samedi 23 novembre 2013

La démocratie au prix du marché

Les Etats-Unis et l’Union Européenne se sont donc entendus pour débuter des négociations pour un accord de commerce et d’investissement ( accord de libre échange transatlantique). De la même manière que cela s’est produit tout récemment avec le Canada, ces négociations sont secrètes et s’opèrent en dehors de la connaissance que devrait en avoir chacun des peuples qui composent l’Europe.

Plus qu’autour des tarifs douaniers qui ne sont pas si élevés entre les Etats-Unis et l’Europe, l’accord s'il devait être conclu, se fera surtout sur les questions qui réglementent les échanges, en particulier celles de nature environnementale ou de protection des consommateurs.

Il y a fort à parier que ces accords se feront sur le dos de ces derniers au profit des milieux d’affaires, lesquels véritablement ont la main sur ces discussions. Pour ces oligarchies, les banques, les sociétés multinationales, il y a lieu de faire disparaître tout ce qui serait susceptible d’entraver le commerce, quitte à détruire des pans entiers du secteur public.

Plus grave encore : les grandes sociétés commerciales internationales auraient toute latitude d'attaquer en justice un Etat dont la politique sociale ou économique serait en contradiction avec les intérêts de ces grands groupes privés. Les Etats seraient donc redevables d’indemnités qui compenseraient les inconvénients de ces politiques, comme la sécurité sociale en France, ou un Droit du travail qui seraient jugé trop contraignants aux yeux du "marché".

Cela paraît à peine croyable mais c’est pourtant ce qui était déjà prévu, comme le rappelle « le monde diplomatique » de novembre par l’accord multilatéral sur l’investissement ( l’AMI) négocié en secret par les Etats membres de l’OCDE entre 1995 et 1997. Le tollé que cela avait produit à l’époque, lorsque cela fut révélé, avait obligé à une remise de ce projet.
Mais il revient donc en force aujourd’hui avec la volonté de créer des tribunaux spéciaux composés essentiellement d'avocats d'affaires et dont les jugements feraient se plier les Etats aux normes du libéralisme économique.
L'Europe ( je parle de celle qu'on nous impose aujourd'hui), composée des gouvernements qui l'ont bien voulu, dont le nôtre, cette Europe-là laisse faire.

Il est grand temps de réagir avant que les démocraties européennes ne soient définitivement jetées en pâture à la cupidité du peu qui entend gouverner le monde.

JMG


Lire l'article de Lori Wallach dans "Le Monde Diplomatique" de novembre 2013

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