dimanche 14 avril 2013

Au nom d’une prétendue démocratie sociale

 

 Le texte de loi issu de l’accord national interprofessionnel signé entre certaines organisations syndicales et le Medef a donc été voté cette semaine par l’Assemblée Nationale. On s’en sera douté. Toutes les manifestations auront donc de ce point de vue  été vaines, manifestations où du reste nous étions trop peu nombreux eu égard à l'enjeu, à Lons-le-Saunier notamment, quelque pelés car il y faisait froid ou pluvieux, quelques tondus surtout, dans l'attente de jours meilleurs.
Loi votée au nom de la démocratie sociale soit-disant. Mais qu’est-ce que la démocratie sociale lorsqu'elle sert de prétexte à énoncer des règles qui précisément déréglementent le marché du travail pour le rendre plus flexible ? Et quand elle se fonde sur un accord d’où est exclu deux des principales confédérations syndicales, Force Ouvrière et la CGT ?

Il y a longtemps que la CFDT, pour ne parler que de celle-ci, par une sorte d’anti-socialisme primaire - et j’entends ainsi le terme socialisme au sens littéral et originel, et, non pas partisan – se bat pour la flexibilisation du marché du travail. Ce qui arrive aujourd’hui n’est donc que l’aboutissement d’un long processus historique.


A la fin des années soixante-dix, la CFDT sous la férule d’un Edmond Maire qui voulait passer à tout prix pour « responsable » , et déstabilisé lui-même par la révolution néo-libérale qui alors prenait tout son essor politique, effectuait alors son « recentrage ».

 
Il s’agissait en fait d’une droitisation de la confédération. Les principaux responsables de la CFDT pensaient qu’ils pourraient de la sorte combattre plus efficacement les idées issues et pratiquées de l’autre coté du rideau de fer. La CFDT abandonnait ce faisant jusqu’à sa lutte contre les inégalités dont elle avait fait pourtant son cheval de bataille, ou qui avait même construit, avec le concept d’autogestion, une part essentielle et constitutive de son identité.

Ce fut donc le combat de cette « deuxième gauche » dans sa traduction syndicale, « combat »qui la conduisit à permettre au patronat de gérer en toute quiétude, avec le plus de souplesse possible, les moyens privés d’une production évoluant dans une économie livrée au pouvoir d’une finance elle-même de plus en plus fortement déréglementée et mondialisée.

C’est au début des années quatre-vingt que  la CFDT mettait en avant la défense  des accords d’entreprise qui devaient prévaloir sur les conventions collectives, voire même sur la Loi.
Une idée traditionnelle de la droite en somme, et du patronat surtout pour lesquels les lois régissant le monde du travail, le code du travail, étaient vus et présentées comme un carcan duquel il fallait absolument se libérer par des négociations locales, entreprise par entreprise.


Et donc nous y sommes, ou du moins sur le chemin qui nous mène à une remise en cause essentielle du droit du travail.
Il est probable que cette loi, si elle était définitivement adoptée par le Parlement, facilitera les licenciements. Ce n’est pas pour rien que le Medef a signé l’accord moyennant quelques contreparties illusoires. La situation de l’emploi en France n’avait pas besoin de cette nouvelle tuile tombée sur la tête de ceux qui payent déjà le plus lourd tribut à la « crise ».
La politique d’austérité menée aujourd’hui à l'échelle européenne continuera de faire le lit fécond de ces licenciements. Cette loi pourrait en être l’instrument complémentaire.

                                                        
JMG






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