dimanche 29 mars 2015

Voilà, c'est fini ?

Ou presque ? On peut légitimement se poser la question après le basculement à droite du Conseil Général du Jura, basculement qui s'accompagne du sauvetage de seulement trois cantons. Va falloir se bouger si on veut sauver ce qui peut l'être encore. Et donc colère bien sûr, mais retenue, dans la mesure où on pouvait s'attendre à cette défaite. Celle-ci n'est pas due au hasard, elle s'enracine dans quelques années de compromissions ou d'impostures. Ayant gagné à peine voilà quatre ans (il s'agit principalement du département du Jura) la fédération PS du Jura a tout perdu entraînant dans sa chute avec elle une gauche divisée.

Faut dire que la fédération du Jura n'a pas été aidée par Solférino ni par un gouvernement Valls-Hollande-Macron qui fait tout le contraire de ce pourquoi il fut porté au pouvoir. Il s'agit là d'une véritable trahison, historique, qui continue de mettre en péril la gauche toute entière et ses idéaux de justice, de progrès et de transformation sociales.
 Ce qu'on doit reprocher au PS, ici dans cette lointaine contrée du Jura (vue de Paris, s'entend), et à ses responsables locaux,  c'est cette incapacité à accepter un débat qui aurait pu sauver les meubles. Ils ont accepté de Solférino, au nom parfois d'une carrière à portée de main, les oukases idéologiques qu'autrefois ils avaient combattus...ou fait semblant de combattre. 
Je me souviens de ces élus qui participaient, avant qu'ils ne soient élus, (et qu'ils ne le sont plus aujourd'hui, ou si peu) aux manifestations contre les réformes d'inspiration néo-libérales.Pourquoi se sont-ils tus désormais ? Que ne voit-on pas ces mêmes (ex)-élus manifester, au moins leur désapprobation, contre le projet de loi Macron, incroyable recul, digne d'une droite dure, thatchérienne?

Ces élus pensaient avoir raison parce qu'ils croyaient détenir le pouvoir, et surtout qu'ils pourraient le conserver. Cela n'était qu'un leurre. Il aurait fallu un peu de modestie et revenir toujours à la source des fondamentaux, et au premier de ceux-ci :  la démocratie, et le respect qu'on lui doit. Or celle-ci a été bannie, foulée aux pieds. Le désormais ex-conseiller général de Lons-Nord parce qu'il se pensait en "élu émergeant" (nouveau produit politique ) s'auto-proclamait candidat investi aux municipales avant que le parti ne le décide en faisant appel à des appuis extérieurs sans concertation interne, tout en s'efforçant à l'intérieur du parti d'écarter celles ou ceux qui pourraient lui faire de l'ombre dans cette irrésistible ascension.
L'égocentrisme tint lieu de programme municipal cohérent, réaliste et démocratiquement partagé.
On se souvient aussi du soutien public du Président du Conseil Général, fort du prestige de sa fonction, trois mois avant que les militants concernés ne se prononcent. Pauvre démocratie interne.
Plus graves certaines pratiques politiques condamnables dans l’exercice du pouvoir comme cet anti-syndicalisme assumé, contre la CGT en particulier, impardonnable de la part d'un Président élu grâce aux forces de gauche.

Tout est à reconstruire, l'histoire est à suivre. A suivre, au niveau national, en juin prochain, avec le Congrès de Poitiers.  Mais les événements de ces trois dernières années, depuis celui de Toulouse, ont malheureusement montré qu'on pouvait s'en moquer et passer au-dessus de ce que pouvaient voter les militants.

Agir en dehors ou dans le parti, voilà donc la question telle qu'elle se pose aujourd'hui. Agir en dehors c'est diviser encore plus la gauche, l'éparpiller, la morceler. Ce n'est pas bon.

Mais agir à l'intérieur tient plus que jamais de la gageure.

JMG

lundi 16 mars 2015

L'extrême-droite se nourrit de l'imposture néo-libérale

On ne le dira jamais assez, la meilleure façon de combattre le Front National, en plus de s'indigner et de combattre ses idées xénophobes, c'est de faire une politique authentiquement de gauche, de respecter l'esprit de mai 2012 qui entendait contenir le pouvoir de la finance, et de tenir compte des décisions de congrès du parti socialiste pourtant bien modérées.  C'est à notre gouvernement que je m'adresse en sachant qu'il s'en contre-fout car, hélas, l'exigence de la transformation sociale aura été rangée par ce dernier, sous prétexte de pragmatisme, au rang des accessoires.

Combattre le Front National signifierait de lutter contre les inégalités qui ces dernières années n'ont cessé de se creuser comme s'est aggravé un chômage encouragé par des politiques d'austérité qui ont fait leur entrée jusque dans le monde des collectivités locales. Onze milliards d'euros en moins sur trois ans c'est peu par rapport à l'ensemble du budget de l'Etat, c'est considérable en conséquences néfastes sur l'investissement public. Sans compter côté culture, autre effet, ces dizaines de festivals appelés à disparaître pour des raisons idéologiques mais aussi économiques.

La meilleure façon d'arrêter l'irrésistible attention de l'extrême droite serait de cesser de conduire cette politique néo-libérale reprise à son compte par le gouvernement Valls-Hollande continuant ainsi une politique que la droite aujourd'hui a quelque difficulté à renier. Et pour cause.
Il semble bien que ce pouvoir fait le pari d'isoler cette droite dite républicaine, pour avoir affaire à la seule extrême-droite et de penser la battre. C'est refaire le coup de 2002 mais cette fois-ci conscient et à l'envers. Le jeu est dangereux.

Hollande attend depuis trois ans une "croissance" qui finira bien par arriver, ne serait-ce que parce qu'on sera tombé bien bas. Certains en voit déjà les prémisses, mais ce retour annoncé de l'activité se fonde essentiellement sur la baisse du prix du pétrole et sur une baisse de l'euro (au moins par rapport au dollar) consécutive au mille milliards d'euro que la BCE a décidé de verser sur la zone comme un gros seau d'eau destiné, on nous prie de le croire, à éteindre l'incendie déflationniste.

Si donc la croissance revient ce ne sera pas le fait des politiques menées au niveau national. En quoi la loi Macron est-elle de nature à redresser la barre ? Est-ce en dérégulant le marché du travail ?
La crise de 2008 aurait été amortie en France par la réalité et la persistance des droits sociaux. Pourquoi alors s'acharne-t-on à les faire peu à peu disparaître ?

Les électeurs traditionnels de la gauche dès lors se demandent si se déplacer dans les bureaux de vote peut en valoir la peine.
Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons de la montée du Front National. Il est d'abord dans le découragement abstentionniste d'un peuple qui se sent abusé, victime d'une imposture dont il ne voit pas l'issue.

JMG

samedi 7 mars 2015

Georges Abdel-Sayed, militant et citoyen de souche

Il est arrivé dans notre pays en 1975, presque par erreur, la destination première celle qu'il avait choisie parce qu'il parlait anglais et pas encore le français, c'était la Grande-Bretagne.
Auparavant il aura connu, et subi comme acteur, les péripéties de l'histoire récente du Moyen-Orient, il aura vécu la guerre des six-jours et ses horreurs : ses compagnons de guerre, et d'infortune, massacrés, anéantis sous ses yeux par l'aviation israélienne qui bombardait les positions de l'armée de Nasser dans le Sinaï. Il en réchappe, indemne mais seulement physiquement. Dans son livre l'épisode est tout juste évoqué, précisément parce que la douleur doit encore être vive aujourd'hui.

Issu d'une famille du Caire relativement aisée, de religion copte ( Chrétiens d'Egypte, le nom "copte" désignait au départ les Egyptiens eux-mêmes),  il choisit en 1972, contre les avis de son père et de l'ensemble de sa famille, "le parti des plus démunis", le parti communiste, interdit dans le pays.
Il quitte l'Université et se rend à Moscou pendant quatre mois pour suivre les cours, dispensés en Arabe, de l'Ecole du parti communiste. Invité par des membres du PC il se rend au Liban et en Syrie où là aussi les partis politiques évoluent dans la clandestinité. C'est là qu'il rencontre Yasser Arafat et Georges Habache, qui finissent de le sensibiliser à la cause palestinienne. Il s'étonnera un peu plus tard de l'image de terroristes dont la France les affuble.
A la suite d'une manifestation interdite, il est une première fois emprisonné, sans procès, pendant trois mois. Ni la prison ni la torture n'entament sa détermination politique et militante.
En 1974 il est de nouveau emprisonné puis l'année suivante expulsé manu militari d'Egypte sans même pouvoir prévenir ses proches. Son père n'aura pas pu lui venir en aide puisque il meurt entre-temps dans un accident de la route.
Le voilà donc à Genève puis rapidement en France où il est accueilli comme réfugié politique par la Cimade et le secours catholique. 

Il dort même quelque temps dans la rue jusqu'à ce qu'il trouve son premier travail, serveur à Rueil- Malmaison où les délices de la langue française (argotique), qu'il découvre et apprend, lui font un jour, face à des clients amusés, confondre jus (café) et jus de fruit.

Puis c'est peu à peu l'intégration, intégration patiente et résolue qui le font devenir fonctionnaire territorial, d'abord à Villetaneuse, puis à la mairie de Romainville, Tremblay, et Bagnolet.
Il devient élu local à Bobigny dans le 9-3 dans la municipalité conduite par Bernard Birsinger dont la disparition à l'âge de 50 ans l'affectera tant.

Son engagement politique se sera donc poursuivi en France par l'adhésion, en 1976, au parti communiste, et à la CGT où il découvre l'engagement syndical. Il goûte à la liberté de militer sans entrave, ce qui lui était interdit en Egypte. Ses fonctions d'élu et de syndicaliste le placent au cœur de tous les événements importants de notre vie politique.
Il évoque dans son livre sa vie privée forcément chahutée par un engagement citoyen déterminé et constant.

C'est à Montreuil, à la commission exécutive de l'ufict-CGT des services publics, que je fais sa connaissance.
Nous y bénéficions de son expérience militante, et de ses remarques et prises de position toujours argumentées. Son histoire est singulière, elle signe le courage et la détermination incroyables et si rares aujourd'hui d'un citoyen du monde, et qui a voulu devenir français, fièrement, fidèlement, sans renier pour autant ses origines.

JMG

"Du Nil au canal de l'Ourq" par Georges Abdel-Sayed, Editions les points sur le I, 158 pages

jeudi 5 mars 2015

L'austérité en pratique dans les collectivités

L'austérité, de droite comme de "gauche", n'est pas nouvelle, elle dure depuis déjà de nombreuses années ponctuée de réformes territoriales souvent irresponsables au regard de l'aménagement du territoire, et qui cachent l'essentiel, à savoir la destruction à terme de pans entiers de services publics locaux. Je donne ici quelques extraits d'un tract de la CGT du Conseil Général du Jura sur la question des routes :

"L’organisation territoriale de l’entretien et de l’exploitation des routes du département du Jura sous la responsabilité de la DDE reposait sur 13 subdivisions dans les années 80, puis 11 dans les années 90 et 9 dans les années 2000.

Outre, la maintenance du réseau routier, ces services publics de proximité délivraient les permis de construire, les certificats d’urbanisme et portaient assistance aux communes dans leurs différents projets.

 C’est tout le sens du service public et du système de la redistribution des impôts.

Arrivent la décentralisation et les divers transferts de compétences et de personnels des DDE vers les collectivités.

En 2005, une nouvelle réorganisation du service des routes est à l’étude et aboutie à la nouvelle configuration de celui ci sous l’autorité du Conseil Général, le réduisant à nouveau.

Au 1er janvier 2007, le maillage territorial du service des routes du Conseil Général passe à 6 Centres Techniques Routiers Départementaux. Les 28 Centres d’Exploitation subsistent encore.

Mais c’est encore trop !

 Après de longues études et de multiples réflexions, une énième implantation territoriale apparaît au 1er janvier 2015 :

v    Les 6 CTRD laissent place à 4 agences et 26 Centre d'Exploitation.

Mais dans les décisions de nos décideurs politiques, il y a un sujet qui leur est difficile à compacter, celui du volume des routes, surtout quand celui-ci à tendance à progresser tel qu’avec l’ouverture de la déviation de Lons-le-Saunier.

Réduire nos services et le nombre d’agents devient un problème face aux 3560 kilomètres de routes départementales à entretenir.

Réduire les niveaux de service tel que durant la saison hivernale, c’est déjà en partie fait, mais il reste une autre solution, « se débarrasser » de quelques kilomètres de trop.

Etudes, analyses fines et le verdict tombe : 600 kilomètres de linéaire à brader !

Le 9 décembre dernier, M. le Président du Conseil Général s’adresse par courrier aux maires des communes concernées invoquant les contraintes budgétaires qui nécessitent une optimisation des moyens financiers d’où le besoin de  réduire le réseau routier départemental d’environ 600 kilomètres, a savoir:

v  250 kilomètres de routes qui seraient déclassés du domaine public et rejoindraient le domaine privé en étant fermés à la circulation,

v  350 kilomètres seraient transférés aux communes en précisant qu’une discussion sera conduite avec les municipalités concernées »

Nous pouvons penser qu’il leur est difficile d’aller plus loin dans le principe des « vases communicants », les communes étant le dernier maillon administratif de notre République. Mais ce maillon n’en peut plus de se remplir des compétences des autres sans moyens supplémentaires.
Contraintes budgétaires, désengagement de l’Etat, contexte économique difficile, certes mais bien voulus et bien décidés par des choix politiques.

 Le programme de réductions budgétaires de 50 milliards d’euros pour la période 2015/2017 (19 milliards pour l’Etat, 11 pour les collectivités et 20 pour la protection sociale) établi par le président de la République et son gouvernement pour répondre aux injonctions de la commission européenne sont suicidaires.

 Différents stratagèmes ont été concoctés pour parvenir au redressement du déficit budgétaire ; l’accord national interprofessionnel, le pacte de responsabilité et de solidarité et actuellement la loi Macron pour la croissance et l’activité qui fait couler beaucoup d’encre !!

Nous connaissons la traduction de ces mesures, pour l’Etat ce sont de nouvelles économies de masse salariale avec la poursuite du gel des salaires, de nouvelles suppressions de postes et de missions publiques. De leur côté, les collectivités territoriales sont soumises aux mêmes contraintes. Les associations citoyennes qui sont souvent un lien important dans notre société se trouvent fortement impactées par ces restrictions. Et là aussi on s’achemine vers la destruction massive du tissu associatif et la suppression de milliers d’emplois.

Il est paradoxal que le gouvernement consacre en 3 ans 100 milliards d’euros de crédits publics au « pacte de responsabilité » pour espérer créer 300 000 emplois, et qu’il accepte d’autre part la suppression de plusieurs centaines de milliers d’emplois !

L’austérité : un véritable cadeau empoisonné !!

Le 25 janvier dernier, les citoyens grecs soumis à un régime drastique d’austérité avec une longue période de récession et plus de 25 % de chômage viennent de relever la tête et de dire NON avec l’élection de SYRIZA. Il est certain que la Troïka ne laissera pas faire. Le 5 février, la BCE  contre attaquait déjà en fermant l’un des robinets à liquidités de la Grèce. Le chemin sera long et parsemé d’embûches, mais il ne faudra pas baisser les bras.

Les entreprises du CAC 40 cumulent près de 50 milliards d’euros de bénéfices en 2014, de nouvelles révélations d’évasion fiscale avec l’affaire de la banque HSBC et quelques 180 milliards qui se sont volatilisés démontrent que l’argent existe et qu’il est possible d’inverser ce système économique pervers. Nos dirigeants politiques doivent se distinguer sur le sujet et contraindre les délinquants à régler leur dû.

 Le 9 avril prochain, les organisations syndicales CGT, FO et Solidaires appellent à une grande journée d’actions interprofessionnelles pour s’opposer à la rigueur budgétaire et au recul social inédit."