mercredi 18 décembre 2013

Encore un qui s'appelle Martin

La CFDT nous a habitué à ce qu’elle dégotte des conversions intéressantes et intéressées pour ses figures emblématiques. Cela a été le cas des Chérèque père et fils, l’un prénommé Jacques, devenu en sont temps ministre, après avoir été un des leaders syndicaux, déjà, de la Lorraine en crise, et l’autre, le fils, François donc, recyclé par le gouvernement à l’inspection  générale des  affaires sociales, pour se retrouver aussi à la Présidence de Terra Nova, un "think tank" proche du Parti Socialiste. Je ne sais d’ailleurs si Chérèque fils aura conservé les deux responsabilités.

Sans même citer Jean Kaspar qui passa de secrétaire général de la CFDT à ministre-conseiller à l’ambassade de France à Washington, on se rappelle aussi de la Tsarine, Nicole Notat, ex patronne de la CFDT, devenue par la grâce d’on ne sait quel mécène, présidente du Siècle, club-association qui réunit dans un même lieu de pouvoir et d’influence, tout ce qui se fait de mieux (bof !) dans notre classe dirigeante.

Si j’étais méchant je dirais que la CFDT est un syndicat d’avenir, pour ses dirigeants au moins. Mais je suis méchant.

Et maintenant, Martin, un peu plus bas dans la hiérarchie syndicale mais bien plus haut jusqu'alors au moins dans l’estime générale que l’on pouvait porter à l’idéal syndicaliste. Un vrai de vrai Martin, un ouvrier, un fort en gueule, un authentique, un qui pleure quand il faut, un qui se salit les mains, qui sait brandir le poing et parler au mégaphone. C’est pourquoi d’ailleurs, bien qu’étant à la CGT, je n’en veux pas au cédétiste  Edouard Martin : car je ne sais pas ce que j’aurais fait à sa place, rendez-vous compte, le gars est foutu à la porte de son usine après s’être battu comme un malade, et voilà qu’on lui propose une place de député européen à 7000 euros par mois au bas mot, sans compter les avantages accessoires, saucisses, choucroute, strudel, chauffeur et Strasbourgeoises. ( pour les Strasbourgeoises j’déconne bien sûr, pas d'ennuis ni de Femen sous mes fenêtres !)

C’est encore mieux que de gagner au loto, non ? Il n’y a guère que les riches qui pourraient se payer le luxe de renoncer à leurs gains au Loto.

Et donc le problème n’est tant celui de Martin que le nôtre, car même s'il gardait longtemps cette image du syndicaliste frôlant l’opprobre, et la Droite on peut lui faire confiance ne manquera ni de hurler ni de se moquer, cela ajoute à la déroute idéologique que la gauche traverse aujourd’hui. 

On ne peut pas ne pas penser à Terra Nova précisément qui envisageait d'exclure les ouvriers de la base politique du parti socialiste. L'intégration d'Edouard Martin dans cette liste du Grand Est pour les européennes suffira-t-elle vraiment à redresser la barre ? Ne serait-ce plutôt qu'une espèce d'ouvriérisme sans profondeur ?


On ne peut lui en vouloir, j'irais même jusqu'à le féliciter par anticipation de son élection.
On pourrait en revanche en vouloir à ceux qui pensent qu’en le plaçant là, le scrutin leur sera plus favorable. Rien n’est moins sûr.

Enfin, on peut en vouloir surtout à ceux qui, en le sauvant, n’ont pas sauvé Florange.


JMG

2 commentaires:

  1. d'accod avec toi Jean-Marc, ça fait pitié

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  2. D'accord avec toi Jean-Marc, ça fait vraiment pitié de voir un syndicaliste retourner sa veste à ce point. Mais y a t'il une vraie séparation entre la CFDT et le pouvoir politique en place. N'est-ce pas un jeu de dupes cette pseudo-rivalité dans le simple but de faire croire que ???

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