samedi 13 janvier 2018

Il est interdit de parler au conducteur

Si le projet va au bout comme le veut le gouvernement, il sera désormais interdit de rouler à plus de 80 kms heures sur les routes du réseau secondaire. Pour ma part je dois dire que je ne dépasse jamais le 70 sur les routes secondaires, j'aime pas les routes secondaires, surtout quand il pleut, ou qu'il neige, ou qu'il fait nuit, ou les trois, et qu'on ne voit même pas la signalisation horizontale qui est censé borner la route.

Quitte à apporter des limites ou des interdictions, que le gouvernement descende à 70 km/h, voire à 60 tant qu'on y est, vitesse normale en fait pour qui sait conduire avec un minimum d'attention sur des routes dont on constate pour beaucoup qu'elles sont de moins en moins bien entretenues.

Ce mauvais entretien on le constate aujourd'hui à peu près partout et il faut être un chauffard invétéré pour ne pas en tenir compte. Finalement, le gouvernement ne ferait-il que régulariser une situation en ajustant la vitesse réglementaire à l'état, de plus en plus désastreux, de nos routes ?

Les conseils départementaux, qui on le sait ont encore sous leur responsabilité les routes du même nom, ont de moins en moins de moyens financiers, ceux-ci ayant été fortement diminués via un désengagement de l'Etat par des baisses de dotations ainsi que par une politique fiscale visant à étrangler les collectivités. (suppression de la taxe d'habitation notamment sans que rien pour l'instant ne vienne à la remplacer...).
Il en est de même pour le réseau secondaire géré par l'Etat qui se donne de moins en moins de moyens pour entretenir ce qui reste de son patrimoine routier.

Si le gouvernement était véritablement attaché à notre sécurité il se saisirait des moyens à sa disposition, par exemple en baissant significativement le péage de autoroutes pour renforcer leur attractivité pour ceux qui hésitent à les prendre par souci économique. Mais le choix a été fait, depuis leur nationalisation par Villepin, de  les rendre attractives uniquement pour les actionnaires.

Je me souviens étant gamin de cette injonction "il est interdit de parler au conducteur" affichée dans les autocars et de mon embarras à la comprendre. Pourquoi donc était-ce interdit ? Je me doutais un peu de l'exigence sécuritaire sans vraiment la formuler. On la retrouve aujourd'hui dans l'interdiction, bienvenue, des téléphones portables. Je comprends cette exigence et je la défends.
Mais elle ne saurait être absolument efficace sans une politique plus large de la route, ce qui exclut d'abord la tentation de la privatiser à des fins lucratives.

D'accord pour une sécurité accrue sur les routes mais qui ne passe pas uniquement par des interdictions. Il est d'autres raisons de l'insécurité routière, on voit de plus en plus de gens qui roulent sans permis conséquence d'une paupérisation contre laquelle il faudrait s'insurger.
D'une manière générale la violence routière est le reflet d'une violence plus profonde qui s'enracine dans des inégalités sociales qui finissent par dépasser les politiques publiques.

Les mesures coercitives ou punitives en matière routière ne doivent pas servir uniquement à des fins politiciennes. On pourrait montrer aisément qu'elles sont prises au détriment des plus faibles : les mesures toucheront en priorité les gens qui prennent leur voiture tous les jours pour aller bosser. Ce gouvernement veut nous faire croire par ses décisions qu'il maîtriserait les situations.

N'a-t-il trouvé là au contraire un moyen de cacher son impuissance à régler les véritables problèmes ? N'est-ce pas au fond une manière de communication politique ?

JMG

1 commentaire:

  1. La Haute-Saône, département pilote pour la réduction de la vitesse à 80 km/h

    Sur un tronçon de la nationale 57, qui relie Besançon à Vesoul, la vitesse a été réduite pendant deux ans. Le test a pris fin en juin dernier. Sauf qu'aucun retour n'a été donné depuis. Le sénateur Michel Raison a donc écrit une lettre ouverte au premier ministre, lui demandant "les résultats de l'expérimentation avant toute généralisation". Il ajoute que ce test est en fait insuffisant : il aurait dû durer cinq ans, et non deux, et sur une plus grande partie des routes françaises.
    Malgré l'absence de retour de cette étude, les observateurs éclairés constatent que la mesure est sans effets

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