jeudi 4 avril 2013

Cahuzac n'est pas le (seul) problème

Malgré la curée à laquelle nous assistons, impudique à bien des égards, la classe politique s'en sortira. Au contraire de la classe ouvrière, et plus globalement de l'ensemble du monde du travail, qui eux  réellement sont en grand danger.
Ni l'affaire Cahuzac, ni même les affaires Woerth ou Sarkozy autrement plus graves, ne doivent cacher le reste, et en particulier cette transposition dans la loi que voudrait faire le gouvernement de l'accord du 11 janvier entre le Medef d'une part et certaines organisations syndicales qui semblent avoir oublié ce pour quoi elles sont faites. Par naïveté, par méconnaissance de la question sociale, par indifférence, par arrogance peut-être encore mais je n'ose y croire, le gouvernement Hollande s'appuie sur cet accord pour porter une grave atteinte au Droit du Travail en se fondant, de façon incroyable, sur l'idée qu'ainsi serait rétabli, contrairement à ce qu'auront pu faire les Sarkozistes, le respect du dialogue social.
Remettre en cause des principes du Droit, comme notamment la hiérarchie des normes, et plus  concrètement encore des pans essentiels du code du travail est à l'opposé du dialogue social. Transposer cet accord dans la loi c'est une grosse pierre supplémentaire jetée dans le jardin de la démocratie sociale précisément et dans celui de la démocratie tout court. Ainsi il suffira d'un accord d'entreprise pour que les salariés, victime d'un rapport de force défavorable dans tel ou tel établissement, se voient obligés de travailler plus pour gagner moins, sans pour autant avoir l'assurance de conserver leur emploi.
Perte démocratique aussi : dans l'élaboration de cette loi, les députés n'ont qu'à bien se tenir, le Parlement n'étant plus que la chambre d'enregistrement d'un accord conclu entre un Medef triomphant et des organisations syndicales, la direction nationale de la CFDT en premier lieu, qui le servent.
Cette loi, si elle était votée en l'état, n'est que l'avatar de "l'accord de compétitivité" de Sarkozy que des militants socialistes, dont certains devenus ministres aujourd'hui, avaient à l'époque combattu.
Il est aussi là le malaise, le manquement aux combats menés ensemble, l'oubli pur et simple des valeurs de la gauche. On voudrait faire passer pour des avancées sociales une réforme du code du travail qui remet en cause des droits qui ont pu montré leur rôle d'amortisseur dans la crise financière, puis sociale, que nous traversons. La flexibilité, maître-mot de cet accord, n'a jamais crée d'emploi. Elle encourage au contraire les licenciements en affaiblissant encore les garanties offertes par le contrat de travail qui se trouve de fait dévalué.
On était en droit d'attendre autre chose de la conférence sociale promise par François Hollande. Davantage de droits pour les salariés, plus de protection contre "la crise", plus d'imagination et de courage politique aussi en faisant porter l'effort sur la finance, décriée à juste titre pendant la campagne présidentielle, davantage que sur les salariés.
La gauche doit (re)trouver son honneur dans les avancées qu'elle pourra conduire en terme de justice sociale, et en revalorisant concrètement le travail, c'est-à-dire le contraire qu'auront pu faire Cahuzac ou d'autres...

JMG

 http://www.maintenantlagauche.fr

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