assesseur ( désigné par LFI) dans un bureau de vote à Lons-le-Saunier, au "Boeuf sur le toit" précisément pour ceux qui connaissent. J'ai été tout de suite étonné de l'affluence, alors qu'était attendue, comme d'habitude pour des élections européennes, une abstention record. J'ai cru même un moment, pour m'expliquer cette affluence, que le bureau avait été fusionné avec un autre. La suite montra que ce bureau n'était pas unique, que finalement la participation partout en France dépasserait celle enregistrée lors des dernières élections législatives de 2017.

Ces élections auront donc vu la vraie-fausse victoire de Macron-LePen, la déception de Manon Aubry, la défaite de Wauquier au travers celle de Bellamy le champion tant attendu des "Républicains", et la petite mais non moins surprenante percée de Jadot l'écologiste.
D'une certaine manière l'élection de Macron en 2017 continue de redistribuer les cartes. Mais en apparence seulement.

Car au fond, lorsqu'on y réfléchit, rien ne change à part que la droite a pris un autre visage, une autre incarnation en la personne de Macron. Oui, la droite (excusez le terme mais j'y tiens) est la grande victorieuse. Ses électeurs se sont déplacés et au lieu de voter Bellamy ont opté pour Loiseau, voire pour Le Pen, sachant pertinemment où se place son intérêt. 

Macron a bel et bien attiré à lui les électeurs de ce qui s'appelait encore l'UMP, ou ceux de Fillon, ceux de la droite classique en quelque sorte pour laisser Bellamy le catho sur le bas-côté.

Quant au Rassemblement National, il aura encore profité du vote protestataire. Macron habilement aura pris soin d'en faire son allié objectif en le désignant comme sa seule opposition crédible et en dramatisant l'enjeu : moi le "progressiste" (tu parles !)  contre le chaos extrémiste.

Les écolos eux s'en sortent bien, ils occupent désormais un centre (droit ou gauche ?) qui se sera considérablement élargi, et au diable l'UDI qui passe, comme les formations traditionnelles,  pour un (tout petit) parti désormais ringardisé ! Pourquoi centriste les écolos ? Parce que ce fut, outre celui favorisé par l'actualité brûlante des mobilisations sur le climat, le vote de ceux qui ne savent pas tout à fait ce qu'ils veulent, le vote à bon compte qui rachète une bonne conscience écologique. Sans compter que le duel Macron-Le Pen  aura constitué l’épouvantail des "modérés".

A gauche, la France Insoumise, le Parti Communiste et l'extrême-gauche, dont les programmes étaient proches, se révèlent en difficulté, c'est pas peu dire. Ils sont de ceux pourtant qui ont travaillé sur le fond, c'est-à-dire en dénonçant une société française de plus en plus inégalitaire et violente, laquelle favorise la crise écologique.

Le fond, une fois de plus, n'a pas été rendu visible, il n'est pas remonté.

JMG


mardi 28 mai 2019

La lenteur et ses vertus


L'émotion et la précipitation peuvent être mauvaises conseillères, c'est ce que l'on constate encore quelques semaines après l'incendie de Notre-Dame.

Le gouvernement croit devoir agir vite pour reconstruire ou restaurer la cathédrale emblématique de Paris. En cinq ans seulement, comme l’a promis le Président de la République, tout doit être reconstruit…ou restauré. 
Et donc tout le beau monde des arts, de la culture, du patrimoine doit se plier en quatre, et être sur le pont, pour rendre aux Parisiens et aux Français ce trésor que leur avaient légué les bâtisseurs d’il y a huit siècles. Sans perdre de temps, ou sans le prendre suffisamment, contrairement à ce qui se faisait au Moyen-Âge. Il semble qu’au plus haut niveau de l'Etat il faille tout mettre en œuvre pour récupérer la mise émotionnelle généré par l'incendie d'un des plus beaux monuments français.

Le Parlement est lui-même appelé à la rescousse pour voter une loi qui déroge aux règles en vigueur de l'urbanisme. Le projet aura été adopté par l'Assemblé Nationale dans la nuit du 10 au 11 mai dernier. Le gouvernement veut être autorisé à agir par ordonnances pour la création, notamment, d'un établissement public chargé des travaux et de la gestion des dons générés par la catastrophe.

Sauf que dans le projet de loi la composition de cet établissement public n'est pas précisé, et les experts du patrimoine paraissent être écartés.

Le dernier article du projet est encore plus inquiétant puisqu'il permettrait au gouvernement, toujours autorisé par ordonnances, de déroger non seulement à de nombreuses règles d'urbanisme ou de préservation du patrimoine, mais aussi en matière de commande publique, de protection de l'environnement, de voirie et de transports. Le projet prévoit également certaines déductions fiscales supplémentaires. Le Sénat devait à son tour examiner le texte fin mai.

Le risque est grand que ces dispositions, si elles étaient cette fois adoptées, en appellent d’autres et constituent un précédent fâcheux à l’occasion de tout événement jugé suffisamment traumatisant pour, sur le coup d’une émotion populaire sans doute légitime, permettre au pouvoir de s’affranchir de règles pourtant édictées à raison de l’intérêt général.

JMG

jeudi 23 mai 2019

Non à Macron : la meilleure façon de le dire

Pour qui voter ?
C'est pas peu dire que la gauche, du moins dans sa traduction électorale, est déchirée, pulvérisée, à la merci du débat droite-droite qui s'est instaurée dans le paysage médiatique sur proposition d'un pouvoir qui n'a que faire d'une presse libre et indépendante.

Tout est fait en effet pour que le Rassemblement National soit le seul interlocuteur ou du moins l'unique challenger d'un Macron qui veut à tout prix rester maître du jeu. Et derrière, toujours à l'affût, même si c'est sur un banc de touche, la droite classique attend patiemment son heure, tout en glanant ici ou là quelques promesses de voix supplémentaires, une droite qui monte ou qui remonte.

Et la gauche ? Bien sûr les sondages ne veulent rien dire, ne valent rien dit-on, et il peut y avoir des surprises, toujours. Mais les tendances, même si elles sont télécommandées, suscitées, n'en demeurent pas moins réelles, la gauche, la vraie, celle qui défend le monde du travail, et il faut bien l'appeler d'un nom qui fasse référence à son histoire, la gauche quoi qu'il en soit est dans la panade.

Si donc on incluait dans cette gauche y compris Europe Ecologie les Verts (je sais ça fait mal), les "socialistes" de Glüksmann (plus mal encore), on n'atteindrait pas, si l'on fait une rapide addition, les 28% d'intentions de vote.
La droite, et je suis attaché à cette distinction et ce terme essentiels même si certains aujourd'hui, y compris parmi les amis de LFI, voudraient les nier ou les rendre inintelligible, la droite donc atteindrait de son côté allègrement les 65%. Le résultat, même hypothétique, est tranchant et désespérant.

On voit qu'il y a à reconstruire, beaucoup, avec malheureusement, pour lui comme pour nous tous, un PC qui semble, à l'heure qu'il est, en perdition sur le plan électoral : c'est désespérant et dommageable pour l'ensemble de la gauche, gageons que ce n'est pas définitif.

Aujourd'hui pourtant, et dimanche prochain précisément, malgré le peu de confiance qu'inspire depuis des années l'Union européenne, il faut choisir son camp même si cela est douloureux dans ce contexte de désunion avérée, et le faire en envisageant une unité prochaine qu'il faudra nécessairement gagner par la suite.

Pour ma part je voterai dimanche pour la liste conduite par Manon Aubry, la mieux placée à gauche aujourd'hui pour contrer les politique de Macron et des droites, toutes économiquement et socialement désastreuses.
Voter pour la liste France insoumise c'est permettre aussi, singulièrement, de donner un député européen à Lons-le-Saunier en la personne de Gabriel Amard placé en huitième position sur la liste. C'est avant tout un militant, de gauche ne lui en déplaise, combatif, qui a montré sa détermination à défendre le droit essentiel à l'eau, soucieux de combattre les inégalités sociales et, entres autres défis à relever, l'évasion fiscale qui en est un des fondements.

JMG




dimanche 12 mai 2019

La "décentralisation" à la rescousse

"Si vous voulez enterrer un problème, nommez une commission" disait Clémenceau, "si vous voulez cacher une crise, faites voter une loi de décentralisation" pourraient dire les plus récents de nos présidents de la République.
C'est vrai que depuis les années quatre-vingts, où la première loi de décentralisation voyait le jour, les gouvernants n'ont cessé de légiférer sur l'organisation administrative de la France et sur les relations qu'entretiennent l'Etat d'une part, et les communes, départements, et régions d'autre part.

Il est bon que les collectivités s'affranchissent d'une dépendance trop grande vis à vis de l'Etat central  (ce qui en réalité n'est pas le cas puisque ce dernier les muselle financièrement) mais l'excès inverse n'est pas plus recommandable lorsque ces réformes ont un but idéologique qui joue contre l'intérêt général de la population et l’aménagement harmonieux du territoire.

E. Macron vient encore d'en faire la démonstration en annonçant le projet d'une énième loi de décentralisation, prétendant ainsi répondre, à l'issue du grand débat et sans les nommer, aux préoccupations des gilets jaunes. 
Les propos tenus le 25 avril dernier devant la presse restent flous  : ce qu'il a lui-même appelé "un nouvel acte de décentralisation" devrait concerner, comme il l'a annoncé, "transition écologique, logement, transports". 

A l'entendre, tout est simple, c'est pourquoi son propos demeure des plus idéologiques sans prise au réel, et en contradiction surtout avec la politique que lui et sa majorité ont mené jusqu'ici à l'endroit des collectivités : la suppression notamment de la taxe d'habitation qui tue leur autonomie financière sans réforme fiscale digne de ce nom qui garantisse un développement équitable et non concurrentiel des territoires. 

Rien de concret en matière de financement des collectivités, si ce n'est l'annonce d'une nouvelle et hypothétique réforme de la fiscalité en 2020. Par contre, Macron a l'intention d'ajouter d'autres compétences fondées, selon ses termes, sur "des principes simples devant garantir des décisions au plus près du terrain".

Des mots, des mots, mais de quoi craindre le pire, d'autant que Macron introduit le concept, étrange ou flou, de "différenciation territoriale" pour soit-disant "adapter les règles aux territoires". Cela signifierait-il que le loi ne s'appliquerait pas partout de la même façon ? Mystère, et surtout danger pour une République réputée indivisible.

Tout aussi inquiétante, cette promesse macronesque de supprimer les doublons entre l'Etat et les collectivités, une ancirengaine ancienne qui le plus souvent aura servi ou servira encore de prétexte à une diminution de la qualité et du nombre des services publics dans les territoires.

Donc pas de véritable décentralisation en perspective, car moins de démocratie au final, les communes, base de la démocratie locale, continueront d'être engluées et englouties dans des communautés d'agglo de plus en plus éloignées des citoyens.

Ce n'est pas le mille-feuille territorial que notre république "décentralisée" doit craindre mais bien l’empilement de réformes qui sont autant de raisons pour un gouvernement de rester muet et inactif sur les vrais enjeux de notre société.

JMG




samedi 20 avril 2019

Notre-Dame, et le luxe des plus riches

La charité, comme le mécénat, sont le luxe inespéré des riches, ils ne leur coûtent rien mais leur apportent beaucoup en illusion morale. Par ailleurs cela permet aux politiques qui les représentent et qu'ils se sont échiné à faire élire, d'esquiver toute velléités de réforme fiscale qui pourrait se révéler plus équitable.

Cela est devenu clair à l'occasion du drame national de l'incendie de Notre-Dame de Paris. Drame national en effet que Macron lui-même, de façon intuitive ou non, a cru bon d'exploiter politiquement en retrouvant à l'excès les saveurs de cours d'art dramatique mal assimilés.

L'émotion produite par cette catastrophe, qui n'a fait heureusement aucune victime, a été à l'origine d'une mobilisation financière sans précédent de la part de nos grands capitaines de l'industrie financière (et exclusivement financière) tels que Pinault, Arnaut, Bettencourt plus quelques autres moins médiatisés mais non moins puissants. 
Près d'un milliard d'euros auront ainsi collectés dépassant à cette occasion le budget de l'Etat alloué à la protection des monuments historiques lequel ne dépassera pas en 2019 les 800 millions d'euros.

L'argent est donc là qui pour une fois ruisselle en effet, mais selon le bon vouloir de nos oligarques qui trouvent là l'occasion de se refaire une santé éthique de protecteur de chefs d'oeuvre en péril.

Cette épisode aura permis non seulement de dévoiler concrètement et émotionnellement la puissance de l'argent privé mais aussi, et c'est lié, de démontrer la démission délibérée de l'Etat à s'occuper de ce qui pourtant devrait l'intéresser au premier chef. 

La lâcheté néo-libérale abandonne l'exigence démocratique au profit de grands groupes privés. La protection du patrimoine séculaire doit être le reflet fidèle d'une volonté collective et délibérée. Ce n'est pas à quelques grandes fortunes, favorisées par l'évasion fiscale ou par des politiques de moins-disant social, de décider en dehors du peuple quelle politique mener pour sauver et conserver ce qui reste encore de notre patrimoine.

C'est à nous, faisant peuple et composant l'Etat, de redevenir les généreux bienfaiteurs de ce qui nous appartient.

JMG

lundi 15 avril 2019

Fonction publique : le contrat contre la loi

Le projet de loi fonction publique devrait entraîner une augmentation significative du nombre d'agents contractuels. La rémunération de ces agents sera déterminée par l’administration compétente au regard des fonctions exercées, de la qualification, de l'expérience et en tenant compte des résultats professionnels.

En d'autres termes, il n'y aurait plus à terme de garantie collective jusqu'ici fondée sur des grilles de salaires définies nationalement, aggravant ainsi les disparités entre les agents publics eux-mêmes, mais aussi mécaniquement entre les territoires, avec ce risque de renforcer le clientélisme politique.

Le gouvernement a donc pour projet de serrer encore plus les relations de subordination entre administration et agents publics. Le risque est singulièrement grand dans l'Education Nationale où les agents ont toujours été attachés à une autonomie, même relative, sans laquelle un enseignement efficace n'est possible.

Changer les statuts c'est déjà changer d'horizon, c'est préparer les esprits à la privatisation, voire à la financiarisation des services publics ceux-ci devenant alors des services au public...puis aux "clients".

JMG


paru dans D&S Démocratie et Socialisme avril 2019

jeudi 4 avril 2019

Le mérite, quel mérite ?

L'idéologie contenue dans le néo-libéralisme fait primer l'individualisme sur la dimension collective. C'est pourquoi les divers gouvernements qui se succèdent depuis au moins 1983, date d'un premier basculement de la société dans la négation de la solidarité politique, s'en prennent à la fonction publique pour en fragiliser les statuts.

Dans l'optique de la réduction des dépenses publiques devenue boussole néo-libérale, la société médiatique a pris fait et cause contre la fonction publique et ceux qui en sont les acteurs essentiels, les fonctionnaires. Tout est fait pour les dénigrer alors qu'au sein de la population rien n'indique qu'ils aient une image particulièrement mauvaise au point en tout cas d'inspirer un rejet tel qu'on le représente dans les media dominants.

Un des angles d'attaque est constitué par le mérite qu'il faudrait mesurer, de manière à séparer le bon  grain de l'ivraie, à distinguer les "fainéants" de ceux qui seraient "courageux" à faire le travail ou remplir les fonctions pour lesquels ils sont recrutés.

Ainsi sont apparus les notions de "reconnaissance de l'engagement et de la performance professionnels" que le projet de loi sur la fonction publique, examiné en mars dernier en conseil des ministres, veut renforcer. Renforcer "seulement" car c'est déjà une vielle idée déjà en pratique dans la fonction publique territoriale et qui serait donc généralisée à l'ensemble de la fonction publique.

Les avancements, les promotions seront donc davantage liés à cette indéfinissable notion de mérite. Mais qu'en-est-il ? Un cadre chargé des marchés publics refusant un ordre illégal, celui de favoriser une entreprise sur pression politique par exemple, n'est-il pas plus "méritant" qu'un autre songeant prioritairement à sa carrière en abandonnant son esprit critique et son indépendance ?

Les fonctionnaires sont déjà dans le monde du travail le plus évalués, les plus contrôlés et il est étonnant que l'on revienne toujours sur cette question, si ce n'est pour des raisons suspectes : remettre en cause leur neutralité contre et à l'encontre des principes d'égalité, de responsabilité et d'indépendance attachés à la fonction publique.


JMG


paru dans D&S Démocratie et Socialisme avril 2019 

jeudi 28 mars 2019

Modeste proposition pour accélérer les réformes

Après le succès le 28 mars du Grand Débat entre le Président de la République et des enfants tenu à Beaupréau-en-Mauges dans le Maine-et-Loire, il a été décidé que les parlementaires, au plus tard dans la prochaine législature, ne pourront pas être âgés de plus de 12 ans. 

Cette réforme essentielle, qui s'apparente à une révision constitutionnelle, vise l’accélération des réformes indispensables à l'intérêt général du pays. Elle devrait être adoptée très prochainement par ordonnance. 

Interrogée, la plupart des députés de la majorité "en marche" de l'Assemblée Nationale, consciente de son immense responsabilité, et attachée résolument à la réussite du gouvernement, se déclare favorable à cette perspective qui ne manquera pas, en même temps, de renouveler notre démocratie en lui donnant un coup de jeune salutaire et décisif.

JMG

mardi 26 mars 2019

L'Elysée n'est pas un désert médical

Dernièrement, Mme Buzyn, ministre de la santé, dans le cadre d’une énième réforme des retraites, a déclaré qu’elle n’était pas fermée à l’idée d’un allongement supplémentaire de la durée du travail. Elle ne s'est pas privée de rappeler à cette occasion qu’elle était médecin.

Ainsi aurait-elle constaté que ses patients vivraient de plus en plus vieux,  et qu'en conséquence il ne leur était pas médicalement déconseillé de travailler beaucoup plus longtemps. Par le biais d'une ministre doctoresse apparentée à l'oligarchie,  la science médicale s'allie à une exigence néo-libérale qui entend nous faire trimer plus pour nous faire gagner encore moins.

Bien sûr cela devrait nous rassurer de savoir qu'un médecin est au chevet des retraites, même si on peut regretter qu'elle n'ait pas ausculté depuis fort longtemps, ce qui naturellement porte atteinte à l'efficacité de sa pratique. On se félicite quand même qu'à l'expertise économique s'ajoute aujourd’hui l'expertise médicale laquelle pourtant manque aux territoires de la république notoirement délaissées par M. Macron et ses amis.

Mettre en avant sa profession médicale pour justifier une réforme à venir telle que celle des retraites, dont on sait qu'elle se révélera encore plus dure, s'apparente à une arnaque inacceptable à l'heure où se révolte le pays.

Surtout quand c'est pour faire passer des remèdes de cheval. Macron est un vétérinaire et ses soutiens des anesthésistes.

JMG

lundi 18 mars 2019

des casseurs s'en prennent à la fonction publique

On le sait, le grand débat sert d'écran de fumée pour cacher, avec un certain succès il faut le reconnaître, ce que le gouvernement Macron continue de détruire : les systèmes de solidarités pour lesquels des gens se sont battus, et qui ont fait jusqu'ici la singulière richesse de notre pays.

Ainsi en est-il du statut de la fonction publique dont, malgré le mouvement social actuellement en cours, Macron et ses députés ont décidé la disparition pure et simple. Ce projet de loi devrait passer devant l'Assemblée Nationale avant cet été. Il est catastrophique.

Une précarité accrue de l'emploi public...

Il vise à faire grandir et à généraliser la précarité dans la fonction publique. Aujourd'hui encore  le statut prévoit que le fonctionnaire est titulaire de son poste, demain le recours au contrat sera facilité et aura pour effet de porter atteinte à la neutralité de la fonction publique. Cette neutralité sera donc à la merci d'un clientélisme politique encore plus pressant. Un fonctionnaire a le devoir de ne pas obéir à un ordre illégal de nature à compromettre l'intérêt public. Qu'en sera -t-il si la précarité de sa situation lui fera renoncer à cette exigence républicaine ?

Aujourd'hui déjà plus de 70% des contrats à durée déterminée dans la fonction publique territoriale sont conclus pour moins d'un an. Cette précarité accentue les inégalités entre les hommes et les femmes lesquelles sont les plus concernées, 62% des contrats précaires sont tenues par des femmes.
Le projet de loi prévoit bien pire avec les contrats dit de projet qui n'ouvriront ni à des contrats à durée indéterminé, ni encore moins à une titularisation hypothétique.

et des mesures anti-républicaines...

L'ensemble de ces mesures mettent à mal l'égalité d'accès à la fonction publique qui aujourd'hui encore est garantie, peu ou prou, par le principe républicain du concours. Qu'en sera-t-il demain si le recrutement n'obéit à aucune règle objective autre que celle d'une flexibilité outrancière de l'emploi ?

Cette précarité généralisée s'accompagne d'une augmentation de la souplesse des rémunérations enlevant la garantie de traitement équitable pour tous les agents. Ainsi revient en force la rémunération dite au mérite, grand cheval de bataille de tous ceux pour lesquels la fonction publique et les fonctionnaires ont toujours constitué une cible privilégiée comme pour se distraire et de s'exonérer des vrais enjeux du pays.

Le statut aujourd'hui prévoit des grilles de rémunération équitables tenant compte des grades eux-mêmes issus des qualifications des agents. Le mérite individuel n'est qu'un leurre pour  favoriser un traitement à la tête du client, à la merci d'une hiérarchie qui aura tôt fait de profiter d'un pouvoir discrétionnaire étendu. 
Pourquoi ne pas faire confiance plutôt à la formation, aux qualifications, aux diplôme nationaux, à la formation initiale et continue ?

...qui servent à accompagner les restructurations à venir

Tout cela se fait dans un contexte d'une volonté gouvernementale de suppression de 120 000 emplois publics pour le quinquennat. La réforme des commissions administratives paritaires contenue dans le projet de loi s'accorde précisément à ôter les moyens de concertation (cf article 3 du projet) pour rendre plus faciles les mobilités professionnelles que ne manqueront pas d'entraîner les restructurations dans les diverses administrations. 

La crise des gilets jaunes montre, s'il en était besoin, que les corps intermédiaires et les organes de concertation peuvent être utiles à éviter les confrontations brutales et violentes. Le gouvernement pourtant continue à nier cette réalité, le projet de loi prévoit en effet une attaque supplémentaire contre la démocratie sociale en fusionnant le comités technique et le comité d'hygiène et de sécurité dans une instance unique, le comité social d’établissement ou de collectivité.

La représentation des personnels sera donc moindre, notamment dans le domaine vital de l'hygiène et de la sécurité, accompagné mécaniquement d'une diminution drastique du droit syndical,  à l'instar de ce qui vient de se produire dans le secteur privé avec la réforme, là aussi, des instances représentatives du personnel.

l'enjeu des services publics

Derrière la question du statut se cache l'enjeu de l'accès pour tous à des services publics de qualité. La réforme en cours ne fera que renforcer et faciliter la privatisation de ces services, comme ceux de l'hôpital ou des Ehpad par exemple, pour les intégrer dans une financiarisation toujours plus vorace au mépris de l'intérêt général

Macron et son gouvernement continuent de jouer une politique du pire, dangereuse pour la démocratie, en force, fondée sur une répression policière particulièrement violente qui elle-même fait le jeu des "casseurs".

Le pouvoir actuel continue de faire voter des lois régressives, sans honte, comme si la destruction de la république sociale, d'une façon paradoxale, lui servait de cheval de bataille pour asseoir un pouvoir déjà bien établi par une constitution de la Véme république qui manifestement ne répond plus à l'exigence d'un état démocratique moderne. 

Jean-Marc Gardère


article paru dans Démocratie et Socialisme d'avril 2019




lundi 18 février 2019

Les larmes de Monsieur Juppé

Le jeudi 14 février Alain Juppé fondait en larmes en annonçant son départ de la mairie de Bordeaux. On pourra comprendre, tant l'émotion est respectable, qu'un tel homme puisse être ému à se séparer d'une fonction élective communale qui aura rempli une bonne partie de sa vie à servir ses électeurs ou ses concitoyens.

Compatissons. Mais tranquillisons-nous aussitôt à la pensée que ce retraité (depuis 2003) de l'inspection générale des finances, ne perdra rien en considération, ni même sur le plan pécuniaire, à intégrer le Conseil Constitutionnel. Bien au contraire, il intègre une institution prestigieuse tout en augmentant ses émoluments.

Mais à mes yeux il est une autre indécence, indigne de l'homme d'Etat qu'il aurait bien voulu devenir, à rendre publics des états d'âmes qui auraient gagner à rester dans le secret de l'intimité.

Ils ont peu de points communs mais ces pleurs me rappellent ceux que j'avais vus chez un Jacques Delors, un jour à la mutualité à Paris pour le "forum ds progressistes européens" en juin 2013.
J'eus cette même désagréable impression d'un homme qui ne savait retenir ses larmes sur l'attendrissement de son propre parcours, parcours qui ne fut pas étranger à une Europe qui est devenue ce qu'elle est, un simple marché ouvert sans consistance politique outre celle de s'en remettre au sacro-saint marché. Delors avait l'air de le regretter mais sans véritablement faire amende honorable, à l'instar de tous ceux des chefs de gouvernement en Europe présents ce jour-là. qui se lamentaient comme lui d'avoir contribuer à donner naissance à une Europe qui n'était plus tout à fait celle dont ils avaient rêvé. Ils l'avaient laisser filer et la regardaient ensemble comme une énorme bêtise qu'il venait de commettre.

De son côté, dans un autre registre, Alain Juppé pleure donc en déclarant que "l'esprit public [était] devenu délétère" lui qui fut condamné en 2004 à 18 mois de prison avec sursis. Il pleurniche en déplorant la "violence profonde de la société" alors qu'en tant qu'homme politique de premier plan (quand même) il a contribué, "droit dans ses bottes", à la faire telle quelle se présente et se renforce à nous aujourd'hui, une société profondément inégalitaire gagnée par une paupérisation galopante qui sape ses fondements démocratiques.

Avant de partir, mais il ne part pas si loin, Alain Juppé nous aura offert  cet épisode sentimental dont la ville de Bordeaux aura été l'objet amoureux.
Les larmes de Juppé, sincères mais inauthentiques, n'auront fait, de manière paradoxale, que renforcer et souligner l'énorme écart qui existe entre nos "élites" politiques et l'ensemble du peuple devenu aujourd'hui visible à la faveur d'un mouvement social qui, pour l'heure, n'a rien perdu de sa puissance et dont les victimes, de par la répression dont il font l'objet, méritent bien plus notre compassion.

JMG