mercredi 11 janvier 2017

Populisme

Je reproduis ici un article que j'avais publié par ailleurs et que j'ai corrigé et actualisé

A moins qu’on ne le prenne au premier degré, notamment comme dégénérescence du discours politique, le populisme a bien à voir avec le peuple, ce peuple dont l’idée doit appartenir à la gauche. C'est la gauche qui a inventé la notion de peuple au gré des révoltes ou des révolutions démocratiques. En ce sens, le populisme, notion éminemment politique s'il en est, pourrait se définir comme la relation du peuple au pouvoir. Même si le peuple, au fil de l'histoire, a pu apparaître comme objet de pouvoir davantage que comme sujet, même enfin si la notion est aujourd'hui récupérée par les droites extrêmes.

Si être populiste c’est défendre les acquis sociaux, les services publics, l’idée que les moyens de production ne doivent pas seulement obéir à des intérêts privés mais aussi répondre au souci de l’intérêt général, si on veut empêcher la privatisation de la santé à des fins lucratives, ou l’éducation, alors il est légitime d’être populiste. Mais, pour reprendre une tournure désormais célèbre, de quoi le populisme est-il le nom ?

JL Mélenchon se targuait d’être populiste pour contrer une accusation de la droite ou de la gauche bien-pensante pour lesquelles populisme et démagogie seraient une seule et même chose. En ce sens le populisme de Mélenchon peut se comprendre comme une contre–attaque d’ordre sémantique, une provocation salvatrice pour affirmer à la droite que le peuple ne lui appartient pas. En somme, Mélenchon entend dire haut et fort que la gauche aussi peut être sûre de ses valeurs, ne plus en avoir honte. Cette attitude est loin d’être illégitime.
La droite, en particulier la droite sarkozienne qui était au pouvoir depuis 2002, date à laquelle son mentor devint ministre de l’Intérieur, cette droite-là, tout comme, pour une bonne part, la gauche hollandaise ou vallsite qui lui a succédé, est " bonimentariste."

Elle a la prétention, ou le rêve, de s’adresser au peuple elle aussi, mais c’est pour le tromper, l'histoire l'aura montré. Il s’agit là de la droite des promesses généreusement distribuées mais jamais honorées, jamais tenues, aussitôt dites aussitôt envolées, mais il y en a tant, dissimulées dans de l’événementiel sans cesse renouvelé, qu’on les oublie.
Ainsi le navire néo-libéral, dont la coque désormais est trouée à plusieurs endroits, continue de voguer malgré tout, poussé par le vent de la vacuité et des faux-semblants, et ce en dépit des tempêtes scandaleuses, ou de « réformes » rétrogrades (loi travail, loi Macron, réformes territoriales...) visant à l'intégration européenne sous l'angle de la domination financière.

Cette démagogie (car il s'agit bien de cela), de droite ou prétendument de gauche, sert l’oligarchie financière qui le lui rend bien par les moyens de communication écrits et parlés qu’elle développe au service de son idéologie. Le bonimentarisme, cette propension à un discours politique vide de sens, purement formel, s’inscrit dans la volonté farouche de conserver le pouvoir à tout prix, même à celui de nier les règles de l’éthique et de la démocratie, pour le bien exclusif de quelques-uns.

En ce sens le populisme, qu'une gauche qui se respecte devrait disputer aux droites extrêmes, est préférable à ce bonimentarisme qui fragilise la démocratie.

JMG

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