samedi 8 juillet 2017

Une Assemblée à côté de ses pompes

Cette époque politique, la nôtre, a quelque chose de surréaliste, d'étrange, d'inquiétant, oui Macron et son assemblée qui paraît être à sa botte, m'inquiètent, me dérangent, dans le genre tout nouveau tout beau mais trop beau pour être vrai.

Cette assemblée s'apprête comme un seul homme (ou femme, puisque leur nombre a augmenté de plus de 10 %, elles sont aujourd'hui 39% et tant mieux) à voter des projets de loi dangereux pour la démocratie sociale, comme pour la démocratie tout court. Pas étonnant quand on a tant soit peu examiné sa composition et la façon surtout dont elle s'est constituée. Imaginez que pour marcher avec Macron il fallait envoyer son CV comme si l'assemblée nationale de notre pays, cinquième puissance mondiale quand même, n'était désormais à diriger que comme une vulgaire entreprise multinationale cotée à Wallstreet.

Et donc quels CV auront été retenus ? L'auront-ils été sur des critères de "compétences" ? On constate que le nombre des cadres à l'assemblée nationale a augmenté de 8%, celui des professions libérales de 5%. On peut supposer que la victoire "d'en marche" organisation qui regroupe plutôt les classes moyennes supérieures n'est pas étrangère à cette augmentation, même légère.
Et bien sûr pas un seul ouvrier ! Mais cela aurait-il changé quelque chose ? La question avant tout  est idéologique. Le pouvoir n'est pas aux mains des classes populaires, d'ailleurs celles-ci ne sont se sont pas mobilisées (69% des ouvriers se seraient abstenus étude Ipsos). Notre démocratie s'approche dangereusement de l'abstentionnisme qui règne aux Etats-Unis, c'est le lot des sociétés qui se paupérisent ou dans lesquelles les inégalités gagnent du terrain. La dépolitisation va de pair avec le découragement social.

Résultat : l'Assemblée Nationale, en tout cas dans sa majorité, est l'ombre d'un président-monarque qui s'apprête à remettre en cause de fond en comble notre contrat social. La politique économique et sociale de Macron ressemble à s'y méprendre à celle que Le Pen ( père) rêvait d'imposer à la France dans les années quatre-vingt-quatre-vingt dix, une politique à la Reagan ou à la Thatcher qui remette notamment en cause les acquis sociaux au profit des grandes entreprises multinationales.
La politique de Macron sera de nature à accélérer la montée du Front National, c'est pourquoi il ne fallait pas voté Macron, ni au premier ni même au deuxième tour, car on ne combat pas l'extrême-droite en favorisant par son vote une politique qu'elle aurait pu mener elle-même.

Mais point n'est besoin pour Macron d'imiter Le Pen de ce temps-là, il lui suffit de suivre la stratégie européiste décidée à Lisbonne en mars de l'année 2000, stratégie qui entend ravager les droits et les acquis sociaux pour installer une concurrence prétendument libre et non faussée.
Ces acquis sont encore défendues, mais de plus en plus péniblement, par des syndicats que l'on accuse d'emblée, comme le procès fait à la CGT, de ringardise ou d'irresponsabilité, que l'on voue à la vindicte publique par media interposés parce qu'ils ne seraient plus adaptés à une mondialisation heureuse qui, paraît-il, finira par arriver. On peut attendre longtemps, et d'ici là...

Ainsi l'Assemblé Nationale telle qu'elle se révèle aujourd'hui est-elle à côté de ses pompes, composée plutôt d'ambitieux, ou pire d'arrivistes, ou encore de curieux qui voudraient jeter, sans payer, un œil amateur sur la vie politique, une assemblée de godillots cornaqués par quelques députés lucides et cyniques chargés par le pouvoir de donner le "la" néo-libéral à la majorité parlementaire.

L'état social est en grand danger, il a fait pourtant la richesse de notre pays en amortissant les crises financières et en contentant les inégalités. Ce n'est pas la remise en cause du droit du travail, ou la destruction des services publics, ou encore l'état d'urgence permanent qui vont nous enrichir ou consolider notre démocratie.

L'Asssemblée Nationale n'est pas prête aujourd'hui, de toute évidence, de servir de contre-pouvoir à la décadence qui vient, au contraire elle l'encourage.

JMG

 

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