samedi 7 novembre 2015

Grosse bourde chez Bourdin

Que la nouvelle ministre du travail ne connaisse rien, ou pas grand chose au Code du Travail, finalement ce n'est pas trop grave, elle n'a pas fait l'ENA et ne sait donc pas répondre aux questions dont elle n'a pas la réponse.

Je me suis mis à la place Myriam El Khomri, ministre du travail presque malgré elle. C'est vrai qu'il ne doit pas être si facile, assez vexant même, de se faire piéger par un Gourdin au moins aussi ignorant et imbécile que soi-même. Mais lui au moins n'est pas ministre ! Il est juste à RTL, et a donc beaucoup d'excuses ou "à décharge" à faire valoir.

Reste le problème de fond, en dépit de cet épisode qui pourrait cacher ce qui au fond fait le plus mal : comment a-t-on pu de la sorte mettre au premier rang du débat public la question du Code du Travail alors que d'autres priorités pourraient et devraient être stratégiquement mises en avant de la part d'un gouvernement...de gauche ?

Pardon de remuer le couteau dans la plaie mais...quelle irresponsabilité ou quelle traîtrise, au mieux quelle inconscience, ont pu être assez puissantes pour transformer la défense du monde du travail, pourtant une des missions essentielles de la gauche, en des attaques quasi-obsessionnelles contre le Code du Travail ? Et tout cela,bien entendu, avec la bénédiction et les encouragements d'un Medef qui n'en demandait pas tant. Ce code du travail, qui n'est pas moins complexe ou volumineux que le Code du Commerce, n'est-il pas fait précisément pour compenser le rapport de subordination entre l'employeur et l'employé, pour le rendre plus vivable ?

Et donc ce n'est pas cette ministre que j'accuse d'incompétence, mais c'est bien Rebsamen par exemple, le père géniteur des fameux trois CDD en 18 mois qui furent à l'origine des questions de Bourdin : car il faut être complètement à l'ouest pour croire que la précarisation des plus jeunes sera de nature à combattre le chômage. C'est le contraire qui se passera ! C'est aussi Macron, Valls, Hollande que je soupçonne de traîtrise et d'incompétence, ce sont eux les responsables, ce sont eux qu'il faut blâmer en premier.
Car l'affaire est grave, et en effet elle n'est pas fini, la destruction en règle du code du travail ne fait que commencer ne serait-ce que parce que bientôt, trop tôt, le mimétisme et la surenchère aidant, la droite pourrait revenir avec une volonté plus que jamais destructrice des droits des salariés.

Non content de la précarisation de la jeunesse, le gouvernement prévoit, pour rendre plus "fluide" le marché du travail, de donner la priorité aux accords d'entreprise au détriment de la loi. Cette remise en cause de la hiérarchie des normes, bien qu'elle ait été démentie par Manuel Valls, risque d'être catastrophique pour l'emploi. Comme se plaît à le répéter Gérard Filoche, "autant de contrat que possible, mais autant de loi que nécessaire", car la loi reste l'ultime rempart contre l'arbitraire des employeurs lesquels aujourd'hui sont eux-mêmes souvent confrontés aux exigences et à la dictature des financiers.

En ces temps de crise endémique, revenir sur les droits collectifs des salariés, faciliter de fait le recours aux licenciements ne favorisera pas pour autant les embauches. Les négociations n'ont pas commencé mais cela n'a pas empêché Valls (communiqué de la CGT en date du 4 novembre) d'indiquer que la réécriture annoncé du Code du travail ne se ferait pas à droit constant.

Comme quoi la simplification du code n'est qu'un prétexte grotesque et mensonger pour cacher le recul des droits des salariés au nom de la compétitivité des entreprises qui pour autant ne reviendra pas. Et pas, en tous les cas, parce que le Code du Travail aurait perdu dans la course quelques grammes ou quelques pages.

JMG




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