mardi 8 janvier 2013

L'aveu

Le débat fut passionnant sur France 2, hier sept janvier entre, à ma gauche, Jean-Luc Mélenchon (sans doute pas dans son meilleur jour) et Jérôme Cahuzac à ma...je ne sais plus.
Selon ce dernier  la lutte des classes n'existe pas et surtout il n'y aurait jamais cru. Joli aveu mais qui ne ferait, si on allait un peu trop vite, que confirmer le ramollissement idéologique d'une certaine gauche social-libérale.

Dire qu'on n'a JAMAIS cru ( l'important est aussi dans ce jamais) à la lutte des classes c'est croire et donner à penser, c'est sous-entendre, que la lutte des classe n'aura jamais été ou ne sera jamais qu'un archaïsme contre-productif, une vieille lune palote, une illusion, qui serait de surcroît génératrice de conflits inutiles, de violences, et disons-le de mort et de Goulag...Même si l'actuel ministre du budget ne l'a pas dit de façon explicite, on entend que pour lui la notion lutte des classes n'est au fond, n'aura jamais été, qu'une lubie dangereuse pour tous dans nos sociétés de liberté.

Que la notion de lutte des classes ait pu dans l'histoire prêter le flanc à toutes les interprétations, à toutes les modulations, les évolutions, et ne plus correspondre tout à fait à ce que Karl Marx, ce grand économiste mais aussi ce penseur de l'action, en avait donné comme définition, c'est une évidence.
Mais, qu'on le veuille ou non, cette notion fait partie de l'identité de la gauche, de son imaginaire. Dire qu'on n'y a jamais cru c'est nier qu'il n'ait jamais existé une solidarité naturelle ou construite entre ceux qui se battent pour une autre logique que celle des oligarchies pour lesquels la "finance" est un moyen de garder le pouvoir réel.
Ne pas croire à la lutte des classe, et surtout l'avouer, c'est ne plus penser ni urgents, ni même nécessaires les multiples combats qui se jouent aujourd'hui dans des centaines d'entreprises prises au piège du rendement financier et dans lequel les victimes sont toujours les mêmes : ceux en premier lieu qui créent les richesses.
Dire haut et fort qu'on n'a jamais cru à la lutte des classes, c'est nier des années de luttes et de revendications sociales sans lesquelles notre pays ne serait pas le havre de paix qu'il reste aujourd'hui encore malgré tout.

Et donc, oui bien sûr, la lutte des classes existe bien et ce n'est pas parce que l'expression fait toujours et encore peur à certains - cette peur est si bien entretenue - qu'il faut en nier l'existence et la nécessité.
Nécessité de la solidarité dans les classes ouvrières ou moyennes, dans le monde salarié dans son ensemble, même si celui-ci est devenu au fil des années de plus en plus complexe et difficile à appréhender comme un seul et unique bloc.

Si Jérôme Cahuzac, ministre socialiste, ne croit pas pas à la lutte des classes, n'y a jamais cru, d'autres y croient encore et combien, ceux de l'autre bord qui détiennent toujours le pouvoir, et qui le clament, comme Warren Buffet, ce grand financier, riche parmi les riches. Il faut encore et toujours le citer, ne serait-ce que pour ouvrir les yeux, voire même la conscience, de ceux qui n'y auraient jamais cru : "la guerre des classes existe, dit-il, mais c'est la mienne...la classe des riches qui mène cette guerre et nous sommes en train de la gagner."

Que cette lucidité gagne enfin la classe des salariés, des travailleurs, non par la haine mais la conscience que l'action et la solidarité sont nécessaires aussi parmi ceux qui créent les richesses, ne serait-ce que pour défendre, par exemple, des idées aussi belles que la sécurité sociale, ou le principe du contrat à durée indéterminé, remis en cause en cette période de "négociations sociales", par un Medef plus que jamais arrogant.
"Ce que la vie m'a révélé...c'est la nécessité du combat" disait Jaurès. La lutte des classes c'est simplement l'avoir compris.


JMG

http://www.maintenantlagauche.fr/

1 commentaire:

  1. beaucoup de commentaires sur une seule phrase.Rien sur le débat. Il était là Mélenchon?

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