jeudi 6 août 2015

Compétitifs ou morts, ou les deux

Ce n'est pas parce qu'on n'en parle presque plus que le conflit des éleveurs est terminé, il ne fait même que commencer. Et au delà de la question de la viande, c'est toute l'agriculture qui est aujourd'hui en péril, l'agriculture française s'entend, soumise à une concurrence "libre et non faussée". Cette expression ferait rire si elle n'était la source de drames économiques et par voie de conséquence, s'agissant des agriculteurs, de drames humains, familiaux, sans compter le coût social. On entend ici par coût social le coût pour la société dans son ensemble, coût environnemental, coût pour la santé publique, coût culturel, avec le danger concomitant à moyen ou long terme que notre agriculture ne soit plus capable de  nous garantir l'autonomie ou l'indépendance en terme d'alimentation.

Le plus remarquable, le plus paradoxal, et le plus tragique en un sens, c'est que les agriculteurs-éleveurs au travers en tout cas des organisations censées les représenter, et c'est le cas essentiellement pour la FNSEA,  défendent une agriculture de type productiviste obligée de composer avec une concurrence le plus souvent déloyale issue d'outre-Rhin par exemple où les coûts salariaux ( y comprises les cotisations sociales qui sont du salaire socialisé) sont moindres que ceux pratiquées en France, quitte aussi à mettre à l'oeuvre des salariés étrangers payés au lance-pierre. Cet inégalité des coût salariaux s'applique de bout en bout de la filière viande et c'est au final l'éleveur français chargé de trinquer à la santé de la sacro-sainte compétitivité.

Quant aux marges des intermédiaires, dont celles des grandes surfaces, comment les dénoncer à ce point sans pour autant faire le moindre geste pour encadrer les prix de manière autoritaire, administrative ? Ce serait pourtant la solution, mais les temps ne sont pas à l'économie administrée. C'est bien dommage, on y reviendra peut-être, sans doute même, mais dans combien de temps, et après combien de drames ?

Il n'y a dans ce fonctionnement aucune trace de régulation, pourtant nécessaire, du marché. Celui--ci reste ouvert, libre, et on sait combien cette liberté-là est meurtrière pour l'ensemble de l'agriculture française. Pourtant la FNSEA et son président défendent les principes néo-libéraux, ainsi qu'une union européenne qui leur a pourtant tourné le dos, et qui a sciemment décidé de déréguler un marché qui demanderait pourtant une planification accrue. 

Alors ? Et bien tout ira au plus mal jusqu'à, non pas la prochaine crise car nous y sommes encore, mais jusqu'à la prochaine mobilisation qui pourrait être encore plus violente que la précédente.

JMG

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