jeudi 28 décembre 2017

Ultra riches : Macron vous souhaite de très bonnes fêtes

On ne dirait pas comme ça, mais Macron trump énormément. Le jeu de mot est facile, j'en conviens, un peu indigne même. Mais c'est vrai qu'on lui donnerait le bon dieu sans confession à notre président, on pourrait penser à le voir, à l'entendre, qu'il se bat pour "son" peuple, qu'il le protège, et les sondages favorables, dont il est en ce moment gratifié, montreraient que ce peuple lui en serait naturellement reconnaissant.

En tout cas, nul de ce côté-ci de l'Atlantique n'oserait le comparer à Trump qui lui, au contraire, même s'il reste encore soutenu par une bonne partie de ses électeurs, souffre d'une mauvaise presse laquelle retient surtout ses postures un peu folles ou ses prises de position erratiques qu'on n'avait pas encore connues, à ce point, chez un président des Etats-Unis.

Pourtant, dans le fond, les deux chefs d'Etat ont des points communs que l'actualité récente a dévoilés. Outre les politiques en matière d’immigration, c’est particulièrement vrai en matière de politique fiscale, faite pour les riches et sous la pression des riches. Il faudrait bien sûr s'efforcer de définir le terme, qui est riche, qui ne l'est pas, ou d'aborder, de façon plus satisfaisante, la question sous l'angle du pouvoir économique ou financier.
Qui profite le plus de la « crise » si ce ne sont les détenteurs de ces capitaux, propriétaires des plus grandes entreprises aux dépens le plus souvent des petites et moyennes qui n’en sont le plus souvent que les sous-traitantes ?

En France on avait coutume de parler des 500 familles, elles existent toujours, même si le terme a quelques relents désuets elles représentent toujours 15% du produit intérieur brut.

Pour leur donner plus encore de ce pouvoir, Macron fait passer l’impôt sur les sociétés de 33 à 25%, sans garantie que les sommes ainsi « libérées » puissent être réinvesties dans la production, et bien entendu sans contrepartie en termes d’emplois créés. En cela il est le continuateur des politiques menées par Sarkozy ou Hollande.
Contrairement à la propagande relayée par les media, l’emploi, qui dans le meilleur des cas est précarisé, semble être le dernier des soucis du gouvernement.

Si c’était le cas il interviendrait contre les licenciements boursiers de plus en plus fréquents, facilités par une loi travail dont on voit concrètement les effets dévastateurs dans les conflits en cours, comme chez Carrefour, ou chez Pimkie, (groupe Mulliez), où l’on licencie massivement en utilisant la rupture conventionnelle collective dont on offre désormais la possibilité aux employeurs.

Trump quant à lui vient juste de faire passer l’impôt sur les sociétés de 35 à 25% rompant définitivement avec la tradition aux Etats-Unis d’une relativement forte imposition des entreprises.

Ces politiques se ressemblent et obéissent à une même démarche qui traduit l’abandon des politiques économiques par les pouvoirs publics. L’Etat, que ce soit de ce côté ou l’autre de l’Atlantique, abandonne ses prérogatives et ses obligations en laissant faire « le marché », ce qui ne profite qu’à la spéculation et à l’enrichissement des plus riches.
Les pauvres eux n’auront qu’à pointer au chômage dont les contrôles se feront plus drastiques comme on vient de l’apprendre par le « Canard Enchaîné », ce que Macron n’a pas démenti.

Macron de par sa politique fiscale c'est trois milliards d'euros en moins pour les trois mille les plus riches. Macron c'est l'homme de la "flat tax", ce que même la droite ici en France n'avait même pas osé envisager, et qui finit d’affaiblir le principe de la progressivité de l'impôt sur le revenu, facteur de justice.

Macron peut donc souhaiter de très bonnes fêtes aux très riches. Il les représente bien, comme Trump il est des leurs, il n’en a pas honte, il sait très bien ce qu’il fait en cassant notre contrat social.

A nous donc, les miettes de la fête, ou les gouttes plutôt si l’on en croit « la théorie du ruissellement » qui voudrait que les richesses d’un petit nombre « d’élites » s’écoulent jusqu’à nous.

Car sur ce plan au moins on peut toujours rêver. On nous y incite même.

JMG

samedi 9 décembre 2017

et si on lui lâchait un peu la gratte à Johnny ?

Convertir au cathlolicisme la place de la Concorde, et une bonne et belle partie de la jet set dans une Madeleine transfigurée, Johnny l'a fait et bien fait, terminant ainsi son oeuvre par une apothéose digne d'un demi-Dieu. Il l'a peut-être voulu en secret, et son entourage, tout comme des media surexcités, ont concrétisé cette volonté. 
Bon, Johnny est mort, et alors, et après ? Cela va-t-il réconcilié les Français ? Pourquoi tant d'effusion ? Cet excès, car c'en est un, n'est-il pas le signe d'un manque, celui d'une société qui n'a plus rien a rêver et à qui il reste cependant la nostalgie, indéfinissable et légèrement sucrée, tout juste un peu amère comme toute nostalgie, une nostalgie faute de mieux ?

Macron, en grand intuitif qu'il est, ne s'y est pas trompé, et en une fin de semaine de décembre, a pu jongler entre le Rock et l'Académie et surfer ainsi sur l'indifférence collective d'une société qui se sert de ces "héros", d'Ormesson ou Halliday, d'apparence si différents, pour se dispenser de penser à autre chose. Oui, la société fançaise est malade à ne pas discerner l'essentiel du superflu (même légitime), et de plus on l'y encourage. Ce n'est pas que l'émotion est banissable, haïssable, condamnable, mais elle reste à craindre, car suspecte de cacher d'autres vérités plus profondes ou plus graves, de dangers imminents. L'émotion doit rester privative au risque de tout cacher, de tout gâcher.

Comment se fait-il qu'on ait pu, en ces quelques jours, tout oublier des malheurs du monde pour se concentrer avec autant de ferveur, de force, de nombre, sur ceux d'un petit groupe de personnes qui ne furent pourtant pas les plus oubliées du bonheur ? Comment se fait-il que depuis le jour de la mort consécutive de deux célébrités, l'on ait pu ne plus se rappeler de rien, ni de la Palestine qu'on veut mettre à mort, ni du détricotage de notre droit social, ni d'une Europe incertaine, ni de tant d'autres  choses qui mériteraient notre attention en cela qu'elles détiennent les clés de nos destins collectifs ? 

C'est de quoi et pour quoi est faite cette émotion collective, sans réel projet qu'elle même, une drogue puissante comme le fut un temps, ou encore de nos jours en d'autres lieux du monde, tout aussi aveuglante et convaincante, la religion pour le peuple. 

JMG