vendredi 21 juin 2019

Le macronisme n'est pas qu'un opportunisme

C'est une épidémie, des dizaines de maires de droite s'en iraient rejoindre, à un an des municipales, "la république en marche". En voilà qui n'ont pas peur de trébucher et tomber entre le quai et la roue du train, des courageux en somme.

Les maires en question le sont souvent de grandes villes, celui d'Angers, d'Amiens, de Cherbourg, de Saint-Malo, on en passe et des meilleur-e-s. Mais bien sûr c'est pour le bien général, pour notre bien, celui de la droite, celui de la gauche, celui du ni droite ni gauche, celui du sucré et du salé, du bouillu et du foutu, et en même temps celui du peuple qui n'aura plus qu'à obéir, qui n'aura plus à réfléchir, qui votera comme un seul homme ou presque, et implantera ainsi pour des années des équipes "en marche" qui se feront une obligation d'appliquer partout localement les désirs du monarque républicain.

De plus beaucoup de ces maires ne quittent pas le parti républicain, prennent le beurre et l'argent du beurre. Ralliement tardifs ? Non, le macronisme à leurs yeux ne ferait que commencer, alors pourquoi se gêner ? En tout cas, ce dernier représente aujourd'hui un avenir politique un peu plus sûr que celui de Fillon, Wauquier, et même Juppé, paix à leur âme...

En réalité il n'y a là rien d'original,  la droite cahin-caha, ou résolument, continue d'aller à la droite, en une sorte d'attirance et de concentration des énergies conservatrices en un seul et même point, "en marche". Il n'y a pas grande différence entre E.Macron et E.Philipe, il n'y en a même pas du tout, ils s'auto-alimentent. Philippe, ancien de la "french-american foundation", fut et reste un juppéiste convaincu, n'oublions pas non plus qu'il a fait parti de l'équipe de campagne de Fillon, l'homme qui entendait supprimer 250 000 emplois publics dans la seule fonction publique territoriale.
Nous étions déjà dans le règne du "toujours plus" vers la régression sociale. Que Macron l'ait fait vice-roi ne relève pas du hasard et correspond bien à une stratégie politique qui porte ses fruits.

L'actuel président de la république, avec l'appui de cette droite classique et conventionnelle, aura donc plus de facilités pour appliquer son projet ultra-conservateur. Ce projet vise à contrôler le monde du travail en affaiblissant ses corps intermédiaires, il vise à favoriser une France davantage encline à la financiarisation de son économie qu'à sa nécessaire réindustrialisation.

Et donc Macron c'est la droite qui va encore plus loin, sans gêne, une droite extrême dont témoigne toutes les "réformes" entamées ou réalisées depuis deux ans. Et cela se fait dans la violence, violence sociale, mais aussi violences policières exercées et dirigées contre le mouvement social, qu'il soit populaire, spontanée et inorganisé comme celui des gilets jaunes, ou plus proprement syndical. Manifester aujourd'hui en France devient de plus en plus périlleux et risqué. En témoignent les blessures, les visages éborgnés, les mains arrachées, les gardes à vue, les amendes injustifiées.
Vous aviez le choix au deuxième tour des présidentielles entre Le Pen et Macron, vous aurez eu la droite extrême, quoi que vous votiez.

Et donc les attaques contre la République sociale, dans ce contexte de guerre civile larvée, continuent de plus belle, attaques dont évidemment le citoyen a peine à mesurer de suite les conséquences tant elles sont nombreuses,variées, massives.

Ainsi aujourd'hui les réformes rétrogrades, archaïques, contre le statut de la fonction publique,
contre l'hôpital public, contre la liberté d'expression avec des rumeurs persistantes de remise ne cause de loi sur la presse de 1881, contre les 20 à 300 000 chômeurs qui auront à souffrir de la réforme de l'assurance chômage, contre l'école émancipatrice avec le projet de loi Blanquer, contre les retraites...

La mise en place de ces contre-réformes est aussi facilitée par un appui d'anciens du parti "socialiste", dont certains au gouvernement actuel, d'autres investis par LREM pour les échéances électorales dont bien sûr les municipales, candidat essentiellement motivés par le besoin d'un reclassement politique inespéré.

N'est-ce pas que nous avons un banquier au plus haut niveau de l'Etat, qui en cultivant comme il le fait la confusion idéologique, favorise les banques commerciales et les grands groupes financiers ?

A quand le retour d'un Etat stratège, social et démocratique, avec le souci retrouvé et bien compris de l'intérêt général ?

JMG








samedi 1 juin 2019

Petit retour désespérant sur les européennes

Revenons sur ces élections : il faut essayer de comprendre. J'étais assesseur ( désigné par LFI) dans un bureau de vote à Lons-le-Saunier, au "Boeuf sur le toit" précisément pour ceux qui connaissent. J'ai été tout de suite étonné de l'affluence, alors qu'était attendue, comme d'habitude pour des élections européennes, une abstention record. J'ai cru même un moment, pour m'expliquer cette affluence, que le bureau avait été fusionné avec un autre. La suite montra que ce bureau n'était pas unique, que finalement la participation partout en France dépasserait celle enregistrée lors des dernières élections législatives de 2017.

Ces élections auront donc vu la vraie-fausse victoire de Macron-LePen, la déception de Manon Aubry, la défaite de Wauquier au travers celle de Bellamy le champion tant attendu des "Républicains", et la petite mais non moins surprenante percée de Jadot l'écologiste.
D'une certaine manière l'élection de Macron en 2017 continue de redistribuer les cartes. Mais en apparence seulement.

Car au fond, lorsqu'on y réfléchit, rien ne change à part que la droite a pris un autre visage, une autre incarnation en la personne de Macron. Oui, la droite (excusez le terme mais j'y tiens) est la grande victorieuse. Ses électeurs se sont déplacés et au lieu de voter Bellamy ont opté pour Loiseau, voire pour Le Pen, sachant pertinemment où se place son intérêt. 

Macron a bel et bien attiré à lui les électeurs de ce qui s'appelait encore l'UMP, ou ceux de Fillon, ceux de la droite classique en quelque sorte pour laisser Bellamy le catho sur le bas-côté.

Quant au Rassemblement National, il aura encore profité du vote protestataire. Macron habilement aura pris soin d'en faire son allié objectif en le désignant comme sa seule opposition crédible et en dramatisant l'enjeu : moi le "progressiste" (tu parles !)  contre le chaos extrémiste.

Les écolos eux s'en sortent bien, ils occupent désormais un centre (droit ou gauche ?) qui se sera considérablement élargi, et au diable l'UDI qui passe, comme les formations traditionnelles,  pour un (tout petit) parti désormais ringardisé ! Pourquoi centriste les écolos ? Parce que ce fut, outre celui favorisé par l'actualité brûlante des mobilisations sur le climat, le vote de ceux qui ne savent pas tout à fait ce qu'ils veulent, le vote à bon compte qui rachète une bonne conscience écologique. Sans compter que le duel Macron-Le Pen  aura constitué l’épouvantail des "modérés".

A gauche, la France Insoumise, le Parti Communiste et l'extrême-gauche, dont les programmes étaient proches, se révèlent en difficulté, c'est pas peu dire. Ils sont de ceux pourtant qui ont travaillé sur le fond, c'est-à-dire en dénonçant une société française de plus en plus inégalitaire et violente, laquelle favorise la crise écologique.

Le fond, une fois de plus, n'a pas été rendu visible, il n'est pas remonté.

JMG