vendredi 10 avril 2015

Y'a la maison qui brûle

Elle a été plutôt réussie la journée d'action intersyndicale interprofessionnelle du 9 avril menée par la CGT, FO, la FSU et Solidaires, journée de lutte contre l'austérité et ses méfaits économiques et sociaux. Les media pourtant n'en ont que très peu parlé, à part précisément un "téléphone sonne" le même jour sur France-Inter...
L'essentiel médiatique a préféré commenter à l'envi les déboires de la famille Le Pen. C'est dire que la défense de l'information publique est essentielle aujourd'hui pour que la gauche un jour  puisse reprendre la main dans le débat politique.

Ce qui se passe aujourd'hui à Radio France (ou à France Télévisions) est significatif et emblématique du pouvoir actuel qui aime à se dire de gauche tout en menant une politique d'austérité. En politique aujourd'hui l'essentiel c'est d'arrêter le débit de la pompe à finance, fermer le robinet est devenu le nec plus ultra de l'action publique, et Radio France en fait les frais.

On aimerait que tout le mal vienne de Matthieu Gallet, pédégé de son état, ce serait plus pratique. Jeune technocrate, ce type déborde de toutes les caractéristiques du parfait petit soldat du conservatisme économique et financier lequel est en train de nous brûler à petit feu sans que l’on puisse crier assez fort ou assez nombreux pour avoir quelque chance de se faire entendre.

Mais en réalité, et c'est bien dommage, Matthieu Gallet, l'homme au bureau à je ne sais plus combien d'euros, et même plus, n'est pour rien dans la crise, ou presque. Et le médiateur qui vient d'être nommé n'y pourra rien lui-même. Car ce n'est pas Gallet au fond le plus coupable, ce n'est pas lui qui met en péril cette boîte de plus de 4500 salariés qui fait encore de l'exception culturelle comparée à ce qui existe tout à côté, à RTL ou Europe 1 et à tous ceux qui sont obligés, substantiellement, de faire de la pub pour vivre.
Il a l'air comme ça, avec sa tête de premier pompier de la classe, mais c'est pas lui le chef des pyromanes qui mettent le feu à la maison ronde. Lui c'est tout juste une étincelle qui embrase le bidon d'essence et met le feu à l'information publique.

Le vrai corps de sapeur-pompiers pyromanes ce serait plutôt les gouvernements successifs de Sarkozy et de Hollande. C'est même Fleur Pellerin qui le dit en accusant Sarko d'avoir commencé sans nier qu'elle, Fleur, et le gouvernement à qui elle appartient, continuent de plus belle.

Matthieu Gallet c'est seulement le fusible qui n'a pas encore sauté. On le regarde comme on regarde le doigt au lieu de la lune qu'il montre.

Oui, car il ne faut se leurrer, la flamme des économies tueuses d'emplois c'est bien le pouvoir actuel qui l'entretient en se désengageant de la radio-télévision publique. Le gouvernement finira bien par couvrir les 21 millions de déficit à Radio France, mais ce ne sera bientôt que partie remise, car des déficits il y en aura d'autres et ils seront si faciles à créer, en multipliant les externalisations hors de prix par exemple, déficit que l'on dénoncera pour permettre de tailler dans les dépenses et dans les moyens de fonctionner.

Le mal est bien plus profond qu'une mauvaise gestion réelle ou supposée. Le mal c'est Bruxelles et l'idéologie qui le soutient avec l'aide de Macron, autre technocrate jeune et plein d'avenir, ou Valls, le communiquant, qui donne à Hollande la bonne conscience de continuer de plus belle ces mesures d'austérité qui vont jusqu'à mettre en péril ce qui reste de la pluralité de la culture et de l'information.

JMG

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