Harlem
Désir ne devrait pas se réjouir d'un accord qui sert , malgré les
apparences et la propagande médiatique, davantage les intérêts du Medef
que ceux des organisations syndicales de salariés. L'accord qui vient
d'être conclu entre le Medef, et la CFDT principalement n'aura pour
effet, alors qu'il est présenté comme un accord gagnant/gagnant, que de
renforcer la précarité dans le monde du travail.
Et cela contre des « avancées » qui sont largement sur-évaluées et pour tout dire trompeuses
comme notamment :
-la
meilleure représention des salariés qui ne touchera que les grandes
entreprises. Le pouvoir des salariés au sein des conseils
d'administration ne seront pas significativement renforcées,
-la
taxation des contrats courts : le Medef s'en sort bien puisque cette
taxation est assortie d'une exonération des charges patronales pour
certains contrats en CDI. ( En définive les entreprises sont
bénéficiaires de 45 millions d' euros.)
- les mutuelles, elles, seront généralisées à l'ensemble des salariés, ce qui est une bonne chose en soi. Mais
les salariés y participerons pour moitié et surtout ce sont les
assurances de santé privées qui financièrement en profiteront. ( plus
de quatre milliards d'euros en 2013) Il aurait mieux valu renforcer la
sécurité sociale en revenant sur tous les reculs qu'on lui a imposé
ces dernières années.
-il en est d'autres tout aussi trompeuses, comme par exemple la portabilité des droits à la formation ( 20 heures seulement
par an dans la limite de 120 heures)
En
contrepartie de ces prétendus ou maigres avantages pour les salariés,
les entreprises auront le droit de licencier avec beaucoup plus de
facilité, conséquence d'une déjudiciarisation des licenciements qui
seront de fait encouragés en cas de difficultés « économiques ». Il n'y
aura plus de plan social avec des obligations pour les entreprises à la
hauteur de ce qui existe aujourd'hui, et ce n'était déjà pas bien
brillant.
Il est d'autres
mesures qui vont toutes dans le même sens d'une attaque contre le code
du travail. Bref un accord négatif pour l'ensemble du monde du travail
et qui n'a été signé que par une minorité.
Ni la CGT, ni FO en
effet n'ont signé cet accord qui ne fait qu'aggraver une flexibilité du
travail déjà très grande dans notre pays. Et il n'y a aucune raison que
cet accord ait un quelconque effet sur la croissance.
Mais le Medef est satisfait, et pour s'en convaincre on ne peut que le citer :
« ...les
partenaires sociaux ont placé la France en haut des standards européens
en matière de marché du travail et de relations sociales. L’accord
auquel ils sont parvenus est en effet tout sauf un accord a minima». C'est clair.On est loin de l'accord historique. J'ose espérer que les députés socialistes ne voteront pas ce texte.
Jean-Marc Gardère
Conseiller fédéral- membre du bureau ( motion "maintenant la gauche")
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