samedi 24 janvier 2015

L'euro moribond

Mais pas tout à fait mort encore, tout juste blessé, profondément, alors que certains s'ingénient à cacher ou retarder cette mort annoncée. Que la Banque Centrale Européenne autorise "une mesure d'assouplissement quantitatif", et de l'ampleur annoncée par Mario Draghi son président, est révélateur de cette lente agonie de la monnaie unique européenne.

D'abord apprécions comme il se doit les formules, leur côté étrange et savant qui permet à nos "économistes" de cacher la réalité, ou de penser l'enjoliver par un langage aussi pompeux que technocratique. Mais c'est que le bon peuple n'a pas besoin de comprendre : on pense pour lui.
Retenons sans nous laisser impressionner qu'une mesure d'assouplissement quantitatif, "quantitative easing" en anglais dans le texte, signifie faire tourner la planche à billet, pratique qui n'a rien de magique contrairement à ce que nos Européistes ont toujours voulu nous faire croire, et qui au contraire est largement utilisée par les États-Unis ou les Britanniques. La zone euro est la seule au monde qui s'interdit elle-même de battre monnaie se privant ainsi d'un moyen essentiel de sa politique économique.

Tous ses ennuis ne viennent pas de là mais il faudrait sortir de ce dogme premier pour combattre tous ceux qui en découlent dont les politiques d'austérité qui tuent les peuples ou, au mieux, les dégoûtent de l'Europe et de ses idéaux.

Ces rachats désormais possibles de dettes publiques, dont le gouvernement Allemand, et pas seulement pour sauver les apparences, ne veut pas qu'il soit opérés par la BCE mais par les États eux-mêmes, seront donc garantis par ces derniers.

Ainsi les dettes souveraines ne seraient plus un obstacle de la reprise économique, du moins le croit-on, du moins l'espère-t-on, les Etats nationaux devenant ou redevenant, responsables au final de leur dette publique (à hauteur de 80%) et redevables ainsi des pertes hypothétiques. Comment parler désormais de solidarité de la zone euro ? L'euro est-il toujours l'euro ? L'euro demeure-t-il une monnaie "unique" ? Peut-être, mais simplement du bout des lèvres.
Les Allemands y voient bien entendu le danger d'une inflation possible, accompagné d'une baisse de l'euro : pas bon pour les retraites par capitalisation pour lesquelles ils ont opté les préférant aux retraites par répartition. C'est pourquoi, ceci dit en passant, il faut continuer à nous battre pour notre système de retraite.

Que vaut-il mieux, le risque raisonnable de l'inflation ou la déflation mortifère qu'aujourd'hui les pays de la zone euro connaissent, et parmi eux plus cruellement la Grèce ?
Nos oligarques ont peur de voir la gauche, la vraie, triompher en Grèce. N'est-ce pas cette peur qui les a fait fait tant soit peu se bouger jusqu'à ce que la BCE elle-même remette en cause les dogmes des traités européens, donnant ainsi raison au peuple français qui les avait rejetés il y a dix ans déjà en 2005 ?

Mais cette opération de la BCE, acceptée de mauvaise grâce par l'Allemagne, ne servira à rien si on continue de mener des politiques d'austérité aussi inutiles et nuisibles que celle que nous connaissons.
Il faudra notamment se défaire du pacte de responsabilité, comme si les critères imbéciles de Maastricht ne suffisaient pas !, pacte dont le gouvernement Hollande s'est fait le chantre, plongeant ainsi le pays dans la récession dans la continuité du sarkozisme.
Il faut redonner confiance aux forces productives de ce pays, plutôt qu'aux milieux financiers qui ne produisent rien. Ainsi il est urgent qu'un gouvernement de gauche, notamment, s'attelle à des négociations salariales dignes de ce nom, et surtout renonce à s'attaquer, comme il le fait aujourd'hui, au droit du travail et à l'ensemble des salariés de ce pays. Bruxelles n'a pas à nous dicter sa loi, écrite ou non par le petit Macron.

Car ne pas revenir sur les politiques d'austérité actuellement en usage en Europe ne servira à rien et la décision le 22 janvier de la BCE ne fera au contraire qu'accentuer les bulles spéculatives.
Il est grand temps de revenir à l'économie réelle en relançant une demande qu'on doit espérer sociale et écologique.

JMG

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