vendredi 17 février 2017

Pauvre Fillon

Pauvre, pauvre, c'est vite dit, il semblerait au contraire que son amour de l'argent ait pu faire de lui un homme habilité à dormir dans un château plutôt que dans la rue. On se plait pourtant à le plaindre comme à plaindre son épouse Pénélope qui porte bien son nom à être restée jusque là au foyer à s'occuper des enfants du couple lesquels n'en avaient pas vraiment besoin car déjà collaborateurs rémunérés, et comment, de leur père.

Leur père, et cela m'intrigue de façon rétrospective, c'est bien le même qui pilotait pendant ses heures de loisir des bolides sur le circuit de vingt-quatre heures du Mans ( Le Mans, bourgade proche du château de Solesmes). Pour cela il faut de l'argent. Moi par exemple, ceci dit sans me vanter, je ne pourrais pas : c'est Ford année 2004 (vignette couleur caca d'oie) bruyante, ou crève. Mais je ne plains pas, au contraire, pourvu que ça roule.

Pour revenir à Fillon, je sais ce n'est pas charitable, encore moins catholique, mais je me réjouis que l'affaire ait pu être révélée. Il y a là une odeur de lutte des classes qui ne me déplaît pas, l'idée d'une vérité enfin révélée, celle que certains politiques, plutôt de droite même si Cahuzac dans le genre n'était pas mal non plus, s'en mettent plein les poches depuis le début de leur élection, comme si leur naissance, comme auraient dit les bâtards de Louis XIV, ne pouvait leur suffire. Eh oui, on croyait à la plaisanterie, mais la politique ça peut rapporter gros.

Et le plus beau chez Fillon c'est qu'il ne s'était pas fait piqué jusque-là et que, plus fort encore, il prônait à l'envi, et il prône encore sans vergogne comme si ces "ennuis" n'était que rêve ou cauchemar, l'austérité, le sang et les larmes, mais uniquement pour les autres, pour les classes laborieuses, qui ont ou pas du travail, celles qui précisément ne sont pas payées à rien foutre.
Il répète encore dans ces meetings qu'il serait le seul à pouvoir redresser le pays. C'est ça ! Désormais il est permis, et même conseillé, d'en douter.

Avec Fillon, ce sera, ce serait, (le conditionnel heureusement est encore de mise, encore un petit espoir de ne pas le voir au pouvoir), pour les fonctionnaires d'abord puis pour les autres, du style travailler plus pour gagner beaucoup moins, et encore dans le cas où le poste ne fût pas parmi les 500 000 suppressions annoncées. Une vrai politique de réaction, mais pour prétendument  sauver "un Etat en faillite".

Tel est pris qui croyait prendre, ce qui est remarquable en France, c'est finalement une certaine transparence de la vie politique, transparence tendance comique, il y a de quoi rire en effet si ce n'était dramatique pour la démocratie. Car finalement, on le voit, tout finit par se savoir, surtout les choses les moins avouables.
Pourquoi ? Parce que les gens comme Fillon ne se rendent compte de rien du haut de leur superbe, vêtu de leur tailleur à sept mille euros, pas gênés comme on dit chez moi. Ils ont le sang bleu (version républicain), celui qui vous permet d'agir selon votre bon plaisir.

Les gens qui pourraient les inquiéter, ils dorment, sommeillent, et admirent plus riches qu'eux sans chercher à trouver d'où vienne leur fortune, et les inégalités qui la sous-tendent.
Finalement les citoyens existent peu, ou alors ils ne se manifestent pas, à part quelques illuminés qui croient en la justice sociale, on peut leur retirer leurs service public, leur emploi, leur sécurité sociale, l'école de leurs enfants, ils ne vont pas s'en plaindre, ou pas fort en tout cas.
Des Fillons il y en a aura toujours dans notre monarchie républicaine. Contrairement à la légende, les Français ne sont pas des coupeurs de tête, ils acceptent beaucoup de la Haute et même continue de l'admirer comme ils le faisaient avant la Révolution Française.

Ici la morale est précaire mais sauve, même s'il a fallu, pour découvrir le pot aux roses, des circonstances exceptionnelles comme aujourd'hui les présidentielles et quelques canards indépendants.

Il restera maintenant aux Français de décider et d'aller jusqu'au bout. Qu'au moins leur vote serve à se défaire de ceux qui auront déshonoré les mandats qui leur avaient été confiés.
Ce ne serait que justice.

JMG

1 commentaire:

  1. Bravo, Jean Marc. J'aime ce texte et je l'approuve. Pas mal la course à la Présidentielle pour révéler les failles.
    Annick LB

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