samedi 20 février 2016

une bande de pignoufs

J'ai regardé dans le dico, pour voir ce que ça voulait dire "pignouf". Les hiérarques du parti socialiste sont tombés une nouvelle fois à bras raccourcis sur Gérard Filoche parce qu'il a déclaré, à propos de Badinter et de la réforme du droit du travail, je cite :

"J'ai beaucoup de respect pour le Robert Badinter luttant contre la peine de mort, mais en droit du travail c'est un « pignouf ». Il n'y connaît rien. On utilise un bon nom pour couvrir un sale boulot. Je dis ça avec le respect que j'ai pour lui : il s'est lancé dans une histoire qui n'est pas son problème. Je ne sais pas qui le lui a demandé, et je ne sais pas pourquoi il a accepté."

"Pignouf" entre nous je trouve pas ça méchant, ça a la rondeur des pis des vaches, et "gnouf" c'est vrai que ça me fait plutôt rire, vraiment pas méchant, ça détend même.

Et donc je trouve assez "pignouf" de la part de Cambadélis de chercher des noises à Gérard Filoche pour ça, et seulement ça. D'autant que Gérard Filoche déclare respecter Badinter, au moins pour son action décisive et historique contre la peine de mort.

Cambadélis ne retient qu'un seul pan de l'assertion de Filoche, le plus négatif bien sûr à ses yeux. Au risque de me faire exclure du parti, -mais est-ce réellement un danger, ne serait-ce pas plutôt une chance par les temps qui courent ?- je trouve ça assez pignouf de sa part.
Désolé de décevoir ses groupies mais c'est vrai que Badinter n'y connaît rien en droit du travail. Et vous savez pourquoi ? Bien qu'il soit juriste, et parfois bon en la matière sous certains de ses aspects, Badinter ne sait pas ce que c'est qu'un salarié en réalité, il n'est pas syndicaliste, il n'est pas un travailleur comme on dit, il ne l'a jamais été à ma connaissance, avocat c'est une profession libérale, ça n'a rien à voir avec la condition de salarié.
Et donc il est normal qu'en matière de droit du travail, Badinter puisse être pris pour un pignouf. De là à en faire, comme le premier secrétaire du PS, tout un fromage ! Comme aurait dit Jack Lang "il n'y a pas mort d'homme".

C'est comme Khomry, la nouvelle ministre du travail, je suis désolé de dire que non seulement il n'y connait rien en droit du travail mais en plus elle se fout pas mal des travailleurs (je sais que ce mot "travailleur" fait mal à la prétendue modernité de certains, mais je n'en ai pas d'autres sous la main)
Khomry non plus n'a jamais été salariée, et puis elle a fait des bourdes chez Bourdin en ne sachant même pas que le gouvernement qu'elle rejoignait, venait juste de réformer le CDD dans le sens d'une plus grande précarité encore pour les jeunes.
Un peu pignouve la nouvelle ministre, trouvez pas ? (oui, c'est un néologisme, la féminisation de pignouf, la pignouferie m'inspire).

Elle a même avoué, la nouvelle ministre El Khomri :"Le président voulait quelqu'un qui ne soit ni inspecteur du travail, ni professeur de droit social". Autrement dit, c'est sûr que Filoche n'aurait pas pu faire l'affaire.

Au total, il ne faut pas faire preuve de beaucoup de finesse pour nous sortir ce nouveau code du travail tout en se revendiquant encore de la gauche. Que je sache, ils sont encore au parti socialiste, officiellement ! Que ce soit Valls, Macron, voire même Hollande qui orchestre tout cela, ils nous préparent tous, à nous et à nos enfants, un monde où il faudra être pignoufs, ou rien qu'un peu, pour avoir le droit de survivre.

JMG





dimanche 14 février 2016

et qui d'autre ?

Deux événements à mes yeux importants ont marqué ces derniers jours la vie politique en France (je passe sur le remaniement ministériel dont on se contre-fout). Ces deux événements sont à quelques égards plus ou moins liés, bien que sur ce plan, sur ce lien éventuel, c'est l'histoire à venir qui devra le dire.

Le premier c'est la déclaration du premier responsable du PS qui affirme, ou confirme, puisque on le savait plus ou moins, mais là au moins c'est dit, qui confirme donc que le parti socialiste n'aura pas de programme en vue des présidentielles. Quel aveu incroyable ! Ainsi il est dit que le débat politique dans les arcanes du plus important parti de la gauche ne mènerait qu'à cette conclusion : la politique ça sert à rien, et gouverner ce n'est rien d'autre que de n'avoir rien prévu du tout.

A la place d'un programme, il y aurait sept cahiers de réflexion pour alimenter le débat (lequel puisqu'il n'y a plus de programme ?), pas de cahier de doléances non, des cahiers de réflexion, la réflexion ça mange pas de pain ou si peu,  et puis il y a ce chiffre "sept", chiffre magique comme si à lui seul il pouvait désembourber un parti socialiste en mal de direction , faute d'une véritable pensée politique, et par là même d'esprit de résistance.
C'est tout le résumé de la Véme République, de ses limites, qui nous sont donnés là en pâture, à nos avis déconcertés. Il n'y a rien à attendre de ce président, présent et à venir, pourvu, et c'est bien là où voudrait en venir je suppose les responsables du PS, pourvu donc que ce soit le même ! Suivez mon regard. Dès lors il n'est pas étonnant que l'exécutif actuel s'ingénie à défaire des pans de l'état social. Cette dégradation rampante, ou parfois même spectaculaire comme la destruction du droit du travail, tient lieu d'un programme dont l'absence est désormais politiquement criante.

Le deuxième événement ces derniers jours, c'est bien la "proposition de candidature" de Jean-Luc Mélenchon. Il s'oppose ainsi, de fait, mais il l'avait annoncé, à des primaires de "toute la gauche" comme l'ont appelée la gauche du PS, un parti communiste en pleins doutes, et quelques personnalités qui ont des idées mais pas grand chose pour l'instant pour les incarner.

Mélenchon veut être de la partie en sortant du cadre des primaires : il joue en effet dans la cour aménagée par les institutions de la Véme république. Pour le dire tout net, JL Mélenchon en quelque sorte fait son De Gaulle, et même avec l'art et la manière, en fustigeant en passant l'atlantisme dans lequel la France aurait décider de sombrer. "La France insoumise et fière de l'être", la phrase a de la gueule, au moins de la tenue. Mélenchon fait son appel du 18 juin avec pour adversaires les traités européens. Il pourrait même citer l'Allemagne, on s'y croirait, cela va de pair.

Cette candidature ne manquera pas d'être pourfendue mais elle a quelque chose de positif, elle est propre en effet à relancer un débat que l'on croyait perdu. On peut aimer l'idée d'un programme à construire, sur quelques valeurs communes mais bien campées, à l'inverse de ce que ne veut plus faire le parti socialiste ou sa majorité silencieuse, bernée et cornaquée par des "responsables" qui auront tiré à eux toute la couverture d'un pouvoir qui pourtant leur échappe.  Ce programme dont les soutiens inconditionnels du président actuel ne veulent plus, quitte au laisser-faire antidémocratique.

Et donc voilà, les dés sont jetés, pas tous, mais je pense que cette candidature très cinquième république, -c'est vrai que cela peut paraître contradictoire pour quelqu'un qui la fustige, mais on a déjà vu ça, n'est-ce pas ?-, puisse générer quelques ondes gravitationnelles qui pourraient faire date.

Mélenchon sait qu'il répond à une attente, voire à une désespérance en un temps où la gauche politique est perdue et divisée.
Gauche perdue dans ce bavardage politicien incessant (la déchéance de nationalité par exemple) dont profite aujourd'hui, c'est bien là leur force,  l'extrême droite, et une droite que les divisions actuelles sont loin d'affaiblir malgré les apparences.

JMG


mercredi 3 février 2016

Etat d'urgence pour un état d'ivresse

La percée du vin jaune a lieu cette année à Lons-le-Saunier : tous sur le pont pour ces deux journées des samedi 6 et dimanche 7 février. Mais attention la ville est en état de siège, on n'y entrera pas comme ça.

Il y a un hic en effet, c'est vrai, c'est le cas de le dire, il faudra pour se rendre au Centre-Ville acheter un verre, au prix de 14 euros, verre attaché à votre cou comme une cloche à une Montbéliarde. Ce verre non seulement vous donnera le droit de boire, mais suprême privilège, vous permettra de vous rendre au Centre-Ville sans vous faire arrêter par les organisateurs de la manifestation. Ce verre est donc précieux, non seulement parce qu'il vous servira à boire, mais parce que, avant tout, il constituera votre passeport pour  faire des emplettes en centre-ville.

Et donc, pas de verre, pas d'entrée dans la cité, même si vous n'avez pas soif. Les organisateurs font du centre-ville un lieu entre buveurs, si connaisseurs soient-ils.
Pas de verre, pas de droit de se rendre au centre pour récupérer votre pantalon dont vous aurez demandé qu'on refasse l'ourlet, vous attendrez le samedi suivant, (à moins que vous rendiez en ville avant 10h30  ce samedi même, heure à laquelle celle-ci sera fermée comme au bon vieux temps de l'octroi.)
Si vous voulez acheter des chocolats chez Pernet rue Saint-Désiré, c'est pareil, pas de verre pas de chocolat, il faudra boire avant, ou après, ou même pendant, voire même jusqu'à plus soif si affinités.

Pour être tout à fait honnête, il faut préciser que les organisateurs ont tout de même tout prévu : vous aurez droit à un badge, mais seulement si vous habitez au centre ville dans le périmètre critique exactement. 
En d'autre termes vous pourrez vous rendre en ville, mais seulement si vous y habitez ! Il vous faudra pour ce faire vous rendre à la Mairie de Lons-le-Saunier qui vous remettra une espèce de timbre que vous mettrez sur le revers de votre veston pour bien faire comprendre aux organisateurs que vous avez compris le sens de la démarche, que vous faites bien partis du club.

Ce timbre a l'avantage d'être plus discret qu'un verre pendu autour du cou et en plus il vous permettra de vous rendre sans dommage chez vous, ou de quitter un moment le périmètre consacré, sans crainte du non-retour.

Elle est pas belle la vie ?

JMG