vendredi 29 septembre 2017

Vendus !

C'est en effet à ce cri, vendus !, que nous devrions accueillir la dramatique absorption d'Alstom, la grande entreprise française qui nous avait valu le TGV,  par Siemens l'Allemande. Car il ne s'agit pas de mariage, loin de là, ou alors s'agit-il d'une union bancale et déséquilibrée où l'on voit dès maintenant quelles en seront les victimes.

Car c'est désormais Siemens qui commande et qui pourra, bien avant les quatre ans pendant lesquels, nous promet-on, rien ne serait commis en terme de licenciements, faire la pluie, le beau temps, et le gel surtout sur le territoire de Belfort.

Oui, comme le dit Montebourg, il aurait fallu nationaliser pour éviter cette énième catastrophe  de politique industrielle. Et tant pis si un ou deux imbéciles eussent pu alors, pour empêcher sottement tout débat, nous parler du Venezuela ou, comme Attali un jour, un des chantres de Macron, de la Corée du Nord.
Non, même le courage a été privatisé, ou plutôt confisqué des mains de ceux qui sont censés nous gouverner aujourd'hui. Ils ne nous gouvernent plus mais restent néanmoins, par leur inaction coupable, des facteurs de la carence industrielle qui sévit aujourd'hui en France.

La concurrence infra-européenne est faussée et bénéficie principalement aux pays du Nord de l'Europe et à l'Allemagne au détriment d'un équilibre et d'une harmonie qui devait être l'objectif européen.

L'épisode Alstom Siemens, tout comme le contrôle de STX par l'Italien Ficantieri, sont les récentes et spectaculaires illustrations de notre déclin industriel présent ou annoncé.
La CGT rappelait que l'emploi industriel avait reculé de près 25% en quinze ans et ne représentait plus aujourd'hui que trois millions de salariés.
L'industrie française n'atteint même plus les 10% du PIB alors qu'il se monte à 16% dans l'ensemble de la zone euro. C'est dire le danger qui nous guette, qui guette à terme notre indépendance politique et démocratique dans l'ombre d'une Union Européenne aujourd'hui en perdition.

La financiarisation outrancière des grandes entreprises sans que l'Etat veuille s'en mêler, même s'il fait semblant, est la cause de leur évaporation du territoire français. La gestion industrielle n'est plus la priorité, elle a laissé la place à une gestion financière qui échappe aux pouvoirs publics et bien entendu aux salariés qui sont les premiers à en souffrir.
Ce sont eux, en première ligne, qui sont ciblés par des politiques irresponsables qui laissent faire et s'en remettent au "marché",  par lâcheté ou par intérêt.

Au lieu de se laisser aller, comme Macron, à l'esbroufe d'une hypothétique nouvelle économie, et de s'acharner à détruire le droit du travail qui ne fera que faciliter les licenciements et donc à se priver de précieux savoir-faire, il est urgent de s'attacher à mener une politique véritable de ré-industrialisation.
Celle-ci demeure encore possible.

Commençons par dénoncer ces politiques d'austérité, dans l'obsession de la réduction des dépenses publiques, alors que la commande publique, comme aux Etats-Unis, est un des moteurs essentiels de l'activité industrielle.
Et profitons-en pour faire des choix stratégiques cruciaux, par exemple en investissant massivement dans la transition écologique !

                                                                       JMG



1 commentaire:

  1. je ne prends pas assez souvent le temps de lire ton blog...bien que tout le temps intéressée car tes textes sont toujours intéressants. J'avoue que je décroche aussi un peu de la politique depuis un moment, depuis les élections...Mais je viens de lire "vendus" et vraiment ça fait du bien ! (La "privatisation du courage",excellent et tellement vrai...)Merci Jean-Marc.

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