jeudi 30 août 2018

La vacance de M.Hulot

Nicolas Hulot aura été pendant plus d'un an la caution écologique du pouvoir macroniste. Un an c'est long. Surtout que rien n'aura été fait, malgré le cache-sexe de petites mesures comme l'interdiction des pailles en plastique...
Cette année aura donc spectaculairement oblitéré la politique qu'il aurait fallu mener pour se hisser à la hauteur de l'urgence écologique et économique, le terme économique étant pris ici au sens littéral. Il y lieu en effet d'économiser la planète en lançant une politique permettant une transition énergétique plus que jamais urgente et nécessaire.

Non, durant plus d'un an, et depuis des lustres malgré ce que l'on savait déjà, rien n'aura été fait pour enclencher une véritable et salutaire transition énergétique. Qu'en est-il par exemple de la question nucléaire qui, véritable épée de Damoclès, menace notre pays ? Macron est peut-être un petit génie politicien mais un mauvais politique dont nous n'avions nul besoin comme Président de la République. Nous n'avions pas besoin non plus d'un premier ministre ancien responsable d'Areva. Tout cela fait un peu désordre, climatique surtout. Enfin, semble-t-il, l'opinion commence à s'en convaincre et la démission de Hulot aura peut-être servi à ça.

Hulot, pourtant ministre d'Etat, a été méprisé par E. Macron. Mais on ne veut pas croire qu'il fût assez naïf pour penser que les dirigeants gouvernementaux, dont il était, avait la ferme intention de mener une politique qui fût tant soit peu en lutte contre le réchauffement climatique et ses terribles et désormais prévisibles conséquences.
Une transition énergétique ne se fera pas si on laisse le "marché" faire de la politique. Pour sauver la planète, il faut des moyens, des moyens publics contrôlés démocratiquement. Or la politique gouvernementale est fondée tout d'abord sur une baisse drastique de la dépense publique pour respecter l'orthodoxie européiste ( par ex. la fameuse barrière des 3% des déficits publics) et pour favoriser des intérêts privés en dépit d'un intérêt général idéologiquement et pratiquement mis à mal.

La défense de l'environnement passera d'abord par l'abandon pur et simple de mesures inefficaces et dangereuses, causes de paupérisation de l'ensemble de la population et de l'asphyxie de l'action publique. Prenons l'exemple du CICE doublement repris par Macron mais inventé par Hollande qui l'avait placé dans une boîte à outils miraculeuse pour soit-disant sauver l'emploi et relancer la croissance. Aujourd'hui cela représente encore plus de vingt milliards par an de cadeaux faits à des entreprises, que ce soit sous forme de réduction d'impôts ou d'exonérations de cotisations sociales, des entreprises qui n'en ont pas réellement besoin et qui surtout oublient de renvoyer l’ascenseur en terme social ou écologique.
Ce sont donc finalement les marchés financiers et les actionnaires qui en profitent. Le mal est bien là. Non seulement cette politique a des effets en terme de violences sociales mais c'est de l'argent en moins pour des investissements écologiques programmés.

Le capitalisme financier ne permettra jamais, par nature, un développement harmonieux. ll y a donc lieu de se battre pour imposer partout, en Europe, mais d'abord dans notre pays, l'abandon des politiques monétaristes. Il convient au contraire d'exiger une régulation financière sans laquelle rien ne sera possible en matière écologique.

Sinon le spectacle, "hulotisé" ou pas, continuera encore longtemps au détriment du réel.

JMG